Pierre Moscovici avait vu juste lorsqu’il prédisait au sujet de la campagne de Nicolas Sarkozy : « Nous savons qu’avec lui, il est prêt à tout, que ce sera violent, que ce sera brutal ». Sitôt déclaré candidat, et alors qu’il promettait que cette campagne serait une confrontation d’idées, Nicolas Sarkozy a durant ces derniers jours multiplié les charges à l’encontre de François Hollande. Sans jamais le nommer, il a durement attaqué son principal concurrent dans la course à l’Élysée sur les thématiques du double discours et du manque de crédibilité.

Dès sa déclaration de candidature sur TF1 mercredi 15 février, il enclenchait : « J’en ai vu dans ma longue carrière politique des hommes politiques qui promettaient le rêve. Cela se termine toujours en cauchemar ». Le lendemain à Annecy à l’occasion de son premier meeting, il poursuivait : « Quand on dit à la presse anglaise qu’on est libéral et quand on vient expliquer aux Français que l’ennemi, c’est la finance, on ment, on ment matin et soir et ce mensonge n’est pas à l’honneur de celui qui le professe. ». Dimanche 19 février lors de son meeting à Marseille, Nicolas Sarkozy enfonçait le clou en consacrant à son rival socialiste une bonne partie de son allocution : « Cette campagne doit être une campagne de vérité. Où est la vérité quand on dit tout et son contraire, quand on fait semblant d’être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris ? Où est la vérité quand on annonce la suppression du quotient familial puis quand on revient dessus le lendemain mais quand on change tout quand même ? ».

Par ces attaques, Nicolas Sarkozy entend tirer 3 avantages :

D’abord resserrer les rangs à droite. Les partisans de Nicolas Sarkozy attendaient la déclaration de leur champion depuis des semaines. Celui-ci est arrivé, et comme un boxeur qui rejoint le ring, il montre les muscles et assure le show. Cette tonalité agressive semble répondre à une attente parmi les électeurs. Les derniers sondages montrent que le sortant progresse ; au premier tour, il gagne 0.5 pour LH2, 1 point pour OpinionWay et 1.5 point pour IFOP par rapport aux enquêtes de début février. Cela demeure toutefois insuffisant pour qu’il puisse espérer l’emporter, François Hollande étant toujours donné très largement vainqueur en cas de duel au second tour, à plus de 55% d’intentions de vote.

Ensuite, influer sur les facteurs de décisions des électeurs. Au-delà de la tonalité des attaques, il est intéressant de constater qu’elles portent toutes sur le crédit à apporter à la parole de François Hollande. A la popularité de François Hollande, Nicolas Sarkozy veut opposer sa crédibilité. Il l’avait d’ailleurs dit début septembre dans une confidence rapportée par le Point : « je ne gagnerai pas parce que je serai aimé mais parce que je serai crédible ». En attaquant François Hollande sur le thème du double langage, il tente de fragiliser son rival tout en appelant au crédit de sa propre parole.

Enfin, par ces attaques violentes mais « autorisées », il peut espérer pousser François Hollande à la faute. Car si une telle salve est relativement inédite s’agissant d’un candidat sortant, il n’y a sur le fond pas à s’offusquer de la nature des coups portés. Contrairement à ce que nous avons pu entendre durant ces derniers mois de campagne, ces attaques ne portent pas sur l’accent de telle candidate, ou sur les origines de tel autre prétendant qui ne serait pas à « l’image de la France, de la France rurale, des territoires », mais sur le poids de la parole d’un adversaire ; taxer, comme le fait Nicolas Sarkozy, un rival d’être un menteur invétéré c’est s’attaquer aux fondements de la légitimité d’un homme politique. C’est donc très violent, mais cela reste dans le cadre d’une confrontation politique. Par sa virulence, Nicolas Sarkozy tente de provoquer François Hollande au mot de trop, au coup sous la ceinture qui serait immédiatement sanctionné par l’opinion.
Sur ce dernier point, il est peu probable que Nicolas Sarkozy parvienne à ses fins. Les socialistes connaissent bien le Nicolas Sarkozy candidat. Le Monde rapportait début décembre cet avertissement de Julien Dray à François Hollande : « Sarkozy veut gagner le premier round par KO. Il balance d’emblée le maximum de coups pour t’ébranler ». Il est donc vraisemblable que le candidat socialiste ait anticipé la charge à laquelle il fait face aujourd’hui.

Alors, quelle riposte François Hollande peut-il envisager ? Il peut faire semblant de ne pas être atteint par ces agressions, mais cela risque d’être à terme perçu comme un aveu de faiblesse. Il ne doit évidemment pas réagir hors cadre, ni même sur un autre thème comme il a tenté de le faire maladroitement au lendemain du discours de Marseille sur « l’état-UMP ».

