Nicolas Sarkozy avait demandé à ce qu’il y ait trois débats. Sans doute sentait-il ce qui allait se passer ce mercredi 2 mai : un procès de son gouvernement qui lui a été défavorable. L’histoire de l’élection présidentielle,n’a jamais vu un débat de l’entre-deux tours inverser la tendance. A quatre jours de l’élection présidentielle, François Hollande, favori des sondages, le restera très certainement à l’issue du seul débat l’opposant à Nicolas Sarkozy. Un débat qui aura duré près de trois heures et qui recèle son lot de répliques cultes.

Retrouvez en dessous le best of du débat, suivi par ses répliques cultes et les réactions post-débat.

Travail

François Hollande a accusé Nicolas Sarkozy d’avoir divisé les Français : « Je ne distingue pas le faux travail du vrai travail, les syndicalistes qui me plaisent et ceux qui ne me plaisent pas », a-t-il dit en référence aux attaques du président candidat contre les corps intermédiaires.

Calomnies et Mensonges

Le leitmotif de Sarkozy a donné lieu à de multiples invectives qui interrompaient régulièrement les propos de François Hollande.

« Vous êtes un petit calomniateur », a lâché Nicolas Sarkozy, visiblement excédé, alors que François Hollande l’accusait d’avoir exercé une présidence « partisane ». Plus tard dans le débat l’accusation est reformulée : « Dans votre volonté de démontrer l’indémontrable vous mentez. »

« C’est décidément un leitmotiv qui devrait pour moi être insupportable, mais qui dans votre bouche finit par être une habitude », lui a répondu François Hollande.

Ou encore : « Vous êtes un petit calomniateur ».

Cerise sur le gâteau, un petit échange gênant pour le président sortant :

« Sarkozy: C’est un mensonge
Hollande: Lequel ?
Sarkozy: C’est un mensonge
Hollande: Lequel ?
Sarkozy: Quand vous dites que quoiqu’il arrive, je suis content
Hollande: Ah bon, parfois, vous n’êtes pas content de vous ?
»

Moi président de la république

En à peine trois minutes, François Hollande a répété « Moi président de la République… » seize fois pour décrire la façon dont il voyait sa présidence. Un portrait-inversé de Sarkozy qui n’aura pas échappé à personne : « Moi président de la République, je ne traiterai pas le premier ministre de collaborateur. (…) Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel particulier. (…) Moi, président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux soient considérés». Il n’en fallait pas plus pour que « moipresident » devienne l’un des « tubes » de la soirée sur Twitter.

Nicolas Sarkozy – visiblement excédé de voir son adversaire ainsi lui « retirer » le titre de « président de la république » – a  rétorqué : « Vous venez de faire un beau discours, on en avait la larme à l’œil. » Il a critiqué sa vision d’une « présidence normal »: « La fonction du président n’est pas une fonction normale. Et la situation que nous vivons n’est pas normale. Votre normalité n’est pas à la hauteur des enjeux. »

L’élève et le professeur

Des formules qui rappellent la réplique de François Mitterrand à Valéry Giscard d’Estaing –  « Je ne suis pas votre élève et vous n’êtes pas mon professeur » – lors du débat de 1981 ont été reprises par les deux candidats : « Ce n’est pas vous qui posez les questions, et ce n’est pas vous qui donnez les notes », a lancé François Hollande avant d’entendre, quelques dizaines de minutes plus tard, : « Je n’ai pas à répondre à vos questions, je veux développer mon raisonnement », a lancé Nicolas Sarkozy. Un peu plus tard encore, Sarkozy, qui n’a pourtant cessé de critiquer Mitterrand  a repris,  presque mot pour mot, la célèbre phrase de l’ancien président socialiste : « Merci, je ne suis pas votre élève. »

Les attaques personnelles

« Quand on m’a comparé à Franco, à Pétain, à Laval, et pourquoi pas Hitler, vous n’avez pas dit un mot (…) Quand Mme Aubry me traite de Madoff et que le leader de la famille ne dit rien, c’est qu’il cautionne », a  reproché Nicolas Sarkozy à François Hollande qui a immédiatement répliqué : « Monsieur Sarkozy, vous aurez du mal à passer pour une victime », avant de lui rappeler que, lui aussi, avait été victime d’attaques personnelles : »J’ai eu droit à tous les animaux du zoo, j’ai eu droit à toutes les comparaisons les moins flatteuses. »

L’emploi

Le premier thème prévu au débat, l’emploi, a opposé deux visions d’un problème dont chacun des candidats dit accorder une grande importance.  Hollande a proposé la création de contrats de génération tandis que Sarkozy, lui, a proposé  la réduction du coût du travail via la TVA dite sociale.

