Comment faire renaître l’esprit d’utopie ? Comment vaincre toutes formes de pensées apocalyptiques de l’époque ? Comment surmonter les déterminismes sociaux et raciaux qu’engendrent les « identitarismes essentialistes » ? Dans un brillant essai intitulé « Les déraisons modernes » qui vient de paraître aux éditions de l’Observatoire, l’historienne et philosophe, Perrine Simon-Nahum tente d’apporter des réponses à toutes ces interrogations qui visent à préparer les hommes au monde de demain. Elle introduit son texte par cette réflexion d’Emmanuel Levinas extraite de Totalité et infini : « On conviendra aisément qu’il importe au plus haut point de savoir si nous ne sommes pas dupes de la morale ». Il s’agit pour Perrine Simon-Nahum d’une  mise en garde du philosophe contre « la confusion qui peut s’instaurer entre les dangers véritables qui menacent l’essence de notre humanité et les injonctions quotidiennes d’une bien–pensance qui cherche à infléchir nos conduites ». Cette situation que décrit Emmanuel Levinas est comparable selon Simon-Nahum à ce que nous observons aujourd’hui dans l’ensemble de nos sociétés. Dans une première partie intitulée « La paralysie de l’histoire », Perrine Simon-Nahum nous dresse avec brio, le portrait de ces « déraisons modernes ». Elle cite en premier lieu, les « pensées effondristes » ou collapsologie qui annoncent la disparition physique de la Terre. Le présent s’efface, entraînant progressivement le passage de l’histoire à une prophétie de malheur, qui prédit une catastrophe généralisée comme celle évoquée par le biologiste évolutionniste, Jared Diamond, qu’il expose dans son ouvrage Effondrement. Il décrit le processus irréversible qui a conduit à une disparition complète de certaines sociétés dans l’histoire des hommes. Yuval Noah Harari, qualifié de penseur le plus important du monde par le magazine le Point en 2018, suivrait une méthode analogue à celle de Diamond. Il maintient l’idée d’une apocalypse possible si l’on ne modifie pas les comportements humains. Le philosophe Hans Jonas va jusqu’à reformuler l’éthique non plus comme un engagement réciproque mais comme une responsabilité à l’égard des générations futures. Mais sa pensée reste fondamentalement pessimiste quant aux capacités de l’homme à devenir meilleur. Elle l’amène à développer « l’heuristique de la peur », comme une manière de créer les conditions d’un changement de comportement uniquement sous la menace d’une catastrophe à venir. Cette théorie s’inscrit dans le principe de précaution que l’on retrouve chez les scientifiques ou encore sur le plan politique notamment autour des travaux du sociologue Ulrich Beck. Il explique comment la gestion du risque s’est substituée à la religion du progrès. Elle procède d’un double mouvement : d’une part, une perte de confiance dans la science, et d’autre part une exposition à des dangers dont elle en est la cause. Les prédictions d’Ulrich se sont concrétisées dans le constat indéniable de la vulnérabilité de l’homme empêtré dans un monde touché par la pandémie de Covid-19. Scepticisme à l’égard de la vaccination ou devant toutes formes de discours scientifiques censés définir les contours d’une sortie de crise. Aujourd’hui, cette société du risque est omniprésente selon Perrine Simon-Nahum. « Elle place les individus qui pourraient être concernés par toutes formes d’agression identitaire dans une forme de bulle. » Elle explique que sous couvert du risque d’être atteint dans son intégrité physique ou psychique, ce sont toutes les modalités de différenciations qui sont bannies de la société. Cette situation conduit à la seconde catégorie de ces déraisons modernes représentées par les théories essentialistes. Elles assignent à une identité qui ne doit plus rien à la volonté mais plutôt aux éléments structurels qui façonnent les individus. Elles génèrent cette « guerre des identités » comme une réalité construite autour d’affrontements entre différents groupes ethniques ou sociaux. La place donnée à ces revendications n’a cessé de se développer depuis les années 1980 selon Simon-Nahum jusqu’à imposer une thématique unique résumée autour du couple domination-sujétion. La radicalité de ce discours qui cherche à combattre en toute bonne foi le