Lorsqu’au festival de Cannes un journaliste a demandé à Lars Von Trier d’éclaircir les propos qu’il avait eu à propos de « l’esthétique nazie », le cinéaste se lâche :

“J’ai cru être juif pendant très longtemps, et j’en étais. Puis je suis devenu moins enthousiaste après avoir rencontré Susanne Bier (réalisatrice danoise et juive, qui a réalisé  After the wedding ou encore Revenge, Oscar du Meilleur Film étranger cette année) avant de me rendre finalement compte que j’étais Nazi, car ma famille est en réalité allemande. Cette révélation m’a fait plaisir. Que rajouter ? Je comprends Hitler. Mais je pense qu’il a fait beaucoup de mal… Mais je peux l’imaginer assis seul dans son bunker à la fin de sa vie”. Je ne dis pas que je cautionne la Seconde Guerre Mondiale et je ne suis pas antisémite, pas même envers Susanne Bier… En fait, je suis même solidaire des juifs, de tous les juifs. Mais Israël fait vraiment chier. Comment est-ce que je vais m’en sortir ? Bon ok, je suis un nazi.”

C’est à ne plus rien y comprendre. On m’a toujours dit et répété que le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes de rejet de l’Autre s’expliquaient par la stupidité ou le manque d’intelligence, toujours par le manque d’éducation, invariablement par la méconnaissance de la différence. Oh, certes, il y avait bien les antisémites de plume, ces autres intellectuels racistes qui construisaient des thèses excluantes mais on pensait ces énergumènes et leurs idées enterrés, totalement et définitivement dépassés. Et voilà qu’en l’espace de quelques semaines à peine, coup sur coup, deux génies partout célébrés viennent rompre sans vergogne notre idée reçue, idée jusqu’alors confortable tant elle identifiait deux camps au moins grâce au tamis du racisme : d’un côté les imbéciles peu raffinés, de l’autre, les éclairés ouverts sur le monde. Eh bien non ! Tristement, le racisme n’est pas le seul fait des ignares, John Galliano et Lars Von Trier en sont les deux plus récentes preuves vivantes. L’un excellait dans la mode, l’autre marque le cinéma de son temps. Et chacun, à quelques jours d’intervalle, nous explique tranquillement qu’il a de la sympathie pour Hitler, une fascination pour l’esthétique nazie, que certains éléments du Troisième Reich allemand méritent largement d’être sauvés. Donc ils réhabilitent – Galliano sous l’emprise de l’alcool, Trier tout à fait lucide – pêle-mêle : Speer, l’eugénisme, l’antisionisme délirant, la finesse esthétique, Hitler en homme sensible… Ils font cela en oubliant, ces idiots-là, qu’ils seraient les premières victimes des nazis si la peste brune revenait demain, premiers à être poursuivis et exterminés tant leur vie et leurs œuvres tranchent avec l’idéal de pureté aryen….

Sciemment, nos deux hommes louent le mal absolu, ils le font sûrement aussi un peu par défi stupide mais aussi par intérêt et c’est ignoble ! Deux questions à Lars Von Trier : 1/La recherche effrénée du buzz vaut-elle bien de salir la mémoire de millions de victimes de la Seconde Guerre Mondiale? 2/Un « trait d’esprit » de votre part mérite t-il de rouvrir les blessures des rescapés des camps de la mort, des descendants de ces humains décharnés que l’on vouait à l’Holocauste dans les camps d’extermination d’Europe de l’Est ?
J’aimerais entendre vos réponses. Une vraie réponse, pas ces maigres excuses fabriquées par quelques pubards et autres communicants pour sauver ce qu’il reste de votre réputation ternie.