« Cette TVA que vous allez imposer va prélever du pouvoir d’achat. J’ai fait le calcul : 300 euros pour un couple de smicard, voilà ce que va être le prélèvement annuel que vous allez infliger », a affirmé le candidat socialiste. Sarkozy a voulu rappeler – comme déjà fait à multiples reprises auparavant –  que Manuel Valls, le directeur de la communication du candidat socialiste, soutenait lui aussi ce principe de TVA dite sociale lors de la primaire socialiste.

L’Europe

Sur l’Europe, deux visions politiques se sont là encore affrontées : Nicolas Sarkozy brandissant la menace de la faillite et le risque de prendre la voie économique de l’Espagne ou de la Grèce si François Hollande venait à être élu. Ce dernier a, quant à lui, refusé de voir l’austérité comme seule issue possible de la crise de l’euro et a rappelé son projet de renégocier le nouveau traité européen, pour plus de croissance, tout en reprochant à son rival de n’avoir rien obtenu de l’Allemagne dans la gestion de la crise.

« Je ne peux mettre cela que sur l’incompétence, pas sur la mauvaise foi », s’est défendu M. Sarkozy, qui l’a accusé de découvrir « le fil à couper le beurre » en proposant la taxation des transactions financières, déjà votée par le Parlement. « M. Hollande connaît mal l’Europe », a encore dit le président sortant.

L’immigration

Après plus d’une heure et demi de débat consacré à l’économie, les candidats ont ensuite abordé des questions sociétales, principalement celle de l’immigration. Dans une première passe d’armes, M. Sarkozy a reproché à M. Hollande de ne pas être constant sur sa position sur les centres de rétention.

« Est-ce qu’on garde les centres de rétention ? », a demandé le candidat de l’UMP. « Bien sûr qu’on les garde », lui a répondu M. Hollande. « Alors pourquoi vous avez écrit dans cette lettre au directeur général de Terre d’Asile, je cite : ‘Je souhaite, moi François Hollande, que la rétention devienne l’exception’. S’il n’y a plus de rétention… « , lui a alors rétorqué M. Sarkozy, souhaitant souligner l’inconstance de son rival.

Toujours sur l’immigration, les deux prétendants à l’Elysée ont ensuite abordé la question du droit de vote des étrangers. Dans la campagne de l’entre deux-tours, M. Sarkozy avait beaucoup utilisé ce sujet comme angle d’attaque à l’encontre de son rival. Cette fois encore, il a jugé « irresponsable de proposer un vote communautariste (…), alors que nous sommes face à des tensions communautaires et identitaires extraordinairement fortes ». « On a eu une montée des tensions communautaires extravagante, on a eu une radicalisation et une pression, disons les choses comme elles sont, d’un islam de France, alors que nous voulons un islam en France », a encore dit le candidat de la droite.

« Pourquoi vous laissez supposer que les étrangers non communautaires, non européens, sont des musulmans ? Pourquoi vous dites ça ? Qu’est-ce qui vous permet de dire que ceux qui ne sont pas européens sont musulmans ? », lui a alors demandé le candidat socialiste avant d’ajouter : « Je vous fais d’ailleurs observer qu’il y a des Français qui sont de culte musulman aujourd’hui. Est-ce que ces Français-là font des pressions communautaires ? »

Le nucléaire

La question du nucléaire a également fait l’objet d’une joute verbale entre Hollande et Sarkozy, chacun campant sur ses positions. D’un côté, le candidat de l’UMP a rappelé l’importance de la filière du nucléaire, reprochant à son rival de mettre en péril les « 240 000 » emplois du secteur. Puis il a de nouveau voulu montrer l’inconstance de son rival concernant le nombre de centrales qu’il souhaitait fermer et l’a accusé d’avoir « vendu les ouvriers de Fessenheim et du nucléaire sur l’autel d’un accord méprisable politicien [accords entre les Verts et le PS]« .

