Dans quelques semaines, la représentation nationale devrait voter en faveur de l’accès au mariage et à l’adoption de tous les couples.

Cette mesure de justice et d’égalité qui constituait l’engagement 31 du programme présidentiel de François Hollande est de toute évidence un progrès pour l’ensemble de notre société.

Comment notre République, qui a gravé au fronton de ses mairies et de ses écoles les mots « liberté, égalité et fraternité », pourrait-elle plus longtemps considérer une partie de ses enfants comme des citoyens de seconde zone ?

Nous devrions être unanimes pour considérer que les discriminations légales n’ont que trop duré dans notre pays. Nous devrions être unanimes pour penser que toutes les familles, qu’elles soient classiques, recomposées, monoparentales ou homoparentales doivent être respectées.

Pourtant, alors que l’on aurait pu penser que la droite avait tiré quelques leçons de l’attitude outrancière et homophobe d’une partie de ses membres lors du vote du Pacte Civil de Solidarité il y a de cela treize ans, voilà que l’on assiste de nouveau à un déluge d’injures, d’amalgames et de stéréotypes de la part de représentants plus ou moins éminents de l’opposition.

Il ne s’agit pas d’assimiler toutes celles et ceux qui s’opposent à ce projet de loi à des homophobes ou des extrémistes. En revanche, il est logique que celles et ceux qui appellent à manifester contre l’ouverture de nouvelles libertés et de nouveaux droits prennent leurs responsabilités.

En tout premier lieu, les représentants politiques. Aucun d’entre eux n’ignore qu’encore aujourd’hui un suicide sur trois chez les adolescents est causé par un vécu difficile de l’homosexualité. L’indulgence coupable de certains assimilant cette forme d’amour à la polygamie, l’inceste ou à la zoophilie n’est tout simplement pas acceptable.

De la même manière, il n’est pas illégitime que des représentants religieux – habituellement si divisés mais ici presque unanimes pour pourfendre le projet du gouvernement – apportent leur point de vue sur une question de société majeure dont l’ambition est de permettre à chacun de pouvoir construire une famille. Mais la multiplication des interventions médiatiques sur ce sujet par des ecclésiastiques finit par donner l’image de figures religieuses voulant imposer leurs positions politiques à notre république laïque. Sans compter qu’un très grand nombre de croyants se sentent aujourd’hui blessés dans leur foi tant ils ne se reconnaissent pas dans la vision étriquée défendue par ceux qui semblent avoir oublié notre si fondamentale loi de séparation entre l’Eglise et l’Etat.

Personne, contrairement à ce que répète en boucle une partie de la droite, n’est opposé à ce qu’un débat se tienne. Notre pays n’a d’ailleurs jamais autant débattu de cette question qui s’invite à l’Assemblée nationale, dans les mairies, sur tous les plateaux télévisés mais aussi dans les dîners de famille, les entreprises ou les lycées.

Mais ce débat, s’il doit se faire dans la clarté des positions, ne peut être une invitation à un déversement de paroles haineuses et excluantes. Il doit se faire dans  la raison et dans le respect de chacun. De toute évidence, les opposants au projet de loi n’en ont pas pris le chemin. Il n’est pas trop tard pour tirer la sonnette d’alarme et  il est toujours temps de rappeler que notre pays n’a rien à perdre à tenir ses promesses d’égalité entre tous ses citoyens.