Plus je réfléchis aux mots de Trier, plus je fulmine. Et puisque celui-ci s’est permis une apologie du folklore nazi, eh bien je m’octroie moi-même le droit de dire que cet homme là est un salopard. Un homme bien plus nazi qu’il croit l’être lorsqu’il termine sa tirade hallucinante par une blague qu’il voudrait dédouanante : « Eh bien ok, je suis nazi ! ». Ce n’est pas « ok » et je m’explique. Lorsque vous voyez à Cannes, au milieu du luxe et de la volupté, en plein cœur de l’Art célébré, un humain vous confier son intérêt avancé pour le Führer jusqu’à le trouver touchant aux toutes dernières heures de sa vie, assis dans son bunker, lorsqu’il sait qu’il va enfin périr, vous touchez a l’inhumanité. Vous mesurez l’aveuglement qui était celui des allemands lorsqu’ils s’engouffrèrent dans la brèche de l’irréparable. Et vous perdez en une poignée de secondes d’un propos condamnable le bienfait de temps d’années d’éducation à l’Histoire et à l’antiracisme.

Lars Von Trier semblait tout à fait normal lorsqu’il a entamé sa tirade. Il mesurait la portée de ses propos, concevait tout à fait le mal en parlant. Et c’est bien le plus effrayant dans toute cette affaire. Si Trier, avec son bagage, fort de sa fonction dans la société, possède ces penchants-ci, que faire ? Comment se dépêtre-t-on d’une situation ou l’humanité la plus éclairée, la plus au fait de notre Histoire et de ses atrocités, choisit en toute connaissance de cause de se ranger du côté du pire ?  Voilà, quelques solutions ! D’abord on pourrait, on devrait, on serait obligé même de couper la parole à Lars Von Trier lorsqu’en conférence de presse, il tient ces propos. On devrait lui dire qu’il se trompe, qu’il s’engage sur une pente extrêmement glissante et que s’il choisit de continuer deux seuls choix s’offrent à nous : ou bien l’on quitte la salle, ou on lui fout son poing dans la gueule. Au lieu de ça, je n’ai entendu qu’un maigre « Oh my God » se prononcer. Un « Oh my god » et la promo peut continuer… Ce n’est pas suffisant ! Maintenant que le mal est fait, il faudrait que la direction du festival de Cannes déclare Lars von Trier persona non grata. C’est ce qui est en train d’être fait. Et pour la suite, eh bien rien n’empêche de rappeler à Trier qu’il a un jour, à Cannes, dérapé. Rien n’interdit de faire en sorte que la mémoire des victimes qu’il a bafouée le poursuive désormais partout, tout le temps…

32 Commentaires

  1. Je suis vraiment partagé car je trouves que dire de Galiano et Van Trier sont des génies c’est une insultes aux vrais génies, et je peux même affirmer qu’ils sont d’une stupidité abyssale, je rejoins mr samama sur le fait que l’antiracisme n’a servi à rien et qu’il a empiré les choses notamment en hiérarchisant les victimes, et pourtant dieu sait que les juifs savent que ce n’est jamais bon, alors cela partait d’un sentiment louable mais cela a créé des ravages que l’on prend en pleine figure aujourd’hui. Sur le commentaire de Nevada moi aussi j’ai vu la conférence de presse en entier, il n’y avait aucune atmophère particulière, Mr van trier est arrivé avec le mot fuck sur la main et a voulu faire le malin sur le IIIème Reich et Hitler pour faire du buzz, c’est un pauvre con. Et sur l’argument qu’il lutte contre le nationalisme donc contre l’antisémitisme alors là c’est dramatique, comme si il y avait de l’antisémitisme que chez les gens épris de nation, faut qu’on m’explique.

  2. Juste une précision: Pas d’amalgame, l’étroitesse d’esprit des commentateurs m’est pas inconnu

  3. « D’abord on pourrait, on devrait, on serait obligé même de couper la parole à Lars Von Trier lorsqu’en conférence de presse, il tient ces propos. On devrait lui dire qu’il se trompe, qu’il s’engage sur une pente extrêmement glissante et que s’il choisit de continuer deux seuls choix s’offrent à nous : ou bien l’on quitte la salle, ou on lui fout son poing dans la gueule. » LDS

    Oui, mais les gens n’ont pas quitté la salle, et je n’ai vu personne lui sauter au coup. Pourquoi? tout simplement parce que le public sentait que ce n’était pas sérieux, que Lars Von Trier ne pensait pas ce qu’il disait, qu’il parlait d’autre chose. De l’humain. Et de d’inhumain dans l’humain. Et c’est cela qu’il comprenait. L’humain. pas les actes de l’humain aussi barbares et inqualifiables soient-ils. Arrêtons de penser à la place des autres, de leur dire ce qu’il doivent faire ou ressentir. C’est peut-être là, justement, le commencement de la dictature.