De son côté, François Hollande a rappelé que cet accord avait été signé avec Martine Aubry et qu’il n’engageait donc pas sa personne, tout en rappelant qu’il avait toujours eu pour seule intention de ne fermer qu’une seule centrale, celle de Fessenheim.

Best of des Tweets sur le débat

A propos de François Hollande :

Ségolène Royal ‏ @RoyalSegolene : François a dominé le débat avec force et vérité . Le changement est en marche. L’espoir est là .

Jean-François Copé ‏ @jf_cope : François Hollande, le candidat pochette surprise avec de l’improvisation, de l’amateurisme et de la démagogie

Christophe Barbier ‏ @C_Barbier : Hollande très offensif. Sarkozy en combattant qui ne cède jamais. Mais il lui fallait dominer Hollande pour reprendre espoir.

David Abiker ‏ @DavidAbiker : Moi Président…je… Ça va rester et ça va être repris en boucle. Bien vu, bien visé. #ledebat #MoiPDR

benoithamon ‏ @benoithamon : Ouille !!! « ne confondez pas la France et votre personne »#VoteHollande

UMP ‏ @ump : #Hollande pris en flagrant délit de mauvaise foi si souvent convoqué par F. Mitterrand. #AvecSarkozy

UMP ‏ @ump : #Hollande revoit ses ambitions à la baisse, le costume de Président est trop grand, voilà qu’il se fait journaliste #AvecSarkozy

UMP ‏ @ump : Un Président de la République est Président de tous les Français. Difficile à comprendre pour le candidat d’une gauche sectaire#AvecSarkozy

UMP ‏ @ump : Face à la solidité de @NicolasSarkozy, Hollande a passé son débat en retrait, à perdre son sang froid. C’est clair, nous sommes#AvecSarkozy

Fabien Magnenou ‏ @fmagnenou : François Hollande signe l’anaphore la plus longue de la campagne.#moiprésident #LeDébat

Lancar Benjamin @lancarbenjamin : Il faudra rappeler à Hollande qu’il y a une élection dimanche. Il me rappelle avec tristesse la grenouille dans la fable de La Fontaine.

Fetu Jérôme ‏ @JeromeFetu : Hollande: « Cet anaphore m’est venu naturellement«  #MoiPrésident#FranceInter

Arnaud Montebourg ‏ @montebourg : Francois Hollande a le mental du boxeur, jamais en dessous de la ceinture, mais sans pitié. #VoteHollande #ledebat

Peggy ‏ @MllePeg_ : L’anaphore a toujours été ma figure de style préférée.#MoiPrésident #VoteHollande

Sarah Braun-Levy ‏ @SBraunLevy : Moi President de la République, je ferais une dictature.#moipresident

Audrey PULVAR ‏ @Audrey_PULVAR : Oooh le gros pataugeage de Francwé sur les centres de rétention !!! Bon alors ? On les garde ou pas ? #oùestlavraiegauche?

A propos de  Nicolas Sarkozy :

Laurent Nunez ‏ @LaurentNunez : Hier soir, la définition de « Calomniateur » a été vérifiée 19184 fois sur Wikipedia. #Sarkozyestérudit.

Audrey PULVAR ‏ @Audrey_PULVAR : Ns oublie l’immigration de l’Europe de l’Est et l’immigration asiatique ? Transparents ?

Parti Socialiste ‏ @partisocialiste : Quelqu’un peut-il dire au candidat sortant qu’il ne se présente pas contre François Mitterrand? I

Parti Socialiste ‏ @partisocialiste : Le portrait que dresse Nicolas Sarkozy du président est une formidable critique de son bilan ! #votehollande

Mélenchon présidons! ‏ @melenchon2012 : [ALERTE] L’épaule droite saccade. Je répète, l’épaule droite saccade#LeDébat #RadioLondres

Mélenchon présidons! ‏ @melenchon2012 : Sarkozy : « Ce débat ne souffre aucun mensonge… » Il doit y avoir une erreur de casting quelque part dans #LeDébat