racisme, l’homophobie ou le souvenir de la colonisation, nous explique t-elle « contribue à ériger autour de ceux qu’il prétend émanciper les murs d’une prison et fait d’eux d’éternelles victimes ». Dans une seconde partie, Perrine Simon-Nahum encourage à « refaire l’histoire » comme une manière de renouer avec sa propre vie et ne plus être acculé à subir les prédictions que réservent les « déraisons modernes ». Il s’agit de bâtir une éthique qui donne sens au présent avant même qu’un avenir soit possible. Ne pas se soumettre à la fatalité mais au contraire tenter d’infléchir la marche des choses en apportant des réponses aux défis contemporains par le débat, le dialogue, la confrontation des idées dans un esprit collectif mais laissant place à la singularité des êtres. La reconnaissance du particularisme de l’autre est ce qui constitue le lien positif selon Perrine Simon-Nahum. Elle soutient qu’une société ne tient qu’en vertu des engagements des individus qui la composent. Et, cela passe par un certain nombre de réponses à des questions avant tout éthiques. On retrouve cette idée dans le Talmud Bérakoth 5a qui évoque les conditions de la concrétisation d’une utopie, celle d’un monde vertueux dans l’histoire de l’humanité. On peut y lire un enseignement de Resh Lakich rapporté par Rabbi Lévi bar Hama qui détaille l’organisation de cette quête autour de trois principes : la volonté, la connaissance et la foi. La volonté comme première clause d’une éthique de vie érigée selon le principe suivant : « un homme doit constamment inciter son bon penchant à combattre son mauvais penchant ». C’est aussi l’opinion de Maïmonide qui formule cette idée dans son Traité des Huit Chapitres rappelant que l’homme est l’agent de ses propres actions, qu’il ne dépend que de lui d’être vertueux ou mauvais. Mais le texte talmudique considère que la volonté peut être mise en échec ; il devient alors nécessaire d’encourager l’homme à étudier pour qu’il tente de distinguer le bien du mal. En effet, depuis la faute originelle, le principal problème humain comme l’explique Maïmonide dans son Guide des égarés réside dans le fait que sa compréhension des choses intelligibles ne se limite qu’à des notions subjectives qui le conduisent au doute et à l’indécision. La réparation n’est alors possible que par le biais de l’étude, qui elle aussi, peut être mise en échec. Les sages du Talmud proposent dans ce cas d’insérer la foi. Cet ordre du texte talmudique qui insère la foi après la connaissance peut surprendre ceux qui considèrent qu’elle n’est utile que dans l’ignorance ou l’absence d’un savoir constitué par la raison et l’expérience communes. Le Talmud explique qu’en dernier recours, lorsque que même la foi est mise en échec, il faut demander à l’homme « qu’il se souvienne du jour de sa mort ». Une injonction qui vise à rappeler la fragilité de la condition humaine pour l’inciter à avoir une attitude conforme à une éthique de vie. Notons que cette classification talmudique qui suggère comme ultime réponse d’inscrire l’homme sous la menace permanente de sa disparition se révèle être une manière de le préserver d’une forme de mélancolie. Mais cette conscience de notre rapport à l’existence est au contraire le refus de continuer à vivre dans une illusion permanente. Elle est la source d’une modalité d’être qui ne dépend pas cette fois de la notion du temps mais plutôt d’une jouissance d’une vie pleine de sens. Elle passe par la recomposition d’un universalisme éthique selon Perrine Simon-Nahum. « Sans universel, le monde sera réduit à n’être que l’affrontement des volontés » argumente-t-elle alors que l’objectif est de créer du lien pour établir les conditions d’un avenir plus favorable. La tradition juive fonde l’universel à travers l’élaboration d’un récit. Nommer les choses est en effet ce qui témoigne de l’intervention de l’homme dans le récit de la création. Mais les mots sont aussi porteurs de sens et d’une interprétation infinie du texte. Ils témoignent de la multitude des points de vue. A l’image du texte de Perrine Simon-Nahum qui appelle de ses vœux à l’émergence d’une philosophie de la relation qui demeure ouverte à l’infini. Un ouvrage à lire pour tenter de faire revivre l’esprit d’utopie dans nos sociétés.