A un adversaire qui l’attaque sur le crédit à apporter à sa parole, la riposte doit être proportionnée. Elle doit émaner du candidat lui-même et porter sur le crédit à offrir à la parole de Nicolas Sarkozy. La contre-offensive est donc toute trouvée : François Hollande n’a-t-il pas dit au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy à Toulon il y a quelques semaines « sa parole s’est épuisée » ?

7 Commentaires

  1. La gauche doit se familiariser avec la démocratie. La montée du fascisme en Europe réveille de vieux démons. Moi, ils ne m’ont jamais quitté. Ils ne m’ont jamais épargné non plus. Je les connais pour les avoir heurtés l’un après l’autre sur mon chemin de Damas. Leurs jambes s’y mettaient en travers, d’un bord comme de l’autre. Soixante ans pour décorer les premiers, je veux dire, les derniers rescapés des commandos Kieffer. Il n’y a qu’un seul courant en France dont l’héritage transporte et transmette la mémoire du seul chef qui depuis le 17 juin 1940 jusqu’au 8 mai 1945, n’ait jamais transigé un seul jour avec sa conscience. Une conscience qu’il feignit même de rendre à ces quartiers de bœuf rembrandtesques dont l’inertie et l’opacité ne la laissaient que les nimber. Charitable jusqu’au bout. La composante moisie de la gauche inversera jusqu’à en crever les rôles impartis au traître et au héros, collant de chaque côté de la seule tête qui ait tenu sur un corps debout les épaulettes du dictateur leur dictant leur conduite. On peut et doit combattre l’esprit vivant de Gaulle sur le terrain exclusivement démocratique de la méthode en matière économique et sociale. Salir demain, comme hier encore, l’empreinte de la France libre en comparant son courant aux chutes des enchaînés au mal profond, radical et final, cela revint et reviendra toujours à trouer la coque de son propre navire à la hache au cœur de la tempête.

  2. Je suis des socialistes qui se tenaient auprès de Georges Mandel il y a sept décennies. Les plus nombreux avaient préféré se rouler dans la boue infâme. Je suis un fils de Vivès et je combats Proudhon. J’en appelle à l’inventaire quand la majorité se terre et souhaiterait me faire taire. Le socialisme français fut à son fondement l’un des pires vecteurs d’antisémitisme du XIXe siècle. Son fondateur fut l’un des premiers à prôner l’extermination pure et simple des juifs comme solution au problème que / lui / posaient ces derniers / à une humanité dont il s’était vu attribuer le rôle du Sauveur laïque. Mais il y a pourtant un point sur lequel je serai en accord avec ceux des siens qui ne me reconnaissent pas comme «socialiste». Je ne suis pas l’un des leurs.

  3. @Asermourt si vous êtes socialiste je suis le pére noêl. Et je n ai pas besoin de votre autorisation pour reprendre vos propos.
    Pêter plus haut que son cul..c’est le risque de se chier dessus, petit monsieur.
    Vivement Mai 2012

  4. Les Insultes, le Mensonge, les invectives violentes sont l’apanage de Sarkozy depuis toujours, à l’Intérieur ou à l’Elysée.
    Faire suivre ces invectives d’interventions de ses « Trolls communicants » sur tous les médias, internet compris est aussi son habitude. Mais les Français ne sont pas dupes !
    Vivement mai 2012

  5. Sans compter que la gauche insulte copieusement le président depuis 5 ans… normal qu’il est envie de se lâcher. Et je le trouve encore bien tendre.

  6. Et d’une! Sarkozy débute sa campagne par des attaques violentes contre la gauche parce que Hollande a commencé la sienne en le traitant, lui et non pas le courant qu’il incarne, d’être anormal. On sait à quel régime renvoie la désignation du monde de la Finance comme Adversaire. On ne voudrait pas oublier de s’inquiéter du Temps auquel nous livrerait une diVision de la société en deux catégories d’humains dont resterait à définir les critères relatifs à la nature qu’on leur attribuerait : les normaux (d’un côté); les anormaux (de l’autre).
    Et de deux! Le PS ne fait pas ce qu’il faut pour faire baisser le FN du fait que son objectif inavouable n’a jamais été autre que de le faire monter en vue d’un 21 avril à l’envers / L’UMP fait ce qu’elle croit bon de faire pour faire baisser le FN du fait que son objectif indissimulable est de se trouver au second tour de la présidentielle.
    Et de trois! Si l’on alerte les Français sur les roueries d’un FN qui ne ferait que feindre d’aiguiller son nationalisme sur les rails démocratiques d’une république Ve du nom, comment accuser par la suite la droite républicaine (ce que font les gauches à longueur de journée) d’aller glaner des voix sur les thèmes d’extrême droite alors qu’elle ne fait que creuser un sillon dans lequel c’est justement Le Pen qui se glisse, poussée par l’espoir de passer pour elle?
    Ah oui! au fait… je suis socialiste, et n’autorise personne à me reprendre mon histoire.