8 Commentaires

  1. Permettez-moi de reprendre votre article point par point.
    Pourquoi cette mesure serait-elle « une mesure de justice et d’égalité » ? En France, depuis la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » L’égalité s’applique entre les individus et non entre les couples. Refuser l’accès au mariage aux personnes homosexuelles n’est donc pas en contradiction avec la défense de l’égalité. Du coup, puisqu’il n’y a pas d’inégalité, il n’y a pas d’injustice et cette mesure ne peut pas prétendre être une mesure de justice.
    Pourquoi serait-ce « de toute évidence un progrès pour notre société » ? Si c’était si évident, on n’aurait pas 40% (et jusqu’à 52% si on tient compte de l’adoption par des couples de même sexe) de la population opposée à ce projet. En quoi s’agit-il d’un progrès ? Ce serait certes innovant d’inventer et d’appliquer l’égalité pour les couples (et non plus les individus), mais serait-ce souhaitable pour la société ? La cellule élémentaire de notre société, c’est la famille. C’est dans la famille que les enfants apprennent en premier lieu à vivre en société. Le mariage implique les enfants, là dessus tout le monde est d’accord puisque ceux qui sont pour ce projet de loi souhaitent aussi l’ouverture de l’adoption à des couples de même sexe. La question est donc: quelle société voulons-nous ? L’enfant n’est pas un dû pour un couple qui ne peut pas en avoir, il n’y a pas de droit à l’enfant. En revanche, on doit protéger l’intérêt premier de l’enfant. Bien sûr, des médias nous le rappelle sans cesse, un enfant peut aussi bien s’épanouir éduqué par deux personnes de même sexe que par un couple hétérosexuel. Mais il souffrira toujours de cette inconnue: son origine. Les enfants adoptés peuvent témoigner de cette douleur psychique de ne pas savoir d’où ils viennent. Est-ce cela que nous voulons pour notre société ? Voulons-nous favoriser ces souffrances ? Oui l’adoption existe, mais elle n’est pas pour répondre aux attentes des parents, elle est d’abord là pour répondre aux besoins des enfants d’avoir une famille. Ce projet de loi modifierai en profondeur le sens de l’adoption.
    On peut aussi remettre en cause l’idée de faire tomber les repères ancestraux qui sont les piliers de notre société. Ce désir de renouveler la société n’est pas mauvais en soi, seulement il me semble préférable de ne pas l’ébranler alors que l’unité de celle-ci n’est pas évidente. Les occidentaux, en voulant tout tolérer, ne se retrouvent plus dans des valeurs communes (comme le mariage qui est l’union d’un futur père et d’une future mère qui auront des enfants: c’est le sens du livret de famille remis à la fin de la cérémonie devant Monsieur le Maire). Ainsi, ne se retrouvant plus dans des valeurs communes, les occidentaux se replient chacun sur soi: on appelle cela l’individualisme. Est-ce ce que nous voulons pour notre société ? Oui nous avons raison de vouloir renouveler notre société, mais attaquons-nous d’abord à ce qui est prioritaire. Unissons-nous dans des défis politiques majeurs comme la restauration d’une politique économique du long terme, la sauvegarde de notre système de santé, la confiance des jeunes en l’avenir, le renoncement à l’individualisme, etc… (Ce n’est pas le sujet ici).
    En quoi refuser le mariage aux couple de même sexe serait « considérer une partie [des enfants de la république] comme des citoyens de seconde zone » ? Nous l’avons expliqué, le mariage c’est pour les enfants (sinon le pacs suffit) or ce n’est pas dans l’intérêt des enfants d’être adopté pour un prétendu droit à l’enfant. On pourrait ajouter que sur les 2000 enfants adoptés chaque année en France, 1000 viennent de l’étranger et que ces derniers n’auraient plus la chance de pouvoir venir si la France ouvrait l’adoption aux personnes de même sexe. De nombreux pays l’ont déjà annoncé. Refuser le mariage aux couples de même sexe, c’est reconnaître une différence de nature intrinsèque entre une union homosexuelle et une union hétérosexuelle. C’est respecter l’élément fondamental de notre société qu’est la famille. C’est protéger notre société d’une nouvelle secousse. Depuis cinquante ans des repères tombent régulièrement et depuis cinquante ans le malaise sociétal se fait de plus en plus ressentir. Nous perdons l’unité de notre nation. Alors, que proposer aux couples homosexuels ? Aujourd’hui le pacs existe. Mais il est préférable pour la société que le mariage reste ce qu’il est. Un arbre croît vers le ciel mais si ses racines sont coupées, il tombe. Au contraire, en donnant de l’engrais aux racines, la croissance est plus belle: retrouvons le vrai sens de notre héritage et nous participerons mieux au progrès de la société. Ne tournons pas la page de notre civilisation, elle promet sûrement encore de beaux fruits insoupçonnés.
    En France, il n’y a pas de « discrimination légale » pour la simple et bonne raison qu’une loi ne peut pas être votée si elle est anticonstitutionnelle et que la constitution condamne toute forme de discrimination. Refuser ce « mariage pour tous », c’est en conscience et pour le bien de la société. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas imaginer un PACS amélioré en mairie, mais sans livret de famille. C’est respecter le sens de la nature que de dire qu’une famille se construit dans l’altérité et la complémentarité des deux sexes. Considérer une différence (entre des couples) qui existe de toute évidence n’est pas discriminer des personnes. Le respect des personnes homosexuelle existe bel et bien.
    Vous parler du vécu difficile de l’homosexualité et vous avez raison. Ceci est la conséquence d’une homophobie latente chez les jeunes qui ont beaucoup de mal à ne pas regarder de biais quelqu’un qui appartient à une minorité. L’homophobie est à combattre et là-dessus, il n’y a pas débat.
    Parler de « polygamie, [d]’inceste ou [de] zoophilie n’est tout simplement pas acceptable »… car ce n’est pas compris. Les gens qui parlent de cela expriment leur inquiétude d’une façon exagérée quant à la perte des repères de notre société. Le mariage(hétérosexuel), la condamnation de l’inceste, de la zoophilie, etc. sont des repères fondamentaux de notre société. Si l’un tombe, pourquoi les autres ne tomberaient-ils pas ? Voilà le raisonnement de ceux qui brandissent ces mots comme des panneaux de danger. Il s’agit de passer outre-Rhin pour se rendre compte que tout n’est plus si évident, d’où certaines inquiétudes. Par exemple, une proposition de loi est en préparation en Allemagne pour condamner la zoophilie. C’est très bien sauf que le seul argument invoqué, c’est que la zoophilie est contre nature pour l’animal qui la subit ! Et pour l’homme, n’est-ce pas contre nature aussi ? Et n’est-ce pas tout simplement opposé à la dignité de l’homme ? Le relativisme remet en cause de belle valeurs de notre civilisation; quand certaines tombent, on peut légitimement s’inquiéter pour les autres… et donc pour notre société.
    Vous parlez d' »une question de société majeure dont l’ambition est de permettre à chacun de pouvoir construire une famille ». En France, rien n’interdit à quiconque le mariage pour fonder une famille. Mais si une personne a de l’attirance pour une personne de même sexe, elle doit comprendre que ce n’est pas compatible avec l’idée de fonder une famille. Ça peut être une souffrance pour cette personne mais la loi n’a pas vocation à répondre à des intérêts privés, elle doit d’abord favoriser le bien commun. on pourrait penser qu’en répondant à des intérêts privés ça ne changerait pas grand chose. Mais ce serait trahir la démocratie qui n’a pas vocation à servir une somme d’intérêts privés mais bien le bien commun. On retombe dans le problème évoqué précédemment de l’individualisme quand chacun a dans les textes législatifs la loi qui lui va. On ne peut pas faire de la politique à partir de cas particuliers.
    Oui les autorités religieuses ont le droit d’avoir des convictions politiques et de les partager tant qu’elles n’emploient pas d’arguments d’ordre religieux face à un public qui ne l’est pas. Pour le moment, elles sont donc restées à leur place. Il n’y a pas de « vision étriquée défendue par ceux qui semblent avoir oublié notre si fondamentale loi de séparation entre l’Eglise et l’Etat ». La religion – du latin re-ligio: relier, relier les hommes à Dieu et les hommes entre eux – ne peut pas être qu’une affaire privée (relier les hommes à Dieu), elle est aussi nécessairement publique (relier les hommes entre eux). Ceci n’est plus accepté aujourd’hui car c’est souvent mal compris. Il peut tout à fait y avoir quelque chose de public sans aucun lien avec l’Etat. Quand une procession religieuse a lieu dans les rues d’une ville, ça ne pose aucun souci; c’est bien que la religion a sa place dans l’espace public. En aucun cas les autorités religieuses sont à considérer comme un contre-pouvoir. La laïcité est donc bien respectée même quand des représentants religieux prennent la parole dans un débat public. Ce serait la meilleure que des représentants d’une religion feraient mieux de se taire sous prétextes que des croyants de leurs religions ne se retrouvent pas dans leur propos ! Ces croyants sont libres de suivre ou non leurs autorités religieuses ! Il y a très peu de sujets politiques sur lesquelles les autorités religieuses sont aussi braquées mais quand c’est le cas, c’est qu’elles ont sûrement de bonnes raisons a fortiori pour quelqu’un qui est croyant.
    Merci de rappeler que le débat « doit se faire dans la raison et dans le respect de chacun ». J’ai trouvé dans votre article un ton calme et posé, des arguments bien présentés et c’est pourquoi je prends plaisir à débattre avec vous. Mais vous ajoutez: « De toute évidence, les opposants au projet de loi n’en ont pas pris le chemin. » Non, tout n’est pas si évident ! Et puis je lis aussi des articles défendant la même thèse que vous pleins de hargne.
    Merci de bien vouloir réagir à ce long commentaire,
    Cordialement,
    François.