Parti Socialiste ‏ @partisocialiste : La Grèce a failli DISPARAITRE. Sarkozy ou le chaos. #votehollande

Julien Bellver ‏ @julienbellver : On a notre séquence INA : « Vous êtes un petit calomniateur »

Cécile Duflot @cecileDuflot : Retenir sa respiration. Aller chercher une plaquette de chocolat. Et la bouteille de zubrowska aussi#plusenpouvoirdesarkosurlimmigration

christophe colinet ‏ @christreporter : La notion de « petit calomniateur » est entrée dans l’histoire de France ce 2 mai 2012

@Jean_no : Sarkozy sera le premier mec à s’être pété une dent sur un Flanby. #ledébat

Pierre Monegier ‏ @PierreMonegier : Selon #lefigaro, la phrase du jour c’est « vous êtes un petitcalomniateur » (NS à FH) http://bit.ly/IFL052 Ca s’améliore, cette élection.

Régis JUANICO ‏ @regisjuanico : Vous êtes un petit calomniateur ! phrase culte #ledebat#votehollande

Benjamin Turquier ‏ @bturquier : Pif, paf, menteur, nan, c’est pas vrai, ah si, non c’est faux, petitcalomniateur

Claire GUILLON ‏ @wickeden : C’est pas pour dire mais Sarko se fait démonter par Hollande là quand même #moipresident #LeDebat

SoDelicious ‏ @SossoFresh : #MoiPrésident, rafale de punchlines dans ta face #ledébat

A propos du débat :

Nicolas Bedos ‏ @NicolasBedos1 : Vu que l’un ne touche plus terre et que l’autre ne vole pas bien haut, la collision ne saurait tarder

Valerio Motta ‏ @valeriomotta : Je sais pas si c’est halal, mais c’est une boucherie ce débat.#avechollande #ledebat

David Abiker ‏ @DavidAbiker : J’espère que les immigrés n’ont pas la télé… #ledebat

Matteu Maestracci ‏ @MMaestracci : C’est triste mais Twitter, avec ses outrances certes, va encore ringardiser les commentateurs prudents qui parleront de « match nul »

Ulysse GOSSET ‏ @ulyssepariser : Le #débat le plus violent de l’histoire! Irresponsabilité totale, absurdité mensonge petit calomniateur girouette de clocher Ponce Pilate !

@ledemocrate Hollande a offert des iPad en Correze mais Sarkozy a voulu offrir un EPAD à son fils #LeDebat #VoteHollande

Ferrari et Pujadas :

Nicolas Bedos ‏ @NicolasBedos1 : Laurence Ferrari vient de finir 16 pages de sudoku

Nicolas Tcheng ‏ @NTcheng : On n’a pas bien souligné la performance de Pujadas et Ferrari hier soir qui ont tout de même réinventé le cinéma muet. Chapeau les artistes

gaspard proust ‏ @ProustGaspard : A la place de Pujadas et Ferrari, ils auraient pu se contenter de mettre un panneau TF1 et F2.

Benjamin Guedj ‏ @Bnjmngdj : Ferrari et Pujadas ressemblent au public de Roland Garros. Ils servent à rien, ils tournent simplement la tête à gauche, à droite…

Le pigeon mexicain ‏ @brloubrlou : Je cherche un pot de fleur élégant pour décorer mon salon, où puis-je trouver Laurence Ferrari#ledebat

Till the Cat ‏ @TilltheCat : Pujadas et Ferrari sont aussi utiles dans #leDebat qu’une prise allume-cigare sur un vélo

PONSONNET Jean Paul ‏ @Decouverte59 : Notre stagiaire a été chargé du décompte du temps de parole de Ferrari et Pujadas. 7 secondes

Elsa Mazone@ElsaMazone : Il faut quoi pour être journaliste sur TF1, un bafa ??

