Saisir le monde. Tâche outrecuidante, n’est-ce pas ? De quel monde parle-t-on ? Celui d’aujourd’hui, ou celui de toujours ? Les deux se recouvrent-ils ? Et d’ailleurs, les meilleurs esprits ne nous ont-ils pas appris à douter qu’il y ait un monde ? 

On conclura qu’évidemment, chacun le saisit comme il peut, et s’en bricole un à sa guise. Mais le problème, c’est que « chacun » n’est pas un personnage très clair. « Chacun », n’est-ce pas le cache-sexe de « Nous tous », c’est-à-dire d’une masse humaine beaucoup plus décisive, mobilisée et redoutable que les soi-disant « individus » ?

C’est ainsi, en remuant ces questions dangereuses, que se déclenchera enfin la « Guerre », celle de la terre et des hommes ». La parole qui, irresponsable et folle, prétend saisir le monde, trouve d’un côté un lieu, la terre, mystérieusement morte et vivante à la fois, et de l’autre, des hommes, mystérieusement vivants et morts à la fois. Un tome 1, cette parole dans l’histoire. Un tome 2, dans le grand mensonge du Moi. Dans le troisième tome, à travers la crise maximale, celle que chacun (donc tous ?), désormais, guette anxieusement comme un virus, sans trop savoir si elle est écologique, géologique, historique, métaphysique ou seulement imaginaire. 

Pour que cette parole voie le jour, il n’y a que le poème, parfois appelé épopée, parfois mythe, parfois roman (jamais bien nommé, de toutes façons) qui puisse faire le job

La seule chose rassurante, dans cette affaire, c’est que tout le monde s’en moque, de la poésie.


Ecoutez les deux premiers Podcasts de cette série : Le Prologue ainsi qu’un entretien sur le projet.

3 Commentaires

  1. Une très bonne nouvelle pour les oreilles qui pourront en être remplies

    • Quand la tourbe aura des dents et aura dévoré M. Bacqué.