Il y a 75 ans, ce jour même, au petit matin du 22 janvier 1945, les derniers bourreaux, les derniers gardiens quittent le camp d’Auschwitz II, dit Birkenau.
Les 17 et 18 janvier ils avaient entraîné avec eux sur les routes enneigées, par des températures polaires de -20°c, plus de 70.000 déportés juifs sans forces, dénutris, blessés qui avaient miraculeusement survécu jusqu’alors.
Ils abandonnèrent sans chauffage et nourriture près de 7.000 malades, trop faibles pour partir. Les soviétiques étaient à 100km, les canons grondaient.
L’écrivain Primo Levi, l’un de ceux restés au camp, écrit dans «Si c’est un homme» à la date du 17 janvier :
«Au moment où la grande machine du Lager s’éteignait définitivement, commençaient pour nous dix jours hors du monde et hors du temps».
C’était il y a 75 ans, ce 22 janvier, les derniers SS avaient fui. Auschwitz-Birkenau n’avait plus de gardiens.
Les ordres aboyés, les hurlements dans la nuit, les aboiements des chiens, les appels interminables, les crissements des trains, les cris des mères et des enfants qu’on arrache, le crépitement des fours s’étaient tus.
Les bourreaux nazis, dans leur fuite de lâches, laissaient derrière eux la plus grande usine de mise à mort jamais conçue et exploitée par l’Homme.
960.000 Juifs, hommes, femmes, enfants, nourrissons, vieillards venus de toute l’Europe, dont près de 70.000 Juifs venus de France y compris douze membres de ma famille, furent assassinés à Auschwitz-Birkenau. 20.000 Tsiganes y furent aussi gazés par familles entières.
Le 27 janvier 1945, date choisie pour les commémorations de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, les soviétiques découvrirent Birkenau.
Ils le découvrirent, ils ne le libérèrent pas.
Voici comment Primo Levi note leur arrivée :
«27 janvier. Les Russes arrivèrent alors que Charles et moi étions en train de transporter Somorgyi à quelque distance de là. Il était très léger. Nous renversâmes le brancard sur la neige grise.»
Je lève toujours mon regard vers les nuages d’Auschwitz-Birkenau, comme ce dernier dimanche où avec le Mémorial de la Shoah nous y accompagnions Anne Hidalgo, le Conseil de Paris et certains maires d’arrondissements de Paris.
Je pense alors au poème de Paul Celan, « Fugue de mort » écrit en 1945 et à ces vers :
«Votre fumée montera vers le ciel. aurez votre tombe dans les nuages»
Ces nuages d’Auschwitz où plus d’un million de nos frères et sœurs juifs et tsiganes reposent depuis 75 ans.
C’est ce million de tombes dans les nuages, dans le ciel d’Auschwitz qui nous oblige.
Un autre grand poète, Benjamin Fondane, comme seuls savent être visionnaires les poètes, écrivit dans sa préface en prose en 1942 :
«Quand vous foulerez ce bouquet d’orties qui avait été moi, dans un autre siècle, en une histoire qui vous sera périmée, souvenez-vous seulement que j’étais innocent et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là, j’avais eu, moi aussi, un visage marqué par la colère, par la pitié et la joie, un visage d’homme, tout simplement !»
Il y a trois jours, nous avons sûrement foulé sous la neige ce bouquet d’orties qui avait été Fondane, gazé à Birkenau en octobre 1944.
Souvenez-vous, comme nous y enjoint Fondane, de «ces visages d’homme, tout simplement.»
Pensez aux six millions de Juifs assassinés dans toute l’Europe par les Allemands et leurs complices de tous les pays.
Pensez à ces six millions de Juifs assassinés dont le seul crime était d’être nés Juifs.
Pensez au million et demi d’Arméniens assassinés par les Turcs.
Pensez aux plus de 200.000 Tsiganes assassinés par les nazis.
Pensez au million de Tutsis assassinés par les Hutus.
Les génocides furent le lot de ce siècle assassin, de ce XXème siècle mortifère.
Et notre XXIème siècle alors ?
Il a bien mal commencé ce XXIème siècle, avec ses crimes de masse, comme le massacre des Yézidis par des islamistes radicaux, par ces meurtres de masse contre les Rohingyas en Birmanie, l’internement de masse des Ouïghours dans des camps en Chine, par les massacres sans fin de la région des grands lacs et au Darfour, par des massacres de civils à l’arme chimique en Syrie, par les massacres de Kurdes.
Mais ici dans cette enceinte des Nations Unies consacrée aux plus belles des activités humaines, l’éducation, la science et la culture, permettez-moi d’espérer.
D’espérer la vérité, la justice et l’altruisme par l’éducation, la science et la culture.
