Qu’est-ce qui rend cette mobilisation nécessaire et urgente?
Bernard-Henri LÉVY.– La mise en scène terrible à laquelle nous avons eu droit la semaine dernière: une Sakineh presque entièrement voilée, ayant probablement été torturée et venant confesser, à la télévision iranienne, des crimes imaginaires. Le moins que l’on puisse dire est que ce genre de mascarade n’est jamais bon signe. C’était comme si l’on essayait d’alourdir encore le dossier de cette femme et de justifier par avance l’injustifiable. Nous nous disions: «ils ne peuvent pas; ils n’oseront pas». Eh bien si, bien sûr, ils peuvent oser. Et nous avons même des informations, à travers les réseaux d’amis iraniens liés à La Règle du jeu, selon lesquelles l’exécution pourrait être imminente.
Pourquoi cet acharnement. De quoi cette femme est-elle le symbole?
Bhl.– Il suffit de lire ce que disent et écrivent les mollahs qui règnent à Téhéran. Les femmes sont à la pointe de la mobilisation contre la dictature. Et elles sont, à ce titre, en première ligne de la persécution et de la violence. C’est comme ça. C’est, hélas, presque logique. Et c’est, d’ailleurs, partout la règle quand le fascislamisme prend le pouvoir. Suivez les femmes… Le sort des femmes, leur humiliation ou leur dignité sont un infaillible baromètre… Toujours.
Qu’est-ce qui explique, selon vous, que l’Iran ait abandonné ses promesses de mettre fin à ce type de châtiment?
BHL.– L’Iran ne tient aucune de ses promesses. Aucun de ses engagements. Même le vote de ses citoyens leur a été, comme vous savez, honteusement volé en juin dernier. Alors, un parjure de plus ou de moins… Ni le président non élu Ahmadinejad ni le prétendu arbitre Khamenei n’en sont à une infamie près…
Quel peut-être le poids de l’opinion internationale face à ce cas qui n’est pas unique?
BHL.– Bien sûr qu’il y a d’autres cas! Ce matin encore, à l’heure où nous parlons, une femme et un homme viennent d’être lapidés dans une région de l’Afghanistan tenue par les talibans. Pardon. Mais il faut essayer d’imaginer ce qu’il y a derrière ces mots abstraits: «viennent d’être lapidés». Il faut imaginer des corps à demi enterrés ou, au contraire, totalement exposés. Il faut imaginer une meute d’assassins vociférant, s’encourageant les uns les autres, caillassant. Il faut, si on en a la force, essayer de visualiser les pierres qui déchirent les chairs, qui fracassent les crânes, qui réduisent les visages en bouillie. Alors qu’est-ce qu’on peut faire contre cette abomination? Sauver, déjà, Sakineh. Ils en ont fait un symbole; eh bien prenons-les au mot et faisons-en, à notre tour, un symbole. Si nous y parvenons, si nous arrivons à l’arracher aux griffes de ses bourreaux, vous verrez: il y aura une sorte de «jurisprudence Sakineh», une jurisprudence morale et symbolique – et il sera, en Iran au moins, de plus en plus difficile de prononcer des verdicts de lapidation.
Les pays européens se concertent pour étudier «les moyens qui peuvent être mis en œuvre» pour la sauver. La France a demandé aux autorités iraniennes un moratoire général sur les exécutions. Pensez-vous que ces pressions auront un effet sur le gouvernement iranien?
BHL.– J’en suis convaincu. Ahmadinejjad est un fanatique. Mais c’est un fanatique avisé. Il sait le poids des opinions publiques. Il sait qu’il est engagé dans un bras de fer avec l’Occident et que, dans ce bras de fer, dans cette guerre de positions, il ne peut négliger aucun front. Nous non plus, d’ailleurs. Et il ne faudrait évidemment pas que, s’il cède sur Sakineh, nous cédions à notre tour, et à l’inverse, sur la question, par exemple, du nucléaire. Mais nous n’en sommes pas là. Sauvons déjà Sakineh.
Par-delà l’action concertée avec ses partenaires, quel doit être le rôle de la France?
BHL.– J’ai le sentiment qu’il est déjà important. Je vais vous faire une confidence. J’ai parlé avec Nicolas Sarkozy, dimanche soir, au téléphone, quelques heures après la mise en ligne de l’appel sur notre site laregledujeu.org. Il m’a interrogé. Écouté. Il m’a paru à la fois très informé et désireux d’en savoir encore davantage. Et, surtout, surtout, il m’a semblé sincèrement touché par le sort de cette femme simple, presque illettrée, dont je lui ai rappelé qu’elle n’a même pas compris le verdict qui la frappait lorsqu’on le lui a signifié dans le mot arabe – «rajam» – que la justice iranienne emploie, bizarrement, quand elle veut dire «lapidation». Je ne suis pas suspect, c’est le moins que l’on puisse dire, d’adhérer aux grands choix politiques du président. Je dois avouer que, là, pour le coup, il a eu le bon réflexe, les mots justes et précis et, dans le ton, une émotion qui ne trompait pas. Lorsqu’il m’a dit que Sakineh avait désormais, en sa personne, donc au sommet de nos institutions, un soutien actif et qui ne transigerait pas, j’ai pensé que c’était de bon augure.
