Le 27 octobre 1949 sur la piste de l’Aérodrome d’Orly, l’aéronef F-BAZN d’Air France s’apprête à accueillir trente-sept passagers en partance pour les Etats-Unis. A son bord, citoyens illustres, artistes, hommes d’affaires et une poignée d’anonymes partis chercher en Amérique amour et fortune… Tous sont éblouis par la présence, quelques sièges plus avant, du boxeur Marcel Cerdan. Champion parmi les champions, celui que l’on appelait « le bombardier marocain » vivait alors l’apogée de son idylle avec Piaf, formant entre combats et chansons, un couple mythique. Piaf et Cerdan : l’incarnation du « style français » renaissant de l’après guerre. Quelques sièges plus loin, se trouvaient la violoniste Ginette Neveu accompagnée de son frère. Parmi les passagers, on comptait également le peintre et illustrateur Bernard Boutet de Monvel, cinq bergers basques partis tenter leur chance au Far West, une jeune ouvrière venue de l’Est de la France, un cadre faisant fructifier les actifs de la société Disney, Kay Kamen. Des noms et des vies. Autant de trajectoires singulières involontairement réunies par la destinée tragique. Le 28 octobre 1949, alors qu’il survole l’archipel des Açores dans la nuit noire, on perd la trace du F-BAZN. L’avion, un Lockheed L-749-79-46 type Constellation, devait effectuer une escale sur l’ile de Santa Maria. Il percute en fait le Redondo, une montagne de l’ile São Miguel. Les trente-sept passagers ainsi que les onze membres d’équipage meurent sur le coup. Peu après le crash, des locaux viendront piller les restes encore brulants éparpillés dans la montagne : des valises éventrées, des bijoux, des vêtements…
Auteur d’un travail minutieux de recherche puis d’invention, Adrien Bosc raconte dans Constellation l’itinéraire touchant et bouleversant des passagers du vol F-BAZN. Pourquoi étaient-ils à bord ? Que venaient-ils chercher de l’autre coté de l’Atlantique ? Qu’allaient-ils entreprendre à leur arrivée sur le sol américain ? Voilà une constellation de questions doublée d’une constellation de destins. Un roman qui se lit comme une suite de nouvelles. Des chapitres courts servis par une plume exhumant l’humain, les âmes… On le sait depuis plusieurs années, Adrien Bosc, en dépit de ses 28 ans, affiche une maturité étonnante. Fondateur des revues Feuilleton et Desports, il se nourrit de la lecture inlassable des classiques de la littérature américaine, du New Journalism et de ces puits de savoirs illimités que sont les revues anglo-saxonnes. Une inspiration désormais mise au service de la littérature. En lice pour le prix Goncourt, le prix Renaudot, le Grand Prix du Roman de l’Académie Française et le prix Interallié, Adrien Bosc signe avec Constellation un premier roman d’une remarquable finesse. Un livre rappelant toute l’aventure des récits de Saint-Exupéry et promis à de nombreux honneurs.
Les Constellations d’Adrien Bosc
par Laurent David Samama
7 octobre 2014
L'auteur a reçu le Grand Prix de l'Académie française. L'occasion de revenir sur son dernier roman, Constellation.
Bien d’accord avec vous, c’est un premier roman remarquable, ambitieux mais parfaitement maîtrisé. Du pur romanesque dans un roman qui n’en est pas vraiment un… Espérons que les prix suivront!
http://www.lesheuresperdues.fr/constellation-adrien-bosc/