Ce sont nos missions essentielles au Mémorial de la Shoah. C’est notre engagement sans faille depuis notre création au cœur même de l’Hiver nazi à Grenoble en 1943.
Témoigner, enseigner, former, rassembler et fournir les preuves de tous les crimes, telle est notre mission.
Ce dimanche 26 janvier nous inaugurerons une nouvelle exposition et un cycle de conférences consacrées aux témoignages des rescapés juifs des camps. Cette exposition se nomme «La voix des témoins».
Je voudrais, en votre nom à toutes et tous, saluer très affectueusement nos amis, si courageux, miraculeusement rescapés des camps de la mort, présents parmi nous ce soir, et qui 75 ans plus tard sont toujours là pour dire l’indicible, transmettre mais surtout combattre.
Combattre la haine de l’Autre. Du Juif, de l’Arménien, du Tutsi, du Tsigane, du Yezidi, du Rohingya, du Ouïghour, du Kurde, du Darfouri et de tant d’autres hélas.
Et cette haine meurtrière antisémite est encore là parmi nous, ici même en France, où depuis 2003, douze Juifs ont été assassinés par des islamistes fanatisés pour le simple fait d’être Juif.
Hier en France, un sondage terrible était publié par l’IFOP commandé par FONDAPOL et l’AJC. 70% des Français juifs déclarent avoir été victime d’au moins un acte antisémite au cours de leur vie et ce chiffre monte à 84% pour ceux âgés entre 18 et 24 ans dont 39% font état d’une agression physique.
4 jeunes Français juifs sur 10 ont donc été victime d’une agression physique antisémite. Chiffre terrifiant qui dit l’urgence du combat contre cette haine antisémite polymorphe et meurtrière qui se développe dans nos sociétés.
Lundi 27 janvier prochain, en ce jour symbolique, le Président de la République Française, monsieur Emmanuel Macron inaugurera le Mur des Noms rénové et complété, des 75.568 Juifs déportés de France.
Dans la lumineuse pierre de Jérusalem sont gravés les prénoms, les noms et les dates de naissance de ceux qui presque tous sont allés «creuser leurs tombes dans les nuages».
Ce mur, ces pierres tombales de nos martyrs sont la preuve du crime, du génocide des Juifs.
Ces murs mesurent 65 mètres de long sur plus de trois mètres de hauteur.
Si nous devions graver sur un mur les noms des 6 millions de Juifs assassinés en Europe, ce mur mesurerait plus de 5 kilomètres. Ce mur couvrirait ainsi la distance qui à, Paris, sépare l’UNESCO du Mémorial de la Shoah près de l’Hôtel de Ville de Paris.
C’est donc par l’éducation, l’enseignement de l’histoire que nous ferons reculer la Haine, toutes les haines.
Telle est notre mission au Mémorial de la Shoah où chaque année nous enseignons à plus de 100.000 élèves, nous formons plus de 6.000 professeurs à la compréhension des processus génocidaires, à la lutte contre le négationnisme, le complotisme et contre toutes les haines racistes et antisémites.
Nous sommes heureux que les Nations Unies et l’UNESCO depuis 14 ans se soient engagés dans ce combat pour la vérité, l’éducation et la justice.
Nous sommes reconnaissants à Madame Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO, d’avoir également lancé des programmes contre l’antisémitisme, qui devient virulent dans de trop nombreux pays, dont la France. C’est également le combat du Mémorial de la Shoah.
Par l’enseignement et par son exigence de vérité contre tous les négationnismes, nous construirons pour nos enfants un monde où ce «visage d’Homme tout simplement» sera aussi le nôtre.
En lien avec le devoir de mémoire de la Shoah, l’art peut-il être aussi un bon médiateur ?
Plasticienne engagée, j’ai réalisé une série de photographies brodées intitulée » Enfant de parents » sur les camps d’internement en France pendant la seconde guerre mondiale. A découvrir sur : https://1011-art.blogspot.fr/p/enfant-de-parents.html
Mais aussi une seconde série intitulée « Lettres mortes » sur la rafle du Vel ‘hiv et l’histoire de Marie Jelen, enfant déportée. La série « Lettre morte » sur : https://1011-art.blogspot.fr/p/lettre.html
N’oublions pas aussi les camps français premier jalon vers les camps nazis ! C’est un sujet totalement méconnu, voire occulté par les français en général. L’art peut-il donner ou redonner la mémoire ?
Ces séries furent exposées à trois reprises à Chambéry en Savoie, Villard-Bonnot et à Uriage en Isère pour faire oeuvre de mémoire.
Notre victoire sur l’islamonazisme dépendra d’abord de notre capacité à déjouer les pièges du panarabislamisme, quand bien même aurions-nous décliné son invitation au Bal des faux semblants.
