Et si les choses n’étaient pas si claires ? Et si, tout-à-coup, le scénario tragique, dramatique parfaitement réglé de la chute de Dominique Strauss-Kahn se brouillait pour devenir nettement moins plausible ? Les informations qui nous parviennent à cette heure semblent en tout cas nous raconter une toute autre histoire que la version initiale. Une histoire dans laquelle DSK ne serait plus le monstre partout décrit ni l’infâme chasseur de femelles jeté en pâture à l’opinion mondiale.

Passé le choc de l’annonce de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, son entourage avait promis une réplique solide aux bourgeonnantes accusations salissant leur champion. S’extirpant de la folie médiatique, ils ont attendu, sûrement à raison, de prendre le pouls du monde médiatique et politique avant de contre-attaquer. Et voilà que les arguments de la défense nous parviennent ! Selon des infos RMC, Taylor et Brafman, les avocats de DSK, ont reconstitué l’emploi du temps du Président du FMI: celui-ci aurait normalement quitté l’hôtel Sofitel un peu après midi, soit une heure avant l’heure supposée de l’agression de la femme de chambre. Il est ensuite annoncé que Dominique Strauss-Kahn aurait dans un premier temps rendu ses clefs à la réception et demandé sa note puis serait allé rejoindre sa fille dans un restaurant new-yorkais pour le déjeuner. La suite, on la connaît : le Président du FMI avait un avion à prendre… La défense promet de livrer les preuves de ces déplacements-ci ainsi que les témoignages cruciaux de ceux qui auraient croisé le cadre socialiste lors de son parcours.

On a beaucoup glosé sur l’oubli du téléphone portable de Strauss-Kahn dans sa chambre d’hôtel, cet unique élément suffisant pour certains à confirmer l’ensemble des faits reprochés à l’accusé. Nous savons aujourd’hui que le potentiel candidat aux primaires socialistes possède en fait plusieurs téléphones portables. La précision est importante car cela pourrait constituer un nouvel élément infirmant la thèse du « départ précipité »…

En parlant de précipitation, de cette inouïe accélération des événements heurtant le public français, disons un mot sur les habitudes de la Justice américaine. Si les choses se sont précipitées, si l’on est allé chercher DSK jusque dans son avion avant que celui-ci décolle, c’est bien au nom d’une habitude étasunienne qui veut que l’on considère la parole de celui qui se déclare victime comme primordiale et principale. Voilà comment les choses fonctionnent outre-Atlantique : d’abord la Justice s’assure que le présumé agresseur n’est plus en état de nuire, l’emprisonne, puis, dans un second temps seulement, confronte les versions, quitte à plus tard nuancer les accusations, voire même disculper le présumé coupable d’agression. La même affaire se déroulant en France aurait sans doute connu un tout autre traitement de la part de la Justice mais aussi des médias. Finissons par un court développement sur les mécanismes de la rumeur et tout le mal qu’en un instant, via Internet (Facebook, Twitter) puis par l’intermédiaire des médias traditionnels, celle-ci occasionne. Les Unes du New-York Post et du Daily News, deux quotidiens couvrant l’affaire et livrant des « scoops », doivent être lues avec une infinie précaution tant ces parutions sont portées sur les gros-titres et le scandale ! Lorsqu’on présente en première page un DSK menotté, tout juste sorti de garde-à-vue, avec en titre « Walk of Shame », l’on sort totalement du cadre de l’objectivité journalistique, l’on n’a qu’un seul et unique but: utiliser les événements en cours pour vendre du papier!

Sont-ce ces voix qu’il faut écouter alors qu’un homme de l’envergure de Dominique Strauss-Kahn, portant en lui la responsabilité d’une institution internationale ainsi que les espoirs politiques d’une majorité de français, est accusé de terribles écarts de conduite? Rien est moins sûr !

