Dieudonné veut faire disparaitre la LICRA. Ceci n’est pas une blague. C’est même drôlement sérieux. Il y a quelques semaines, l’humoriste a lancé une pétition en ligne pour obtenir sa dissolution. En découvrant la nouvelle sur le site Change.org, c’est d’abord l’effarement, on se demande même si ce n’est pas un canular, un de ceux, toujours à la limite entre le gag haineux et la perversité diffamatoire, dont Dieudonné est devenu l’expert. Puis on réalise que l’initiative est réelle, on est alors évidement consterné. Mais aussi comme un peu soulagé: seul un fanatique du calibre de Dieudonné M’Bala M’Bala pouvait se lancer dans une telle entreprise (même Marine Le Pen, dans ses mauvais jours, n’aurait — peut-être — pas osé…). A la lecture du court pamphlet explicitant les motifs de sa démarche, on reconnaît assez rapidement la mauvaise foi délirante et le style, mi-parlé mi-incorrect, de l’infatigable pousse-au-crime du théâtre de la Main d’Or. On retrouve aussi, partout, les rouages tordus et classiques du conspirationnisme ordinaire, où tout s’expliquerait par le prisme d’un fantasmatique complot américano-sioniste.
Il y a d’abord l’inversion totale des griefs: «Pour toutes ces raisons, trouble à l’ordre publique incessant et systématique, incitations répétées à la haine (…) nous demandons aux pouvoirs publics d’ordonner la dissolution de la LICRA», comme s’il fallait condamner la LICRA elle-même au titre de ces deux motifs précisément, ceux pour lesquels l’association avait obtenu l’annulation de spectacles et la condamnation en justice de Dieudonné. Il ne s’agit pas, pour ce dernier, d’un acte de défense, ce qui répondrait au moins à une logique de contradiction, il s’agit tout simplement de renvoyer ses chefs d’accusation, trait pour trait, sur ses accusateurs. Le même type de rhétorique est employé lorsque, confronté à l’extermination des Juifs par les nazis, Dieudonné convoque systématiquement sa théorie paranoïaque et tout autant antisémite selon laquelle les Juifs seraient responsables de la traite des Noirs: en ce (non)sens, comme par un tour de passe-passe, on ne peut plus accuser les nazis de persécution contre les Juifs puisque les Juifs eux-mêmes, ces «négriers», seraient coupables d’esclavagisme. Ne cherchez pas le lien logique, il n’y en a pas, sauf chez les attiseurs de haine entre communautés.
Il y a ensuite le glissement absurde et absolu vers une approche où tout se contredit, où les signes s’inversent et où l’incohérence prétend faire sens. «La LICRA, (…) au contraire de lutter contre ces idéologies fascistes (…) est un trouble à l’ordre public perpétuel (…), nocif au possible aux valeurs fondamentales garanties par les lois de la République, le venin despotique que ses dirigeants et membres veulent insuffler dans la veine démocratique», comme si l’association antiraciste devenait celle-là même qui produit le racisme et l’antisémitisme. C’est le procédé habituel utilisé dans la fachosphère pour faire des Juifs, exterminés par les nazis, les nazis d’aujourd’hui puisque coupables de ce qui serait la pire des oppressions au monde, celle qu’ils exerceraient sur les Palestiniens. On juxtapose alors avec un soin tordu les notions, les sujets et les objets : le sionisme est adossé au fascisme, l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon se confond avec Hitler, tandis que la bande de Gaza est décrite comme un «un camp de concentration à ciel ouvert». Bref, on se noie dans un relativisme sordide et on aboutit dans la foulée à une forme de négationnisme, puisqu’en ôtant aux événements historiques leur caractère unique, on les prive progressivement de leur contenu.
