Un autre petit chantier, autre petit work in progress : la traduction des odes de Keats. Rien n’est plus urgent que de renouer avec la beauté. Le petit John Keats est un de ceux-là qui fit, comme tout le monde, ce qu’il put pour vivre et mourir – mais sut, sans la forfanterie de celui qui l’annonce, reconnaître la beauté. Elle ne nous appartient pas ; richesse débordante, comme les fruits de l’automne, au moment où les greniers sont pleins : pourquoi déborde-t-elle encore ?
Voici donc le poème :
Et voici ma traduction de la première strophe. Les deux autres à suivre.
D’abord lue :
Puis à lire :
Saison de brume et des foisons mûries,
L’amie de cœur du soleil qui les dore ;
Tramant ensemble un faix béni de fruits
Aux vignes qui jusqu’au chaume s’étirent ;
Chargeant de pommes les vergers moussus,
Comblant tout fruit jusqu’en son cœur, de suc ;
Gonflant la courge, arrondissant la coque
Pour l’amande sucrée ; faisant éclore,
Encore ! d’ultimes fleurs pour les abeilles,
Qui croient alors aux tiédeurs éternelles ;
D’excès d’été, les ruches leur débordent.
Je vous entretiendrai bientôt du poète, et de petites réflexions sur la traduction de sa poésie d’une part, et sur l’étude et la critique littéraire (consacrée à lui, et, pourquoi pas, en général).