Les Turcs ne séparent donc pas la propagande politique du sport. Hier soir, à deux reprises, à l’issue du match de qualification pour l’Euro 2020 France-Turquie, et après leur but, les joueurs turcs ont effectué un salut militaire, reproduisant un geste qu’ils perpétuent de stade en stade lors de cette compétition. Faut-il laisser passer ou sanctionner ? Pour Bernard-Henri Lévy, il est évident que cet outrage mérite une sanction.

«Ils ont fait comme les sportifs allemands sous le nazisme, devant Hitler, ils ont fait un salut militaire et politique d’allégeance à un pouvoir totalitaire. Je serais une instance disciplinaire sportive, je ne laisserais pas passer cela. On ne mélange pas le sport et la politique. Ils ont reproduit ce geste deux fois, ils l’ont fait face à l’Albanie vendredi, ils l’ont encore fait hier face à la France, l’UEFA ne peut pas ne pas sanctionner la Turquie»

Si la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, réclame des sanctions exemplaires – d’autant que les joueurs turcs répètent leur provocation contraire à l’esprit sportif de match en match et qu’ils leur restent encore deux confrontations –, l’arsenal disciplinaire est en effet pourvu d’outils juridiques en la matière.

«Il y a tout un éventail de sanctions possibles. La première sanction serait qu’on leur retire le point d’hier, puisque le match a fini à 1 partout. La deuxième sanction serait qu’on les sorte de la suite des qualifications. On ne peut pas, à répétition dans des stades, mélanger la politique et le sport au point de faire un salut fasciste. Il y a des précédents : la Yougoslavie, dans les mêmes circonstances, en 1992, a été exclue des qualifications de l’Euro de l’époque. En 2016,  il y a eu un match entre la Serbie et l’Albanie où il fût question d’une histoire de drone albanais, et les deux équipes ont été sanctionnées. On a retiré les trois points de la Serbie. Donc, les sanctions sont possibles, et aujourd’hui je trouve que l’UEFA s’honorerait dans cette espèce de capitulation générale, de débandade générale, de montrer un peu de courage et de montrer qu’il y a des limites qu’on ne doit pas franchir», a rappelé Bernard-Henri Lévy sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach, invité à réagir dans le cadre de la Matinale de Cnews.

«Derrière le maillot, il y avait l’uniforme», a-t-il poursuivi, «dans ces deux matchs, face à l’Albanie et face à la France, c’était des sportifs en uniforme. Et un uniforme n’a pas sa place dans un stade, les joueurs turcs doivent le comprendre. C’est navrant. Si les supporters se sont bien conduits hier au Stade de France, les joueurs, eux, non. Ils se sont comportés comme des supporters d’Erdogan, c’est-à-dire comme des supporters de crimes de guerre qui sont commis en ce moment même. Je pense qu’ils doivent être sanctionnés. Au minimum, qu’on leur retire le point. Et dans le “meilleur” des cas, qu’on les sorte des qualifications de l’Euro», a martelé BHL.

«Ce qui s’est passé hier est grave et ce qu’il se passe en ce moment en Turquie, la manière dont Erdogan avance ses pions, la façon dont il va de victoires symboliques en victoires militaires, et de victoires militaires en victoires politiques dans l’indifférence générale, avec l’assentiment des démocraties, dont la plus grande démocratie du monde, c’est-à-dire les Etats-Unis, l’est encore plus. Et on laisse faire. Trump a donné le “go” à Erdogan. C’est cela qui a mis le feu aux poudres. Ce qui arrive aujourd’hui au Rojava ne se serait jamais passé si le Président des EUA n’avait pas donné un feu vert en retirant ses troupes de manière honteuse. Ce qu’il se passe n’a pas de précédent. Il y en a un en revanche en littérature, c’est dans Salammbô de Flaubert, quand Hannibal vend ses mercenaires. C’est le seul précédent que je vois à la façon dont l’Amérique a lâché ses alliés kurdes. Depuis, nous allons de déroute en déroute.»

