Ceux qui doutaient encore de l’habileté de François Hollande en sont pour leurs frais. À l’occasion du diner du Crif, le candidat socialiste a eu le bon réflexe.
Du côté de l’Elysée, la séquence avait pourtant été bien préparée et impeccablement menée. Nicolas Sarkozy, auteur d’un discours sans fausse note et très remarqué, avait fait monter à ses côtés Noam Shalit, le père de l’ex-otage franco-israélien. L’affaire était presque pliée. Les mots de gratitude, amplement mérités au demeurant, de Noam Shalit à Nicolas Sarkozy devaient être l’évènement saillant ; l’accolade de Shalit à Sarkozy, la photo de la soirée, celle que l’on verrait le lendemain en page politique de la presse quotidienne. L’image Shalit-Sarkozy ou une énième déclinaison de la stratégie du président-candidat, qui reléguerait ainsi au titre d’anecdote la présence du candidat socialiste à cette soirée courue, se tenant cette fois-ci à moins de cent jours de l’élection présidentielle.
Mais en allant saluer Nicolas Sarkozy dans les minutes qui ont suivi son intervention, François Hollande est parvenu, non sans une certaine élégance, à changer la donne.
Par cette poignée de mains, le candidat socialiste a offert un évènement d’intérêt médiatique supérieur à la venue de Noam Shalit à ce dîner, ou aux déclarations, courageuses, de Nicolas Sarkozy. C’est cette poignée de mains qui a fait l’évènement, cette photo sans précédent des deux hommes qui a fait date, non plus en page intérieure, mais à la une d’Aujourd’hui en France du lendemain. On appréciera l’habileté du candidat socialiste et sa capacité à improviser avec brio.
Mais au-delà de son aptitude au retour-reflexe, François Hollande a aussi marqué des points dans la course à l’Elysée. Par son geste, il a indiqué quelque chose de sa stature : Il y a 5 ans, Ségolène Royal avait soigneusement évité Nicolas Sarkozy au dîner du Crif. Aujourd’hui, François Hollande va à la rencontre de son principal concurrent et lui tend la main disant par là qu’il ne craint pas la confrontation et qu’elle n’empêche pas la bienséance.
Sur la vidéo qui a immortalisé cette séquence unique, on lit dans les premiers instants l’étonnement sur le visage de Nicolas Sarkozy. Finalement, il réagit lui aussi très bien à cette invitation du candidat socialiste. C’est la deuxième fois dans cette campagne que j’observe François Hollande prendre de court ses adversaires. A l’aube de la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy, cela nous promet une campagne pleine de surprises.
Ah la campagne présidentielle… Que de la stratégie…
Hollande vient de montrer qu’il pourrait être un grand président…
Sarkozy a dû être surpris…
Coup de maître pour Hollande.