Les déraisons modernes, Perrine Simon-Nahum, éditions de l’Observatoire, 204 pages. 

13 Commentaires

  1. Triste destin que celui d’une jurisprudence Kadhafi dont la coda daechienne tend à faire regretter aux démocrates blasés les tyrannies libyenne et irakienne, comme s’il fallait se réjouir de la stabilité que confère à la communauté internationale le maintien au pouvoir du Boucher de Damas et du zozo oniriquement hypermembré dont il est l’acolyte.
    Ce qui m’avait réconcilié avec la France au moment où les fantômes d’Élie Wiesel n’étaient pas seuls à s’être sentis trahis par les amitiés à l’odeur de Zyclon B de François Mitterrand, c’est une idée de la République qu’incarnaient à l’époque une poignée d’intellectuels héritiers de Zola et de Malraux, lesquels citoyens au carré ne concevaient pas d’humanité qui fût coupée de son lien primordial au monde, en tant que la première participe de l’universalité intrinsèque au second.
    Que reste-t-il aujourd’hui de l’héritage kouchnérien ? Ce que nous fûmes capables d’en faire. Ça, et rien d’autre.
    L’Europe s’enlise dans son approche de l’urgence humanitaire de peur qu’on ne l’accuse d’ingérence dans les affaires d’États mafieux que fuient des vagues de réfugiés se heurtant aux récifs administratifs de ce qu’est devenue son Union traumatique.
    Or si elle échoue dans l’humanitaire, c’est précisément parce qu’elle manque au devoir élémentaire de porter assistance à peuple en danger. « Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais l’un et l’autre. » Ainsi parlait le grand Terzieff, autre grand disparu des radars mémoriels.

    • Les nostalgiques de Saddam voudraient que nous, le peuple allié aux dissidents démocrates des barbaries islamistes, nous bornions à prôner une politique européenne d’accueil des réfugiés d’une série de guerres postcoloniales dans lesquelles notre responsabilité néocoloniale serait accablante.
      Nous partageons le constat du désastre humanitaire qu’engendre ici, notre reddition, là, le caractère inadapté de notre implication stratégique auprès des otages de la barbarie métanazie.
      On nous demande d’amputer l’urgence humanitaire de sa jambe directrice et de remercier nos tortionnaires de nous en avoir laissé une pour faire progresser nos valeurs à cloche-pied. Il ne saurait en être question.

  2. Une bien mauvaise idée que d’insinuer que nous mettrions en danger les femmes auxquelles nous imposerions de retirer leur voile islamique lors des sorties scolaires ou dans les bureaux de vote où, un pistolet sur la tempe, elles vont délimiter le territoire des chariatiseurs de la République, au lieu de quoi il vaudrait mieux attendre, voire inciter à une révolte des femmes contre ce faux puritanisme qu’est l’islamisme salafiste ou frériste dont l’arnaque va jusqu’à considérer qu’une musulmane peut tout à fait se tortiller dans un moule-boule ou ruisseler dans un maillot 1 pièce, dès lors qu’elle brandit l’étendard de la Révolution islamique mondiale sous le nez des dhimmî et des suppôts de Sheitan.
    Les femmes ne se soulèveront pas aussi longtemps que leurs hommes se soumettront à des lois qui se sont révélées infiniment plus intimidantes que des droits de l’homme que leurs antiquaires bedonnants ne défendent plus que du bout des lèvres.
    De la même façon, il est curieux que l’on s’étonne de ce que les jeunes générations prônent le multiculturalisme du PIR ; le fait qu’ils ne soient pas dans le viseur des commanditaires plus ou moins dématérialisés de Fofana, Merah, Kouachi ou Anzorov, a tendance à nous faire oublier que les jeunes Français côtoient tous les jours un nombre indéterminable d’ardents admirateurs des bourreaux de Daech, quand ce n’est pas carrément leurs prochains challengers, — n’oublions pas non plus que le Jihâd a inspiré des vocations à quelques mégères qu’il s’était ingénié à apprivoiser en leur fournissant le parfait exutoire aux frustrations qu’il leur infligeait.
    Le legs des capitulards nous corrompt. Celui des maquisards nous remet les idéaux en place. En clair, la peur de l’embrasement a toujours fait le lit de la politique de la terre brûlée. Il faut désespérer le mal, et tant qu’à faire, à la racine. Or le mal, en l’espèce, n’est pas un animal, a fortiori humanisable.