«L’aspect le plus tragique des choses est comment la lâcheté occidentale a contraint à une alliance contre-nature des Kurdes du Rojava à une alliance avec Bachar el-Assad». L’auteur de Peshmerga et de La Bataille de Mossoul ne décolère pas face à ce drame et appelle à poursuivre toutes les mobilisations pour sauver nos alliés kurdes de l’infamie.

6 Commentaires

  1. Comment en vouloir à un homme d’avoir été l’objet d’un crime presque parfait ? Mais pour autant, pourquoi lui pardonner sa complaisance envers un traître démasqué ?

  2. Vous me reprochez de ne pas m’être lancé dans la course au Nobel de la paix mais, à supposer que je m’y sois résolu et, quand bien même cela vous aurait-il échappé, cela me ferait une belle jambe. Pensez-vous réellement que je laisserais quiconque ajouter mon nom à une liste dans laquelle figurerait un successeur du SS-Grossmufti ?

  3. L’Union des djihadistes modérés français ne totalise guère plus de 6 % des suffrages, de surcroît, à Maubeuge.
    « Il n’y a vraiment pas de quoi pousser des cris d’orfraie ! »
    C’est au mot près la formule de politesse que retournent aux moqueurs du juif Mandel 2.0 les partisans de l’islamisme rampant :
    « Il n’y a vraiment pas de quoi… »

  4. L’Europe moisie n’encaissera jamais la critique, sinon par le carottage d’un segment d’argument à l’aide duquel nous aurons participé à la démystifier, qu’elle retournera compulsivement contre nous en signe de représailles. Hélas pour elle, nos missiles sont équipés d’un autodirecteur infrarouge qui, slalomant à travers un carambolage de défausses refluant en cascade, finit toujours par atteindre sa cible.

  5. On aurait bien aimé que les fascistes canal historique soient les nouveaux idiots utiles du Jihâd. Hélas, les avaleurs du slogan détourné « Touche pas à mon despote » n’ont jamais viré de bord ; on leur reconnaîtra une résistance à toute épreuve face aux assauts répétés du réel. Les islamogauchistes empruntent à satiété le boulevard des Tabous conceptuels que le mainstream politicien creuse aux nationalistes, leur permettant d’y organiser la proche victoire des islamistes, et ce, en programmant des débats implosifs au cours desquels il est prévu, ou prévisible, qu’un contradicteur d’extrême droite agresse systématiquement une pauvre victime de la mode coranique. Padamalgam tient Fokon Mexplik pour le fomentateur d’une guerre civile entre la France et les Français de confession musulmane qui, d’après lui, sont les premières victimes de l’islamisme. On lui répond : « On commence quand ? on attend combien de temps, la prochaine fois, avant qu’on ne nous enYouTube au moyen d’un happening gros comme une maison hantée par ses démons multiliftés, lequel va générer un buzz dans la mémoire des Red Fishes capable d’évacuer jusqu’aux initiales de cet aimable congénère dont ils avaient très bien compris qu’il était l’arbre qui cachait la forêt de Frères d’armes, prêts tout comme lui à HARPONner leurs proies de d’Intérieur. » Je le répète : Éric Zemmour ne sera pas l’ultime allié objectif de l’indicible mal. L’idiot utile d’aujourd’hui, c’est aussi et toujours, je dirais même que c’est d’abord celui d’hier, son recruteur en l’occurrence, qui torpille le combat contre le communautarisme islamique et la radicalisation islamiste en en confiant sciemment la direction à un assimilationniste concordataire piètrement barrésien. Le rapprochement d’une partie de la gent comediante tragediante avec les essentialistes, racialistes, j’allais dire gobinistes issus de la mouvance indigéniste, lesquels sont à la gauche ce que le zemmourisme est à la droite, ce rapprochement de ce qu’il faut bien appeler deux élites en toc, est un vrai TOC des sociétés debordiennes. Rappelons-leur que l’acteur, du moins le grand acteur, dixit Lelouch qui en connaît un rayon sur l’engin, est dépourvu d’esprit de synthèse. C’est d’ailleurs ce point faible qui confère le pouvoir surhumain à un Vincent Cassel d’attaquer son personnage « par l’extérieur pour arriver à l’intérieur », que ce dernier soit le PIR des salauds ou le plus renversant des saints, sans porter de jugement sur lui, chose dont l’idée ne lui traverserait pas l’esprit. Quand vous avez été livré à la naissance avec ce type de cerveau dont les extravagantes facultés sont, par ailleurs, définitivement exploitables, vous vous abstenez néanmoins de prendre position sur des sujets qui, de fait, vous dépassent. D’où le danger de peopoliser les pouvoirs, — que dire du quatrième dont les stars et starlettes se voient attribuer un temps d’exposition frisant celui des dictateurs orwelliens ? Où l’on ne se voit plus, muni d’une oreillette, éprouver l’urgence d’un autre à « recadrer un peu le début de ce débat » qu’on a la chance de coanimer, ce qui revient ici à recadrer Zineb El Rhazoui au moment même où celle-ci justement le recentre sur l’influence croissante exercée par la Ligue islamique mondiale sur les territoires sécessionnistes où évoluent des Français que l’on convainc de se complaire dans l’improbable statut d’immigrés arabo-musulmans de l’énième génération, ces citoyens originaires desdites terres d’islam, terres ô combien stratifiées, portant l’histoire de peuples constitués d’individus auxquels notre régime politique et son système juridique, tous deux fondés sur la base des Lumières, octroient la liberté de métisser leur foi, leur descendance, tout en prenant conscience qu’ils n’ont pas attendu de briser leurs chaînes pour être issus d’un brassage ethnique et culturel plusieurs fois millénaire.

