Tel est le pari de Looking for Europe, la tournée-évènement de BHL, se présentant désormais au monde en tant qu’«écrivain européen d’origine française».
Tout a débuté par un appel, celui de 30 patriotes du continent, comptant non seulement parmi les plus belles plumes mondiales mais aussi parmi les parcours les plus dissidents du globe, sachant parfaitement ce que l’idée de liberté et de droits européens, devenus abstraits pour tant de citoyens, signifient vraiment.
Et puis ce tour d’Europe, les représentations, ont démarré dans la foulée avec un texte de combat réadapté en chemin, en permanence, pour être au plus près des problématiques locales des personnes tout en dégageant lesocle commun des valeurs transfrontalières qui les unissent.
Aucun souvenir d’un écrivain moderne qui se soit lancé dans une telle aventure littéraire.
Aucun nom à l’appel relatif à une performance similaire.
Looking for Europe est, en soi, non seulement une pièce, mais également un geste, inédits, de ce point de vue : celui des mots de la philosophie politique en action. De ce fait, ce coup de théâtre tire une force unique qu’il convient en outre de qualifier de poétique.
Dans l’œuvre d’ailleurs, il en est bien question, de poésie. Et, aussi, de l’amour. Tous deux, amour et poésie, étant, pour l’auteur, les moteurs des luttes passées et à venir, les piliers de cette bataille et, onle devine, la synthèse de toute une vie.
Il semblait difficile de parler d’un sujet, l’Union européenne, rejetée et ennuyeuse pour la plupart des peuples qui ne voient plus que de loin l’Europe, comme un bâtiment institutionnel imprenable, distant et froid. BHL veut nous figurer un nouveau chemin, incarner les normes et les directives, remettre de l’humanité au centre de la machine. Il veut des visages, de la grandeur, loin des buzz médiocres et des petites phrases. Il convoque les plus grandes âmes qui ont fait l’Europe, il nous rappelle à notre histoire.
Partir de Vaclav Havel pour se retrouver avec Orban ? Hurler aux erreurs de communication de dirigeants démocrates plutôt que de se révolter contre l’assassinat de vieilles dames juives à coups de couteaux dans leur salon ?
L’écrivain sonde le côté obscur de nos société malades mais en lesquelles il croit toujours. Billy Wilder se posait la question de la différence entre un juif pessimiste et un juif optimiste ? BHL est les deux à la fois. Il décortique nos travers, s’alarme de notre atonie collective, mais donne du souffle aux voix des progressistes, de ceux qui ne se résignent jamais, des porteurs d’espérances. Il redonne des couleurs au combat des internationalistes que les cyniques ont tort de mépriser.
Et cela fonctionne. Et nous rions même, entre deux alertes aux populismes sur les réseaux sociaux. Milan rit. Bruxelles rit. L’écrivain lyrique saisit, là l’ironie, ailleurs la farce politique où elle se joue. Il manie l’humour et l’autodérision discrète avant de laisser éclater sa colère sur les dossiers qui lui sont particulièrement chers, comme le siège de Sarajevo ou l’abandon des Kurdes.
Il se raconte un peu mêmement, via des bribes de souvenirs que l’on devine d’autofiction. Mais surtout, il tient à l’interaction humaine : in situ, avec le public, avecla salle, ou en intégrant les interrogations d’auditeurs libres et de passants italiens, espagnols, français, belges ou allemands. Il se nourrit des questions tchèques, hongroises, ou lituaniennes, des tragédies ukrainiennes, grecques ou polonaises. L’écrivain se jette à corps et cœurperdus dans ce spectacle des plus vivants pour que l’étincelle européenne renaisse des paperasses et rapports qui s’entassent dans les imprimantes bureaucratiques, pour créer du positif et porter ses idées universalistes d’égalité, de justice et de fraternité.
Looking for Europe est un combat à la loyale contre ses adversaires revendiqués : populistes, nationalistes, racistes, homophobes, antisémites, autocrates, corrompus, fainéants, réactionnaires, islamistes, fascistes. Il mènera cette guerre sans relâche jusqu’au 21 mai, lors de son retour à Paris. Il aura alors, qui plus est, composé une armée d’Européennes et Européens qui l’auront rejoint en route. Et c’est un des atouts précieux de Bernard-Henri Lévy dans cette campagne : une légion de petites mains cosmopolites et polyglottes, une tour de Babel composite, une petite arche sur lefil, se démenant avec ardeur, partageant leur idéal commun, échangeant pour se comprendre, afin de construire, hommage légitime, cet édifice aussi symbolique soit-il, pour laisser entrer un peu de ces lumières qui nous manquent tant. Mais soyez sûrs que, dans l’ombre, ils sont des milliers à croire encore en ce que les “salauds”, en reprenant ici Romain Gary, pourraient faire passer pour de la “sensiblerie” naïve: l’Europe n’est ni vaine ni dérisoire, elle est notre seule avenir éclairé.
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La nature aime à se lamenter avec les Juifs sur les injustices qui les frappent, sur les sévices qu’on leur inflige, sur les supplices qu’ils endurent. Elle aime que les Juifs aient des raisons de se plaindre. Auraient-ils lieu de se réjouir d’une victoire époustouflante remportée à la force du poignet qu’elle ferait tout son possible pour l’abîmer, la détourner de son usage rédempteur, en pervertir l’essence altérique, au point qu’ils en éprouveraient presque de la honte à découvrir que leur peuple souverain accède au rang de huitième puissance économique mondiale, que la plus grande démocratie de la planète reconnaît officiellement, comme trésor inentamé de leur histoire, une capitale indiscutable dont ils s’appliquent à maintenir les portes grandes ouvertes aux infrangibles consciences de ce monde, tout organe existentiel d’un territoire qui sut tenir son antique promesse car, aussi étendue que puisse être sa palette de menaces, ils ont au moins la certitude qu’on les y défendra toujours.
Dans l’idéal, la reconnaissance de la souveraineté du Golan par la communauté internationale précéderait la décision par un gouvernement républicain des États-Unis d’Amérique d’acter cette évidence de manière unilatérale. Mais voyez-vous, si David Ben Gourion revenait aujourd’hui réaliser le rêve de Theodor Herzl, s’il reprenait le bâton de Moshè dans ce vase supérieur du sablier civilisationnel où le négationnisme va jusqu’à pondre ses œufs dans le nid de ses proies, j’ai la furieuse impression qu’il aurait le plus grand mal à rallier une majorité d’États membres de l’ONU à une cause des plus JUSTES parmi celles DES NATIONS. Une fois encore, l’Europe n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est. Gageons qu’à l’avenir, son État fédéral ne laissera pas une administration populiste lui montrer le chemin en matière de stratégie de défense des valeurs universelles dont elle est fondée à identifier l’ADN d’un simple coup d’œil.
Et que vive l’Europe sociale et démocratique!