Qui aurait dit l’après-midi où nous sommes allés au football – pour nous perdre et finir parmi les supporters peinturlurés qui chantaient quelque chose comme La cucaracha et faisaient tomber la casquette des policiers – que les circonstances allaient bientôt faire de toi la plus célèbre victime contemporaine de cette forme extrême de violence : le fanatisme religieux ?
Je t’ai sûrement raconté, alors ou plus tard, l’histoire de ce collègue du King’s College avec qui je déjeunais parfois dans un pub du Strand. Un homme d’une grande érudition, disert et apparemment civilisé. Jusqu’au jour où je l’entendis défendre, avec une froide conviction, au nom de la tradition et de la culture – cette chose éminemment dangereuse qu’on appelle l’identité d’un peuple – la pratique de l’excision du clitoris chez les fillettes pour sauvegarder plus tard leur chasteté.
En ces temps d’ouragans historiques qui dévastent tout sur leur passage, il ne reste qu’une seule certitude : la civilisation est une très mince pellicule qui peut se briser au premier choc avec les démons de la foi, se désintégrer au premier assaut de la déraison sociale. Ces démons sont lâchés, là-bas où l’on a édicté cette fatwa contre toi, et dans le pays d’où je viens où des fanatiques d’une autre espèce veulent bâtir le bonheur universel à coups de terreur, voire dans cette Europe où tant de choses extraordinaires sont arrivées dernièrement que l’on pouvait interpréter comme une victoire du bon sens et de la raison sur le mensonge et le dogme. Il n’en a rien été. Et toi qui vis en fuyant et en te cachant pour échapper à la meute haineuse, tu es là pour dissiper toute illusion et nous rappeler que le combat n’a été ni ne sera jamais gagné.
Dans cette Allemagne réunifiée en démocratie grâce à un formidable sursaut libertaire du peuple allemand oriental, des groupes de sauvages au crâne rasé font maintenant la chasse au Turc en chantant de vieilles rengaines racistes. Dans la France de la Déclaration des Droits de l’homme, de respectables politiciens de gauche et de droite se rapprochent des thèses du Front National, car, semble-t-il, l’esprit xénophobe et patriotard fait gagner des voix. En Irlande, en Espagne d’autres « patriotes » pulvérisent à la dynamite d’innocents citoyens en d’abstraites démonstrations. Dans les pays où s’enracinent la tolérance, le pluralisme et la liberté adoptés, ces dernières années, et avec tant d’espoir, par des millions et des millions de gens de l’Est à l’imitation de leur modèle, on voit resurgir quotidiennement le vieil esprit de clocher.
Ce « retour à la tribu », au particulier, à la citadelle des us, croyances et culture propres, et l’aveuglement, la surdité envers les autres, voilà une réaction non inhabituelle au processus rapide d’internationalisation de notre monde, et en particulier de l’Occident. C’est un mouvement défensif face à l’inconnu et au formidable défi que constitue pour la planète, de par le développement des libertés, l’effacement des frontières, chaque jour plus artificielles ou inutiles. Mais si ce processus avorte sous l’effet des forces rétrogrades qui s’y opposent et que lui-même a éveillées, l’humanité aura fait, derechef, un lamentable bond en arrière, quand elle semblait le mieux prête à aller de l’avant dans la domestication de ses démons.
Nous ne devons pas permettre qu’un silence complice s’abatte sur la persécution dont tu es victime et que l’opinion publique s’habitue à ta situation. Notre devoir, en tant qu’écrivains, pour une raison morale et aussi pratique – car dans un monde où le chantage au crime fait taire celui qui écrit, la littérature ne pourrait pas exister – est de garder vives l’indignation et la protestation. En rappelant qu’il s’agit d’une injustice intolérable et en exigeant que les gouvernements et l’opinion publique se mobilisent pour la faire cesser. Car fort peu de cas, comme celui qu’il t’a été donné d’incarner, laissent apparaître aussi nettement la ligne, souvent floue et zigzagante, qui sépare le rationnel et l’irrationnel, le juste de l’injuste, la barbarie de la civilisation.