Il y a enfin, pour faire passer l’opération, la combine bien connue de l’appel à la liberté d’expression, celle que «l’hégémonie esclavagiste américano-sioniste» tenterait d’interdire à Dieudonné depuis des années «comme Goebbels et Hitler (…) avaient privé les écrivains et artistes juifs de leur droit à exprimer leur pensée». Dieudonné serait ainsi autorisé à se positionner en victime et à s’identifier lui aussi avec le sort des Juifs qu’il trouve tellement drôle de stigmatiser. Atteindre un tel niveau de névrose est tout de même assez inquiétant. Cette liberté d’expression-là, partout brandie, se retrouve vidée de son sens puisqu’elle sert uniquement d’alibi à une pensée criminelle. Oui, parce qu’en France, les manifestations de racisme et d’antisémitisme n’ont strictement rien à voir avec la liberté d’expression, elles ne constituent pas un thème humoristique, ni un genre de musique ou un style théâtral, elles sont des actes répréhensibles punis par le droit pénal. Et c’est pour la simple application de la justice que la LICRA œuvre avec détermination depuis des années.
Il est ainsi révoltant qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, la pétition réclamant sa dissolution ait pu obtenir 12704 signatures. C’est d’autant plus révoltant que dans une autre affaire récente, celle mettant en cause le caractère antisémite d’une pièce de théâtre jouée à l’Université de La Rochelle, le professeur Michel Goldberg, qui s’en était le premier offusqué et avait alerté le Président de l’Université, peine à réunir quelque 1500 soutiens sur Facebook et s’est au contraire attiré, au nom de la liberté de création évidemment, les foudres de ceux qui avaient collaboré à ce sinistre spectacle. Les relais de Dieudonné (Joe Le Corbeau, Égalité et Réconciliation, La Dissidence, Le Vrai Post…) disposent peut-être de techniques plus efficaces pour faire le buzz que les réseaux antiracistes accusés pourtant de vouloir — cela va sans dire — «imposer un Nouvel Ordre mondial».
En tout cas, une chose est certaine: le relatif succès de la pétition de Dieudonné et la mobilisation assez modeste en faveur de Michel Goldberg ne peuvent que nous alerter: l’espace croissant qu’occupent un antisémitisme et un racisme décomplexés sous couvert d’une liberté d’expression dévoyée montre que quelque chose ne tourne pas rond dans notre société. C’est à prendre au sérieux. Très au sérieux.
Bonjour
Je voulait juste dire qu’il y a urgence a institu nationale de l’audiovisuel tous les magrebin
qui travaille dans cette societé vive du racisme tous les jour et il faut que vous fassier quelque chose pour nous aider S V P
au secour on n’en peut p^lus aider nous
Signé !
en tout cas moi j’ai signé 😉
Pourquoi parler de ce monsieur ? Il est heureux que l’on mentionne ses faits et propos et c’est ce qu’il recherche
L’ignorance est la meilleure des choses.
Il ne mérite pas mieux
«Variation sur le même t’aime…»
Je n’adresse cette lettre ni à une cantatrice ni à une championne de tennis, mais à une chanteuse populaire.
Chère demoiselle Bartoli,
Je me réveille ce matin avec vos états d’âme et j’en ai froid dans le dos. Ne croyez-vous pas que nous ayons déjà assez souffert comme cela de la diabolisation que des siècles d’antisémitisme nous ont fait subir, ce jusqu’au paroxysme au cœur du siècle où nous sommes nés, a fortiori dans nos parages lorsque Vichy organisait sa célèbre exposition Le Juif et la France, pour nous risquer, maintenant, à employer la formule venimeuse et fameuse de «nez crochu», quand même la retournerait-on sur soi? Nous faisons face actuellement à une remontée fort inquiétante de l’extrême droite en Europe. Mais il faut reconnaître que, parallèlement à ce phénomène, le regard des Occidentaux s’est transformé en profondeur grâce à quatre décennies d’antiracisme qui finirent par payer. Poursuivons ce combat. Montrons à tous, nous-même compris, combien la beauté possède une infinie variété de visages. N’oublions pas si vite que Streisand ou Hoffman furent des sex-symbols! Et surtout, cessons définitivement de nous imprégner des reflets de giclures dont nous aspergent les éponges du Grand Inquisiteur.
