Non, ce n’est pas un « honneur » d’être interdit de séjour à Moscou. C’est une tristesse. Pas pour nous, bien sûr. Pas pour les intellectuels, journalistes, responsables politiques qui figurent sur cette liste pitoyable. Mais pour les Russes et, en tout cas, les démocrates russes, les opposants à la guerre, les militants du droit et de la liberté, qui se voient une nouvelle fois isolés, enfermés, privés du contact vital avec leurs amis hors du pays, punis.

Cette « liste noire », contrairement aux apparences, ne vise pas les Occidentaux, mais les Russes.

Elle n’est pas un problème pour Dany Cohn-Bendit, Karl-Georg Wellman ou moi-même, mais pour nos amis de là-bas, pour ceux dont nous soutenons, autant que nous le pouvons, les aspirations et la cause, pour les compagnons de combat, inconsolés, de Boris Nemtsov, l’opposant à Poutine abattu, il y a deux mois, à quelques mètres du Kremlin.

Vieille stratégie des dictateurs: isoler leurs sujets, couper le cordon avec l’extérieur, les asphyxier.

Éternelle tentation, de Brejnev à Poutine, de l’autoritarisme russe: fermer les frontières, éviter ou chasser les témoins embarrassants, silence on cogne, on muselle la presse et les voix libres – et tant pis pour les anti-guerre, les Tatars, le Tchétchènes, les nouveaux dissidents persécutés, les basanés tabassés, les opposants.

Pour ce qui me concerne, rien ne changera.

Ami du peuple russe j’étais, ami je resterai.

Admirateur de la vraie grande Russie, fier d’avoir consacré une partie de ma vie à tenter de relayer, en Occident, la parole des Soljénitsyne, Sakharov et autres Nemtsov, je continuerai de plus belle.

Il y a quelques jours, la première chaîne de télévision nationale m’avait demandé de lui accorder une interview. J’avais accepté. Je maintiens mon acceptation. Si, bien sûr, le dialogue est sans concessions mais loyal.

3 Commentaires

  1. Le chef du service de désordre de feu Léon Degrelle a encore frappé. Là encore, il n’est pas inutile de savoir d’où tu parles, Volkskamerad der Wallonen. L’adage est peut-être encore plus valable depuis Mai 68 : n’est pas Charlie Chaplin qui veut. Et c’est bien entendu l’identité de la cible qui démasque le tireur embusqué. Godin plaide pour Siné, et donc, Godin plaide contre Cabu. Il choisit de nous apitoyer sur le sort de ce vieux perroquet de Richard Wagner — «Je veux que chaque Juif vive dans la peur» (sic) — qui, en fauteuil roulant, est passé sur le corps des héros dont il avait déserté le champ de bataille et non la scène de crime. Sa farce, je la classe dans la même catégorie où moisit le fou positivement furieux de feu Son Altesse Mahmoud Ahmadinejad. Ses likers, je les laisse se noyer dans la même flaque d’essence en direction de laquelle flambe la mèche de Mechaal. Je leur préfère une autre liqueur. Aux effets moins spectaculaires. Mais autrement plus séculaires. Je leur préfère mes chasseurs de haters, mes frères d’armes, mes sonneurs d’alarme. Et vogue l’architectonique du Vrai, aussi bien sur la sueur que le sang et les larmes!

  2. Outre la politesse du désespoir, qu’est-ce que, à votre avis, ferait ledit BHL si c’était Michel Onfray, ou même Alain Badiou, que l’on refoulait d’une partie du monde où ils peuvent être amenés à enseigner, à échanger, en toute franchise, des points de vue incisifs avec des amis de longue date ou des antagonistes endurcis, tous ressortissants d’un État membre non seulement de l’ONU, mais de son Conseil de sécurité? Il est des moments où ce n’est pas l’union nationale qui est de mise, mais l’union internationaliste.