  4. Cher Monsieur,
    Je suis étonné, pour ne pas dire choqué, par la façon dont vous posez les bases de votre discours. Vous jouez le jeu de youtube, voire même de canal+, à savoir raccourcir les 38 minutes de cette conférence de presse à l’atmosphère déjantée (ceux qui y ont assistés le savent) pour ne garder que ce qui vous intéresse. Vous montez un texte, sans inclure les blancs, les rires, les attitudes, les sourires ou réactions des acteurs qui ont travaillés avec Lars Von Trier, etc. Ayant visionné 4 fois + 1 en version anglaise sans sous-titre, je trouve que vous n’êtes pas très honnête car vous déformez même certaines phrases. De bien peu, me direz vous, mais chaque mot compte quand on soutient de telles accusations! Donc c’est capital de retranscrire à la virgule près les propos de leur auteur.
    Pour une analyse complète de la conférence de presse, je vous invite à consulter le blog de « chinokino » et l’article « in defence of lars von trier persona non grata » mais surtout la retranscription mots pour mots réalisée par Céline Desbrun intitulée « Lars Von Trier: antisémite ou mauvais plaisantin »
    C’est bien de vouloir éradiquer le néonazisme (on le veut tous je crois !!!) mais en attaquant comme vous le faites Lars Von Trier (qui a de surcroit milité contre l’extrême-droite danoise !!! voir l’article du 10 février 2005 de Courrier International, « Lars Von Trier contre le nationalisme rampant »), je ne sais pas quel jeu vous jouez exactement et si vous n’êtes pas en train de combattre vos propres alliés, votre propre fratrie. Cela dit, les guerres fratricides ne sont pas nouvelles, et même toujours d’actualité ! Dites-nous juste si c’est ce combat que vous souhaitez mener ? Dans ce cas, je préfère vous laisser.
    Dans l’autre, nous pouvons discuter avec le plus grand plaisir. Et si vous m’apportez la preuve et arrivez à me convaincre de la culpabilité de Lars Von Trier pour incitation à la haine raciale ou à l’antisémitisme, alors je vais vous le chercher moi-même pour qu’il soit inculpé! Il faudra juste que je trouve le courage d’aller le chercher en passant devant sa femme et ses enfants… juifs.
    Bien cordialement,
    Nevada.

  5. « Naturellement, j’ai été un peu naïf. En tant que Danois, je pensais que je pouvais aborder le sujet un peu plus ouvertement. Mais ce que j’ai dit était erroné et stupide, et je m’excuse pour le mal que j’ai fait à beaucoup de gens ». Lars von Trier, 05/20/2011, Der Spiegel.