Lorsque l’on foule l’oxygène d’Auschwitz, on respecte le silence des morts ; on ne le profane pas d’une marque de piété ostensible ; si d’aventure, trop oppressé par l’asphyxiante absence des opprimés, l’on se sentait poussé par la nécessité angoissée de s’adresser à Dieu selon ses propres rites et dans sa propre langue, alors, on intérioriserait, — c’est le minimum de respect que l’on doive aux martyrs, qu’ils aient ou non bénéficié d’une illusoire libération au cœur d’une industrie de la mort dans laquelle sont mouillées jusqu’au cou toutes les civilisations.
La pudeur offre en outre, aux hommes de Dieu qu’elle aspergea de sa rosée, la certitude que le corpus doctrinal qui les aide à s’orienter dans leur propre tréfonds ne disputera jamais ses titres de gloire aux gardiens de la mauvaise foi, lesquels étaleraient leurs velléités de soumettre Auschwitz à Allah.
Les concepts du progrès et du bien furent liés dès le principe, en raison du fait que l’homme ne saurait accéder à ce qu’il n’a pas ni a fortiori à ce qu’il n’est pas qu’en s’y acheminant.
Ce qu’il cherche à devenir ou détenir constituerait, hélas, un paquet de circonstances aggravantes dans l’appréciation d’un éventuel crime auquel ou duquel il participerait.
Je ne découragerai jamais, en plein effort expiatoire, les principaux commanditaires de Daech ou leur pendant iranophile.
Je ne demande qu’à croire en l’annonce faite à Vlad l’Empaleur d’une insémination haskaléenne de la Mère Russie ; mais il va me falloir des preuves tangibles que les larmes contenues de l’homme qui descendit vers les archives soviétiques de janvier 1945 où se trouvent consignés les témoignages conscientisants des découvreurs du point de non-retour de l’inhumanité, n’ont jamais résulté d’un réflexe gusto-lacrymal.
Il est tout de même paradoxal que l’on s’engage à tuer dans l’œuf chaque nouveau plan échafaudé par une meute au sommeil agité quand, à une heure de vol supersonique de Yad Vashem, ce sont les mêmes disciples des savants ayant élaboré la première bombe à hydrogène qui travaillent à la nucléarisation de la République aryenne, lequel État observateur de l’UEEA ne projette rien de moins que d’extirper de tous les planétaires de la planète un peuple qu’elle assimile à une tumeur maligne dont le système immunitaire de l’espèce humaine pourrait devenir l’instrument.
Il serait au minimum abject que l’on cherche à conditionner le ralliement de la Russie à une cause internationale telle que la stratégie globale de lutte contre l’antisionisme, à la reconnaissance par Israël du rôle indéniablement positif que joua l’URSS dans l’effondrement du régime nazi, dès l’instant que celle-ci ne resterait pas indissociable du souvenir douloureux que laissa, parmi les Nations, un traité de non-agression germano-soviétique sans la violation duquel le petit père des plèbes aurait continué à faire prospérer sa propre entreprise de déshumanisation tout en laissant le surhomme germanique, dont il avait osé espérer faire son égal, anéantir un ADN viral qui l’avait fait vaciller sur l’antitrône de la tyrannie rouge, via la troïka des purs.
Vous me direz que, jusqu’à Pearl Harbor, l’Allié outre-Atlantique resta bien attentiste envers les persécutions subies par la Damnée Famille de ses compatriotes déicides ; je ne le vous ferai pas dire, à ce détail près que la patrie de Henry Ford, grand fournisseur du Troisième Reich devant l’Éternel, ne s’abaisserait jamais à sceller le moindre pacte officiel avec Adolf Hitler.
Nous demandons cependant à Emmanuel Macron d’être attentif à quelques points d’emport planant au-dessus de nos têtes.
Nous n’accepterons pas que la France redevienne l’un des principaux fournisseurs de fake news de la Propagandastaffel islamiste ; autant armer directement le bras de la Ligue islamique mondiale.
Gaver les ouailles du BDS en leur donnant d’Israël l’image d’un État policier, révélerait un trait de caractère d’une perversité narcissique aussi irresponsable que celle qui conduirait un expert en droit à la sûreté à taxer de dérive fasciste la vigilance d’une Police nationale en butte à des opérations coup de poing qui, par-delà l’épiphénomène Schwarze Block, procède d’une convergence des luttes vidée de toute cohérence, à l’occasion de laquelle maurrassime, islamisme, matérialisme communiste et sociale-démocratie en arrivent, sans rougir de honte, à faire cause commune.
Face au fascisme authentifié, le terrorisme est ce qui vient saper les bases d’un système oscillant entre galvanisation des masses et démoralisation des individus qui, si nul ne s’interposait entre lui et sa cible, opèrerait l’inexorable tarissement des sources vives de l’humanité.
