Vous aimez le Pop art ? Vous aimez l’Italie ? Rendez vous à la galerie T&L, à un jet d’acrylique de l’Hôtel de Ville de Paris, pour parcourir, de vos yeux nostalgiques de la fin des années 60, la rétrospective MILAN-PARIS au cœur du Pop italien.
Car, la chose vous aurait-elle échappé à l’époque, le Pop art ne fut pas qu’américain. Il ne fut pas davantage, en Europe, exclusivement british ou français (sous le double label de la Figuration narrative et des Nouveaux Réalistes). Il fut aussi italien, et d’abord milanais, la ville-phare du miracle italien de l’après-guerre.
L’Italie, après trente ans de boom économique non stop et de dolce vita romaine, est entrée à l’aube des années 60 dans une grande agitation. La Démocratie chrétienne qui gouverne le pays depuis 1945 est à bout de souffle ; le Parti communiste italien est tenté par le compromis historique ; et sur les bords extrêmes de l’échiquier idéologique, les comploteurs fascistes multiplient les attentats meurtriers dans une stratégie de la tension permanente, tandis que les Brigades rouges, ou assimilés, jambisent au P38 les patrons italiens traqués, et s’apprêtent à enlever et assassiner Aldo Moro.
C’est dans ce bouillonnement politique que va s’inscrire le Pop italien, en prise directe ou métaphorique avec les luttes en cours, pour un art résolument engagé, à cent lieues de l’éloge warholien de la marchandise, du consumérisme de masse, des Américanas et autres icônes de l’Underground chic, mais avec un réalisme et un humour provocateur qui n’ont rien à envier à la Factory new-yorkaise.
Les noms des artistes italiens qui se réclameront du Pop art ne nous sont pas familiers de ce côté des Alpes, mais ils valent qu’on parte à leur découverte. Dans un joyeux capharnaüm de couleurs flash et de personnages-cibles, se côtoient Lénine, Trotski, Che Guevara, des snipers en embuscade kalachnikov en mains, les escarpins noirs d’une Belle invisible s’enfonçant luxueusement dans des édredons érotiques, des ouvriers constructeurs, des flacons maléfiques.
Avec le recul du temps, ces œuvres ont perdu leur charge révolutionnaire. Restent les styles, la beauté esthétique, le fini pictural, que ces artistes, héritiers de la plus grande École de peinture qui fut au monde, à la Renaissance, n’ont pas manqué d’affirmer, en peintres qu’ils étaient avant tout.
L’Italie, vous dis-je, l’Italie.
Exposition « MILAN-PARIS : AU COEUR DU POP ITALIEN »
Du 14 avril au 20 mai 2023
Galerie T&L
61 rue de la Verrerie 75004 Paris