  2. Que personne n’exclue personne, c’est juste tout ce que j’essayai de dire. Et puis, un autre concept de Freud, central, que ceux qui se réfèrent à Freud ne doivent pas occulter, et dont, était-ce révélateur? j’oubliai de parler. Non, en fait, je crois n’avoir parlé que de cela, mais j’en omis le mot : le déni. La religion : je ne pense pas qu’il soit juste de nous y référer quand cela nous arrange et de la déférer devant un McKeon sitôt qu’elle nous dérange. Sa Loi n’est pas la nôtre, elle n’est pas non plus celle du Noûs, mais il y a sans doute une manière de s’y prendre qui permettrait de conjuguer les acquis de Coppens et de Rrose Sélavy avec une étincelle encore capable de nous faire croire à quelque chose de divin… Mélange improbable, parfois énervant. Très énervant! Trait innervant la chair flasque d’une mémoire exténuée. Il suffit d’un homme pour que n’aille pas se perdre la mémoire des hommes. J’ai bien dit «des». Émettre. Transmettre. Je n’aurai pas besoin d’avoir fabriqué l’homme que j’ai à élever. Lui, par contre, a forcément dû l’être. Et son élévation procède de sa conscience. Et la conscience commence par la conscience de soi. Être. Ici, c’est une trace. Un point. Depuis un autre point. Un point, c’est tout.