Si l’on se place maintenant sous le paradigme inverse, le sujet subissant la terreur mérite que l’on lui sacrifie sa vie et le semeur de mort doit impérativement être stoppé avant de parvenir au but macabre qu’il s’est fixé.
Sauf à racheter son âme, on n’aide pas impunément la Bête immonde à sauver sa peau.
L’enseignement et l’éducation , pour la transmission des valeurs de tolérance, de respect de l’autre, de bienveillance …
Merci François de cette parole extraordinairement libre qui nous oblige qui que nous soyons.
Tout est dit : à la fois le singulier de la Shoah et son nuage de cendres portée sur l’humanité entière , toujours et encore…
Oui ,il y a encore un futur à la lutte, hélas.
Le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz nous oblige.
À reconnaître que le compte de consciences sur lequel nous envisagions la possibilité d’adosser les civilisations, à l’heure où nous tournons notre langue dans la bouche des nations, n’y est pas.
Que si la concurrence mémorielle entre, ici, les victimes d’un génocide, et là, celles d’un crime contre l’humanité qui n’en est pas un, induit toujours la suggestion d’une équivalence entre des processus historiques foncièrement différents, éventuellement divergents, générant la dépréciation des bourreaux du premier type de crime, dégénérant en surestimation de ceux du second type.
La reconnaissance du génocide des Juifs tel qu’il fut conçu et mis en œuvre par les nazis avec l’aide des complices directs et indirects de leur barbarie, serait un acte de vaurien s’il venait à se glisser dans le lit d’un fleuve empoisonné charriant une réalité déjà trop insoutenable pour qu’une majorité de ses contemporains fussent en capacité de la regarder en face, de ces transfigurations assommantes, engourdissantes, paralysantes, qui mettent hors d’état de marche les appareils psychiques qu’elles enrôlent.
Le prochain précédent anniversaire de la libération d’Auschwitz nous incline.
Envers ces noumènes migratoires refoulés aux frontières d’une ex-puissance exterminationniste dressant entre elle et la misère du monde un rouleau de honte barbelée.
Il nous retient aussi de renvoyer aux angles morts de la conscience mondiale une communauté de savants manipulateurs qui n’ont pas leur pareil pour nimber de vérité scientifique leur perversion des faits spéciaux que nos heures ombrageuses leur soumettent.
Les otages du nouveau fascisme n’ont rien de semblable avec le bouc émissaire de Nicolas II dont le monstre qui le pourchassait grossissait à vue d’œil après qu’il se fut acharné contre lui durant au moins deux millénaires et demi.
On se fourvoierait encore davantage en fusionnant le destin du Goldenberg qui, à l’approche de l’Anschluss, flaira la catastrophe et, au terme d’un périple des plus kafkaïens, parvint à accoster aux États-Unis d’Onirique, avec celui diamétralement opposé de cet autre Goldenberg, sûr de sa foi en Dieu, sûr de sa foi en l’Homme, incrédule jusqu’à la première particule de Zyklon foudroyant ses poumons.
Les enclaves islamistes d’Europe ont beaucoup plus à voir avec la norme idéologique et sociétale édictée par le Troisième Reich qu’avec l’antichambre des camps de la mort que fut, entre autres objets de honte prototypique légué à toute l’humanité, le Ghetto Litzmannstadt.
Les citoyens arabes d’Israël sont parmi les Arabes les mieux considérés au monde par leur classe politique, — c’est sur ce point qu’un bon exportateur de la démocratie est censé orienter les projos du monde multiconfessionnel et métaculturel, au lieu que le chichi s’invite dans la mémoire de la Shoah à propos des consignes que les services de sécurité israéliens doivent appliquer dans la plus grande rigueur afin d’assurer le maintien du chaos ordonné à travers une cohue dans laquelle le dirigeant star d’une grande puissance alliée a décidé, de façon impromptue, d’immerger ses deux corps à sa guise ; le fait que les leaders de l’État résilient des Juifs, portent en eux la connaissance et l’expérience de plusieurs milliers de générations qui auront non seulement enduré le plus abouti des voyages vers la Destruction, mais y seront parvenus sans se perdre, au point même de tenir le cap au cœur de la ténèbre, n’est pas sans lien avec leur aptitude à traiter le problème récurrent et non moins insidieux d’un antisémitisme post-totalitaire, et donc, profitant de la mondialisation pour s’internationaliser, pour s’intranationaliser, un antisémitisme sans-frontières tel que l’auraient probablement décrit les grands et petits prophètes, et face auquel leur peuple, ici, maintenant, comme partout ailleurs et à tout instant, relève cet éternel défi qui consiste à guider un ennemi apparemment irréductible sur la voie préuniversaliste de la rédemption.