Les 14 et 15 novembre derniers, Newsweek et le site américain d’info The Daily Beast organisaient conjointement, à Washington D.C., le Hero Summit. Conçu afin de rendre hommage à ceux dont le « courage » s’est illustré, ces deux dernières années, sur les différents théâtres où l’armée américaine s’est engagée, le Hero Summit accueillait plusieurs dizaines d’intervenants parmi lesquels des lauréats de la très prestigieuse Medal of Honour, des vétérans des guerres d’Irak et d’Afghanistan, des membres de Forces Spéciales parlant à visage découvert, l’ex-Secrétaire d’Etat Madeleine Albright, le lauréat du Purple Heart et de la Bronze Star Eric Grietens, le tombeur de Ben Laden et… le philosophe français, directeur de La Règle du jeu, Bernard-Henri Lévy. L’intervention de ce dernier, invité à s’exprimer sur divers sujets de politique étrangère (Libye, Syrie), mais surtout sur son propre engagement en Libye, était très attendue par le public du Hero Summit.

C’est d’abord sur Chris Stevens, ambassadeur U.S. assassiné à Benghazi, que BHL s’est exprimé. Appuyant les dires de l’ex-Secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, le philosophe français a évoqué le souvenir d’un diplomate de terrain, plusieurs fois rencontré sur le front de Benghazi, parfois en compagnie de Mustafa Abdeljalil, Président de la Libye libre, parfois avec des simples combattants. Pour Bernard-Henri Lévy, « L’ambassadeur Stevens tenait à être libre de ses mouvements, il mettait un point d’honneur à aller au contact de la population pour connaître ses aspirations. » Et l’intellectuel français de poursuivre : « Il allait ainsi dans les cafés, dans les villages pour aller parler aux femmes, aux enfants. Je me souviens aussi de lui en Mars, à Paris, recevant Mahmoud Jibril avec Hillary Clinton à la veille des rivières de sang promises par Kadhafi. Il avait alors pesé de tout son poids pour aider à convaincre sa Secrétaire d’Etat d’intervenir en Libye. » Puis ce parallèle frappant. Lévy fait remarquer à l’assistance que l’ambassadeur Stevens est mort dix ans après un autre Américain qui partageait le même souci de ne pas laisser la part belle au clash des civilisations : Daniel Pearl. Troublant.

Lévy s’est ensuite exprimé sur un autre sujet chaud, la Syrie et son dirigeant indigne : Bachar el-Assad. Lorsqu’on demande à l’intellectuel français ce qui manque pour renverser Assad en Syrie, celui-ci répond du tac au tac « Un pilote dans l’avion ! ». Enchaînant ensuite sur la probabilité de la chute d’un dirigeant perdu dans un effrayant viva la muerte , BHL fit remarquer le point suivant : « lorsqu’on analyse la situation, Assad est bien plus isolé dans le monde arabe que Kadhafi ne l’était ». L’équation géopolitique peut ainsi toujours permettre une nouvelle ère pour la Syrie.

En aparté, on interroge enfin l’intellectuel français sur l’affaire du renvoi du général Petraeus. Pourfendant le « moralisme des ayatollahs de la vertu », Bernard-Henri Lévy répond qu’il est dommage de juger un Américain émérite sur une seule affaire privée. Une certitude après cette nouvelle escale américaine, le succès outre-Atlantique du directeur de notre revue ne se dément pas.

 

3 Commentaires

  1. Si je puis me permettre de relever un fait qui peut sembler anodin: pour quelle raison, M.Levy ne faites-vous pas honneur à la langue française en la parlant dans les médias étrangers ? Croyez-moi que je m’en désole d’autant plus que vous la maitrisez si bien dans l’art oratoire. Votre message n’en sera pas moins entendu, les traducteurs seront toujours présent pour faire leur travail.

    Bien à vous.