Une meute a été lâchée contre trois amis : Delphine, Anne et Joann.

Mais ce n’est pas la même meute qui, depuis le 7 octobre, les harcèle sans relâche. Vous la connaissez : cette meute composée de militants et de députés LFI, de Frères musulmans, et de divers activistes pro-Hamas, engagés pour la destruction d’Israël et l’invisibilisation des Juifs, voire pire. Celle qui, sur les réseaux sociaux et dans certains médias, les traite de « sionistes-fascistes » ou de « génocidaires ».

Depuis le 7 octobre, Delphine, Anne et Joann ont mis leur notoriété, leur influence au service de la défense d’Israël, engagé dans une guerre sur sept fronts de légitime défense. Ils ont exigé, inlassablement, la libération de tous les otages. Ils ont pris des risques, perdu des amis, des soutiens. Ils sont devenus des cibles visibles de la haine antisémite en France.

Delphine Horvilleur a publié un livre cri du cœur pour défendre Israël : Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre (Grasset, 2025). Et chaque vendredi, dans sa synagogue de Beaugrenelle, elle a un mot pour les otages, pour Israël. Je le sais : c’est ma synagogue depuis vingt-cinq ans, et Delphine est mon rabbin, mon amie, depuis quinze ans.

Anne Sinclair, elle, est venue tous les vendredis, depuis un an et demi, aux rassemblements des Mères de l’espoir, ce si beau moment de fraternité et de résistance pour exiger la libération des otages. (Une photo la montre, sous la pluie, aux côtés de Delphine Horvilleur et Sophia Aram.) Anne, que je côtoie au conseil d’administration du Mémorial de la Shoah, est une amie fidèle, engagée depuis toujours pour les Juifs et pour Israël. Je peux en témoigner.

Joann Sfar, lui, n’a pas hésité à mettre entre parenthèses son célèbre Chat pour dessiner et écrire avec un immense talent, nous redonnant espoir à travers son superbe album Nous vivrons. Il a dessiné le Haï de la vie, devenu le symbole bleu des Français juifs soutenant Israël. Il a mis sa notoriété au service de la dénonciation des crimes du Hamas et de leurs complices en France. Joann s’est déplacé dans toutes les universités ; avec l’UEJF, nous l’avons reçu à Sciences Po l’année dernière, au plus fort de l’insurrection pro-Hamas de certains étudiants. Il est venu. Il n’a pas hésité.

Ces trois héros, ces trois courageux qui ne ménagent ni leur temps, ni leur énergie, ni leur engagement, ont – comme 61 % des Israéliens – exprimé des réserves sur la dernière offensive militaire israélienne de février 2025 à Gaza.

Ils l’ont dit. Chacun à leur manière.

Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’ils ont écrit. Mais je respecte leur parole. Parce que je sais que c’est par sionisme et par amour d’Israël qu’ils expriment leurs doutes sur certaines décisions du gouvernement israélien.

Mon amour d’Israël et du peuple juif, mon engagement depuis cinquante ans dans tous ces combats, viennent de ce sentiment profond de liberté. De cette liberté absolue. De ce goût du débat, du débat total, où l’on n’est pas d’accord — comme dans toutes les écoles juives du monde depuis deux mille ans. Nous sommes un peuple libre. Libre d’opinions divergentes, libre de débattre, libre de contester. De contester Dieu, alors, à plus forte raison, de critiquer les Rois d’Israël, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui.

Mais cette liberté, celle de Delphine, Anne et Joann, est aujourd’hui contestée. Non pas par un débat légitime, nourri, argumenté.

Non. Ce n’est pas un débat. C’est une meute. Et, hélas, cette fois-ci, une meute juive, qui, sur les réseaux sociaux, à l’image des Insoumis, insulte, souille, salit… et s’abaisse.

Comme l’a justement écrit Yonathan Arfi, président du CRIF, dans un éditorial publié hier :

« Chacun est libre de s’exprimer et de partager son questionnement politique ou moral. Comme chacun est libre de penser ce qu’il veut de ces prises de position. Mais là où certains se réjouissent de ce qu’ils perçoivent comme une faiblesse, le monde juif a toujours vu une force. De tous temps, les Juifs ont pu débattre, diverger, s’opposer précisément parce que la liberté de pensée, la liberté d’expression et le pluralisme sont au cœur des valeurs juives et de notre vision du débat démocratique. Tout le contraire, par exemple, de… LFI ! »

Nous avons la liberté de penser. Laissons à nos ennemis celle de la haine.

J’apporte donc tout mon soutien, toute mon amitié et toute ma solidarité à mes amis Delphine Horvilleur, Anne Sinclair et Joann Sfar.

2 Commentaires

  1. Je m’associe pleinement au soutien apporté, par François Heilbronn, à Delphine Horvilleur, Anne Sinclair et Joann Sfar. Je mène le combat au sein de la Licra et leurs prises de position, qui vont selon moi dans le bon sens, sont d’une importance cruciale pour qui s’efforce de penser en un temps où il est fort difficile de le faire. Qu’ils reçoivent ici, tous les quatre, l’expression de ma gratitude et de ma solidarité.

  2. Toute personne bien intentionnée et qui a pris la peine de vraiment s’informer est légitime à s’exprimer. Ne pas vivre en Israël ne disqualifie personne. Malgré l’implication émotionnelle que je ressens, comme tout juif, je pense même qu’un peu de distance me rend plus objective. Soutien aux courageux qui prennent la parole !