Kethevane Gorjestani@ketgorjestani : Ils auraient mis des photos grandeur nature des journalistes que j’aurais pas vu la différence #DEBAT

Ponce Pilate ou l’ Affaire DSK :

Florence Desruol ‏ @florencedesruol : #NS par élégance a hesité sur #Banon.. #poncePilate en dit long sur ce qui attendait #FH #debat

Emilie B ‏ @Esperluette : Syndrome biblique de Gilles de la Tourette > syndrome de Gilles de la Tourette #PoncePilate

Bixente Barnetche ‏ @Bixente : On touche le fond du fond de la politique là avec ce point DSK…#PoncePilate

Tour d’horizon des réactions des personnalités politiques sur le débat de l’entre-deux tours :

Jean-Luc Mélenchon, ex-candidat au Front de gauche :

« Le départ de Sarkozy, question de « salubrité publique »»

Martine Aubry, première secrétaire du Parti Socialiste :
« Je pense que François Hollande a été exceptionnel et je pense réellement que ce débat montre ce que sera sa présidence, c’est-à-dire un cap clair, des valeurs de la France retrouvées, des réponses précises, des priorités claires : une vraie présidence »

« François Hollande, sur tous les sujets, a été à la hauteur de ce qu’on attend d’un président de la République française. J’ai trouvé Nicolas Sarkozy sur la défensive ».

 

Claude Guéant, ministre de l’Intérieur :
Il a été « égal à lui même, plein d’arrogance, plein de suffisance, prenant beaucoup de libertés avec la vérité et ne proposant pas de véritables solutions ».

« Il a donné l’impression, comme il le fait depuis plusieurs semaines, ce qui est très désagréable pour l’électeur, d’être déjà installé dans le fauteuil de président ».

 

Ségolène Royal, présidente du conseil régional de Poitou-Charentes :
« François Hollande a dominé les débats, il a été déterminé, volontaire, combatif et il a réussi à incarner le changement que nous attendons ». (Europe 1)

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy :
« Le nombre de fois où on a entendu je dans la bouche de François Hollande hier! »

« Nicolas Sarkozy précis (…) authentique, sincère. François Hollande très général sur les déclarations mais fuyant sur le fond», «a montré qu’en plus de l’incompétence (…) il lui manquait le tempérament sans parler de la courtoisie ».

 

Marine Le Pen, ex-candidate au Front National :
Nicolas Sarkozy est « battu depuis longtemps. Il avait perdu l’élection avant même le premier tour de la présidentielle ». (sur BFMTV)

 

Harlem Désir, numéro deux du PS :
« Hollande a remporté la bataille de la crédibilité et de l’espoir. Il était fort face à un Nicolas Sarkozy dans les cordes, acculé, sur la défensive. Il était dans le débat, Sarkozy était comme d’habitude dans le pugilat, pas au niveau d’un président ».

 

Jean-Luc Mélenchon, ex-candidat au Front de gauche :
« À mesure que le débat avançait, Hollande l’a bien scotché et l’autre a passé son temps à gigoter et se débattre et à la fin c’était pitoyable ».

« On a entendu des bouts de discours qu’il a fait tout au long de la campagne, il ne terminait pas les phrases, il ne terminait pas les arguments, il donnait des références à des organismes internationaux par des abréviations sans se rendre compte que tout le monde ne sait pas forcément de quoi il parle», «il y avait un côté bâclé ». (Depuis son siège de campagne aux Lilas)

 

Florian Philippot, ancien directeur de campagne de Marine Le Pen :
« J’ai eu le sentiment que ce débat était assez ennuyeux parce que c’est le résultat naturel quand on oppose deux jumeaux idéologiques (..) Autant Sarkozy avait été assez bon en 2007 autant j’ai trouvé que là sur la forme il était assez fébrile et souvent sur la défensive et donc parfois agressif cette fois-ci, parce qu’il était gêné par son bilan (..) Face à lui un représentant de la gauche dont on sait qu’il n’y pas grand-chose à attendre parce que on a vu la gauche à l’œuvre ». (sur BFM-TV)

 

Manuel Valls, directeur de la communication de François Hollande :
« On a découvert un homme d’Etat face à un Nicolas Sarkozy qui n’a que son bilan, incapable de formuler une proposition pour l’avenir ».

 

Bruno Le Roux, député du PS :
« C’était un candidat qui se présentait comme un président. Et c’était un président qui se présentait comme à un meeting de l’UMP. Les mêmes mensonges les mêmes approximations, c’est à dire quelqu’un qui n’est pas aujourd’hui en situation de sérénité, et c’est un débat qui clairement à l’avantage de celui qui est le candidat ».

