Avec retard, tous les candidats à l’élection présidentielle évoquent, parlent, soulignent ou mieux développent de véritables idées pour la santé. Les partis de gauche sont les plus innovants. Le plus consternant et sans intelligence est celui du Front national.

Son programme politique en matière de santé est écrit en 1388 mots, 5 pages et 9287 caractères, pour répondre à l’ensemble des problèmes de santé de la France en 2012, ce qui est moins que tous les autres candidats.

Tout programme politique surtout dans le domaine de la santé devrait être contemporain de la science, du développement de la psychologie et des études sociales… mais celui du FN n’a rien de tout ça et s’inscrit dans une sorte de règlement de compte.

Les mots-clés sont posés mais sans idée : « accès aux soins, santé publique, hôpital, médecine de ville, crise sociale, IVG, les cancers, les vieux, démographie médicale… » . Comme une mauvaise copie d’examen où l’étudiant aurait mis tous les mots-clés sans rien en dire et donc prouvant qu’il n’a rien compris. A priori pour une raison principale : la haine ! C’est est le dénominateur commun de toutes les mesures du Front national en matière de santé : chasse au fraudeur, chasse aux abus… C’est une des rhétoriques comme une maladie paranoïaque de groupe : « derrière chaque malade se cache un fraudeur. » « 10 millions de cartes vitale en surnombre » nul ne sait d’où sort ce chiffre qu’ils ont extrapolé à un rapport de la Cour des comptes, mais il marque les esprits.

Quant aux urgences « meilleure organisation du système de soins, et notamment du système d’urgences trop souvent embouteillé par des cas très bénins, sera recherchée pour écarter les abus et les dérives d’un système mal géré ». Je ne sais pas ce qu’est un cas très bénin car même la bêtise est grave dans certains cas. Leurs idées sont irréalistes sauf à mettre une compagnie de CRS devant chaque service d’urgence pour refouler les malades ; mais gare au scandale le jour où le « cas bénin » sera retrouvé mort après avoir été refoulé des urgences ! Par définition on sait si un malade est urgent après un examen. La charge de la mission d’intérêt général est une sécurité faite de la veille et l’anticipation. Le Front national devrait aussi empêcher les gens d’appeler inutilement la police, les pompiers, les plombiers, les électriciens…

Pour le Front national, le discours est très imagé : trou de sécurité sociale, creuser le fossé avec la population, lutter sans merci contre les abus… Psychologiquement, il semble avoir été écrit par des personnes qui ne voient plus le monde comme il est. Un exemple, sur la démographie médicale : « inciter les jeunes médecins à s’installer à la campagne. Les professionnels de santé doivent être familiarisés avec les territoires dès leur scolarité, notamment par module territorial, comprenant un stage ». Installer un médecin dans un désert est impossible. Par ailleurs, les stages existent déjà mais ils ne sont pas aussi efficaces que ce qui était espéré. C’est comme cette facilité qui serait de simplement remonter le nombre de places aux concours d’entrée en médecine alors que ce sont toutes les études qu’il faut revoir !

Revient alors la chasse aux étrangers avec la fin de l’aide médicale d’État. Ce serait une erreur de santé publique en raison de la lutte contre les affections potentiellement contaminantes et le fait qu’elle permet une grande prévention. Si on l’enlève, elle aura des conséquences couteuses car les pathologies s’aggraveront et, surtout, des réseaux parallèles de soins se renforceront.

Enfin la valorisation des métiers, de spécialités et des exercices, comme la médecine générale, les maisons de santé, les PMI, la médecine scolaire, la médecine pénitentiaire, la formation continue, la valorisation des acquis professionnels, la retraite des métiers des professions de santé à pénibilité particulière, une organisation moderne entre urgences et médecine de ville, les maisons de retraite et les centres de rééducation pour la gériatrie… pas un mot!

Si l’électorat du FN se trouve dans les couches les plus populaires et pauvres, cet électorat ferait bien de voir que le programme de santé du FN leur coutera très cher, que c’est un programme d’exclusion et sans humanisme… égal à toutes ses idées en somme.