  3. Je commence à comprendre le mépris et la méfiance que le fondateur de la Ve République éprouvait envers la République des partis. On ne se met pas au niveau de ceux qui nous traînent dans la boue. S’il existe encore des esprits abrutis d’invertisme, ce n’est pas une raison pour jeter par la fenêtre l’opprobre qui leur est dû sur un Jospin qui passe. Oui, les homos sont aussi normaux que les hétéros de ce fait qu’une orientation sexuelle en vaut bien une autre, et que nul Homo sapiens n’est épargné par l’empire des tabous. Mais non, il n’y a pas d’égalité entre l’hétérosexualité et l’homosexualité quant au principe de procréation. Et si, il y a bien une remise en cause des structures de la filiation par quelques adeptes des gender studies dont un Ministre délégué à la famille tourna tellement autour du pot aux choux qu’il serait malhonnête de taxer d’illettrisme ceux qui en soulignèrent l’illisibilité. Le mariage pour tous nous concerne tous. Il a quitté depuis longtemps la noble région des nobles causes visant aux réparations des préjudices moraux d’une discrimination. Aussi incontestable que soit le droit de l’homme à l’homoparentalité, je ne contesterai pas le fait que les parents biologiques méritent que leur identité de père et mère ne soit pas effacée de la conscience familiale et sociale d’une civilisation. Préservez cela, et vous convaincrez j’en suis sûr une bonne part de l’opposition, suffisante en tout cas pour faire passer une loi essentielle à l’évolution de notre humanité sublime de s’être sublimée! Le terrorisme pue sous toutes ses formes, sa forme intellectuelle confine à la nausée. C’est pourquoi je n’userai pas du chantage au suicide. Chaque famille porte en elle son lot de traumata. Le bâtard, à ce titre, n’a rien à envier au pédé ou à la gouine en terme de stigmatisation mortifère et d’autodénigrement mortel. Je me battrai encore pour que l’émeute de chattes puisse lever le voile sur les relations incestueuses qu’entretiennent les pouvoirs politiques et religieux de la Très Sainte Russie. Mais je demande en retour à mes sœurs maltraitées qu’elles veillent à éviter la chambre sourde du complexe de supériorité comme seule issue à la chambre de torture où un complexe d’infériorité menace de se faire le complice des bafoueurs de leurs droits les plus fondamentaux. On ne gagne rien à être plein de soi-même. Et la généalogie est l’un des instruments les plus puissants auxquels ait eu recours le principe de transmission, principe de base d’une civilisation où l’homme se voit interdire l’accès au précipice de l’autodéification qui le guette à chacun de ses pas.

  4. Que signifie  » Le mariage pour tous »? Depuis quand, le mariage n’est-il plus accessible à tous ? Se fait marier (et non pas se marie) toute personne majeure se présentant devant l’officier d’état-civil, déclinant son identité en bonne et due forme et apte à répondre aux questions : Voulez-vous (ou acceptez-vous) de prendre pour époux (ou mari) Monsieur X et acceptez-vous de prendre pour épouse (ou femme) Mlle X,… et ainsi de suite….Hors ces conditions incontournables, parler de « Mariage » sans MARIé ni MARIée, n’a aucun sens.
    Avis aux candidats, trouvez-vous donc UNE ou UN partenaire et passez devant le ou la maire pour le meilleur comme pour le pire.
    Bonne chance à tous.