  3. Quand nous nous attaquons à la tâche supérieure, j’allais dire abrahamique, de secourir l’ange, voire l’incarnation de Dieu qu’est notre prochain alors que ce dernier se présente à nous sous une forme qu’il ne nous appartient pas de définir, nous sommes toujours à deux doigts de nous prendre les pieds dans le même tapis pourpre que la société déroulait à une dame patronnesse portant, aux soirées déguisées sur le thème des dévots laïcs de l’Ancien Régime, une responsabilité écrasante dans le phénomène de désertification des églises.
    Les frères d’armes qui, ayant été dépêchés sur tous les fronts lors de la guerre totale en cours que représente la résurgence des totalitarismes pour un monde étant péniblement venu à bout du Troisième Reich, puis de l’URSS, avant que ces deux-là ne procréassent et n’engendrassent d’autres monstres hideux, ces hommes de bien et de parole, dis-je, se savent liés par un pacte tacite qui a fait d’eux les débiteurs de héros dont certains ont sacrifié leur vie pour que le principe de liberté ne reste pas lettre morte.
    Si nos dernières lâchetés eurent au moins le mérite de nous enseigner une chose, c’est à protéger le droit le plus strict des Mila de tous les pays à dire à Dieu tout ce qu’elles ont sur le cœur, y compris des propos pouvant s’apparenter au complexe d’Œdipe en raison du caractère anthropomorphique de la divinité suprême des cultes monothéistes, mais aussi polythéistes grecs et romains, ce qui ne doit pas exclure ces bipèdes zoomorphes qui ne sont autres que des anthropomorphes à tête de faucon ou de taureau peuplant les rites animistes, que l’on retrouvera au centre d’une pyramide sur la paroi interne d’un tombeau impossible à localiser, de même qu’au bout du Labyrinthe où notre moi nous attend patiemment.
    Nietzsche a enfreint en trois mots les six cent treize mitsvot de la Tora. Nous militons pour que rien ne revienne jamais plus entraver la pensée d’un philosophe plus grand que nature. Il n’y a qu’une forme de concept dont une humanité qui aurait recouvré son dimensionnement originel doive se méfier comme de la peste : celui qui tendrait à nous convaincre qu’une culture pourrait être à la fois universaliste et suprémaciste. Le crime contre l’humanité commence par là. Il n’existe pas hélas de réel antidote contre ce type de crime. Les tests, en revanche, demeureront gratuits et, bonne nouvelle pour les esprits curieux, on ne signale pas de risque de pénurie.

    • Par correction vis-à-vis de son hôte, maître Malka serait fondé à pousser le béni paradigme d’un amour fraternel capable de transcender les désaccords de fond, intellectuels et spirituels, éthiques et moraux, civilisationnels et transcivilisationnels, en remerciant le recteur de la Grande Mosquée de Paris par l’envoi d’un cadeau de même nature que celui qu’il offrit à Mila en signe d’apaisement. Pourquoi pas un exemplaire des Versets sataniques du très valeureux Salman Rushdie. Pour ma part, le Soumission de Houellebecq me paraît un excellent choix.

  4. Contrairement à ce qui confère toute sa crédibilité au levier des dystopies, l’avalanche des utopies n’achève jamais sa course en pénétrant la marche du réel.
    Il faudrait juste que les p(artisans) de son Chant de la Terre soient conscients qu’ils sont eux-mêmes le facteur déclenchant d’un dévoilement de l’humanité duquel augure un déploiement qui remettrait à la bonne place les problèmes de sûreté nationaux et internationaux, celui d’une force de confrontation à soi-même capable d’assurer chacun d’un droit fondamental à la sécurité intérieure.

    • Pour illustration, sur la question des migrants, je me situe à la gauche de Macron, au sens où je suis partisan d’un universalisme des droits de l’homme qui n’hésiterait pas à piétiner allègrement les frontières nationales chaque fois que le principe de souveraineté des tyrannies persuade les souverainistes de France et de Navarre que le djihadisme, le maoïsme ou le poutinisme, sont autant de ripostes légitimes au néocolonialisme libéral qui se dégonfleraient comme par magie à l’instant même où nos renforts militaires en auraient déserté le front pourri.
      Notre seule chance d’envisager un futur sans Longs Murs antiterroristes réside dans la foi qui jadis guidait les pas des hommes de loi d’envergure internationale.
      Un grand bond reste à réaliser pour ce que représenterait aux yeux de l’humanité une citoyenneté du monde pleine et entière.
      Or Macron est le seul candidat mondialiste de 2022 ; un handicap incontestable, mais un atout indisputable, dès lors qu’il ne peut plus se concevoir d’humanité viable sur une planète que l’on sait vulnérable aux soubresauts du moindre écosystème social directement ou indirectement voisin, qui ne se serait pas dotée d’un système de défense transnational s’articulant autour d’impératifs ayant la faculté de relier les découvertes majeures comme les compétences appropriées à chaque situation imprévue, un système pour faire face à l’émergence de crises globales anticipables à l’instant même où sont censés avoir lieu leurs avènements programmés.

