Réseaux sociaux en décomposition. Humeurs tendues. Le grand «déballage» de ces derniers jours n’aura laissé aucun, aucune indifférent(e). En silence, en décompensant sur Facebook, sur les ondes, sur les plateaux, au milieu du budget et de la crise au Kurdistan, un immense scandale de société nous a explosé à la figure. D’une intensité à rendre dingue tant, au fond, il ne s’agissait que d’un secret de polichinelle pour qui évolue en ce monde en partageant un minium de vie sociale.

Des histoires de viols, d’attouchements, de harcèlements, d’agressions sexuelles, des petites, des grandes, graves, feutrées, timides, urbaines, dorées, sordides, obsédantes, invisibles, dévastatrices, traumatiques, criminelles, selon les mots de chacun, de chacune, on en a tous autour de nous quand il ne s’agit pas de nous-mêmes, cumulant parfois plusieurs «mandats».

Un calendrier fou aura voulu que s’enchaînent un premier débat «animé» autour d’une couverture de magazine, puis une affaire sordide de gros producteur, et l’emballement suscité autour d’un #, qui aura fini de nous plonger dans les affres de la plus grande question de tous les temps : les rapports hommes-femmes. Alors, il y a ceux qui paniquent, ceux qui se lâchent, ceux qui racontent n’importe quoi, quand d’autres se retrouvent.

Que les réseaux sociaux passent à la moulinette n’importe quel sujet de société n’est pas une nouveauté. Sur Twitter, en l’occurrence, on peut «débattre» de la pire des façons, dans une sorte de magma terrifiant, une sorte de «ça» au sens freudien du terme, au milieu d’une meute aux aguets, agressive, haineuse, s’en prenant toujours aux mêmes selon les hémisphères virtuels, choisissant son bouc-émissaire au gré des buzz, alimentant des kilomètres de billets, dans une sorte de cercle vertigineux très peu vertueux, où le support même de la réaction, devient l’objet de réflexions, des rédactions, et de papiers qui tournent en boucle, sans que ne soient franchie une porte ou passé un coup de fil, n’ayant pour objet que ce lieu même, Twitter. On appelle ça aussi une «polémique». Et les associations de se désespérer parfois que plus personne ne fasse acte de présence aux rassemblements physiques, aux manifs’, aux conférences tant nous sommes rivés à nos écrans, en vase clos, dans nos bulles respectives. Mais le net permet parfois de jolies choses et établit des ponts. Il arrive parfois que ce qui s’y jette ne le soit pas pour le pire mais serve l’intérêt général, en l’occurrence ici, l’intérêt d’une cause «plutôt» noble. Et de cette aventure progressiste messieurs, mesdames, nous avons tous à gagner.

Mais cette semaine, par endroits, par salves, une rumeur subsiste, hautement plus inquiétante que le sujet des violences faites aux femmes : ces dernières auraient déclaré la guerre aux hommes, sur le réseau. Une guerre sans merci : des gens seraient jetés en pâture à la vindicte populaire et, l’oeil torve, des internautes déchaînées et forcément un peu sorcières, auraient pris en otage les juges, les magistrats, les psys, les conjoints, la police pour lyncher en place publique des pauvres ou riches bougres (et bougresses) innocents (et innocentes) sous la seule injonction d’une délation individuelle.

Des réminiscences de sorcellerie, des procès en collaboration, on aura même invoqué quelque part le siège de Béziers (année 1209, tout de même), à l’occasion d’ une comparaison audacieuse avec ces femmes et ces jeunes filles qui, couteaux entre les dents, auraient déclaré quelque chose comme : «Tuez les tous, dieu reconnaîtra les siens.»

Tableau effrayant s’il en est, sauf qu’à y regarder de plus près, et en naviguant sur ce # satanique, permettez-moi de vous rassurer, la guerre des sexes n’aura pas lieu. Car ce que les femmes veulent, justement, c’est qu’on leur fiche la paix. Pas séparées, ni reléguées, ensemble, c’est tout.

