La politique racontée comme un spectacle ; la vie, ses rebondissements, ses déboires, déballés sans pudeur, en prime time, sur une grande chaine du service public ; France 2 qui s’adonne à de la psychologie vulgaire, de comptoir ; le prisme des femmes qui explique absolument tout : le formidable destin politique, l’ambition, la soif de pouvoir, l’engagement, les valeurs…
Hier soir, France 2 proposait dans le cadre de son excellente série Infrarouges un mauvais documentaire de Pierre Hurel intitulé « Le clan Chirac : Une famille au cœur du pouvoir ». Un documentaire qui appelle à une réflexion sur ce que l’on fait à l’ancien Président français depuis sa retraite des jeux de pouvoir… Retrouvez ici le documentaire en replay.
Peu importe finalement que l’on eût été adversaire ou partisan, ce que l’on fait aujourd’hui à Chirac est indigne. Muré dans une solitude maladive qui le tient éloigné de la vie politique, l’ancien Président de la République voit une partie de son entourage se répandre dans la presse : on dévoile les derniers secrets… Mesquins, les opposants d’hier s’en donnent désormais à cœur joie : leurs petits coups de canifs dans le portrait de l’ex-Président achèvent un adversaire jadis puissant qui n’a plus aujourd’hui les moyens de se défendre. Le Roi est mort, vive le Roi ! La règle est immuable : seul compte l’actuel puissant. Voilà donc le jeu politique qui mute, change sans cesse de forme pour parfaire son jeu de cours et adopter les règles de ses souverains (en ce moment, François Ier est adepte de la normalité).
Jacques Chirac sait-il tout cela ? En a t-il conscience ? L’en informe t-on ou bien le laisse t-on dans une atmosphère d’ignorance heureuse ? Impossible de le savoir. Reste que certaines choses ne devraient pas se faire, surtout pas sur le service public. Nous n’avons par exemple pas à en savoir plus sur Laurence Chirac, handicapée depuis l’adolescence, puisque ses parents n’ont jamais souhaité communiquer sur l’état de santé de leur fille. Cela relève de l’intime. Cela s’appelle la sphère privée. Mais surtout : cela ne guide en rien le parcours politique du père ! Du temps de sa puissance, Jacques Chirac n’aurait certainement pas autorisé les « révélations » et il aurait eu raison. Outre le déballage intime très dans l’air du temps, c’est en fait toute l’écriture du documentaire « le clan Chirac : une famille au cœur du pouvoir » qui tombe à l’eau. Pourquoi ? Car Pierre Hurel surinterprète. L’auteur de documentaire voit du story-telling là où il n’y en a pas. Il part bille en tête sur l’absence du père, l’opposition Claude Chirac – Bernardette. La triste existence de Laurence Chirac est un fil rouge. On dirait un film hollywoodien. C’est grotesque ! Grotesque car exagéré et lu sans nuance. Une phrase prononcée hier dans le documentaire résume parfaitement l’idée : « Derrière ses airs de grande bourgeoise, Bernadette dévoile un sens inné du populaire. » Un sens inné du populaire… Et puis quoi encore ?
Que l’on revienne au fond. Que l’on arrête de faire de la politique un spectacle. Cela fera du bien à tout le monde !