  6. Cher Monsieur,
    Je suis étonné, pour ne pas dire choqué, par la façon dont vous posez les bases de votre discours. Vous jouez le jeu de youtube, voire même de canal+, à savoir raccourcir les 38 minutes de cette conférence de presse à l’atmosphère déjantée (ceux qui y ont assistés le savent) pour ne garder que ce qui vous intéresse. Vous remontez un texte à votre guise, sans inclure les blancs, les rires, les attitudes, les sourires ou réactions des acteurs qui ont travaillés avec Lars Von Trier, etc. Ayant visionné 4 fois + 1 en version anglaise sans sous-titre, je trouve que vous n’êtes pas très honnête car vous déformez même certaines phrases. De bien peu, me direz vous, mais chaque mot compte quand on soutient de telles accusations! Donc c’est capital de retranscrire à la virgule près les propos de leur auteur.
    Voici une analyse complète de la conférence de presse vraiment exceptionnelle, avec les liens vers le document source (un vrai travail de journaliste professionnel!) : http://www.chinokino.com/2011/05/in-defence-of-lars-von-trier-persona.html Désolé pour certains, c’est en anglais ; mais bon, c’est plutôt une bonne chose quand on voit que l’interprète instantané du Festival de Cannes n’était pas parfaite, traduisant notamment « A pain in the ass » par – non pas « Israël fait chier »- « Israël pose quand même certains problèmes »… Étrange que personne ne l’ai relevé. Pour votre part, vous ajouter un « vraiment » qui change totalement le sens de la phrase comme si vous aviez envie que Lars Von Trier ait déclaré cela.
    Bref, un peu plus de précision servirait mieux votre discours, lequel est de toute façon disqualifié par les explications qu’à apporté Lars Von Trier dès le 21 mai: http://www.hollywoodreporter.com/news/lars-von-trier-accepts-ban-190883 sans parler de la déclaration de Charlotte Gainsbourg quittant le festival prématurément : « Il ne me choque pas. Bien sûr, c’est de la provocation. Parfois ça peut être très déplacé, mais il est comme ça. […] Ça peut être des mauvaises blagues, je ne dis pas que ce soit du meilleur goût, mais faut pas prendre ça très au sérieux »
    C’est bien de vouloir éradiquer le nazisme (on le veut tous je crois !!!) mais en vous défoulant comme vous le faites sur Lars Von Trier, sans arguments solides, en vous défoulant sur ce cinéaste prodigieux (qui a de surcroit milité contre l’extrême-droite danoise !!! http://www.courrierinternational.com/article/2005/02/10/lars-von-trier-contre-le-nationalisme-rampant ), je ne sais pas quel jeu vous jouez exactement et si vous n’êtes pas en train de combattre vos propres alliés, votre propre fratrie. Cela dit, les guerres fratricides ne sont pas nouvelles, et même toujours d’actualité ! Dites-nous juste si c’est ce combat que vous souhaitez mener ? Dans ce cas, je préfère vous laisser.
    Dans l’autre, nous pouvons discuter avec le plus grand plaisir. Et si vous m’apportez la preuve et arrivez à me convaincre de la culpabilité de Lars Von Trier pour incitation à la haine raciale ou à l’antisémitisme, alors je vais vous le chercher moi-même pour qu’il soit inculpé! Il faudra juste que je trouve le courage d’aller le chercher en passant devant sa femme et ses enfants… juifs.
    Bien cordialement,
    Nevada.

    Version originale : http://www.festival-cannes.com/en/mediaPlayer/11391.html
    Version doublée française : http://www.festival-cannes.com/fr/mediaPlayer/11391.html

  7. « Quand on voit la séquence dans son entier ( sans qu’elle soit montée comme l’ont fait les JT français), on se rend compte que Lars von trier part dans un délire pour faire scandale, le réalisateur semble un peu avoir abusé du champagne et il se laisse aller en sachant qu’il va choquer .
    D’ailleurs Charlotte Gainsbourg assise à sa droite ne semble pas plus choquée que ça, elle ne réagit pas .
    En moins de 12 h de temps le cinéaste est déclaré indésirable au festival de Cannes pour avoir dérapé, soit .. »
    Oui tout à fait d’accord avec ça. D’ailleurs Haaretz lui a accordé un entretien qui n’était pas négatif loin de là. Dans la vague morale qui nous saisit en toute affaire aujourd’hui en France, je n’y vois que la surenchère électorale des droites voulant se faire passer pour des gens de droit en réalité liberticides et contre les actes critiques de la culture (Lars Von Trier n’avait pas oublié lui que l’inauguration du Festival de Cannes fut en 1939 et ses déclarations provocantes en guise d’ironie critique référaient aussi directement à cela), et il ne faut pas revenir loin en arrière pour se souvenir que le ministre de l’intérieur hautement maladroit commandant la police qui en 2006 ordonna à la famille et au rabbin de couper tous les ponts avec le gang des barbares qui détenait Ilan Halimi, qui soudain se croyant — à tort — lâché par tous ses proches devint la victime totale qui mourut sous d’horribles tortures, ce n’était pas un socialiste, se serait-il joint au cortège de protestation de masse qui eut lieu ensuite. Ce cinéaste dans son radicalisme métaphysique — dans la tradition des grands cinéastes du nord — et social — engagé — depuis toujours est un radical punk, sûrement pas un fasciste ni un skinhead à connaître ses actes. Il y a eu forcément une pression gouvernementale sur la direction du Festival pour le déclarer persona non grata, puisque l’actrice principale du film reçut au contraire le grand prix d’interprétation. Et il ne faut pas oublier que c’est le même cadre d’ingérence dans le festival qui refoula au nom de la loi sur l’immigration les deux actrices marocaines officiellement et spécialement invitées du film de la jeune réalisatrice Leila Kilani présenté à la quinzaine des réalisateurs « Sur la planche » :
    http://next.liberation.fr/cinema/01012338624-deux-actrices-marocaines-invitees-a-cannes-refoulees-a-l-aeroport