  5. J’en appelle à l’esprit de responsabilité individuelle dont la droite n’a jamais détenu le monopole. Ma proposition concernera directement le premier flic de France. Il disposera comme il voudra.
    Le duel des prétendants augure d’un clash autrement plus flingueur, entre les soupirants glaciaux de Pénélope et ce mendiant pour lequel passe le roi de tout Ithaque. Jospin répondait récemment à une question sur le mariage pour tous. Tandis qu’il essayait de nuancer son approche du sujet où la dessexuation des identités parentales 1 et 2 risquait de brouiller la spécificité d’une parité principielle à laquelle il restait attaché, l’ancien Premier ministre fut animé du réflexe anachronique de faire une mise au point, arguant que son positionnement n’était pas celui des opposants au mariage gay. Le metteur à la question : «Ça revient au même.» La phrase qui tue. La phrase qui vous bolossifie en moins de deux. La phrase qui vous maintient à portée du con. L’antizappeuse absolue. En sommes-nous là? Face à l’annonce stérile d’une manifestation nationale contre le mariage des homosexuels, faut-il vraiment suivre le degré d’inclination des scieurs de platanes bourgeois et autres incendiaires du Louvre à la papa?
    Je soutiens l’actionnisme de ce chien de Kulik et de ses chattes zoophrènes. Mais en grouchiste radical, je le fais en dansant sur un pied. Les Francs pour la plupart sont pour l’extension du mariage civil aux personnes de même sexe. Ce qui les retiendrait d’être totalement pour, c’est la question de l’adoption et au-delà, de la filiation. Là-dessus, je remonte contre le courant, je veux dire, vers la source. Quand je reconnais non seulement la légitimité mais la réalité incontestable de l’homoparentalité, je ne voue pas un amour inconditionnel au galvaudage de la monogamie. Je m’explique. Je ne viens pas de la DDASS, mais il me semble que n’importe quel orphelin aurait vécu comme une bénédiction de recevoir à la jointure de l’Orient et de l’Occident un aller simple pour l’Empyrée d’Alexandre et Héphaestion, comme une malédiction de glisser à deux pas de n’importe où au fond du trou de conscience de Josef Friztl. Ma réticence vient d’une autre région de la problématique familiale, et je rejoins par là la position d’Agacinski. Tout être humain doit pouvoir se construire dans une confrontation avec la dualité homme/femme de laquelle et sa réalité et sa virtualité procèdent. Le mariage est une institution qui affirme cela en cela qu’il l’incarne. Ce n’est donc pas l’adoption accordée à tout couple qui me choque, et j’aimerais croire que la demande d’égalité des droits devant l’institution civile du mariage ne vise que cela, sauf que pour un grand nombre d’exaspérés, elle vise le remplacement de la combinaison naturelle qui doit préseoir à la reproduction sexuelle. Il est bien normal de prétendre à la normalité lorsque l’on est Homo sapiens et que tout ce qui nous est propre sort du champ physique pur. Enfin, à peu près tout. Car la part bêtement animale de ce monstre de sagesse, c’est le champ physique pur. Et en deçà de sa téléologie, de son tout-vers-l’amour, la mécanique de procréation est ce qu’elle est et le restera, qu’elle soit médicalement assistée ou non. L’enfant d’un couple de deux hommes a une mère. L’enfant d’un couple de deux femmes a un père. Or une part non négligeable des couples homosexuels avance dans ce déni où plutôt que rendre chair audit fantôme, on préfère en démonter rationnellement le concept. De peur, sans doute, que le donneur de sperme ou la mère porteuse ne reviennent au beau milieu du petit déjeuner gratter à la fenêtre au travers de laquelle nous pouvons tous voir grandir leur merveilleuse progéniture, et que, une fois la glace brisée, ils n’occupent une place imposante au sein d’une famille dont l’un des deux parents s’est trouvé dépourvu de tout lien génétique avec celui ou celle qu’il a élevé(e). Vous me direz que ce déni peut tout aussi bien émaner d’un parent hétérosexuel adoptif, et l’expérience nous a prouvé que le mensonge y était en l’espèce relativement dévastateur. Sauf qu’à une époque où l’on observe des velléités à se reproduire sous forme clonique, on ne peut pas écarter l’éventualité d’un glissement progressif vers la remise en cause de la prévalence hétérosexuelle pour la perpétuation du genre humain. La théorie du genre nous en donne un avant-goût tant elle est prête à voir la femme ou l’homme en soi là où ils n’ont jamais été que dans le désir de les être ou les avoir en soi.
    L’obscénité post-moderniste consiste à exhiber sur la place publique les attributs névrotiques de la contre-élite, sans complexe, ou du moins comme s’il n’en pleuvait pas des cordes pour se pendre. On a souvent évoqué le principe de double langage depuis le 11 septembre, il faudrait réfléchir sur cette tendance à la demi-lecture, devenue assez tendance dans l’estomac herbivore de la sociologie du post-XXe siècle auquel l’absence de rumination des carnivores qui y stockent leurs morceaux d’événements cause à présent d’insolubles troubles de la digestion. Là, on est sûr d’avoir tout-lu-Freud, et l’on se jette dans les théories les plus antifreudiennes, du genre théorie du genre, où Butler, après avoir pris conscience de l’instabilité des identités genrées chez un être phychique dont le sexe biologique ne déterminerait pas davantage que les mensurations ou la couleur des cheveux l’identité sexuelle, en arrive à refuser tout substrat sexué à la psyché en travail, et de fil en aiguille, une fois que le seul environnement socio-culturel a conservé une influence sur la sexualité d’un être auquel son propre corps ne représenterait rien de plus qu’un degré d’absorption de la matière informe, ni l’appareil génital bipède de l’homme ni l’appareil génital quadrupède de la femme ne doivent compter aux yeux du polymorphe craignant qu’un homme de Cromagnon n’en tire des conclusions avantageant son sexe, et l’on décide que génotype et phénotype sont deux mondes séparés, tirant de cela que deux sexes peuvent coexister en une seule et même personne sans entraîner au-delà de mutation externe. En somme, un être humain pourrait se voir doter par la nature d’un sexe biologique mâle et d’un sexe chromosomique femelle, – on voit de quelle façon procède l’esprit du demi-lecteur, alors que substituant au phénome le terme de «chromosome», il va s’octroyer une théorie scientifique voulant expliquer par la preuve, au lieu de l’interprétation, l’orientation sexuelle, non plus au moyen d’un cheminement psychanalytique, mais par une sorte de processus pseudo-animiste où l’esprit d’une femme aurait en quelque sorte pris possession du corps d’un homme, elle étant morte biologiquement, lui étant mort chromosomiquement, elle mettant au service de sesdites pulsions naturelles son corps à lui, qui n’aurait jamais dû être sien, lui se comportant tel qu’en décideraient ses pulsions à elle, qu’il n’était pas censé contenir. Or ces pulsions natives de l’orientation sexuelle d’un être humain dont les gonosomes X et Y lui ont attribué un sexe mâle sont par définition sorties du champ naturel pour se plonger dans l’océan psychique des motions de transfert. Il en devient aporétique, et irrespectueux à l’endroit des uns et des autres, d’appliquer aux homosexuels des schèmes appartenant au monde hermaphrodite. Même les mèmes de Dawkins vous le diront, chez Homo tout procède par identification. Odon préfère les garçons et Odile ne les