 

Xavier Bertrand, ministre UMP du travail :
« Après le débat de ce soir, les Français peuvent juger, face aux imprécisions, a l’arrogance et a l’agressivité du candidat socialiste, de la solidité, de la force de l’expérience et du sérieux des propositions de Nicolas Sarkozy nécessaires au redressement de notre pays. Le 6 mai, ils voteront pour Nicolas Sarkozy! » (sur sa page Facebook)

 

Jack Lang, ancien ministre socialiste :
« François Hollande a littéralement dominé Nicolas Sarkozy de bout en bout. Avec un talent rare, il a révélé une fois de plus sa maîtrise des dossiers, sa rigueur intellectuelle, son sens élevé de l’Etat, la puissance de ses convictions et la solidité de ses engagements. Ce soir François Hollande marque un nouveau point dans cette bataille présidentielle ». (communiqué)

 

Nadine Morano, ministre chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle :
« Faire plaisir et dire oui à tout le monde ce n’est pas ça être président de la République (…) Les réformes ont été critiquées par François Hollande qui était dans la facilité (…) Il y a eu des boules puantes, Nicolas Sarkozy a été insulté encore aujourd’hui par les amis de M. Hollande en disant que le rassemblement du Trocadéro ressemblait à Nuremberg, vous vous rendez compte où c’est tombé ? François Hollande était avec cette arrogance de celui qui n’a rien assumé, un vrai sketch » . (déclaration à la presse, au siège de l’UMP)

 

Laurent Fabius, député de la 4e circonscription de la Seine-Maritime :
« au fond, il (Nicolas Sarkozy) n’a pas grand chose à dire sur le futur, et il est en voie de finir son mandat. Point à la ligne ».

« on a vu hier et de loin que François Hollande avait la carrure ». (sur Europe 1)

 

Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de FH :
« François Hollande droit dans ses bottes regarde son adversaire droit dans les yeux. Ce débat est vraiment très intéressant parce que c’est un concentré de ce qu’aura été cette campagne : Nicolas Sarkozy s’est refusé à rendre le moindre compte sur son bilan. Au fond, on n’attend pas nécessairement de lui qu’il présente des excuses, mais au moins des explications, et les Français n’y auront pas eu droit ».

 

Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Elysée :
Hollande était « un politicien habile qui me fait penser aux politiciens de la IVe République », qui représentent « tout ce que je déteste ». Je ne suis pas sûr qu’on ait atteint les sommets de la pensée humaine, mais c’était un bon débat, assez éclairant sur la personnalité des deux candidats, sur ce qu’ils veulent ».

«C’était un moment important de la campagne (…), beaucoup d’idées ont été brassées mais il aurait mieux valu qu’il y ait trois débats» (sur Europe 1)

Michel Destot, député-maire PS de Grenoble :
« Chiffres à l’appui, ce débat aura permis de faire le bilan des injustices économiques, sociales et fiscales du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Face à ce constat implacable, il n’a eu comme seule réponse que l’agressivité, l’invective, la caricature et finalement l’esquive. (…) Au contraire, François Hollande, fort de la cohérence de son projet, propose le changement et sera demain le Président de la justice, du redressement et du rassemblement ». (communiqué)

 

Elisabeth Guigou, ancienne ministre PS :
« François Hollande a vraiment dominé le débat. Grave, déterminé, précis dans ses propos, et rassurant. Nicolas Sarkozy a été très vite énervé s’emmêlant dans ses explications et anxiogène ». (à l’AFP)

 

Benjamin Lancar, président des Jeunes Populaires :
« Débat où Sarkozy a mis KO Hollande. Toutes les conditions sont réunies pour que dimanche soit la plus grande surprise de la Ve République : Sarkozy réélu ». (Sur Twitter)

 

Benoît Hamon, porte-parole du PS :
« Nicolas Sarkozy est hésitant. Il avait un scénario au départ. Son scénario tombe à l’eau, parce qu’il a en face de lui quelqu’un qui a de l’autorité sur les dossiers, qui a de l’autorité sur le débat. Sarkozy est ramené à la réalité de son bilan. Il a voulu chercher à y échapper pendant la campagne, a voulu y échapper pendant le débat. Pour l’instant, c’est bien, c’est bien il faut que ca continue comme cela ».