  8. Vous avez tort de vous exiter. En relisant ses propos on voit bien qu’il dit n’importe quoi et son contraire.
    A vouloir lui faire dire ce qu’il n’a pas dit et surtout ce qu’il ne pense pas. Comme Dieudonné il risque, à force
    d’attaques surproportionelles et injustifiées (au départ) il va peter un cable et devenir extremiste dans ses propos. Bien joué, bravo.
    Rien à voir avec les propos insultants, grossiers et tres clairs qd à leur significations profondes de cet ivrogne de Galiano.
    Vous avez tort.

  9. « Maintenant que le mal est fait… » Aucun mal n’est fait, justement. Je n’ai pas bien vu où la mémoire des victimes avait été salie. Il faudrait peut-être faire le tri entre délires d’après dîner et programme politique, monsieur Laurent-etc.

  10. ….. Entre-temps, l’extrême droite est sortie de sa tombe. Jouer au second degré, c’est ouvrir les vannes du premier. Il faut pour ça être soit un con, soit un sale con. C’est au choix.

    Il y en a un troisième (choix): ne pas prendre l’autre et le raciste pour des cons. On se bat mieux contre un danger que l’on connait et que l’on apprécie à sa juste valeur….

    ….Il y a des cons partout mais ils ne dirigent pas le monde. Ils suivent….Seuls les intelligents doivent capter notre attention et notre regard….

  11. Quand on voit la séquence dans son entier ( sans qu’elle soit montée comme l’ont fait les JT français), on se rend compte que Lars von trier part dans un délire pour faire scandale, le réalisateur semble un peu avoir abusé du champagne et il se laisse aller en sachant qu’il va choquer .
    D’ailleurs Charlotte Gainsbourg assise à sa droite ne semble pas plus choquée que ça, elle ne réagit pas .
    En moins de 12 h de temps le cinéaste est déclaré indésirable au festival de Cannes pour avoir dérapé, soit ..

    Hier , je voyais encore sur le service public quelqu’un comme Eric Zemmour condamné par la justice française pour avoir incité à la discrimination raciale au travail envers les noirs et les arabes .
    Chez Ardisson il avait déjà dérapé en disant que les noirs et les arabes étaient plus contrôlés par la police car ils étaient pour la plupart des trafiquants.

    EZ après ces deux affaires est toujours sur le service public, mieux il a même obtenu un job de plus avec sa chronique le matin sur RTL. Mr Zemmour a eu de nombreux soutiens lors de son procès, qui parlaient du droit à la liberté d’expression ..
    Et pour Lars Von trier ? Puni et écarté avant même un procès ?