Bonjour Anne-Sophie SEBBAN,
Pour que l’on comprenne un peu mieux vos positions, pouvez-vous renseigner votre affiliation communautaire en bas de la page.
Car le tribalisme dont vous faites preuve est assez vomitif, je dois dire.
Les premières sociétés humaines s’organisaient autour d’un folklore, d’une mythologie, d’un art préhistorique ayant généralement pour base le culte stello-solaire païen. Tout animal tagué sur la paroi d’une caverne est un totem et ce totem zoomorphose une constellation polaire ou équinoxiale. Chacun des individus régi par le système «totem» se devra, en l’espèce, d’identifier son frère de clan d’un simple coup d’œil comme étant oui ou non de sa parentèle, autrement dit, descendant de l’ancêtre mythique auquel tous deux vouent le même culte. Quand la plupart des espèces animales se fient à leur odorat pour localiser un individu ayant franchi les frontières invisibles de leur territoire, l’homme recourt pour ce faire essentiellement à ses organes visuels. Mais sa capacité à percevoir en priorité chez ses congénères ce qui distingue les uns des autres finit par lui faire perdre de vue l’unité génomique, laquelle dépasse très largement la diversité ethnique de ses nations en phase de formation. Une habitude d’autant plus malheureuse que le développement de propriétés anatomiques (morphologie osseuse ou charnelle; pigmentation épidermique ou capillaire) ne s’est jamais accompli chez les descendants des premiers Homo sapiens au point d’opérer en eux une mutation à proprement parler. Si maintenant, les différences physiologiques sautent aux yeux d’un animal social que les guerres intertribales ont rendu conscient de sa précarité, il est dommageable que les ressemblances entre les êtres appartenant au genre humain aient été peu à peu occultées au profit de dissemblances, somme toute insignifiantes. Or, il suffit de balayer du regard les yeux d’un chimpanzé pour en induire la nature universelle de la tunique fibreuse des globes oculaires hominiens, avec leur sclérotique apparente, pour ne pas dire «voyante». La simple forme ou couleur des paupières ne devrait pas les détourner de l’unité de nature existant entre leurs double hélices asiatique, africaine ou européenne. Enfin, au-delà de l’unité du génome, ce qui différencie l’humanité des autres espèces réside évidemment au cœur de son appareil psychique, sans équivalent au sein du règne animal. Les exigences du vivre ensemble y convergent à travers les écosystèmes bien plus qu’elles n’y divergent. Les caractères aussi, et les personnalités qu’ils déterminent, correspondant à autant d’activités fondées sur les facultés multiples que l’homme dut développer afin de répondre aux besoins vitaux mis à l’épreuve d’un environnement naturel, pour partie hostile.