Nous retournerons au football ensemble et nous apprendrons à chanter La cucaracha, mon cher Salman.
Traduit de l’espagnol par Albert Bensoussan.
la gauche s’est couchée devant l’islamisme… la gauche a abandonné Salman Rushdie… et maintenant la gauche abandonne les Juifs, les Chrétiens, les Occidentaux, la raison, la science, l’art, la liberté, le libéralisme, la France, les ouvriers, etc. demain la gauche abandonnera aussi les homosexuels et les femmes. Ca a déjà commencé.
Les mêmes sauveurs de quoi ou qu’est-ce qui nous affirment, pour mieux s’en convaincre, que l’islam radical est un dévoiement de l’islam — vous pouvez répéter l’assertion ? — aimeraient bien à présent que nous clouions au pilori le président « plus américain, tu meures » des États-Unis pour un insoutenable, bien que jubilatoire, délit d’antiaméricanisme.
Or, ne nous en déplaise, notre Amérique n’est pas toute l’Amérique.
L’avunculat trumpien existe au moins autant, voire davantage que son principal opposant populiste dont la traînée de condensation électorale sera draguée sans scrupules, tout en foulant au pied autant de principes fondamentaux de l’état de droit que nécessaire pour accéder à la tête farouchement périssable de l’État, cette potentielle majorité détentrice légitime de l’autorité du pouvoir n’étant pas moins hétéroclite que l’autre, au point d’en afficher une forme d’unité des plus artificielles quand le pendant hypérionique de l’islamisme modéré se sent contraint de dénoncer l’impunité d’Israël pour des conventions de La Haye ou de Genève que les Jeunesses hitléro-hamassistes lui ordonnent d’abroger chaque fois qu’elles constituent un obstacle à l’assouvissement de leurs pulsions Parricides.
La gauche seule et unique, inquisitrice comme jamais, recentrée sur ses fondamentaux avec la bénédiction de quelques apparatchiks zéligamment rentrés dans le rang, ne protège ni la république ni la démocratie. Le centre gauchisant, quant à lui, n’a hélas pas la moelle pour entrer dans le lard du Taureau acéphale désailé. Alors, qui se dévoue pour défendre nos valeurs cardinales ? Personne ? vraiment ?
Oh mince, peut-être préfère-t-On panthéoniser un réchappé de la Shoah ayant porté l’abolition de la peine de mort dans la France de François Mitterrand et de René Bousquet afin de détourner d’une chancellerie qui n’a plus de gaulliste que le nom, le terrible soupçon de duplicité sous lequel ploient ses gesticulations diplomatiques avec les siphonnés d’Allah… c’est moche.
Il est des moments de l’histoire où les hommes, confrontés aux terreurs des abysses, ont la possibilité de mesurer leur degré de résistance au mal. Tout s’est ainsi éclairé ; rien ne pourra plus ne pas avoir été. Nous savons désormais de quoi chacun est capable, ou inapte, or il ne fait aucun doute qu’une victoire décisive comme il nous en faudra pour ne pas tout bonnement disparaître ne se réalise pas comme un tour de magie.
Avant la rechute, après un dernier autorecadrage en-même-temporel qui s’octroie le pouvoir faussement nietzschéen de distordre le champ de la philosophie morale en des domaines dont nous sommes requis non seulement de savoir, mais plus encore de faire savoir qu’ils ne siéent pas au dépassement du bien et du mal, au même instant où la matrice algérienne du terrorisme panarabe, à moins que ce ne fût l’inverse, et celle plus nébuleuse de la révolution panislamique se font la courte échelle sur fond de pluralisme totalitaire, la convergence des antisémitismes est un délit au cube dont les diaboliques sanctificateurs du message mortifère transforment leur auditoire en une meute criminelle dormante, nous enjoignant de distinguer entre djihadisme belliqueux et djihadisme pacifique ; jusqu’à quand, jusqu’à quoi ?
Jusqu’à qui allons-nous nous prendre les pieds dans ces rets lacérés ?
