La politique de santé doit changer

Les questions de santé ont été très peu abordées lors de cette campagne pour l’élection présidentielle. Pourtant la santé est l’une des préoccupations principales des Français et elle a semblé être cantonnée à des débats de spécialistes.

Or il s’agit bien de choix politiques ultralibéraux qui nous ont conduit, en 10 ans, à reculer sur les valeurs humanistes et les acquis du Conseil national de la résistance en matière de santé et de protection sociale. La question fondamentale est de savoir si le système économique est au service du progrès de l’humanité ou si les femmes et les hommes doivent subir l’économie, en l’occurrence une marchandisation de la santé, par exemple avec la tarification à l’activité dans les établissements de santé.

Le travail doit être débuté afin d’humaniser notre système de santé. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’avons eu une telle espérance de vie issue de l’oeuvre civilisatrice. Mais, en même temps, les inégalités se sont creusées. La santé est devenue une source de profit. L’idée d’un hôpital entreprise inclus dans la loi Hôpital, patient, santé et territoire (HPST) est en contradiction totale avec l’hôpital public, élément majeur de stabilité sociale et expression de ce que la science peut faire pour améliorer la vie des femmes et des hommes.

Des régressions inquiétantes montrent qu’il y a urgence à changer, comme le recul de la 7ème à la 20ème place en Europe de la France pour la périnatalité ou le recul de l’espérance de vie en bonne santé. Enfin, au cours de ces dix ans, le progrès social pour les personnels hospitaliers a été brutalement stoppé avec une aggravation majeure des conditions de travail. Les patients et leurs familles le constatent au quotidien : surcharge des urgences, manque de lits d’hospitalisation, difficultés d’accès aux soins, notamment en psychiatrie, difficultés à prendre rendez-vous dans des spécialités comme l’ophtalmologie, difficulté de prise en charge des personnes âgées ou des adultes handicapés…

Mais il n’y a pas que l’hôpital : il faut une véritable articulation des professions de santé entre ceux qui exercent en ville et ceux des établissements de santé. Il est nécessaire de créer une université de la santé, ouverte à toutes les professions, incluant la formation continue indépendante. Il convient de développer la santé dans les écoles, au travail, dans les prisons, mais aussi les politiques de prévention… Tous ces éléments n’en font qu’un : celui d’un système de santé moderne et conquérant des nouveaux possibles. Cela ne peut plus continuer ainsi ! Un changement radical de la politique de santé est indispensable.

Même si le programme de François Hollande est perfectible, il est porteur d’espérance pour un renouveau du système de santé et de l’hôpital public. Nous voterons donc pour François Hollande, tout en restant très vigilants devant l’urgence humaniste à porter dans notre pays.



Patrick Pelloux (urgentiste, Paris), Adrienne Reix (urgentiste, Bordeaux), Jean-Luc Baudel (réanimateur médical, Paris), Dalila Serradj (urgentiste, Dijon), François Danet (psychiatre, chercheur en sociologie Lyon), Christophe Prudhomme (urgentiste, syndicaliste CGT, Bobigny), James Brodeur (anesthésiste, réanimateur, Bourges), Frédéric Pain (urgentiste, Parthenay), Jean-Claude Penochet (psychiatre, Montpellier), Fabrice Venier (urgentiste, Rouen), Carole Fink (soins palliatifs, Lons le Saunier), Jacques Trevidic (pharmacien,  Caudan), Séraphin Collé (médecin généraliste Toulouse), Olivier Varenne (cardiologue, Paris), Karim Boudemia (urgentiste, Dijon), Marcel Viallard (anesthésiste, Paris), Daniel Jannière (anesthésiste, réanimateur Paris), Julie Rivière (gynéco-obstétricienne, Paris), Fabrice Vallée (réanimateur, Paris), Didier Menard (médecin généraliste, Seine saint Denis) .

8 Commentaires

  1. Sommes-nous invités à s’inscrire dans cette liste de médecins ? Si oui merci de m’y inclure.
    Dr Christophe Verrier, urgentiste, Val d’Oise

  2. Qu’a-t-on fait jusqu’à maintenant sinon régresser dans le système de santé publique? Après un Sarkozy endormi ou indifférent, l’urgence est effectivement de réintégrer la question de la santé dans les débats politiques. Je salue et partage l’espoir d’un renouveau, que seul François Hollande peut ressusciter.