Il est heureux que les plus hautes autorités de l’Etat aient tout de même fini par prendre la mesure du danger que représente le néo-nazi Dieudonné. Cela fait une dizaine d’années maintenant que celui-ci attise la haine contre les Juifs, faisant les délices de l’extrême droite traditionnelle – celle qui va du Front national jusqu’aux groupuscules les plus obscurs de l’ultra-droite la plus radicale -, racolant chez les jeunes, entraînant dans son sillage des hordes de frustrés incultes qui se prennent pour des rebelles. Internet aidant, des dizaines de milliers de nouveaux SA et SS virtuels parsèment dorénavant le territoire français. Le ministre de l’Intérieur et des élus locaux recherchent en ce moment les moyens juridiques d’interdire la tournée de meetings fascistes que le bateleur antisémite a prévu d’organiser dans les semaines qui viennent. Mais, comme toujours, les ennemis les plus fanatiques de la démocratie vont utiliser les lois et la latitude que celle-ci leur offre pour tenter de contrecarrer les mesures d’interdiction. Et ils risquent fort d’y parvenir, quitte à faire appel à la Cour européenne des droits de l’homme, celle que d’ordinaire ils conchient et qui pourrait cependant leur donner raison car rien ne dit qu’elle ne s’avère pas sensible aux hauts cris de celui qui se présente comme un «artiste» victime de la «censure».

Il serait certainement plus efficace pour faire respecter la loi d’envoyer systématiquement des officiers de police judiciaire à chacune des prestations publiques de Dieudonné afin de relever ses propos délictueux – antisémites, négationnistes, homophobes… – et de déclencher les poursuites qu’ils justifient. Un examen méthodique des vidéos qu’il met en ligne et des commentaires qui s’ensuivent sur les réseaux sociaux devraient également entraîner des procédures à l’initiative du parquet. Les services du ministère de la Justice ont suffisamment de spécialistes capables de relever les innombrables délits commis en public – sur scène ou sur les réseaux sociaux – par le patron du théâtre de la Main d’Or, ses acolytes ou ses fans.

Mais les légitimes sanctions judiciaires ne suffisent pas. Il est temps d’organiser une riposte massive contre l’ex-comique et le gang d’antisémites fous furieux qu’il a fédéré autour de lui, ce ramassis qui va des tueurs Fofana et Carlos aux gros bras skinheads, en passant par la galaxie des bruns-rouges. L’incitation à la haine antisémite ne concerne pas que les Juifs mais tous les républicains. C’est donc à toutes les forces qui se réclament des lois de la République de se coordonner pour dire solennellement d’une seule voix leur condamnation absolue de l’antisémitisme. Il revient aux plus hauts responsables de tous les partis et syndicats, aux autorités religieuses, aux intellectuels, aux vedettes du show business, aux comédiens, musiciens, cinéastes, humoristes, aux scientifiques et aux célébrités sportives, aux personnalités des diverses structures de la société civile… de se prononcer ensemble, et de la manière la plus claire qui soit, afin de dresser une sorte de cordon de sécurité moral enserrant les propagateurs de cette délirante passion criminelle. Ceux qui se placeront du côté du politicien et hommes d’affaires Dieudonné ne pourront dès lors plus feindre d’entendre autre chose que ce qu’il déverse à longueur de temps : un encouragement obsessionnel à s’en prendre aux Juifs.

Il faut que chacun sache dans ce pays que les appels au meurtre dissimulés entre les mots, les ricanements, les clins d’œil du patron de la secte anale de la quenelle ne sont plus acceptés. Assez de faux-fuyants, d’hésitations, de tactiques politiciennes. Assez de tergiversations métaphysiques à deux sous. Il est temps de faire souffler sur ce pays un grand vent d’air frais pour éliminer les vapeurs nauséeuses des nostalgiques de Hitler.

4 Commentaires

  1. Dieudonné M’bala M’bala inspire le dégoût, la honte, il cherche toujours l’opportunité de faire parler de lui pour le fric.

  2. Coupons court à la pol)ys)émique. Oui, Dieudonné M’bala M’bala n’est pas un politique. Son âme goebbelsienne ne s’est pas efficacement aggravée le destin, à l’image de son maître, dans les marbres d’un État. Au demeurant. Dès l’instant que l’immense Louis-Ferdinand Céline avait choisi, dès 1937, de murmurer à l’oreille de ses conationaux l’idée que sans un débranlement du nerf optique avant le bout de la suie, «Les 15 millions de juifs enculeront les 500 millions d’Aryens», la censure qui se serait abattue sur lui n’aurait pas menacé la liberté d’expression. Elle l’aurait préservée de lui. Un artiste nazi est d’abord un nazi. Certes, il n’est pas tout seul à s’être engagé. Sauf que la cause qu’il défend est indéfendable du point de vie de tous ceux qui s’engagent à ce que l’humanité ne tienne plus ses massacres pour une bagatelle.

  3. La question libertaire semble ces derniers jours se concentrer autour des intérêts de monsieur M’bala M’bala. Qui se soucie de la liberté des Juifs de continuer à vivre en un pays où ils ne risquent plus de croiser au coin de la rue un nazi de décembre trente-deux?
    Je partage totalement le point de vue de Madame la Garde des Sceaux quant au fait que la privation de liberté d’attenter à la vie d’autrui, en ce qui concerne le chef de la propagande du PNF (Parti néonazi français en phase de gestation), sera loin de suffire si celle-ci se cantonne à des applications dans le réel. Le fait que l’ami Rost persiste à penser tout haut que son dieu vendu est le plus drôle des humoristes de sa génération, outre ce qu’il indique de la situation désespérée où il se piège lui-même, incite le segment de population qu’il est dit représenter à reprendre les slogans moqueurs du temps de Le Pen père, quand ce dernier des derniers savait aussi s’esclaffer dans le fauteuil de l’accusé au Tribunal des flagrants délires où le procureur de la République Desproges française et l’avocat le plus bas d’Inter, tout ironiques qu’ils fussent, paraissaient partager avec leur cible un même sens de l’humour. En terme de situationnisme, le faux-semblant est autrement plus grave qu’il n’y paraît. Les hébergeurs internautiques de l’inverti bouffeur de vagins qu’il greffe entre les jambes de ses ennemis doivent bien comprendre que le guru de la secte j-aurais-voulu-être-juif.com ne fait pas dans le porno. Que l’orientation sexuelle de ses clients n’est pas en question. Qu’il s’agit dans son cas d’une entreprise macabre, où l’incitation au suicide collectif ne nous laisse pas le temps d’attendre le dernier acte de son tragique spectacle, fût-il comique. En attendant, je ne vois qu’une explication à la polémique engendrée par la décision gouvernementale d’interdire que des lieux de culture soient confiés à un fils naturel de Goebbels… La peur.