Fernando Arrabal
Dramaturge (plus de cent pièces de théâtre), cinéaste (Viva la muerte, 1971 ; J’irai comme un cheval fou, 1973), romancier, essayiste, peintre et poète. Il est Transcendant Satrape du collège de 'Pataphysique.
Quelques années après sa naissance, la guerre civile éclate en Espagne, et en 1939 le régime franquiste s’impose. Encore enfant, Fernando Arrabal subit ce coup d’Etat de plein fouet : son père, Fernando Ruiz Arrabal, est condamné à mort pour être resté fidèle à la République. Il a quatre ans quand il voit son père pour la dernière fois. En 1941, alors que sa peine a été commuée en trente ans de prison, son père s’échappe et disparaît.
Fernando Arrabal fuit le régime franquiste en 1955 et s’installe en France. Quand il revient brièvement en Espagne en 1967, il note dans un livre qu’il dédicace : « Me cago en Dios, en la Patria y todo lo demás » (« Je chie sur Dieu, sur la Patrie et sur tout le reste »). Il est arrêté par la police et ne sera libéré que grâce à une campagne internationale, menée notamment par François Mauriac, Arthur Miller et Eugène Ionesco. Dans une Lettre aux juges espagnols, Samuel Beckett écrit : « Arrabal aura beaucoup à souffrir pour nous donner ce qu’il a encore à nous donner. Lui infliger la peine demandée par l’accusation, ce n’est pas seulement punir un homme, c’est mettre en cause toute une œuvre à naître. (…) Que Fernando Arrabal soit rendu à sa propre peine. » Il est gracié, mais ses pièces sont interdites en Espagne à partir de cette date. Avec la Lettre au général Franco (1972), il franchit la ligne rouge et à la mort du dictateur en 1975 il fait partie du groupe des cinq Espagnols considérés comme les plus dangereux par le régime.
Fernando Arrabal arrive en France à vingt-trois ans et se lie à la faune artistique. Il appartient pendant trois années au groupe surréaliste d’André Breton, fréquente les Nouveaux Réalistes et Mirò, se lie d’amitié avec Salvador Dalí, Pier Paolo Pasolini, Luis Buñuel… Il voyage en Iran, au Japon, aux Etats-Unis, il rencontre Tennesse Williams, Gore Vidal, Truman Capote, Andy Warhol. En 1962, il crée le Mouvement Panique avec Roland Topor et Alejandro Jodorowsky. Il est nommé Transcendant Satrape du Collège de Pataphysique en 1990, rejoignant Marcel Duchamp, Eugène Ionesco, Man Ray, Boris Vian, Umberto Eco, puis en 2005 « Promoteur insigne » de l’Ordre de la Grande Gidouille.
Les films de Fernando Arrabal sont diffusés régulièrement (le Centre Pompidou montrait Viva la muerte en mai 2013) et ses pièces de théâtre sont parmi les plus jouées au monde, elles sont mises en scène dans tous les pays et dans toutes les langues. En 2015, le plus grand théâtre de Madrid a été baptisé de son nom.