aime qu’aux moustaches rousses. Eh bien, l’attirance d’Odile bien qu’hétérosexuelle ne l’éloigne pas moins que ne peut le faire l’orientation homosexuelle d’Odon de l’attraction purement hormonale qui rapprochera les bêtes sauvages au prochain rut. Toute orientation sexuelle chez l’être humain est une désorientation, ou pour mieux dire, une réorientation de ses pulsions naturelles vers des objets cotransfériels de ses premiers objets de désir, dont la satisfaction qu’il en tirerait de force, – le plaisir que prendrait Odile à s’engouffrer sous le duvet labial d’Odon, son tout jeune frère, – briserait l’ensemble des tabous destinés à maintenir debout toute civilisation. L’autoroute des transferts, loin d’abolir l’empire de la nature sur les êtres de désir qui en fuient les objets défendus, en induit l’agaçante et néanmoins pérenne mécanique du levier. On vient de se rendre compte qu’on était dans le rêve d’un homme. Il y a un homme qui rêve. On peut évidemment s’attarder sur le rêve. Et puis, essayer de s’asseoir, un court moment, au chevet du rêveur. Freud avait souligné le caractère immesurable du polymorphisme que ne manquent pas de revêtir les notions d’altérité et d’ambivalence chez l’être sexuel, mais il en surligna la consubstantialité d’une autre notion : la névrose. Et du moment où l’on choisit de s’engager sur la voie de la perlaboration, c’est sans l’ombre d’un doute que l’on ne néglige pas l’intérêt que constituerait la récupération de cette identité mortifère, invivable, primale et néanmoins primordiale de laquelle on réchappe.
    Je suis pour que les transsexuels puissent accéder aux droits des homosexuels, et les homosexuels aux droits des hétérosexuels. Ensuite. Un transsexuel n’est pas une femme car une femme n’est pas un transsexuel. Vous pouvez substituer «homme» à «femme» dans la phrase précédente; là, c’est possible. Un transsexuel est un transsexuel, mâle pourvu d’un vagin modelé au bistouri ou femelle prolongée d’une greffe de pénis, femme disposant d’une glotte et d’arcades sourcilières proéminentes ou homme à la poitrine coupée, au bassin large et à la nuque oblongue. Il s’agit donc de troisième et quatrième sexes dont la singularité est trop passionnante pour se laisser ontologiquement réduire. Je propose donc que soit conservée la racine du genre biologique dans l’identifiant du genre adoptif, et que dorénavant le transsexuel masculin soit qualifié de «fomme» tandis que le transsexuel féminin revêtira la nature d’une «hemme».
    Non qu’il faille réprimer toutes les perversions, je dis que tout est perversion chez l’homme générique, chaque civilisation choisissant de répartir les tabous selon comme ces derniers se sont imposés à elle au cours de son évolution. L’inceste, par exemple, continuera d’être proscrit là où l’homosexualité entre adultes consentants aura été tabou jusqu’à ce que l’on comprenne chez Michel-Ange ou chez Proust, que non seulement cette forme d’union sexuée ne remettait pas en cause la stabilité sociale mais qu’elle pouvait à l’occasion se faire le véhicule de l’amour le plus pur et d’un discernement introspectif inégalé. En outre, lequel de mes réplicateurs a décidé que l’activité procédait de la masculinité quand la passivité découlerait, elle, de la féminité? Quand Beauvoir dit que «La passivité qui caractérisera essentiellement la femme féminine est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais» qu’«il est faux de prétendre que c’est là une donnée biologique;» qu’«en vérité, c’est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société», elle ne dit pas : «La féminité qui caractérisera essentiellement la femme passive est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c’est là une donnée biologique; en vérité, c’est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société.» Un homme passif n’est pas un homme féminin, c’est un individu passif. Une femme active n’hérite pas davantage des qualités viriles de son géniteur, mais d’une capacité d’action. Idem pour la lionne. Idem pour l’opossum. On pourrait même aller jusqu’à se demander si les homosexuels ne renforcent pas leur identité biologique en écartant de leur champ d’identification le sexe opposé. Car un homme et une femme lorsque le coup d’épilepsie synchrone les fait se (gains)barrer au ciel n° 7, se transforment chacun en miroir de l’autre, lui se voyant sous les traits d’elle, et réciproquement, et inversement, et infiniment.
    Alors, oui au mariage pour tous, non à la théorie du genre. Et si le premier n’est pas foutu d’extirper la seconde de son fantasme d’organisme, qu’il aille rejoindre le Petit Inquisiteur au royaume des aveugles! La haine, de la cave au comble, est mauvaise conseillère. Arrête ton char, Dassault! Tu confonds la palestre pédotribale avec l’orientation sexuelle entre adultes majeurs et vaccinés. On a tendance à simplifier les problèmes dont on nous demande de patienter jusqu’à ce que les ânes en aient saisi la saveur du complexe. Je pense que l’on gagne toujours à opposer aux brutes inaccessibles à leurs nuances un art consommé de la nuance. Là, au lieu de se réduire l’humanité, au lieu d’égaliser la frange de ses atours insoupçonnés, qu’on l’augmente, qu’on l’étoffe, qu’on lui offre de l’exactitude! Au lieu de gommer le partage de l’Homme en deux sexes au profit d’une domination parasexuelle du Yin et du Yang, j’opte pour la jonction du modèle homoparental au modèle hétéroparental, eux aussi étant deux. L’Histoire des civilisations nous prouve que l’hétéroparentalité est une option parmi d’autres types de société. Souvenez-vous de Lesbos… Une chose qui ne varie pas en revanche, c’est l’hétérosexualité de la procréation, et ce qui n’est pas une mince affaire, de la perpétuation de l’espèce humaine. La substitution d’une paire de parents nominalement asexués aux deux piliers de la monogamie, ce dans une perspective d’extension naturelle de la norme sexuelle, cherche à uniformiser là où il faudrait suivre la diversité de la sexualité. En outre, elle nie le substrat biologique ayant présidé indistinctement à la conception de l’enfant des couples apte et inapte à la procréation. Afin de remédier à ce manquement ontologique, je propose que la famille homoparentale soit, a priori du genre évolutif qu’elle se donne, considérée comme une famille recomposée. Où le donneur de sperme possède le statut d’un ex-mari et la mère porteuse, celui d’une ex-femme, en d’autres termes, les statuts irréductibles de père et mère biologiques. Chaque enfant, quelle que soit la forme de famille à laquelle il survient, possède le droit fondamental de connaître l’identité de ceux auxquels il doit la vie. C’est aussi cela, l’égalité des droits. Je proposerai donc un état civil spécifique pourvu de deux actes simultanés, un acte de naissance où figurent les parents biologiques, un acte de reconnaissance où figurent l’homoparent adoptif à côté de l’homoparent biologique.
    Je ne suis pas un inconditionnel du mariage. Mes conditions sont situées en deçà de tout clivage idéologique et je n’ai pas pour habitude d’enjamber le bastingage de mon cargo de bruit, ni à tribord ni à bâbord.
    Le droitisme se raidit au contact du gauchisme, et réciproquement. Marionnettes à têtes dures, chacune suspendue à l’autre, ces deux bouts de bois s’assomment à proportion des nœuds gordiens auxquels ce qui les anime les arrime.
    Je les laisse surnager vers l’aval. Totalement mobiles. Totalement inertes.