  5. Homo sapiens aura dû patienter trois cent mille ans pour devenir ce qu’il est : un homme conscient de l’être : étant en pleine possession de son droit le plus fondamental : celui d’avoir conscience du caractère fondateur de sa liberté.
    La chape de plomb que font peser sur le libre-arbitre les partisans d’une déshistorialisation des terres d’humanisme constitue, pour un humain, une humiliation aussi paralysante que purent l’être ces millénaires de servitude volontaire ayant lacé sa camisole préconsciente durant la période allant des balbutiements du totémisme jusqu’à l’agonie de la féodalité ; ce phénomène asocial représente une capitulation de l’homme face à sa propre surnature dont il traînera l’image rémanente comme un boulet jusqu’à la prochaine mutation de l’espèce.
    Un Homo sapiens qui serait tenté de sceller un nouveau pacte de non-agression avec les démons de la peur de soi, en tant que ces derniers le dissuaderaient d’apprendre à gouverner un empire de la Raison aux résonances cataclysmiques, abdiquerait le trône des libertés individuelles au moindre signe de débordement interne et, ce faisant, se condamnerait à être moins qu’un Homme.
    Rien d’étonnant à ce qu’Adâm-Hava, en se voyant trembler devant son ombre, cherche à se départir de sa haute science du Même, à savoir qu’il se dérobe au devoir de transcender la nature de l’Altero sapiens que sous-tend, avant même que l’humain ne soit incorporé dans le vivant, le principe de polarisation sexuelle, comme avertissement génésique sur un génome culminant par sa faculté d’intégrer l’altero dans l’homo en sorte qu’il puisse identifier son prochain dans autrui d’un simple coup d’œil : le mâle dans la femelle, l’australoïde dans le caucasoïde, le chasseur-cueilleur dans l’astrophysicien, etc…
    C’est pourquoi je ne saurais que trop enjoindre ce toutes-et-tous que redevient le Subhomo chaque fois qu’il perd confiance en sa capacité à souffrir un genre neutre dont la règle veut que le masculin l’emporte sur le féminin, à reprendre sa vie intellectuelle en main, car il faut bien qu’un genre de la langue matricielle le céde à l’impératif d’émancipation de l’esprit, et qu’en s’inscrivant au cœur d’une histoire marquée par plusieurs millénaires de patriarcat, il n’est pas illogique que nous eussions tous été élevés au statut d’hommes libres et égaux en droit.
    Cette histoire est la nôtre ; elle n’est pas issue d’une civilisation matriarcale, ce qui ne l’empêche pas d’aboutir à la défense de l’égalité entre les hommes, quelles que soient leurs orientations ou identités sexuelles.
    Tout ceci fait que nous sommes les héritiers d’un privilège certes démesuré, mais couronné d’obligations immensurables, que nous envie une bête sauvage dont l’alien disruptif n’est jamais très loin de nous et, par nous, nous entendons ce consortium infraconscient spécialisé dans les travaux de réparation.

    • Les écoles ne sont pas faites pour des chiens, et pour cause. Une langue ne se met pas à la portée des caniches.
      Ce qui me gêne au fond dans cette compulsion à inclure ce qui l’est déjà, c’est qu’en redoutant de nous adresser à nos concitoyens sans avoir précisé qu’il n’était pas dans notre intention d’en exclure leurs concitoyennes, on insinue que la femme est intrinsèquement con et, par là même, incapable de transcender un sexe auquel on feint de ne pas la réduire.
      Cela dit, en face de la grande porte du temple du Con, les mâles blancs, jaunes ou noirs, ont une tendance non moins préoccupante à faire la queue.

