C’était ce jeudi 2 décembre à Tel Aviv. Bernard-Henri Lévy, directeur de La Règle du Jeu, y donnait lecture, en avant première, d’extraits de L’Esprit du Judaïsme, le livre qui paraîtra en février en France (Grasset) et en mai aux Etats-Unis (Random House). Le grand amphithéâtre du Musée d’Art de Tel Aviv était plein à craquer. Un deuxième amphithéâtre, avec écran de retransmission, était également pris d’assaut. Et, aussi, le grand hall d’entrée du musée avec un autre écran géant devant lequel plusieurs centaines de personnes sont restées, certaines debout, d’autres assises par terre, pendant toute la durée de la lecture. En sorte que c’est, au total, près de 1500 personnes qui ont pu assister, en direct à cette performance.
Dans l’un des fragments lus, Bernard-Henri Lévy racontait sa découverte d’Israël en juin 1967, au lendemain de la Guerre des Six Jours. Dans un deuxième, il démontrait le rapport intime, substantiel, de Marcel Proust à la pensée juive et, en particulier, au Zohar ainsi que l’importance de ce judaïsme proustien dans la réinvention, au début du XXème siècle, de la littérature française. Et, dans un troisième, il développait cette thèse provocatrice : la non centralité de la question de la « foi » dans le judaïsme ; le fait que « le Juif est venu au monde, non pour croire, mais pour étudier et comprendre » ; et s’ensuivait une étonnante et ébouriffante méditation sur les premières pages du Guide des égarés de Maïmonide.
Cet événement avait été décidé, avec La Règle du Jeu, il y a plusieurs semaines, comme un geste de solidarité avec Israël, endeuillé par des attaques au couteau quasi quotidiennes et dont l’auteur a regretté, dans son introduction, qu’elles laissent les Européens, le plus souvent, de marbre. Mais Ce sont les attaques sanglantes du Bataclan, du Stade de France et du Petit Cambodge, survenues depuis, qui ont donné à l’événement une coloration particulière. Double deuil. Double chagrin. Une méditation, a dit Bernard-Henri Lévy citant Jan Patocka, sur la « solidarité des ébranlés ». Et une vidéo sur « l’urbicide » et la « haine des villes » qu’il a réalisée, fait projeter et offerte au Musée de Tel Aviv. L’auteur a également insisté sur la nécessité, plus que jamais, de faire avancer l’idée, la cause et la solution des « deux Etats ».