14 Commentaires

  1. La presse rend service à DSK. S’il avait disparu discrètement, que n’aurait-on imaginé? Là, non seulement on ne laisse pas grand chose à l’imagination (en gros, il l’a fait/ il l’a pas fait, on a vite fait le tour) mais en plus, les photographes ont ouvert un boulevard à l’empathie en faveur d’un homme qui n’excitait pas plus que ça l’affection. Ces images de DSK sont magnifiques: un homme à terre, certes, mais un homme – et pour un type qu’on ne voyait plus que comme un tiroir caisse, c’est un vrai cadeau.

  2. Je voudrais juste signaler un renversement troublant: les acteurs du monde des médias sont passes de ce qu ils ont eux mêmes appelé leur  » sidération », leur  » consternation » bref leur  » difficulté a croire  » des premieres heures ou des tous premiers jours a une prise de position qui va en s accentuant totalement a l inverse  » mais on  » savait tous que… » . curieux  » ils savaient tous que » » » , alors pourquoi la sidération?
    Maintenant a longueur d antenne on assiste a des exercices d autoflagellation:  » aurions nous du dira que, avons nous failli? » IndEpendamment du fait qu ils  » confessent » qu  » en » parler ,  » dans les diners parisiens » par exemple leur etait monnaie courante, donc la pas de probleme d  » omerta a la française » ( autre grand thème de réflexion actuel:  » que pouvons nous apprendre de nos voisins anglo-saxons ? », toutes ces personnes se contentent jusque a présent de rabâcher en boucle

     » dragueur genre lourdingue ». Immense révélation. Même dsk s était aperçu de ses  » trois handicaps »….

    Et pour finir : quand ruquiet salue la  » sincerite » de marine lp, lui aussi au nom du  » on savait tous que… » c est a vomir. Mais bon ruquiet sait aussi qu onfray est un génie et que freud était un imbécile affabulateur avide de sous. Ceci est peut être un autre debat. ( pas forecement)

  3. Il semble que cela soit difficile à assimiler, mais il ne s’est jamais agi de la justice américaine. C’est la mise à mort médiatique d’un homme qui pose ici problème, et la puissance de conviction que les médias anglo-saxons exercent sur les foules auxquelles ils font voir en une inconnue dont nul ne sait ce qui lui est arrivé, la victime proclamée, puis acclamée, j’allais dire réclamée, par induction de laquelle un homme devient mécaniquement à leurs yeux un bourreau. Se taire, en l’occurrence, c’est laisser dire cela.

  4. « On ne peut rien exprimer, on ne peut que se taire. » Ivan Levaï (journaliste ami de la famille Strauss-Kahn)

  5. Au siecle dernier, on accusait… En « la fermant » on n’accuse pas… La nuance ne vous échappera pas… Il sera temps, aprés que la justice aura fait son travail de se livrer au petit jeu d’avoir un avis sur tout… A moins que vous ne fassiez pas confiance à la justice américaine ??? Mais dans ce cas, l’innocence de l’une ou de l’autre n’en serait pas confortée…Ah J’oubliais… j’ai beaucoup d’admiration pour DSK…

  6. Fermer sa gueule au moment où la meute se rue sur l’homme à terre… On a déjà essayé ça au moins deux fois, au siècle dernier.

  7. Il est urgent de la fermer!!!!
    Le seul respect c’est le silence total et glacé.
    Quelle que soit votre opinion, gardez la pour vous.
    Le mieux serait pour une fois de n’en avoir aucune ,
    respectant, en cela, l’une et l’autre, la femme et l’homme.

  8. Pour l’heure, il n’y a ni victime ni coupable. Seulement une parole face à un silence. La victime présumée n’est pas une victime avérée. À l’inverse, le présumé coupable est avéré victime. Victime d’un lynchage médiatique dont Maurice Papon eut la chance que le gouvernement auquel celle-ci participait le lui épargnât. Et c’est de cette victime patente et de ce dont elle est victime que certains d’entre nous s’émeuvent. Aucune victime, alors, contrairement à ce dont se seraient étonné quelques messieurs et dames de l’Assemblée, n’a été oubliée.

