Gagner temps ? Mais pour quoi faire ? Il y a des limites qui, une fois dépassées, interdisent tout retour en arrière. Cette limite semble avoir été dépassée tant du côté des contestataires que des autorités syriennes. D’où ce sentiment d’enlisement.
Damas fait preuve d’un art consommé du double discours, excelle dans les tergiversations diplomatiques, sait comment gagner du temps et faire payer au prix fort son obstination à conserver le pouvoir. Hier encore, tandis que le ministre des affaires étrangères syrien, Fayçal al-Maqdad, signait au Caire un document autorisant une délégation de la ligue arabe à se rendre en Syrie pour une mission d’observation, une centaine de personnes succombaient en Syrie des violences qui, sans surprise, ne faiblissent pas. Depuis plusieurs semaines, on voit même les affrontements sanglants se multiplier entre armée et déserteurs (60 à 70 d’entre-eux auraient été tués hier tandis qu’ils tentaient de fuir leurs postes dans le nord-ouest du pays). La population n’est pas davantage épargnée, pour la seule journée d’hier on dénombrait 40 civils tués par les forces de sécurité.
Sur le plan diplomatique, Damas cherche encore et toujours à gagner du temps. Lundi le ministre des affaires étrangères syrien, Fayçal al-Maqdad, signait au Caire un document autorisant une délégation d’observateurs arabes à se rendre en Syrie. On se doute néanmoins qu’entre la signature et de ce document et sa mise en application de nombreuses journées sanglantes risquent encore de couler. Selon le secrétaire général de la Ligue Nabil al-Arabi, une première délégation devrait se rendre à Damas dans les trois jours. C’est à voir. Cette mission d’observation n’étant d’ailleurs qu’un élément du plan arabe qui, souvenons-nous, incluait la libération des opposants, le départ des forces armées des villes et, enfin, l’ouverture du pays à la presse étrangère. Le chemin est encore long. La ligue arabe, a-t-elle, à elle seule, les moyens de parvenir à ces objectifs ? Burhan Ghalioun chef du CNS (Conseil national syrien) a ainsi prévenu : “Si le régime poursuit sa répression violente, le CNS fera appel à des forces de dissuasion arabes. Nous avons besoin d’un usage de la force d’une manière limitée et dans des zones précises”.
De son côté, l’Assemblée générale de l’Onu condamnait à une large majorité, hier soir à New York, les exécutions arbitraires, l’usage excessif de la force, la persécution et l’assassinat de manifestants des droits de l’homme. Condamner ? Ce n’est même pas appliquer un sparadrap sur la plaie, c’est tout au plus reconnaître notre incapacité d’agir.