Si l’on examine de plus près les attitudes, expressions ou postures adoptées par les individus que rapprochent les taches qu’ils se répartissent par delà les différences culturelles qui les ont éloignés, la ressemblance entre ces citoyens des quatre coins du monde est absolument édifiante. Confrontons deux photographies : la première illustre un article paru en septembre 1962 dans le magazine Playboy, A candid conversation with the jazz world’s premier iconoclast, signé Alex Haley, où l’on voit Miles Davis en pleine séance d’enregistrement [1]; la seconde a été prise en décembre 1987 lors d’un concert de Chet Baker [2]. Les éléments de description qui vont suivre peuvent être appliqués indistinctement à ces deux géants de la musique. La courbure de la colonne vertébrale tracée au compas jusqu’à la saignée du genou. Le torse dilaté autour d’une colonne d’air plongeant son poing au milieu du diaphragme. La tête penchée en avant comme emportée par le son dans un sommeil profond. La fronçure des sourcils projetant une corne de licorne mentale dans l’axe de la branche d’embouchure. La lèvre supérieure gonflée comme une bouée sur laquelle vient s’appuyer le meneau d’un portail retenant le fronton douloureux et massif d’une cathédrale flottante; sa verticalité assurera l’équilibre des forces en jeu dès lors que la jonction des deux instruments (corps humain et trompette) l’aura soumise à des logiques contraires. Poursuivons l’expérience et voyons si la démonstration antiraciste résisterait à l’épreuve de l’analyse comparative. Une Médée au State Fair Music Hall de Dallas, le 6 novembre 1958 [3]. Une Elizabeth pour le ENO Concert 1985 [4]. La Callas. La Norman. La voix exorbitée. La voix jusqu’au bout des ongles. Mains en supination, mendiantes chez l’une, volantes chez l’autre. La crinière en arrière au ressaut du visage. Le souffle humain face au souffle divin. L’infanticide a gagné la moindre région des Destins chez cette Maria grecque, poussant son cri de Munch au fond du fleuve Sas, d’une volte-face à l’océan, syndrome du migrateur. Le Dich teure Halle de Tannhäuser vit son apothéose comme une Victoire de Samothrace qui viendrait juste de retrouver sa tête. Emplissant d’extase un pagne ancestral haute couture, Jessye, à neuf décades de vol, sans du reste lui demander son avis, sauvera la tête statuaire du fondateur zélé de la Gobineau-Vereinigung de sinistre mémoire, une tête restée de marbre devant le calvaire des siens. Maria-Jessye pourrait n’en faire qu’une bouchée. Au déchirement de l’air, on se croirait devant le spot de Goude pour la CX 25 GTI Turbo 2, où une Grace Jones géante ensablée jusqu’au cou avait dû passer entre les doigts de la fée Informatica avant que de sa mâchoire étirée en sortie de garage ne pût s’échapper la nouvelle Citroën, énorme fellatrice lancée à la vitesse d’une F1 sur la piste allongée élargie d’un désert chronocide que reproduit en boucle le brisement du sablier isiaque. Voici Hideo Itokawa, de son surnom «Docteur Fusée» [5]. L’homme est considéré comme le père de la science spatiale japonaise, inventeur de la fusée Crayon, fusée à propergol solide d’un diamètre d’1,8 cm pour 30 cm de long dont le premier tir eut lieu en août 1955. Une autre photo immortalise Richard Feynman, expert s’il en fut de la Commission Rogers puisque nous avons affaire à l’un des plus grands physiciens du XXe siècle, en train de réaliser une démonstration restée dans les annales de la NASA [6]. Où l’on peut voir Feynman plonger un échantillon de joint dans un verre d’eau glacée entraînant un défaut d’étanchéité responsable, à l’aube du 28 janvier 1986, de la mise en contact des réacteurs en feu de la navette spatiale Challenger avec le carburant d’un réservoir transformé en passoire. Là où l’homme du passé eût aussitôt enregistré la présence d’un homme jaune à côté d’un homme blanc, la confrontation des deux clichés fait moins apparaître les particularismes ethniques distincts des deux personnages que leurs traits de personnalité communs. Deux savants. Deux paires de lunettes. Deux objets que la main place au premier plan; ils méritent davantage d’attention qu’un visage dont l’expression trahit chez l’esprit qui l’anime sa parfaite indifférence pour le portrait collatéral que l’on va lui tirer. Deux sourires espiègles sous un regard perçant, émotions décalées si l’on considère, d’une part, ce qu’un crayon lancé vers la stratosphère allait