c’est triste pour sakineh d’autant plus que ces intellectuels mettent en place un stratège pour décridibiliser l’iran sur la scène internationale. ce n’est pas sauver une vie qui compte pour ces personnes, c’est seulement un prétexte qu’ils utilisent pour alimenter une guerre froide contre l’iran.
cet outil de propagande est très bas pour moi car beaucoup d’autres pays lapident encore des femmes sans que personne ne dise rien. ces pays sont riches et les intérêts qui les unissent sont trop importants pour entrer en conflit avec eux.
le malheur quotidien que vivent les femmes battues en occident est bien pire encore, mais malheureusement trop peu de personnes n’y prêtent attention.
n’oublions pas que la peine de mort existe encore dans certains états aux états-unis qui est un pays démocratique et libre.
c’est de la propagande, une guerre froide pour déstabiliser un pays qui possède des centrales nucléaires pour produire de l’électricité.
sans
Le drame que traverse la petite mère de l’Iran, elle le doit avant tout à un esprit malade se foutant comme de l’an 33 de la lettre de la châri’a. Il monte sur la table alors qu’on lui a dit que c’était interdit, mais il veut nous montrer Sakineh, aussi paralysée dans sa gueule qu’une souris blanche que ne lâche pas le gros matou de la maison rassasié de Ronron. Resserrer les mâchoires sur sa nuque n’est pas ce qui le meut. Il désire simplement que nous admirions tous, la belle souris dont il a le pouvoir de faire exactement ce qu’il veut. Comme par exemple… la laisser repartir? Ahmadinejad est un ultranationaliste qui voudrait que le monde soit à l’image de la Oumma, la Oumma à l’image de l’Iran, et l’Iran fier de soi comme un supporter de l’équipe nationale devant le but de la tête de son frère de sang. Cet amour du sang individuel à l’exclusion du sang universel, est une réaction à la globalisation en marche depuis la proclamation par des hommes d’une Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce freinage nationaliste a déformé le visage de l’Europe du XIXe siècle avant d’écrabouiller son corps au XXe.
Après s’être recueilli à l’invitation du mouvement Issuikai dans le cénotaphe Yasukuni sur les tombes de quatorze criminels de guerre condamnés par les Alliés, notre vichyste en chef écarta les critiques d’un revers d’œil de verre :
«Je fais mienne le vers de Brasillach, «le sang qui a coulé est toujours un sang pur».»
Mais qu’en disent ou pensent les « autorités » musulmannes françaises???? Le recteur de la GM serait-il complice par son silence???
Je reagis ce soir comme de nombreuses personnes a cette sentence inhumaine qui pourrait etre infligee a Sakineh. Sakineh est certes des a present un symbole et je reagis donc pour que la dignite des femmes dans les pays ou regnent des extremistes fanatiques leur soit rendue.
Du fond de mon coeur libre de femme europeenne je pense a toutes ces femmes victimes du fanatisme.
Sakineh aura, de par la force absolue de sa faiblesse absolue, été capable d’unir autour d’elle Nicolas Sarkozy et Martine Aubry. Espérons que le bon augure s’étendra jusqu’à l’intérieur de nos propres frontières en ces temps où sept chefs de l’extrême-droite européenne se sont donné rendez-vous sous l’empire de Hirohito, avec pour narquoise intention de former à la barbe d’un Cassin hérissé à en sortir de tombe, une coalition.
«19.08.10, 14h32 (…) Daniel Salvatore Schiffer, Edgar Morin, Luc Ferry, Max Gallo (…) en appelons solennellement les autorités iraniennes à mettre fin à ce type de procédure, ainsi qu’à ce châtiment inique et barbare.» Pourquoi maintenant et pourquoi pas ici? Des intellectuels dignes de ce nom doivent-ils nous donner à penser qu’il faut être en accord sur toute chose pour s’accorder sur une seule? Rallier une cause doit-il être conçu de facto comme une soumission à ceux qui commencèrent la lutte pour elle? Ou ne se pourrait-il pas que les derniers rejoignent les premiers pour contracter avec eux une alliance?
C’est la philosophie rénovée ou c’est la philosophie renouvelée. Soit (So what?)! Je me souviens d’avoir lu quelque part que tandis que les choses tournaient mal, et que Platon fut vendu comme esclave par Denys le Tyran, c’est Annikéris, pourtant disciple d’Aristippe, qui le racheta.