  9. Juste une petite question, le fait d’être le directeur général du FMI donne il un droit « spécial » celui-d’être au dessus du commun des mortels.
    On assiste là au retour du droit féodal, le pouvoir total aux puissants la justice ou l’injustice pour les faibles.
    Il s’agit à mes yeux d’une vision de l’équité sérieusement biaisée.
    La justice Américaine, elle ne semble pas tenir compte des « privilèges » dus au rang des inculpés

  10. Dire «Si» pour s’autoriser un enchaînement tel que : «les faits reprochés à Dominique Strauss-Kahn étaient avérés» avant d’instrumentaliser un conditionnel offrant de mettre ses concitoyens : «en présence d’un acte très grave qui n’appelle aucune excuse», est une technique diffamatoire d’une bassesse qui ne sied pas à un premier ministre de la République. Nous forcer à visualiser dans les moindres détails une scène qui pour l’instant n’a pas été inscrite dans les Chroniques du XXIe siècle, revêt le caractère d’un attentat à notre pudeur. Dominique Strauss-Kahn a déjà égrené infiniment plus de pierres blanches à travers le monde pour éclairer les jours de la France que monsieur Fillon n’en ramassera jamais. C’est sans doute ce qu’il ne digère pas. La passion des Français pour les honneurs, aujourd’hui, exigerait de leur Président ou de leur Première Dame, qu’il ou elle se présente à un parloir de Rikers Island.

  11. De toute évidence, il paie car il n’est pas considéré par la justice américaine un présumé innocent, comme ce serait normal et juste à ce stade de la procédure, mais un dangereux criminel, qu’ils n’hésitent pas à exposer capturé et menotté à l’avidité des regards du monde entier pendant qu’ils instruisent à charge. Ah les frissons du choc médiatique en boucle ! Paie-t-il aussi pour des autres affaires ? Personne ne le dira, mais le refus de ne pas libérer sous caution un directeur général du FMI ne s’explique différemment que par le mépris le plus total de la personne et de sa fonction parmi le plus importantes au monde.

  12. « Sont-ce ces voix qu’il faut écouter alors qu’un homme de l’envergure de Dominique Strauss-Kahn, portant en lui la responsabilité d’une institution internationale ainsi que les espoirs politiques d’une majorité de français, est accusé de terribles écarts de conduite? Rien est moins sûr ! »

    Moshe Katsav président de l’état d’Israël est la preuve vivante que l’on peut occuper de hautes responsabilités politiques et se comporter comme un porc

  13. Pour reparler de l’affaire Polanski :
    Malheureusement ce qui arrive à Stauss-Kahn, ressemble à ce qui est arrivé à Polanski il y’a plus de trente ans.
    Arrestation rapide, emballement de la presse, rumeurs, personnalité célèbre..cruauté à l’égard du supposé « agresseur »
    Espérons que la Juge actuelle ne voudra pas se payer Strauss-Kahn (Célébrité), comme le Juge de l’époque a voulu se payer Polanski.
    J’ai un pénible sentiment que le disque est rayé et que nous revivons l’évènement.

  14. DSK a-t-il payé l’affaire Polanski ?
    Ou comme semblait le sous-entendre l’auteur de SAS chez Taddeï, serait-ce parce que la juge qui a refusé à DSK le versement d’une caution pour sa libération serait une protestante républicaine qu’elle aurait fait preuve d’une telle dureté à l’égard du (encore) patron du FMI ?
    Voir ces images qui passent en boucle dans nos médias français de DSK humilié avec des menottes, cela me met très mal à l’aise , voir tous ces journalistes et politiques hypocrites et partisans faire tout pour cacher encore pendant quelques jours leur joie devant l’annonce de la fin de la carrière de DSK, même s’ils ne se gênent pas tous pour en rajouter en reprenant de vieilles affaires dont ils n’avaient jamais parlé auparavant , cela me révulse encore +.

    DSK qui roule en Porsche, et alors ?
    N. Sarkozy n’a lui jamais roulé en Ferrari, habillé en Fulda ou Prada ( désolée mais les marques de fringues ce n’est pas mon dada ) ?