pouvoir écrire de l’Histoire des Hommes et d’autre part, la mémoire des astronautes au nom desquels une commission présidentielle avait été désignée pour enquêter sur la désintégration en vol de Challenger, 73 secondes après son décollage. Deux têtes inclinées, absorbées par l’objet de leur expérience, alourdies par une nature à quoi elles ne sont pas totalement étrangères, elles dont l’immensité du savoir qu’elles contiennent comprend la conscience de ne point disposer de l’omniscience qui ferait arbitrairement de l’une ou l’autre le Dieu unique, seul Être capable d’observer tout ce qu’Il a créé d’en haut. Par exemple, une danse : Boléro, composé par Maurice Ravel, chorégraphié par Bronislava Nijinska, monté par Béjart, dansé par Jorge Donn [7]. Par exemple, un roi de la danse : Natarâjâ, l’une des formes de Shiva, Créateur de l’univers représenté une jambe fléchie, l’autre enjambant le monde créé sous la corolle des principes [8]. La torsion du torse qui penchant vers la droite, doit opérer un virage à angle droit si les forces qu’il suit souhaitent ne pas engloutir les forces contraires leur donnant vie, les bras comme les ailes d’un planeur cherchant à se rétablir, la cuisse gauche soulevée de sorte que la jambe qui la prolonge se replie et aille faire contrepoids à la jambe droite penchée sur son propre côté. Raghunath Manet ressemble à un arbre, sauf qu’un arbre tient debout grâce au racines qui s’enfoncent dans la terre à des profondeurs proportionnelles à la hauteur que ses branches ont atteinte. L’hindou de la pampa le prolonge et progresse. Aux flammes des pantalons orientaux, il substitue la matière noire constituant les assises de son propre univers, retire les clochettes à ses chevilles, les bracelets à ses poignets, le pectoral doré, puis poursuit le mouvement des ailes amorcé par Shiva jusqu’à ce qu’il ait positionné, dans l’axe de labour, le coutre de sa charrue céleste. Son corps n’est vertical qu’en apparence quand la verticalité des ailes induit son horizontalité. Un étirement risquant le déchirement. Une élévation au-dessus de ses moyens. Non-renoncement au dépassement de la finitude physique infligée à un être d’imagination. Au bout du bras levé de Manet, le poignet en pronation fléchit sans se casser et le bouquet de doigts retombe, rappel de sa propre nature à l’homme qui s’approchant du ciel, souhaiterait bien y monter. Chez Donn, le doigt de la même main au bout du même bras refuse de se soumettre. Il montre le Satan. Il met Dieu à l’index. Il se renverse vers le haut tel un Baptiste de Léonard étranger à la supination, Pan adamique inconscient de son sacrifice, résistant à l’offrande spectaculaire qu’il fut, est, sera. Blanka Vlašić avait douze ans au moment de l’Opération Tempête [9]. Brigetta Barrett en avait onze lorsque les tours jumelles s’effondrèrent en différé dans le poste de télé de sa classe [10]. Ante Gotovina s’en sortira mieux qu’Oussama Ben Laden, ceci explique probablement qu’on ait fait en sorte que le chef d’Al-Qaïda ne soit jamais traduit devant un Tribunal pénal (trop) international pour ne pas attribuer quelques amis au pire ennemi des uns ou des autres. Les supporters de la double championne du monde de saut en hauteur auront la liberté d’en tirer leurs propres conclusions quant à la notion de crime de guerre ou de crime contre l’humanité après que l’un de leurs compatriotes qui s’y était fait un nom, avec à son actif quatre ans de cavale, une arrestation, une incarcération, un procès, une condamnation à vingt-quatre ans de prison ferme, sera sorti de Scheveningen libre comme l’air de rien. Il n’y a pas plus nationaliste que le sport. Les équipes représentent leurs nations. Les compétitions sont des champs de bataille. Il n’y a pas plus internationaliste que le sport. Les athlètes son regroupés selon leurs disciplines respectives. On les reconnaît à leurs mensurations, leur musculature ou leur comportement à l’entraînement ou pendant l’épreuve davantage qu’à leur nationalité. Ils sont indifférents à leurs différences par delà ce qu’affirme la poutre apparemment vermoulue des séparatistes. Vlašić Barrett, Barrett Vlašić. On dirait une scène de L’Exorciste version longue, où Linda Blair dévale l’escalier à l’envers sur les mains et les pieds. Les sauteuses en hauteur sont des arachnides. Elles se sont choisies une spécialité contre-nature. Là où elles seraient à l’aise, c’est dans la chute libre, d’autant