Pièces de théâtre
Le toit, 1952
Le char de foin, 1952
La blessure incurable, 1952
Théâtre I, (Oraison, Les Deux Bourreaux, Fando et Lis, Le Cimetière des voitures), éd. Julliard, Paris, 1958
Théâtre II (Guernica, Le labyrinthe, Le Tricycle, Pique-nique en campagne, La Bicyclette du condamné), éd. Julliard, Paris, 1961
Théâtre III, (Le Grand Cérémonial, Cérémonie pour un Noir assassiné), éd. Julliard, Paris, 1965
Cérémonie pour une chèvre et un nuage, éd. Daily Bul, 1965
Théâtre IV, (Le Couronnement, Concert dans un œuf) éd. Christian Bourgois, Paris, 1966
Théâtre V : Théâtre panique, (L’Architecte et l’empereur d’Assyrie, Les Amours impossibles, Les Quatre cubes, La Communion solennelle, Strip-tease de la jalousie, La Jeunesse illustrée, Dieu est-il devenu fou ?), éd. Christian Bourgois, 1967
Théâtre VI, (Le Jardin des délices, Bestialité érotique, Une Tortue nommée Dostoïevski), éd. Christian Bourgois, Paris, 1968
Théâtre VII, (... Et ils passèrent des menottes aux fleurs, L’Aurore rouge et noire (Groupuscule de mon cœur, Tous les parfums d’Arabie, Sous les pavés la plage, Les fillettes), Le Lai de Barrabas (Le couronnement)), éd. Christian Bourgois, Paris, 1969
Théâtre VIII : Deux Opéras paniques, (Ars Amandi, Dieu tenté par les mathématiques), éd. Christian Bourgois, Paris, 1972
Théâtre IX, (Le Ciel et la merde, La Grande Revue du XXè siècle), éd. Christian Bourgois, 1974
Théâtre X, (La Guerre de mille ans, Sur le fil ou la ballade du train fantôme), éd. Christian Bourgois, Paris, 1976
Théâtre XI, (La Tour de Babel, La Marche royale, Une Orange sur le mont de Vénus, La Gloire en images), éd. Christian Bourgois, Paris, 1978
Théâtre XII : Théâtre bouffe, (Vole-moi un petit milliard, Le Pastaga des loufs ou Ouverture Orang-outan, Punk et punk et colégram), éd. Christian Bourgois, Paris, 1978
Théâtre XIII, (Mon Doux royaume saccagé, Le Roi de Sodome, Le Ciel et la Merde II), éd. Christian Bourgois, Paris, 1980
Théâtre XIV, (L’Extravagante Réussite de Jésus-Christ, Karl Marx et William Shakespeare, Lève-toi et rêve), éd. Christian Bourgois, Paris, 1982
Théâtre XV, (Les Délices de la chair, La Ville dont le prince était une princesse), éd. Christian Bourgois, Paris, 1984
Théâtre XVI, (Bréviaire d’amour d’un haltérophile, Apokalytipca, La Charge des centaures), éd. Christian Bourgois, Paris, 1986
Théâtre XVII, (Les « Cucarachas » de Yale, Une Pucelle pour un gorille, La Madonne rouge, La Traversée de l’empire), éd. Christian Bourgois, Paris, 1988
L’Extravagante Croisade d’un révolutionnaire obèse, éd. Phi, Luxembourg, 1989
Théâtre XVIII, (La Nuit est aussi un soleil, Roues d’Infortune, Jeunes barbares d’aujourd’hui), éd. Actes Sud, Arles, 1990
L’Opéra de la Bastille, 1990
Théâtre XIX, (Comme un lis entre les épines, Le Fou rire des Lilliputiens), éd. Actes Sud, Arles, 1996
Théâtre XX, (Lettre d’amour : Comme un supplice chinois, Claudel et Kafka), éd. Actes Sud, Arles, 1999
Pingüinas, 2015
Poésie
La Pierre de la folie : Livre Panique, éd. Julliard, Paris, 1963
Cent Sonnets, éd. El Ultimo Parnaso, Saragosse, 1965
Humbles Paradis, Première anthologie poétique, éd. Christian Bourgois, Paris, 1985
Liberté couleur de femme ou Adieu Babylone, Poèmes cinématographiques, éd. Rougerie, Mortemart, 1993
Diez Poemas pánicos y un cuento, éd. Caja Sur y Rute, Córdoba, 1997
Mis humildes paraísos sonetos pánicos, éd. El Último Parnaso, Saragosse, 1998
Invento éxtasis, éd. Post-Rodo, Uzès, 2014
Romans
Baal Babylone (Viva la muerte), éd. Julliard, Paris, 1959
