Chers amis,
Je ne peux ce soir être parmi vous. Mais je tenais à vous dire que plus que jamais, je suis des vôtres. Je salue, avec vous, un peuple héroïque. Et je veux dire à tous les démocrates de Syrie, à tous ceux qui entendent vivre debout, qu’ils ne sont pas seuls. Comme vous, j’ai été bouleversé par ces foules sans armes défiant un régime décidé à utiliser jusqu’au bout la force physique, qui est tout ce qui lui reste. Ce spectacle donne une idée de ce qu’est la vraie gloire. Aussi c’est à tous les martyrs de la liberté que je veux dédier cette soirée, en disant, avec vous tous, avec nos amis syriens : Vive la Syrie libre !
« Vive la Syrie libre ! », c’est-à-dire « Vive la Syrie sans Bachar El-Assad ! ». Car le régime d’Assad est à l’exact opposé de ce que nous pouvons nommer, au sens universel, la civilisation, c’est-à-dire le refus de voir les plus faibles devoir souffrir de leur faiblesse. Un pays où une femme peut subir « un crime d’honneur » parce qu’elle est femme ; où les minoritaires, et je pense aux Kurdes, sont exclus parce qu’ils sont minoritaires ; un tel pays n’est pas digne de son peuple.
Chers amis, depuis six mois le monde arabe montre, à la face de la planète, qu’aucune oppression n’est irrémédiable, que les droits de l’Homme ne sont pas la propriété d’une partie de l’humanité, que la démocratie n’appartient à personne d’autre qu’au genre humain. C’est une leçon, qui nous invite, nous Européens, à cesser de regarder l’Histoire à travers les grilles étroites et mesquines de la realpolitik. Et d’ailleurs, c’est une autre leçon de ce printemps : même la realpolitik, précisément, justifie que l’on tende la main, non pas aux oppresseurs mais aux opprimés, non pas aux dictateurs mais aux peuples.
Merci à vous tous de nous donner l’occasion de dire notre indignation, notre solidarité et notre admiration. Merci à Bernard-Henri Lévy de continuer de montrer, par l’exemple, ce qu’une conscience alertée peut changer dans l’ordre des choses. Et sachez bien qu’ici, dans la ville où il fut proclamé que les hommes naissent et demeurent libres et égaux, les Syriens libres seront toujours chez eux.
Bonne soirée à tous.
Bertrand Delanoë
En soutien au grand meeting qui eut lieu le 4 juillet 2011 au cinéma Saint-Germain.