Après l’abomination rencontrée sur une autoroute d’Autriche il y une semaine, voici la photo qui traverse le monde de cet enfant syrien de trois ans noyé, le visage sur le sable.
Il a fallu la mort et l’image de Aylan pour voir la presse européenne traumatisée et la société prendre conscience de l’horreur mais aussi de la honte qui nous accable. Le Huffington Post anglais titre : « L’image obsédante de l’enfant noyé ». Bild titre « Wir trauern – Nous sommes affligés ».
Nous voulons pousser un cri de colère, un cri d’horreur en faveur de ces enfants et de leurs parents qui meurent chaque jour à la porte de l’Europe. Les associations humanitaires sont en première ligne de cette quasi-guerre pour la dignité humaine, dénonçant l’horreur des conditions dans lesquelles ces foules de visages exténués arrivent aux portes de l’Europe après un périple si souvent mortel. Mais pourquoi si peu d’intellectuels se font-ils entendre ? Parmi ces rares consciences s’époumonant, il y a Bernard-Henri Lévy ou Marc Knobel, il y eut et il y a toujours le pape François et quelques autres mais si peu en vérité… Où sont les autres intellectuels si présents à l’heure de la tragédie des 7 et 11 janvier à Paris, qui ont l’air abasourdis, incapables de réagir cette fois ?
Les marchands du rêve de la liberté, des commanditaires aux passeurs, qui font si souvent œuvre de mort, sont des criminels qui se repaissent du malheur de ces personnes qui risquent leur vie et celles de leurs enfants pour fuir l’horreur de la guerre en Syrie, la terreur de Daech partout.
Il n’y a pas de mot pour décrire notre honte face à l’abomination qui se passe sous nos yeux, à nos portes, sur nos routes, sur nos plages d’Europe, où passent leur cargaison d’êtres accablés d’angoisse, quand ce ne sont ces rafiots ou ces camions combles de morts.
Nous savons que ce sont rarement les auteurs d’articles qui font les politiques d’émigration, qui organisent l’accueil des migrants et assument le suivi sanitaire des ces populations déplacées. Nous savons aussi que nous ne pouvons pas accueillir toute la détresse des pays du Sud, mais quand on est l’Europe, a-t-on le droit de laisser mourir à nos portes ces êtres ravagés par la guerre, par l’horreur ?
Pourquoi personne ne prend les devants pour organiser à Paris en même temps qu’à Londres, Berlin, Madrid, Rome, Budapest, Vienne, une immense marche pour dire : « Halte à l’indifférence ! Halte à l’horreur ! Halte aux marchands de mort ! » Une grande marche, le même jour, pour dire à nos chefs d’Etat que les Européens se sentent solidaires et responsables de la tragédie qui se passe sous leurs yeux, encore une fois.
Tous ces pays de tradition chrétienne ou judéo-chrétienne, de tradition humaniste et laïque mais fondés sur la déclaration universelle des droits de l’homme, ne peuvent regarder ces millions d’êtres comme si de rien n’était, comme si cela ne nous regardait plus.
Certes ces marchands de la honte, profitant de l’extrême détresse de ceux qui ont tout perdu et sont prêts à perdre leur vie plutôt que de continuer à supporter l’enfer, ne décapitent pas leurs victimes devant leurs caméras pour les diffuser sur la toile, mais leurs embarcations et leurs camions font honte à l’humanité. La honte est partout depuis celles des régimes effroyables qui mettent ces millions d’êtres en état de désespoir infini, jusqu’aux passeurs et aux pays qui ferment leurs frontières.
« Vous êtes les bienvenus ! » est le nouveau signe qui leur vient d’Allemagne depuis deux jours. Les consciences s’éveillent, mais quel raz-de-marée, quelles foules, défilent-elles dans les rues de nos capitales ? Où sont les dix millions de Français et d’étrangers qui ont crié sur les pavés des villes de France « Je suis Charlie » ?
Eh bien chaque homme, chaque femme digne de sa responsabilité humaine devrait dire : Je suis l’Irakien, Je suis l’enfant syrien, Je suis le chrétien d’Orient, Je suis le Libyen, Je suis le Yézidi mort pour avoir voulu vivre libre !
Chacun de ces hommes, chacune de ces femmes, chacun de ces enfants, affamés, terrorisés, espèrent encore qu’il reste un peu d’humanité sur cette terre de larmes et de sang, indifférentes aux malheurs, aux tragédies des peuples.
Ce ne sont pas des manifestations sporadiques comme celles organisées à Vienne, à Berlin, à Paris ce week-end qui feront bouger l’Europe qui a peur, l’Europe qui se referme sur elle, ce serait une immense manifestation trans-nationale le même jour, à la même heure rassemblant dix ou vingt millions d’Européens qui aurait raison sans doute de la peur des uns de s’engager, de la bonne conscience des autres d’aider a minima devant une tragédie planétaire.