que l’objet même de leur zoanthropie possède un exosquelette lui permettant d’atterrir sans parachute depuis à peu près n’importe où dans l’atmosphère. Bon, OK. C’est là que l’on touche aux limites de l’anthropomorphisme. Un arachnide humain reste un humanoïde avant tout. À 2,03 m, il se raidit comme à 2,08 m. Au premier appui sur le sautoir, il revoit juin 2011, les Championnats des États-Unis d’Eugene et un saut d’1,95 m, à la prise d’impulsion, ce titre, remporté aux Universiades d’été de Shenzhen, 1,96 m, un centimètre de plus, au franchissement de la barre, les sélections olympiques, la première fois qu’il a dépassé la marque des 2 m en effaçant une barre à 2,01 m, et enfin, dans la chute, la barre tremble en rapetissant mais demeure là où elle a été mise jusqu’à la réception sur le dos dans le matelas bleu, Londres, maintenant, à l’instant même, deux centimètres au-dessus. L’ascension quasi imperceptible d’une projection de soi se mélangeant au monde à venir via l’avenir de ce monde. Trois coups. Rideau. Doña Maria de Neubourg, sous cette marque de noblesse avec sa particule se cache Rachida Brakni, reine d’Espagne [11]. La blonde Ysé, de son vrai nom Marina Hands, elle aussi démasquée [12]. Les personnages sont des Zorro sous le masque desquels se planque la vraie nature de l’homme. Elle dit ce qu’il se dit. Lui se dit ce qui le dit. La vraie nature de l’homme est d’être homme ou femme. La femme est partagée entre son mari, son amant, sa passion. Les Ciz, Amalric et Mesa de Claudel deviennent des Charles II, des Christ et des Ruys Blas vibrant sous la plume hugolienne. On n’entre pas dans les ordres en accédant au trône. Et si l’on doit laisser Dieu pénétrer dans son lit, la passion a besoin de l’imperfection pour naître dans la chair d’une icône de l’amour courtois. Je m’en tiens au préfaciès de 1948, où le frère de Camille remontait au Séfer Hoshéa :
«À cordes d’humain, je les tire, à torsades d’amour. (Hoshéa 11, 4)»
Son Mesa (Je), mû par l’intransigeance du juste, est revenu au monde d’en bas après qu’une fausse vocation monastique passée au crible de l’expérimentation lui était devenue horriblement audible. Mais c’est pour avoir subi en public l’épreuve d’un amour réellement destructeur qu’il sera reconduit vers Dieu, pour de bon cette fois. La femme n’est pas Dieu. On ne se retire pas de Dieu après Lui être rentré dedans. On ne perd pas cette sensation d’avoir été avec l’être qui a été avec soi, totalement, entièrement, uniment, comme cette double pensionnaire de la Comédie-Française, en scansion, en vers libres, envers ou contre, Brakni avec Ruf, Hands avec Ruf, l’enlaçant de dos ou l’embrassant de face, toute à lui parce que tout à lui. J’achève mon exposé par la confrontation peut-être la plus étonnante. Ici, deux chefs de guerre. Le premier après accomplissement de ses hauts faits, ceux du second encore à l’état de promesses. Tashunka Witko ou Cheval Fou, mieux connu dans la traduction anglaise de Crazy Horse [13]. Charles De Gaulle, en 1912, diplômé de l’École militaire de Saint-Cyr s’apprêtant à rejoindre le 33e régiment d’infanterie à Arras sous les ordres d’un certain colonel Pétain [14]. Mon Einstein me dit que «Dieu ne joue pas aux dés», mais revenons à ce qui nous occupe. Tenue d’apparat. La suspension sur le côté de la couronne de plume rappelle sans le lui raboter le visage du chef de guerre sioux. Une seule plume d’aigle enfoncée dans la chevelure serrée par deux nattes nouées l’une à l’autre et rabattues sur le pectoral. Le plumet des saint-cyriens chute comme une gerbe d’eau à la fontaine d’un képi que n’aurait pas désavoué Le Nôtre. Bras tombant à la verticale afin de protéger les flancs, avant-bras à 45 degrés convergeant sur les entrailles, le tout formant un bouclier en forme de blason que scellent une main posée sur l’autre, droite sur gauche pour le vainqueur de Little Big Horn, gauche sur droite pour le libérateur de Paris. Regard légèrement de côté, méfiance du guerrier. Tête haute sur une nuque élancée sans être raide. Hauteur dénuée d’arrogance. Conscience de toutes les morts desquelles on a réchappé pour l’un, lesquelles traversent l’esprit de l’autre. Conscience de tous les morts passés et à venir rendant grave et modeste, plus douloureuse tout de même chez celui des deux qui connut à Sand Creek le goût atroce d’un massacre que les prières directes au Grand Esprit ne parviendront jamais vraiment à effacer.