Pourtant panique à bord, comme si, à la vue des premiers milliers de tweets ayant suivi, une épuration allait avoir lieu, emmenée par des amazones 2.0, derrière leur clavier. Stupeur et effroi dans les chancelleries de la goujaterie, repli dans les casernes, attendons quelques heures, et voyons. Le premier coup de semonce n’aura été que contre-productif : un philosophe, sur l’antenne d’Europe1 pointait, fièrement, entre autres, les dangers du fameux # et les dérapages possibles, invitant ces dames à quelques démarches juridiques. Et c’est bien là que le bât a blessé, puisque c’est précisément les failles et les difficultés d’une démarche en justice qui s’exorcise, sous une pluie de likes et de retweets.

De surcroît, même pour un esprit si brillant, et plus les jours passaient, il était clair que collectivement, nous avions un problème d’entendement mutuel sur le qui et le quoi peut relevant de «violences faites aux femmes». A en croire certains, à l’imagerie et à l’accès au raisonnement complexe rugueux, la chose est très simple. Viol. Ou pas viol. Avec ses critères juridiques précis, pour le dire pudiquement.

C’est pourtant simple, non ? «Si y a viol, c’est grave, si y a pas viol, c’est pas grave». Amen.

Et c’est là où manifestement il est encore des tas de gens pour qui finalement, une main aux fesses, pas de quoi en faire un plat, ni un combat.

Il y a pire.

Evidemment.

Il y a toujours pire, tant qu’on est pas sur la rampe de sélection.

Mais il y a surtout ce qui grouille partout et ce qui n’est pas si clairement dit, et ce qui risque de nous être envoyé dans la figure, passés l’effervescence et le temps du buzz (dépêchons-nous d’agir, car c’est très court, un buzz), en substance ceci :

Si une pénétration non-consentie est un crime pour tout le monde, il n’y a pas de débat à ciel ouvert là-dessus, en tous cas je n’y suis pas invitée. Et hormis quelques élus FN ou l’envolée culte d’un chroniqueur de télévision sur le «fantasme du viol», personne ne conteste, en revanche, que seront plus ou moins tolérées collectivement toutes ces petites choses qui remplissent des zones pas si grises (8). Un peu comme si on nous disait : «Promis, on ne vous viole plus, c’est acquis, mais si on ne peut plus vous toucher un peu les seins dans le métro, c’en est fini de notre monde, de notre civilisation, de nos ancêtres (les Gaulois, c’est ça ?), de la drague, de la séduction !» . Et les intégristes de tous poils de se frotter les mains tout en poussant des cris d’orfraie dans tous les sens.

Revenons à notre animateur radio, beaucoup se sont engouffrés dans la brèche qu’il venait d’ouvrir. Ouf. He ! ho ! Doucement ! Pas trop fort sur Twitter hein !

Et c’est bien cela le problème de ces premières grandes déclarations envoyées à toutes celles (et ceux) qui s’étaient rendus sur la toile : une suspicion d’emblée quant à leurs bribes de témoignages. Alors, sûrement, certes, statistiquement, il y aura (il y a déjà ?) des garces, des névrosées, des vengeances tordues, des menteuses, des erreurs, mais il aura été quand même étrange que le premier réflexe pavlovien de certains fût un procès en délation reposant sur des stéréotypes misogynes éculés alors qu’on parlait de liberté des femmes : ces dernières, après tout, mentent, manipulent, ourdissent des complots comme Belzébuth.

Bref, Il eût été courtois dans vos introductions matinales du lundi matin sur le sujet de commencer par envoyer un signal empathique PUIS de critiquer la rédaction d’un #.

Un peu comme si à la découverte d’un charnier (oui, je sais, c’est une comparaison osée), les premières réactions consistaient à critiquer le libellé de la pétition dénonçant le massacre et de renvoyer les victimes à une histoire de titraille ratée.

«#BalancetonPorc» donc. Moui. Bon. Pas le # du siècle, en effet, à priori, lorqu’on me l’a montré, mais finalement, il se pourrait qu’il reste dans l’histoire. Un peu brutal. Choix de l’animalier critiquable. Et interrogation autour du mot balance légitime. Oui. De quoi faire peur à beaucoup donc, s’imaginant d’emblée une meute de guerrières la bave aux lèvres émasculant patrons, maris et barmans. Sauf qu’à y voir de plus près, et avec une solide expérience des phénomènes de meutes sur Twitter, il y a encore quelques précisions, et non des moindres, à ajouter.