    • L’idée selon laquelle une dose de sperme, contrairement à une femme qui accoucherait sous X, ne ferait pas partie de la vie de l’enfant conçu par IAD (insémination artificielle avec donneur) est une idée indigne. J’ai pris connaissance des arguments du professeur Bujau, président de la fédération des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humains (CECOS), et je reconnais que l’entrée d’un donneur-tiers à l’intérieur d’une famille nucléaire peut faire l’objet d’une instrumentalisation de la part de l’enfant qui chercherait à disqualifier l’autorité de ses parents adoptifs. Certes, dès l’instant que l’infertilité naturelle ou pathologique aurait été assumée par un couple ayant eu recours à une IAD, l’enfant dans l’imaginaire duquel la raison du mode de conception décidé par ses parents redonnerait à ces derniers la puissance de concevoir la vie cesserait immédiatement de remettre en cause le fait que ces derniers soient nommables comme tels. Pour autant, les questions concernant l’ADN de l’éjaculateur inconséquent dont le sang lui brûlera immanquablement les veines viendront le tourmenter, à l’occasion d’un conflit avec l’hétéroparent ou l’homoparent, dans une phase d’autodénigrement propre à l’adolescence et à ses récurrences. La levée de l’anonymat des parents biologiques est une question à laquelle tout le monde a déjà répondu. Il suffit de reporter sur elle le même regard que provoqua chez soi le père d’un parent ou ami, peut-être même le sien, qui refusa de reconnaître cet enfant jeté par lui dans la région maudite de l’illégitimité. La société ne peut décemment pas encourager ce qu’elle perçoit comme une indignité. Une civilisation digne de ce nom ne fabrique pas des bâtards à la chaîne. Enfin, au cas où vous retiendriez les arguments de la CECOS, rien de vous empêche de conserver l’ancien type d’actation d’existence d’un enfant de père ou parents inconnus. Les deux actes de naissance et de reconnaissance, ou toute alternative en conservant l’esprit, garantissent à mon sens la transmission de la conscience du modèle hétérosexuel qui préside sur la procréation. Où après la date et le nom de l’officier de l’État civil de la commune, on maintiendrait la présentation d’un enfant du sexe (masculin ou féminin) suivi des noms de son père et de sa mère, celui ou celle des deux dont l’anonymat serait préservé pouvant être qualifié de père X ou mère X là où une fille-mère succédera conformément à la norme de jadis à un «père inconnu».
      Le principe de révolution n’inverse pas le sens des histoires phœnigiennes. Le progrès et la tradition ne filent pas sur une route à double sens. Il faudrait être fondamentaliste pour commettre un tel contresens.