Ainsi donc, la notion singulière de genre serait bien inspirée de remplacer la notion plurielle de race appliquée à l’humain, laquelle est inadaptée à la réalité psychique et spirituelle que tout homme a en partage. Les êtres humains sont pourvus des mêmes potentialités, contrairement aux chiens par exemple, dont les races dénotent des aptitudes différenciatives. Un teckel plongé dès le plus jeune âge dans le fleuve Saint-Laurent au solstice hivernal ne se découvrira jamais des palmes de terre-neuve. Un Maasaï adopté à la naissance par un couple inuit deviendra un Inuit. Unité d’espèce et unité de genre, la République ne doit plus attendre avant de gommer le mot «race» à l’endroit même où ce dernier avait permis aux représentants du peuple de légaliser, au nom d’un racialisme théorique sans fondement scientifique, le crime contre l’humanité.
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[1] http://www.theoria.fr/imitation-improvisation-le-jazz-echappe-t-il-au-plagiat/
[2] http://www.jazzkeller.com/website_tech/gallery_images/chet_baker.htm
[3] http://www.curieuxdetrucs.com/article-maria-callas—medee-50159286.html
[4] http://www.youtube.com/watch?v=1-dnIc0bp88
[5] http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hideo_Itokawa-01.jpg
[6] http://www.fotuva.org/online/frameload.htm?/online/challenger.htm
[7] http://parladanse.blogspot.fr/2010/04/o-bolero-de-ravel-e-bejart-jorge-donn-e.html
[8] http://www.indereunion.net/actu/raghu/danse.htm
[9] http://newshopper.sulekha.com/blanka-vlasic_photo_798975.htm
[10] http://www.washingtonpost.com/blogs/london-2012-olympics/?attachment_id=12219
[11] http://algeriemonbeaupaysretrouve.olympe.in/comedie_francaise.htm
[12] http://pauledel.blog.lemonde.fr/2011/07/10/le-partage-de-midi/
[13] http://www.creatinghistory.com/crazy-horse/
[14] http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/actualite/politique/il-etait-une-fois-charles-de-gaulle_934962.html
Me SEBBAN j’aimerais savoir si Mr GUERLAIN est poursuivi pour ces propos sur les
nègres?
Bravo,
Cet article, d’une efficacité clinique, déconstruit un par un les arguments et mythes que « Dieudo » utilise pour son énième coup de communication. Si seulement son audience avait l’ouverture d’esprit pour entendre et considérer ce texte.
Bonjour,
Où pouvons-nous signer la pétition ?
Dieudonné veut pouvoir tenir ses propos racistes librement sans être envoyé tous les deux jours devant les tribunaux. Logique qu’il demande la disparition de la LICRA et de tout ceux qui d’une façon ou d’une autre viennent lui gâcher la fête dans son petit business.