  6. Marianne hésite entre prostration to God et gode ceinture.
    Entre députation islamiste et guerre civile à la syrienne.
    Entre contrat qatari et violences conjugales à l’Assemblée nationale.
    Entre droit de cuissage sur la Nation et guillotine antiséparatiste.
    Entre soumission et mission suicide.
    Entre entrisme et dégagisme.
    Entre bourrage de l’urne et incinération de la bourrée.
    Marianne se démunichise avec Blanquer et se délondonnise contre Bertrand.
    Marianne eût tant voulu que l’assouvissement d’un désir primordial n’eût pas pour sardonique effet d’accentuer la béance du manque originel.
    Marianne a la langue bien pendue à l’envers du décorum et une denture que sa muselière n’a jamais empêchée de rayer le Parquet.
    Marianne s’en va à la pêche aux électeurs et s’y fait mettre la tête dans le seau.
    Marianne se débat avec ses démons au risque de toucher le fond du débat.
    Marianne choisit de préférence un adversaire lesté de casseroles pour éviter d’avoir à colmater les failles de son argumentaire.
    Marianne aurait tant voulu que ceux qui la vomissent de tout leur être fissent escale au ciel n° 7 plutôt que de poursuivre son transfèrement vers la poubelle de l’univers.
    Trop bonne, trop conne ?
    Trop loin encore d’avoir atteint cette illusion d’optique que demeure l’horizon d’une refonte du réel, très réaliste au demeurant…
    Question d’adresse.

  7. La militante frériste EELV à qui l’on demanda de se lever aux aurores, dimanche dernier, jour du second tour des élections régionales et départementales 2021, afin qu’elle pût prendre la pose derrière le bureau de vote de Saint-Denis et illustrer la confrontation idéologique du XXIe siècle face au candidat national-révolutionnaire, n’incarne pas l’esprit de tolérance voltairien, mais bel et bien cette République française que reconfigurent lentement, mais sûrement, les théoriciens d’un millénarisme subliminal misant sur la contrefaçon de l’économie divine, projet immensurable autant qu’insaisissable et, par là même, imparable ; cette femme n’est absolument pas un bourreau de l’État islamique d’Ithaque et du Couchant ; non, ce n’est pas sa fonction au sein de l’organisation.
    Les Français que l’on vit se coucher devant l’ombre d’un héros de Verdun au moment où son TRAVAIL de titan allait attirer la quasi-totalité de sa noble PATRIE dans le giron d’une FAMILLE dysfonctionnelle, et ce avant que les premiers de cordée de la Der des Ders ne se coulassent dans le moule délictuel de la complicité de crime contre l’humanité que représente une omertà en temps de guerre totale, ces Français las savent aujourd’hui qu’ils ont servi de paravent à un génocide ; or la guerre cultu(r)elle de laquelle participent les chiennes de garde de la Révolution islamique mondiale, qu’elles se montrent conscientes ou non du rôle qu’on leur assigne, est une guerre des plus totales à en juger par le caractère exhaustif des rouages étatiques sur lesquels ses stratèges sont parvenus à étendre en douceur leur emprise.

    • Quand Ilhan Omar établit un parallèle entre Israël et les États-Unis d’Amérique d’une part et, d’autre part, un Hamas et des talibans dans la guerre existentielle desquels fut entraîné notre ancien monde, dit « libre », on se dit, en effet, que s’il y avait davantage d’Ilhan Omar en France, le risque de démocrature s’en trouverait renforcé.
      Il existe encore un espace politique pour une gauche droite, honnête, garante de la neutralité républicaine sans laquelle l’égalité sociale rejoindrait la longue liste des principes vermoulus d’un code civilisationnel qui, prenant l’eau de toutes parts, réserverait à sa splendeur statuaire le destin d’un célèbre colosse aux pieds creux, probablement enviable pour une société du spectacle toujours avide de tsunami final.
      L’espace de la théocratie matérialiste islamo-trotskiste est, quant à lui, trop encombré pour que l’on s’aventure dans le froid labyrinthe de son programme éviscéré.

    • Méprise sur l’identité de l’étendard du bureau de vote via lequel j’aurais indirectement éclaboussé EELV. Du coup, je biffe EELV. En effet, la citoyenne exemplaire de Saint-Denis n’est pas Rachida Kabbouri, conseillère municipale écologiste et non moins PIRomane de Vitry-sur-Seine qui, bien qu’elle fût soumise à la neutralité, refusa d’échanger sa place avec celle d’un assesseur comme le lui demandait la préfecture.
      Au reste, il y a en France une passion pour le voilement des femmes que je peine à m’expliquer. Il faudrait creuser la question du côté le plus obscur de la patrie des Lumières, avec un personnage innommable, à la conduite inqualifiable, d’une véracité implacable, autant dire un héros comme seul sut en fabriquer le siècle sulfureux qui accoucha de l’homme moderne, je pense bien sûr ici à Donatien Alphonse François de Sade, le marquis miroitant.
      À suivre…