  12. Cher LAURENT DAVID SAMAMA, Je suis d’accord avec Emmanuel. Après avoir visionné les propos de LVT (qui incluent un corps, un regard, les gens autours et en face de lui et les multiples ajouts qu’il fait « it’s a joke; I’m joking » etc.) il me paraît inexact de prendre les propos de LVT au 1er degré ou au sérieux. Parlons maintenant de son oeuvre et là on réalise qu’elle est une critique en règle de toute idéologie totalitaire (voir l’empathie qu’il crée pour les victimes dans Breaking the Waves ou Dogville faisant face à la foule, au troupeau, etc.) Je comprends et respecte votre émotion, mais l’attaquer, dans les termes qui sont les vôtres, est injuste et excessif. DAR

  13. De la faculté des antisémites de persuader certains Juifs de l’intelligence dont ils feraient montre à goûter leur humour antisémite. J’ai déjà donné. J’ai aussi dansé le Nazi Rock avec Gainsbourg. Entre-temps, l’extrême droite est sortie de sa tombe. Jouer au second degré, c’est ouvrir les vannes du premier. Il faut pour ça être soit un con, soit un sale con. C’est au choix.

  14. J’aime assez le ton général des échos ci-dessus. Si j’étais intellectuel (ou politique) à fortiori de gauche (je ne suis ni de gauche ni de droite, ne cernant pas ce que ces notions renferment d’opposé), je vous dsortirais bien volontiers cette sentence éculée… Il faut savoir raison garder…

  15. Critiquer Israël n’est pas nécessairement faire de l’antisionisme (encore moins de l’antisémitisme), tout comme apprécier l’esthétique nazie ne fait pas de lui un nazi.
    Et j’irai plus loin encore : s’il a cherché à comprendre Hitler, il est sûrement moins raciste ou antisémite que tout ceux qui essayent de cacher le visage humain d’Hitler sous le masque du Mal absolu rejetant ainsi par un manichéisme avilissant le fait qu’Hitler était avant tout un Homme, comme vous, comme moi.
    Est-ce que cela le dédouane ? Non, encore moins ! Mais il est beaucoup plus raisonnable de combattre les erreurs de l’Homme que de lui prétexter une possession démoniaque, ne serait-ce que pour éviter le risque que l’Histoire dans sa période la plus sale, la plus abjecte renaisse sous d’autres traits.
    Lorsque vous aurez saisi ses nuances et ce raisonnement M. Samama, vous serez à même de donner de vraies leçons d’antiracisme.

  16. La stupidité et le manque d’intelligence c’est aussi de ne pas comprendre l’humour. ET encore une fois le fait de critiquer l’Etat d’Israël de ne fait pas forcément de quelqu’un un antisémite. si c’était le cas, il y aurait beaucoup d’antisémites Juifs Israéliens en Israël….

  17. Décidément, cher LDS, vous cumulez avec talent facilité intellectuelle et inculture abyssale. Comment juger au premier degré Lars Von Trier ? Comment prendre au mot un personnage auto-caricatural, qui fait de sa vie bien plus une performance qu’une ligne de conduite politique ? Prétendre être nazi pour clore une vanne vaseuse, assis au côté de Charlotte Gainsbourg, avant de retrouver son épouse et ses enfants juifs, ne manque tout de même pas d’humour. Je vous avoue avoir ri, beaucoup même, et puis avoir encore plus ri en ayant lu et étendu des réactions qui, comme la votre, démontrent une confusion manifeste.

    Qu’on l’entende enfin, les nazis sont des criminels, des criminels contre l’humanité. Mais ils étaient aussi des hommes, constitués de la même manière que nous autres. Il ne faut pas l’oublier en murant le « Nazi » dans une mythologie « méta-humaine ». En tant qu’humains, les nazis doivent être les sujets de railleries, de plaisanteries, et de jeux comme le sont tous les humains, et tous les régimes politiques de l’histoire.

    Pour finir, je comprends que l’on puisse être choqué malgré tout par la plaisanterie vaseuse de ce personnage. Mais cessons là de feindre l’indignation en tapotant sur nos claviers. C’est ridicule. Il me semble que sur ce support vous évoquez des raisons bien plus valables de s’indigner et de soulever des foules : la révolution en cours en Syrie, la situation en Lybie etc.

    Lars Von Trier n’est une menace pour personne, amusons nous de ses frasques justes ou ratées, et laissons à cet artiste déjanté sa place de fou du village, et son rôle cathartique utile à tous.

