Crime contre l’humanité. C’est sans doute le terme juridique approprié pour qualifier la répression infligée par le régime de Bachar al-Assad à sa propre population. Et ce depuis près d’un an. Le nombre de victimes de l’inflexible despote se compte aujourd’hui par milliers. Le nom même de Bachar al-Assad, en digne héritier de son père, restera dans l’histoire à jamais frappé d’infamie. Sur le terrain, la répression prend depuis plusieurs semaines déjà des proportions totalement monstrueuses. Les bombardements de la ville de Homs, un des bastions de la résistance, sont « les plus violents depuis quatorze jours » selon Hadi Abdallah, membre de la commission générale de la révolution syrienne : « C’est incroyable, c’est d’une violence extrême, on n’a jamais connu ça. C’est en moyenne quatre roquettes tirées par minute ».

Quant à la communauté internationale, on peut imaginer qu’au sentiment d’impuissance se mêle de plus en plus un sentiment de honte, honte quant à son incapacité à surmonter les opinions et intérêts divergents de ses membres, gelant ainsi, de facto, toute résolution déterminante pour endiguer une fois pour toute le conflit. L’adoption, hier, d’une résolution condamnant les violences en Syrie par l’assemblée nationale des Nations Unies n’y change rien. Le texte – voté à 137 voix, 12 contre et 17 abstentions – n’a malheureusement qu’une portée symbolique. Et bien que ce dernier exige l’arrêt de la répression, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas, et recommande la désignation d’un envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, seule une résolution du Conseil de Sécurité aurait une valeur contraignante. Résolution à laquelle la Chine et le Russie, qui ont opposé leur véto le 4 février dernier, sont fortement hostiles. Ces derniers, ainsi que Cuba, l’Iran, le Venezuela et la Corée du Nord, ont d’ailleurs voté contre le texte de l’Assemblée nationale des Nations Unies.

Bref, il reste aujourd’hui encore impossible pour les membres du Conseil de sécurité de trouver un terrain d’entente. Selon Navi Pillay, cette situation a « encouragé le gouvernement syrien à lancer un assaut sans retenue dans le but d’écraser la dissidence ». Et comme le rappelait, hier, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies : « Plus longtemps nous débattrons, d’autant plus de gens trouveront la mort ».