L’Enterrement de la sardine, éd. Julliard, Paris, 1961
Fêtes et rites de la confusion, éd. Alfaguara, Madrid, Barcelone, 1966
La Tour prends garde, éd. Grasset, Paris, 1983
La Reverdie, éd. Christian Bourgois, Paris, 1985
La Vierge Rouge, éd. Acropole, Paris, 1986
La Fille de King Kong, éd. Acropole, Paris, 1988
L’Extravagante croisade d’un castrat amoureux, éd. Ramsay, Paris, 1989
La Tueuse du jardin d’hiver, éd. Ecriture, Paris, 1994
El Mono o el Enganchado al caballo, éd. Planeta, Barcelone, 1994
La Dudoza luz del día, éd. Espasa Calpe, Madrid, 1994
Ceremonia por un teniente abandonado, éd. Espasa Calpe, Madrid, 1998
Le Funambule de Dieu, éd. Ecriture, Paris, 1998
Le Peintre et l’aborigène, éd. Dumerchez, 1998
Porté disparu, éd. Plon, Paris, 2000
Champagne pour tous, éd. Stock, Paris, 2002
Essais et documents
Lettre au Général Franco, éd. Christian Bourgois, Paris, 1972
Le Panique, éd. Union Générale d’Édition, Paris, 1973
Le New York d’Arrabal, éd. Balland, Paris, 1974
Sur Fischer : Initiation aux échecs, éd. du Rocher, Monaco, 1974
Lettre aux militants communistes espagnols : songe et mensonge de l’eurocommunisme, éd. Christian Bourgois, Paris, 1978
Les Échecs féériques et libertaires, éd. du Rocher, Monaco, 1980
Inquisición, éd. Don Quijote, Grenade, 1982
Lettre à Fidel Castro, éd. Christian Bourgois, 1983
Le Cheval-jument ou hommage à John Kennedy T., 1983
Échecs et mythe, éd. Payot, Paris, 1984
La Reverdie, éd. Christian Bourgois, Paris, 1985
Introducción a Feliciano de Silva, Ed. Cátdra, col. Letras Hispánicas, 1986
Le Frénétique du spasme, éd. Flohic, Paris, 1991
Goya / Dali, éd. Spitali-Vel, Milan ; Studio di Val Cervo, Rome, 1992
Fêtes et défaites sur l’échiquier, éd. l’Archipel, Paris, 1992
Carta a José Maria Aznar, éd. Espasa Calpe, Madrid, 1993
Genios y figuras, prologue de A. Berenguer, Espasa Calpe, 1993
Arrabalesques - Lettres à Julius Baltazar, Éd. Rougerie, Mortemart, 1993
Carta al Rey de España, éd. Espasa Calpe, Madrid, 1995
Un Esclave nommé Cervantès, éd. Plon, Paris 1996
Diccionario pánico, éd. Escritos, Bruxelles, 1999
Lettre à Staline, éd. Flammarion, Paris, 2003
Une Partie pataphysique de Marcel Duchamp, éd. Au crayon qui tue, Paris, 2012
Films
- Longs métrages
Viva la Muerte, 1970
J’Irai comme un cheval fou, 1972
L’Arbre de Guernica, 1975
L’Odyssée de la Pacific, 1980
Le Cimetière des voitures, 1981
Adieu, Babylone ! , 1992
Jorge Luis Borges, 1998
- Courts métrages
Espagne, 1978
Échecs et mythe, 1989
New York Babylone, 1991
Choix d’ouvrages sur Arrabal
Alain Schiffres, Entretiens avec Arrabal, éd. Belfond, Paris, 1969
Bernard Gille, Arrabal, éd. Seghers, Paris, 1970
Françoise Raymond, Arrabal, éd. PUF, Paris, 1972
Jean-Jacques Daet-Wyler, Arrabal, éd. La Cité, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1975
Regio Capelo, Le théâtre d’Arrabal, éd. Umana, Rome, 1976
Albert Chesneau, Entretiens avec Arrabal : Plaidoyer pour une différence, P.U.G, Grenoble, 1976
Albert Chesneau, Décor et décorum, Enquête sur les objets dans le théâtre d’Arrabal, éd. Naaman, Québec, 1984
Luce Moreau-Arrabal, Le rôle des sécrétions et excrétions dans le théâtre d’Arrabal, éd. Christian Bourgeois, Paris, 1986
Angel Berenguer, L’Exil et la cérémonie, Le Premier Théâtre d’Arrabal, éd. 10/18, Paris, 1996
« The Fly » by Georges Langelaan
par Fernando Arrabal
1993, New York, au coeur du Village
par Fernando Arrabal
PRODIGIEUX!
par Fernando Arrabal
Je crois que maintenant le plus grand prodige des échecs habite en France.