  18. Indulgent est celui qui voit le monstre dans le ceveau de l’autre et se refuse à voir l’immonde qui est en lui. Qui est indulgent? Qui est dangereux? cela a-t-il un sens? Nous sommes vous et moi du même coté du manche. Nous escarmoucher ne sert pas notre cause….la Vérité nue…

  19. Décidément à la règle du jeu, il est préférable de violer des gamines ou des femmes de chambre que de faire de l’humour provocateur. A quoi est-ce dû ? stupidité, manque d’intelligence ?

  20. Pardon, Mr Glucksmann, pour l’écorchure à votre nom. D’une manière inconsciente, je vous aurai soustrait à votre part de «haine».

  21. Le fait que nous soyons tous des Hitler en puissance, laquelle non-révélation plagie Glucksman qui se faisait lui-même l’écho d’autres échos, ne doit pas nous conduire à nous montrer plus indulgent avec l’immonde, – Trier dit : «sympathique», – mais plus sévère avec nous-même. Utiliser ce stratagème pseudo-subversif pour déféquer sur Israël en dit long sur la dysenterie incurable atteignant l’extrême-gauche contemporaine et sa représentation. In fine, qu’est-ce qui permet de préjuger de la science infuse d’une élite populaire? Qu’est-ce qui devrait nous faire nous incliner devant un prince des fringues ou un roi du cinoche lorsque Louis-Ferdinand, génie de son état, fut perforé d’un aussi large trou de connaissance?

  22. La stupidité et le manque d’intelligence c’est aussi de ne pas comprendre l’humour…. et encore une fois cela ne fait pas de Von Trier ou quiconque un antismémite de ne pas approuver la politique d’Isrël….mias bon c’est apparement bien difficiel de vous le faire comprendre. Dure la vie parfois.

  23. ca s’appel de la liberté d’expression dans une démocratie, par contre le comunautarisme n’est t’il pas une forme de racisme ?

  24. Pas d’accord, Monsieur Samama,
    Je trouve même la position sous-tendue par votre billet un peu dangereuse, et je m’en explique.
    Tout d’abord, Lars von Trier a fait une énorme connerie en tenant ce genre de propos publiquement, ça ne fait aucun doute. C’est une connerie, justement parce que ce discours est perçu par beaucoup comme une apologie du nazisme et de l’antisémitisme.
    Pour autant, moi qui suis comme la majorité de nos contemporains profondément traumatisé par ce qui s’est passé durant la seconde guerre mondiale, je n’ai pas compris ces propos comme tels.
    Que dit Von Trier ? Qu’il « comprend » Hitler bien qu’il ait fait beaucoup de mal. Cette position PEUT être celle d’un homme qui cherche simplement à comprendre (je souligne le « peut », car au bout du compte, je ne suis pas dans la tête de Lars Von Trier, pas plus que quiconque, pour savoir réellement ce qui s’y passe). Faut-il également condamner le magnifique film « la Chute » qui montre Hitler avec les traits de Bruno Ganz (acteur profondément humain s’il en est) à la fois paranoïaque en pleine décompensation et en même temps « bon papa » ? Je suis médecin, et à ce titre j’ai pour devoir éthique de tenter de « comprendre » tout le monde, y compris les monstres qui se présentent devant moi. Comprendre ne signifie aucunement approuver, ni aimer, ça veut juste dire reconnaître notre appartenance commune à l’espèce humaine. Des dizaines de psychiatres ont travaillé sur l’histoire du personnage Hitler pour tenter de comprendre comment il pouvait à la fois être à l’origine de la solution finale et premier militant de la lutte contre la vivisection ! Considérez-vous également ces hommes comme des racistes ?
    Ensuite, réalisant il me semble qu’il a fait une connerie, Lars Von Trier fait ce que nous faisons tous lorsque nous avons dérapé : il essaye de se rattraper et ce faisant aggrave les choses … Il dit qu’il est solidaire des juifs, mais que Israël le fait chier : là, je ne l’approuve pas, mais il faut quand même reconnaître que sa position rejoint celle de 90% de la gauche française !!!
    Mais ce genre de discours ne pourra être tenu devant un grand public que dans un siècle ou deux, lorsque tous ceux qui ont vécu l’Holocauste ou même qui ont connu ceux qui l’ont vécu seront depuis longtemps morts et enterrés.
    Lars Von Trier a complètement capoté sa conférence de presse, et la décision des organisateurs du festival de le déclarer « personna non grata » me semble la plus adaptée. Le traiter pour autant d’antisémite voire de sympathisant du nazisme me semble être un jugement des plus hâtifs et raccourcis. Pour moi, ça rejoint la démarche qui consiste lorsqu’un homme est mis en accusation pour un viol a le présumer coupable au motif qu’il a une tendance connue à draguer parfois lourdement toutes les jolies femmes …
    Traverser notre vie humaine est déjà bien assez compliqué et souvent difficile, par pitié ne jugeons pas les autres comme boiteux parce qu’ils ont trébuché une fois …