  6. En 2017, nous avions échoué à convaincre le futur président de ce pays pas tout à fait comme les autres, qu’il nous faudrait maintenir le Boucher de Damas au ban des nations jusqu’à ce que la démocratie émerge du chaos syrien. Nous l’avons néanmoins soutenu, sans pour autant déroger à nos intuitions sur ce point en particulier. Depuis le début de l’offensive turque contre l’Alliance contre Daech, le président Macron eut tout le temps de tester l’efficience du multilatéralisme dans le cadre de la résolution des conflits insolubles. Après avoir tout tenté, après n’avoir rien laissé lui échapper d’une laminante impression de déja-visible passant au mixeur guerre civile espagnole, nettoyage ethnique en ex-Yougoslavie, génocide des Tutsi au Rwanda et des Kurdes en Irak, notre champion de la paix va devoir se résoudre à employer la manière juste s’il veut que le pire nous épargne. N’enfouissons pas nos propres lâchetés dans la parenthèse Trump. N’allons pas nous vautrer, une nouvelle fois, dans les poubelles de l’Histoire. Il faut effectivement prêcher en basse diplomatie avant de prendre les causes en main. Mais si l’on ne parvient à rien en s’asseyant autour d’une table de négociation avec Éric Drouet, il y a peu de chance que l’on dissuade Poutine ou Erdoğan d’afficher l’air infatué de deux restaurateurs du partage yaltien, ou partage du cadavre de l’État nazi, par le plus implacable des plaidoyers en faveur d’un peuple qui se trouve incarner cet islam modéré que nous avions cru reconnaître en son propre bourreau. Un crime se trame. Un désastre dont l’Europe ne se relèvera pas quand elle comprendra qu’elle l’avait accompli elle-même en permettant à l’OTAN de se transformer en association de malfaiteurs contre l’humanité. Ce crime, nous allons l’empêcher car nous sommes la génération qui a fait entrer Simone Veil au Panthéon, avec son terrible cortège. La pire des solutions n’est pas un tabou stratégique, sans quoi elle ne serait pas comptée parmi les solutions.