  6. Il faut tout de même préciser que l’injure comme vous dites, vient AUSSI des partisans du mariage pour tous et non l’inverse, regardez twitter, regardez les femens, regardez les pancartes « un hétéro une balle, une famille une rafale ».
    Les personnes et organismes opposées demandent un grand débat sous forme d’Etats-Généraux / Grenelle sur le sujet, afin de permettre à tous les français et aux législateurs de trancher en connaissance de cause, voire de conclure par un Référendum. En effet, chacun à sa position, pour ou contre, où se fait la synthèse, où sont les études fiables ? Pas à l’Assemblée Nationale en tout cas ! Ces Etats-Généraux sont refusés.
    La demande est légitime et refuser est une forme d’injure au peuple.
    Inutile d’argumenter sur l’engagement 31, les français n’ont pas voté pour cela tout le monde le sait, mais nous ne referons pas l’élection.
    Inutile de dire que cela ne concerne que les homosexuels et pas la grande majorité des familles, nous savons bien qu’il y aura des impacts importants au moins pour l’adoption monoparentale.
    Inutile de dire que ce n’est juste que un mariage après tout… la PMA pour les lesbiennes va dans le package on le sait tous, et, au nom de l’égalité tant réclamée, sera réclamera dès le LENDEMAIN du vote la GPA pour nos amis gay, et c’est bien normal !
    Je m’avance, mais regardez les désidératas des partisans du trouple (cherchez un peu vous verrez) n’est-ce pas de l’égalité aussi …

    Alors la Société doit savoir où elle va, où ses enfants vont, les limites que nous donnerons à la civilisation. C’est ce qui est demandé et personne ne peut honnêtement le décrier. Pourquoi le refuser et créer par là même tension, clivage, incompréhension.

    Je ne porte pas de jugement pour / contre, mais que la Société ne décide pas elle-même de tels changements, c’est juste inacceptable.