  25. Plus je lis des réactions comme la vôtre, plus je fulmine.
    Comparer Galliano et Lars Von Trier est la preuve d’une incompréhension absolue des propos de ce dernier. C’est sortir « Hitler » et « juifs » du contexte et les coller sur une croix gammée sans même chercher à comprendre ce qu’il a dit. C’est même aberrant d’avoir une bonne éducation et d’avoir ce genre de propos qui lynche à tout va dès qu’une opinion qui sort de la pensée unique communément appelée liberté d’expression arrive sur le terrain.
    Lars Von Trier n’a émis aucun propos antisémite, n’a jamais fait l’apologie d’Hitler et est de toute évidence doté d’un cerveau en état de marche. On ne peut pas vraiment en dire autant de la masse médiatique dont vous faites partie.

  26. Je n’approuve pas ce qu’a dit Von Trier. Jamais je ne l’aurais dit. Pourquoi ? Parce que c’est choquant, honteux, blasphématoire devant les millions de morts et les millions de survivants marqués à vie. Mais s’il l’avait exprimé en mettant ces mots dans la bouche d’un acteur il aurait eu raison et nous aurions apprécié. Pourquoi ? Parce qu’il a eu l’honnêteté (avinée?) de dire sa dualité. Ce n’était pas le lieu ni le moment. Mais il l’a dit. Dualité de la fascination et du rejet pour un monstre, dualité, aussi et en miroir, du regard porté sur un peuple errant, opprimé et génial, regard mêlant l’admiration au refus de tout ce qui est autre. On n’aime pas le juif comme on n’aime pas le tzigane, le Rom, le clochard, les gens du voyage, les gitans, les noirs pour les blancs et les blancs pour les noirs, tous ceux qui passent dans notre vie et que l’on ne reconnait pas comme faisant partie de la famille, de la tribu. Cette dualité est partagée. N’est-elle pas celle des israéliens pour les palestiniens, celle des palestiniens pour les israéliens? Je me le demande. Personne n’échappe au racisme. Rousseau avait tord. Nous ne naissons pas bons. Seule l’éducation permet le « vivre ensemble ». Dans le meilleur des cas cela permet un regard fraternel sur la différence qu’il faut surtout ne pas chercher à estomper. Fraternel, certes, mais ambigu avec ses zones borderline d’envie, de jalousie, de rejet. C’est en cela que l’exemple de Von Trier (dont il faut lire l’intervention in extenso) est exemplaire. Il nous dit que le racisme n’est et ne sera jamais tout à fait mort et que chacun de nous en son âme, en sa conscience, doit continuer de se battre, pour l’autre et pour soi-même, parce que l’autre, c’est moi …

  27. C’est exactement parce que l’on a pris les racistes pour des crétins que le FN en est là aujourd’hui!
    TOUS les médias et politiques nous ont rabaché depuis toujours que le lettré était forcément républicain et l’illétré xénophobe.
    Et ben non, une fois de plus, merci aux journalistes d’ouvrir un peu les yeux et de sortir de votre bulle..

  28. Hilter était malheureusement bien loin d’être un ignare, lui aussi …