  • Etrange que ce # fasse autant de bruit pour ceux qui n’y verraient qu’une horde de femmes incontrôlables jaillissant en pleine lumière alors que des masses de trolls hideux, chassent en bande depuis des années, sur à peu près toujours les mêmes noms et sujets (suivez mon regard) sans que ça n’émeuve grand monde.
  • Que le mot «balance», avant qu’il ne soit sali par les trahisons des cohortes de mouchards à travers les siècles, pourrait être entendu autrement, dans sa première acceptation, par exemple, visant l’équilibre et la justice, celle qu’on invoque d’ailleurs depuis des jours, et dont la balance est le symbole. Justement.

Que le titre choisi pour ce # soit maladroit, sûrement, que le mot «balance» soit pointé comme indigne et dangereux, «rappelant les heures les plus sombres de» etc, etc, est aussi raisonnable que l’inverse. Et quid des balances économiques, électroacoustiques ?

«Balance le son» ?= Délation d’artiste ?

«Balance l’info» ? = Lâcher sa source ?

Le choix du mot n’étant pas anodin, nous éviterons de nous attarder sur le mot «Porc» qui a fait aussi couler beaucoup de synapses, pour revenir à l’essentiel.

Les mots sont discutables, le procédé aussi ? Bon. Mais il reste sidérant que le focus se soit braqué immédiatement sur autre chose que sur ce que charrie ce # : un nombre gigantesque de femmes, de filles, de très jeunes filles même, agressées, malmenées, et sûrement pas toutes ni des garces ni des menteuses.

Ce que l’on savait tous déjà, le secret de polichinelle s’écrit en public.

Et c’est violent. A plusieurs égards. Mais se déversent aussi ces fameuses «digital natives», cette génération née avec internet au biberon, dont les filles tweetent comme elles parlent. Aussi facilement. Mais tout aussi douloureusement que leur grand-mères pour évoquer les salissures, la honte, le déshonneur, l’humiliation.

Eh non, la grande épuration n’a pas eu lieu. A cette heure en tout cas. Quelques dérapages, sûrement et ils sont à condamner, fermement, sans nuance, le cas échéant, mais le flux traduit bien plus un besoin d’expression qu’une envie de se venger, de «tirer dans le tas», de faire du mal.

Non, l’essentiel des tweets n’émane pas de comptes anonymes, bien au contraire.

Non, pour l’essentiel, les tweets, ne sont pas des attaques ad hominem.

Plutôt une sorte de «coming out» collectif.

Et avec le cadre de lynchage potentiel qu’«offre» twitter et dont nous ne connaissons que trop bien les travers ici, c’est quasi-miraculeux.

N’entâchons pas le propos de viles arrière-pensées ou de passage à l’acte haineux, nous avons assisté à ce qu’il est convenu d’appeler, à tort ou à raison, une «libération de la parole». Certes, la formule n’est pas parfaite. Mais pour une fois (et cela est suffisamment rare sur twitter pour le souligner), il ne s’agit ni d’un déferlement de messages antisémites, racistes, homophobes, fanatiques, mais de simples «béta» témoignages (difficile de dire «ça» en 140 signes), quelques cris, beaucoup de douleur, parfois de l’humour et une mobilisation digitale sur le sujet que la plupart des partis républicains auraient rêvé de (dû ?) porter.

Je déteste Twitter. Cette planque de soldats fous et anonymes bouillonnants sans filtre où tout se vaut, n’est plus (l’a-t-il été un jour ?) un lieu de discussion, mais d’agression, de dénigrement permanent, de buzz volatiles, de télé-réalité. Mais ce serait une erreur de le prendre finalement pour autre chose que sa fonction première : mobiliser. Garder le contact. Et partager des informations. Il a été reproché à toutes ces femmes, pour la plupart sincères dans leur démarche (si, si) de ne pas savoir qu’un tweet ne résoudrait rien. Ah. Qu’il fallait dénoncer en justice. Scoop. Qu’il fallait déposer plainte. Re-scoop. Qu’il fallait ne pas s’exprimer de cette façon. Re-Ah. Que c’était dangereux. Oh ! Que ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Diantre.