 

Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche :
« François Hollande a montré ce soir qu’il est prêt à présider la France. Serein, précis et convaincant, le candidat de la gauche avait clairement, ce soir, la stature d’un Homme d’Etat». «Nicolas Sarkozy dans l’esquive permanente et l’agressivité n’a pas pu échapper à son bilan et à ses contradictions, même si il s’est en permanence défaussé de ses responsabilités sur la crise ». (communiqué)

François Rebsamen, président du groupe socialiste au Sénat :
« Le débat a confirmé que la France avait trouvé en François Hollande le président du changement, du rassemblement et du redressement de notre pays. Face à un adversaire sans idées et sans autre projet que celui de sa réélection, spécialiste des contre-vérités et des approximations, François Hollande a démontré sa connaissance des dossiers, son sens des responsabilités, sa vision de l’intérêt du pays, sa proximité avec les Français et son envergure d’homme d’Etat ». (communiqué)

Qui était réellement le « menteur » de ce débat ?

Hollande : « Dites la vérité. Vous n’avez pas organisé des réunions pour les collectes de fonds à l’Hôtel Bristol avec Woerth ? »

Réponse de Nicolas Sarkozy : « Non »

Les articles de presse ont pourtant plu sur les réunions du « premier cercle », ce groupe de donateurs les plus généreux de l’UMP, et sur la présence du chef de l’État lors de ces rendez-vous dans de prestigieux hôtels parisiens. Et notamment celui-ci de 20 Minutes concernant une soirée au Bristol en 2009, mais aussi celui-ci du Nouvel Observateur en 2011, dans lequel c’est bien le chef de l’UMP Jean-François Copé en personne qui confirme la rencontre du chef de l’État avec ces donateurs.

« M. Berlusconi n’est pas dans mon parti »

Faux. La formation politique de l’ancien président du Conseil italien est bien membre du PPE, le Parti populaire européen. Le PPE est également la prolongation de l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy. Le chef de l’État ne peut considérer que son parti s’arrête à la France. Car c’est en affirmant qu’elle faisait partie de la même formation politique européenne qu’il avait justifié le soutien officiel de la chancelière allemande d’Angela Merkel. C’est aussi en plaidant pour le droit à la politique interne en Europe que la majorité a défendu cette intervention allemande dans le débat de l’élection présidentielle française. Bien entendu, Nicolas Sarkozy a le droit de prendre ses distances avec l’ancien chef du gouvernement italien, mais de là à dire qu’il n’est pas du même parti, non.

« Votre état-major n’est composé que de socialistes »

Faux. Dans son équipe de campagne, François Hollande compte notamment Jean-Michel Baylet et Christiane Taubira, élus du Parti radical.

« La frontière entre la Turquie et la Grèce est complètement ouverte »

Evidemment, Nicolas Sarkozy s’est laissé quelque peu emporter par sa défense d’une renégociation des accords Schengen – par ailleurs déjà en cours – qui garantissent la libre circulation au sein des pays qui en sont signataires. En dehors des efforts grecs pour maîtriser les 206 km de frontières dont le président sortant parle (dont seulement 12,5 km de frontière terrestre), plusieurs opérations sont en cours notamment sous l’égide de Frontex (l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’UE). Frontex a ainsi, par exemple, déployé de novembre 2010 à février 2011 près de 175 policiers des 27 pays de l’UE (opération RABIT – Rapid Intervention Border Teams). Et, en 2012, l’opération Poséidon Terre a continué la mise en place d’équipes d’intervention rapide aux frontières afin d’accroître le niveau de surveillance. Le gouvernement grec a par ailleurs entrepris de construire une clôture de sécurité le long de la frontière avec la Turquie.