La photo de ce petit garçon sera-t-elle Notre Conscience devant la honte de sa mort sur nos plages ? Que faut-il de plus ?
juin 2014
une plage en bord de méditerranée
allongé sur le sable, un tout petit enfant
il est étendu sur le ventre
sa tête est enfouie dans le sable
il ne dors pas , il est mort
Pourtant pas une photo n’a fait le tour du monde
pas une photo en première page des journaux
pas une larme des médias sur les antennes
pas un mot des politiques
C’est vrai j’oubliais , les raisons de ce silence
ce n’était qu’un tout petit enfant
mais il s’agissait d’un enfant Palestinien
abattu sur une plage de Gaza
pas un reportage sur son enterrement
pas un scoop sur ces parents
ceux-ci n’avaient même pas un petit bateau gonflable à disposition
encore moins de gilet de sauvetage
il ne pouvait pas s’échapper
pour aller ou d’ailleurs ?
nos grand donneurs de leçons
nos grands dirigeant européens
Ne se sont pas levés pour s’indigner
car il ne s’agissait
que d’un tout petit enfant Palestinien
donc pas de quoi indigner le monde entier
n’est-ce pas ??
Personne n’a revendiqué son droit à la vie
Qui était prêt à l’accueillir ??
Droit des enfants sélectif ?????
Indignation à deux vitesses ???
Certes, il faut s’époumoner… et parfois on pourrait croire que ceux qui le font hurle en mineur comme Mauriac à la fin de la guerre qui riait d’une voix à peine audible « la tolérance, la tolérance, il y a des maisons pour cela! » – D’abord, il faut se comprendre sur le sens des mots : « Wir trauern » exprime une « affliciton », oui, mais en allemand, cela veut dire « nous sommes en deuil ». Il y a eu mort d’ûn ou plusieurs êtres vivants. L’Allemagne offre un rôle pilote avec l’Autriche où les groupes « Wir Helfen/Nous aidons, assistons » les réfugiés constituent des mouvements forts, réels et très émouvants. Je suis en contact quotidien avec les allemands et des autrichiens qui adoptent des réfugiés chrétiens d’Orient, dans les paroisses, un peu à la manière dont les américains, à la fin de la guerre du Viet-Nam ouvraient leurs portes et comptes en banque aux réfugiés du Sud-Est asiatiques, confirmant leur soutien par des « affidavits of support/certificats de soutien financiers » accompagnés par des lettres réellement pleines d’humanité. Vienne et l’Autriche sont habituées à ces mouvements irrépressibles de « migrants/flüchtlinge, entre fuite et exil ». C’est le prix des Provinces fédérales d’un pays aujourd’hui neutre qui garde la mémoire de son identité Habsbourgeoise et pré-SDN en Europe centrale.
Depuis le milieu des années 1970 – en gros – les « syriaques » (chrétiens catholiques ou orthodoxes ou assyriens et chaldéens) ont instauré, de manière particulièrement discrète – pour des raisons de sécurité – des points d’accueil et de préservation de la culture sémitique et araméenne dont ils sont les témoins : en Suède, en Allemagne, notamment à la frontière entre la Hollande et l’Allemagne (Glanebrug-Münster), le canton de Appenzell en Suisse, quelques points d’encrage en Belgique (Bruxelles). C’est resté très, trop confidentiel. Le choc des photos ? Un enfant mort qui émeut à ce point ?! C’est céder trop facilement au buzz quotidien sinon horaire. Les mêmes clichés s’entassent chez les chasseurs d’images dans trop de pays du monde, dans l’Afrique en mouvement, l’Asie faites aussi d’incroyables mouvements de réfugiés. Le même manque d’humanité et la même prétention à une humanité recueillie de l’évangélisation démultipliée par la compétition effrénée des Eglises ou autres groupements religieux.
En revanche, pourquoi dénigrer la France et la réduire à quelques têtes ayant au moins trois neurones d’intelligence ? D’abord, le sens français de venir en aide, matériellement, concrètement, accueillir l’étranger existe vraiment. Pour cela, il faut aller dans les hôpitaux, les paroisses, les groupes chrétiens ou aconfessionnels qui viennent en aide dans les banlieues, la charité au bon sens du mot est vaste tout comme l’assistance interne à la Oumma musulmane. Il y a vraiment des groupes dont les actions ont été et demeurent pilotes à ce niveau. La France est l’un des premiers pays en ce qui concerne le désir de s’investir dans des actions humanitaires bien au-delà des French Doctors et des Resto’s du Coeur qui continuent leurs actions.
Il y a bien plus que des slogans ou des photo-chocs. Il faut crier, ça fait du bien. »ובשם ה’ אקרא, אנא ה’ הושיע נא! » – « je vais crier au nom de l’Eternel, oui, de grâce, sauve, vraiment ! ». C’est le principe de la naissance et du renouveau.