Seriously ? Il est assez stupéfiant de constater qu’au-delà des leçons de maintien paternalistes, se rejoue aussi cette petite musique qui vient nous prendre pour des imbéciles.

Et puis cette boucherie psy. Car vous pouvez être sûrs qu’au milieu du brouhaha, des filles dans cette affaire, qui avaient dû tourner 7 fois, 14 fois, 21 fois leurs doigts au-dessus de leur clavier de «digitales naïves» avant de twitter, avant de se lancer, de faire leur choix, à elles, et elles seules, de s’exprimer, ont dû avaler ce prodigieux boomerang sociétal, peut-être une fois de trop. En substance, on aura pu lire çà et là : «well, ok pour vous écouter mais mettez des patins, sinon vous risquez de rayer le parquet». Sans jeux de mots. Devant l’ampleur du «succès», assez sinistre au demeurant, de la chose, un besoin de partager s’est avéré impérieux. Salvateur ? L’avenir le dira.

Alors qu’on s’attarde sur les dégâts collatéraux potentiels, bien sûr, et on a raison de le faire, mais je n’ai vu ni lu personne de ce côté-ci de la barrière, s’inquiéter pour ces autres dégâts. Il eût été plus juste, moins décalé, d’alerter également sur un autre point afférent : «soyez- sûres, mesdames et messieurs, avant de livrer de soi et de son intime sur la toile, que la meute, l’autre, la vraie, est infernale, et risque de vous le renvoyer déformé, moche, abimé. De la confiture à des cochons, parfois.»

Si nous nous sommes attardés sur les dérives potentielles de ces flux digitaux, il reste encore quelque chose à ajouter à propos des commentaires des commentaires, des tweets du retweet, du partage collectif d’où est remontée une marée de beauferie, de machisme et des écrits si caricaturaux.

Après Arnaud Amaury et la comparaison avec la croisade des Albigeois, nous avons eu aussi droit à ce genre de flèches, sur les réseaux sociaux, cette semaine :

«Cette histoire est organisée pour ancrer dans l’inconscient collectif que le port de la burqa est justifié».

Si, si. Ou encore :

«Ce sont les groupuscules type Femen qui sont à l’origine du marasme dans lesquels sont plongés les rapports hommes-femmes» .

Et bon nombre de :

«Mais vous voulez la guerre, la destruction !!»

Après avoir interjeté que les groupuscules féministes n’avaient pu que moyennement s’exprimer à Rakka ces dernières années, et qu’en effet, les rapports entre les hommes et les femmes ne s’y portaient que mieux, le mot misandrie a fleuri de posts en posts.

RIP Antoinette Fouque.

En filigrane, dans certains cercles dont il faut de toutes urgence s’échapper, de concert, on nous a dit «regardez ce qui se passe avec Boko Haram, vous n’allez pas vous plaindre pour deux, trois attouchements.»

Bref, si vous n’êtes pas contente, les filles, certains et certaines vous disent d’essayer le niqab.

Quant à la comparaison avec les appels à délation invitant Vichy dans ce dialogue, elle est abjecte, renvoyant un dossier de violences faites aux femmes à un autre dossier de violences faites… aux femmes. Nous n’avons que peu d’images en tête d’hommes tondus à la libération. Ni hier, ni aujourd’hui.

Mais, nous avons lu de jolis textes aussi, palme du plus «Mensch» d’entre eux décerné à Jean-Marc Proust de Slate (lien) qui ne sait peut-être pas encore à quel point son opus a circulé en inbox. A lui, merci ! Je ne sais pas s’il a raison sur tout mais que ces mots nous ont fait du bien ! et manifestement, il y en avait besoin.

Que nous disent ces # alors ? Tout et rien. Un autre est apparu : «#MeToo». Certains le trouvent «à l’eau de rose», un peu cruche, un peu niais. Forcément. On parle d’une grande manifestation le dimanche 29 à Paris, place de la République, sous la bannière de ce dernier slogan, drainant des tonnes de témoignages non plus sur Twitter mais sur d’autres supports.