Nicolas Sarkozy a tenté de prendre au piège son interlocuteur sur le thème de l’immigration, d’abord en lui faisant confirmer qu’il était pour le maintien des centres de rétention. Ensuite en citant une lettre que le candidat socialiste avait adressé à l’association France Terre d’asile dans lequel il disait souhaiter que les centres de rétention soient « l’exception ». Et le candidat-président de conclure :

« Vous venez de vous contredire. »

C’est évidemment faux. Dans la lettre adressée à l’association France Terre d’asile, François Hollande a écrit qu’il souhaitait que les centres de rétention soient l’exception. Il ne se prononce donc pas contre leur existence. Il n’y a tout simplement pas de contradiction.

Nicolas Sarkozy affirme que sa politique a permis d’exonérer d’impôts « 80% des successions ».

Ce chiffre n’est pas forcément faux, mais la formulation induit en erreur. Il faut en effet préciser que plus de 75% des successions étaient déjà exonérées avant les différentes réformes du gouvernement.

« La dette a augmenté de 500 milliards d’euros. (…) La cour des comptes dit que sur ces 500 milliards, 450 sont imputables au déficit structurel. Et 200 milliards, c’est la crise. »

Bien évidemment, le chef de l’Etat se trompe dans son addition. La dette (au sens de Maastricht) était de 1.717 milliards fin 2011, selon l’Insee, et de 1.209 milliards fin 2007, soit une augmentation de 508 milliards d’euros. Que dit le dernier rapport des magistrats de la Cour des comptes sur la question ? Le déficit, qui chaque année creuse la dette, a atteint 7,1% du Produit intérieur brut (PIB) en 2010. Sur ces 7,1%, 2,7 points sont dus à la crise, 3,7 points sont des déficits structurels, résultats des politiques de gauche et de droite depuis des décennies… et 0,7 point des déficits structurels provoqués par la politique de Nicolas Sarkozy. On peut donc attribuer un peu moins de 10% du déficit à sa politique.

« Quel est le seul pays qui n’a pas eu un trimestre de récession depuis 2009? La France. »

Faux. La France a connu un trimestre de croissance négative : le deuxième trimestre 2011. En fait, le chef de l’État joue sur la définition de la récession – qui commence à partir de deux trimestres – et il serait plus exact de préciser que la France n’a pas connu de récession depuis le deuxième trimestre 2009. Ce qui est absolument faux, c’est de dire qu’elle est la seule dans ce cas.

En effet, l’Allemagne et les Etats-Unis n’ont connu qu’un semestre de croissance négative depuis le deuxième trimestre 2009, tout comme la France. Mais la Pologne et la Suisse, elles, n’en ont connu aucun.

« Il n’y a jamais eu de violence pendant les 5 ans de mon quinquennat. »

Faux. Nicolas Sarkozy semble avoir oublié un épisode de son tout début de mandat : les émeutes de Villiers-le-Bel. Durant trois jours, du 25 au 27 novembre, de violentes échauffourées ont opposé plusieurs centaines de personnes aux forces de l’ordre après la mort de deux adolescents de 15 et 16 ans, tués lorsque leur mini-moto a été heurtée par une voiture de police.

Lors de ces affrontements, des armes à feu ont été utilisés, 81 tirs étant recensés et 150 policiers blessés. Plusieurs villes voisines avaient été touchées, notamment Sarcelles, Gonesse ou Goussainville, où notamment des entrepôts ont été incendiés. Des violences tellement fortes qu’elles ont été couvertes par la presse internationale, et notamment par la chaîne américaine CNN.

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  1. Pas très équitable votre article 🙁 et les boulettes de Hollande… Quand je serais président 1 fois 2 fois 3 fois… Bref, vous pouvez les démonter tous les deux, ils ont tous les deux le même but, obtenir le pouvoir, amasser du pognon et surtout faire oublier leurs promesses d’élection !

  2. je suis outré par ces médias completement de gauche qui détournent les propos du débat sans aucune objectivité !

  3. Un sujet qui n’a pas été abordé mais qui est important : « Au-delà du clivage Sarkozy-Hollande, tous deux désormais engagés pour la pénalisation de la négation du génocide arménien, ce sont les positions des états-majors des deux principales formations politiques qu’il importe de clarifier à quelques jours du scrutin. Cela ne concerne pas uniquement les Français d’origine arménienne, mais bien tous ceux qui se préoccupent d’éthique et de valeurs universelles de justice. » – http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=63593