Que reste-t-il de l’homme qui, confronté à la possibilité de la décréation d’Adâm, s’était arraché plus par devoir que par instinct de conservation, ce qui pourtant eût été rationnellement valable, à son déterminisme social et culturel ? Y a-t-il encore une once de moi-même dans la tourbe décivilisatrice et déshumanisante d’un pogrom ? Qu’ont-ils fait de nous, mon éminent cousin Rachi de Troyes, auteur dédaléen, lecteur didascalien de cette fraternité ontique appartenant aussi, sinon d’abord à l’être juif, en tant qu’elle procède a priori du dédoublement d’Adâm ? Que diable nous ont-ils fait, divine et envoûtante Christine de Pizan, kadmoniaque Fille du Père turbateur, veuve d’émancipation, déviatrice intrépide, slalomeuse de bibliothèque, déterreuse de la sainteté païenne éprise de rectitude ultratombale ? Subsiste-t-il une once d’humanité dans l’évolution d’une espèce prenant en aversion tout ce qui a trait aux ombres du réel ou à son nombre indéchiffrable, à sa véracité anhistorique, à son ancrage paramnésique, à l’éclat d’une conscience dont le réacteur subconscient est censé savoir se projeter dans l’univers consécutif à sa propre explosion ?
Mais qu’ont-ils fait de nos créations, p… de Dieu !
Le 7/10 a remis tous les compteurs au Ground zero : partant, notre suffrage ira aux cavaliers sans peur et sans reproche. Jérusalem n’est pas à vendre. L’intégrité du territoire mental du premier Peuple élu n’est pas une compression ni même une expansion sécable. Défendre les intérêts vitaux d’un État convoité par une horde d’exterminateurs n’est pas un crime, aussi longtemps que la riposte existentielle demeure proportionnelle à la menace.
Cour pénale internationale, Nations unies, Union européenne, et cela ne date pas d’hier, ont été noyautées par un irréductible ennemi du libre arbitre ; alors même qu’on aurait pris à revers leur Grande Armée civile, les ventriloques de l’Empereur proxénète voudraient nous persuader que les Dark Vadorettes qui défigurent la rue occidentale ne sont pas des carpettes révisionnistes ; mais qu’entend-on par là… que derrière ces poseuses et arrogantes bombasses moins inverties qu’invétérées, se dessinent les contours de la Poseuse de bombe ultime, bombe à retardement s’entend, pasionaria fadasse d’une convergence des révolutions égalitaristes qui remettra tout à niveau à la sulfateuse ? Faut-il en jouir, puis s’en réjouir comme de vulgaires et sombres islamistophiles ?
Rien n’échappe à l’ennemi, à commencer par les lubies harmonisationnelles d’un symphoniste qui n’a pas d’oreille.
Les mineurs délinquants multirécidivistes qui minent la paix civile ne défient pas l’autorité parentale ; ils s’y soumettent ; ils y puisent un héritage de la haine que viendra conforter une culture de l’agression méta-impérialiste héroïsée sans laisser place à sublimation par quelque mauvais copiste de l’industrie de la musique et du cinéma dont les œuvres, si l’on peut dire, n’invitent pas à la réflexion comme chez Polanski, Kubrick, Scorcese, Tarantino… Gare à la distribution des rôles : le narcotrafiquant y a bon dos.
À propos de dépendance et psychique et physique, le décrochage ne concerne pas en premier chef les enfants, mais bien plutôt les principaux agents de contamination que peuvent, à l’occasion, se révéler être des parents boursoufflés d’obsessions morbides, inculcateurs de compulsions sadiques, auxquels il aurait fallu qu’une République capable d’apporter des réponses claires à ce qui la questionne prescrivît une cure de scolarisation. — Les personnes concernées se reconnaîtront d’autant plus facilement qu’elles se drapent dans un déni de justice qui n’est autre qu’une instrumentalisation profanatrice de la justice divine, convaincue par elles-mêmes que la force fait loi, que le nombre fait la force, que la domination résulte du coup de pression permanent.
Avec un petit coup de pouce de certains profs imprécateurs et autres procureurs acquis à la Cause, on redore son blason, persécute son prochain tout son soûl, ça ne mange pas de pain bénit, que demande le peuple ?