Il ne s’agit sûrement pas des libellés de mes rêves (y en avait-il un ?) mais ils permettent de s’exprimer. C’est toujours bien de s’exprimer. C’est émancipateur. Rappelons qu’une des phrases récurrentes de tous ces débuts de récits (disponibles partout) : «Il m’a dit : n’en parle à personne».

Et c’est bien à la transgression généralisée de cette consigne à laquelle nous assistons en direct dans un quasi mouvement de masse bien plus intéressant qu’une formulation maladroite sur Twitter. Ce que ce défilement de tweets révèle, c’est qu’une proportion inouïe de femmes ont été, d’une façon ou d’une autre, prises au moins une fois dans leur vie dans l’étau, dans le piège d’un harceleur, d’un agresseur, d’un violeur, blessées dans leur chair à plus ou moins «grande échelle», avec plus ou moins d’intensité et de répercussions intimes dans leur parcours, qu’il soit privé, public, professionnel, familial, à cet endroit précis où tout se mélange.

«Le nombre ne fait pas raison ?» c’est une évidence. Attendons.

«Un tweet ne remplacera pas la justice ?» Evidemment non, non plus. Vous nous prenez toujours pour des imbéciles ?

Sauf que :

1) Il en faut du courage pour porter plainte (vous avez déjà porté plainte pour ce genre d’affaire ?)

2) Les «boomerangs» sociétaux sont souvent terribles et il vaut mieux être sacrément entourée et/ou sacrément forte car la procédure sera évidemment violente.

Beaucoup de femmes abandonnent et se taisent parce qu’après tout, «elles ne seront ni les dernières, ni les premières». Elles avanceront autrement.

Et savoir comment une femme et pas une autre, un homme, et pas un autre avance, ensuite relève de tellement de facteurs et de ressorts psychanalytiques que bien malin est celui pouvant nous expliquer avec l’air de celui qui sait et à tout compris : «seule la justice est la solution». Cher ami, avant d’obtenir justice, il faut franchir, encore à l’heure ou j’écris, un parcours de combattante. Il arrive même que certaines ne s’y engagent pas, par pure flemme. Fatiguée d’avance, pas envie, d’autres envies, d’autres projets, car il ne faut pas se leurrer, aller sur le chemin d’un tel procès, c’est aussi renoncer à beaucoup d’autres choses. Et alors ? Ces femmes sont elles à blâmer ? Une sorte de double peine ? Cela excuse-t-il le comportement de l’agresseur ? Non. On en admire d’autant plus les héroïnes anonymes ou célèbres des prétoires.

Et puis il y a ces développements assez laids , ces jours-ci, qui commencent, sur les ondes et les plateaux par «je ne veux pas minimiser les violence faites aux femmes et je suis d’ailleurs le premier ou la première à dénoncer ces agissements mais… ». C’est chic et mignon, dit comme ça, sauf que la plupart du temps :

– Si, cela minimise les violences faites aux femmes.

– Non, il ne s’agit JAMAIS des premiers, ni des premières, à dénoncer ces actes. Ni les deuxièmes d’ailleurs.

J’ai vérifié.

Nous sommes aussi beaucoup à refuser de nous présenter au monde en tant que victimes, pour des raisons si diverses qu’il ne nous appartient pas de juger celles qui pour la première fois, ou non, ont choisi de s’exprimer, de témoigner, peu importe la façon et le support. Après, à chacun de nous de s’ajuster, en conscience, ou pas, avec ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas. La seule urgence qui vaille après une lecture rapide ou approfondie de tous ces tweets et/ou témoignages plus longs : il faut que cela change.

Quoi qu’il arrive, désormais, nous pourrons nous dire que nous ne sommes vraiment, mais alors, vraiment, pas toutes seules. Et rien que pour ça, et avec ces nuages d’ amorces, tous ces débuts de quelque chose, le vent d’une petite révolution pourrait bien avoir commencé à souffler.

 

 

Un commentaire