Mes chers amis,
Bonjour à tous, et merci de répondre présent à l’appel de l’EGAM, le Mouvement Antiraciste Européen, de l’Union Française des Associations Tsiganes et notamment de son Président Alain Daumas et de sa Vice-Présidente Francine Jacob, de Tony Gatlif et son équipe et des nombreuses associations, que je salue et qui se sont engagées pour la « Roma Pride ». Notre mobilisation se tient aujourd’hui sous l’égide de l’EGAM en France mais aussi dans treize autres pays à travers toute l’Europe.
Nous sommes nombreux sur cette place, et nous sommes des dizaines de milliers, sur tout le continent, à nous mobiliser ensemble aujourd’hui.
Notre message est clair : nous combattons le racisme et les discriminations, nous célébrons la diversité des cultures tsiganes, qui font partie intégrante de la culture européenne, et nous exigeons, partout, l’égalité des devoirs et des droits pour tous les individus.
Nous nous retrouvons quelques semaines après les violentes expulsions de Roms cet été, qui ont fait honte à la France dans toute l’Europe en 2012 comme elles nous avaient fait honte en 2010.
Nous nous rassemblons quelques jours après les violents actes racistes contre des Roms à Marseille qui sont d’une extrême gravité, d’autant plus qu’ils ont été scandaleusement soutenus par la sénatrice-maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, et qu’ils ont été accueillis par un silence coupable de la classe politique, en particulier du gouvernement français.
Nous avons aussi tous en tête la décision du Conseil Constitutionnel d’il y a deux jours, qui a décidé de « légaliser » la discrimination en validant les principales dispositions de la honteuse loi de 1969.
C’est grâce à notre engagement ici que dans d’autres pays, les citoyens épris de justice et de liberté se mobilisent.
Ils ont besoin de nous là-bas comme nous avons besoin d’eux ici.
C’est parce que nous nous réunissons ici, mais aussi à Copenhague et à Rome, qu’en Hongrie les Tsiganes menacés au quotidien par les milices paramilitaires d’extrême droite osent leur résister.
C’est parce que nous nous réunissons ici que les Tsiganes bulgares qui ont dû subir les manifestations racistes l’année dernière aux cris de « Mort aux Tsiganes ! », se sentent protégés et s’engagent pour défendre leurs droits.
C’est parce que nous nous réunissons ici que ceux qui ont été jetés dans de véritables ghettos en Roumanie, en Slovaquie ou en République Tchèque se mobilisent et ont l’espoir qu’un jour prochain, les persécutions dont ils sont victimes depuis de trop nombreuses années vont enfin cesser.
En leur nom, je souhaite vous dire aujourd’hui : merci !
Notre combat pour la Justice et l’Égalité ne concerne pas que les Tsiganes, les Roms et les Gens du voyage, mais tous ceux qui sont victimes de racisme et d’antisémitisme, et tous ceux qui se battent pour une France et une Europe de l’Égalité!
Sur tout le continent, nous assistons à une montée du racisme et de l’antisémitisme, à une montée de l’extrême droite, notamment de sa forme la plus virulente, le néo Nazisme.
Les partis d’extrême droite ont une influence croissante, les meurtres racistes perdurent, les discriminations augmentent, et les stéréotypes et les préjugés s’expriment avec de plus en plus de facilité et circulent en toute permissivité.
C’est notre modèle européen de démocratie qui est menacé dans ses fondements mêmes.
En Grèce, où nous nous mobiliserons sur le terrain dans les prochaines semaines, les néo Nazis du parti « Aube Dorée » ont été élus au Parlement en mai et juin derniers. Cela aurait été dans l’indifférence générale si nous n’avions pas mobilisé les intellectuels européens pour dénoncer ceux qui menacent la démocratie et qui attaquent quotidiennement les immigrés.
En Hongrie, où nous nous rendrons dans quelques semaines, le Parti d’extrême droite Jobbik organise des milices paramilitaires qui menacent les Roms, les Juifs, et toutes les minorités.
Nous avons tous en tête le massacre perpétré en Norvège en juillet 2011 contre les jeunes qui se battent pour la démocratie et contre le racisme. Lorsque nous les avons rencontrés, à Oslo, les survivants nous ont dit l’importance de la solidarité européenne pour tenter de se reconstruire.
En France, après 2005, il y a eu de nouveaux meurtres antisémites générés par l’islamisme.
En Lettonie et en Lituanie, les anciens SS sont soutenus par une partie de la population lorsqu’ils manifestent.
Face à ces menaces, il est temps de dire ensemble : « Assez ! ». Ce combat est essentiel, car ce n’est que débarrassée du racisme, de l’antisémitisme et des discriminations raciales que l’Europe sera véritablement démocratique.
C’est le sens de l’engagement de l’EGAM, et c’est le sens de cette Roma Pride européenne, lancée en France notamment avec l’Union Française des Associations Tsiganes.
Nous voilà donc réunis Tsiganes, Roms, Gitans, Gens du Voyage, antiracistes, intellectuels, artistes, politiques, tous ceux qui se battent pour une véritable égalité des droits, pour dire : « Halte au racisme ! », « Halte aux discriminations ! »
De la France à l’Estonie, du Danemark à la Turquie en passant par le Monténégro, la République Tchèque ou encore la Bulgarie, nous faisons l’Europe en promouvant ses valeurs fondamentales de Justice et d’Égalité.
C’est au nom de ces valeurs que nous dénonçons, en France, les actes racistes tels que ceux qui ont visés des Roms à Marseille il y a quelques jours.
C’est au nom de ces valeurs que nous demandons l’arrêt des destructions de bidonvilles lorsqu’elles ne sont pas accompagnées de solution de relogement, et que nous dénonçons en 2012 comme nous dénoncions en 2010 les violences, le non respect des décisions de justice et l’ignoble instrumentalisation politique de ces populations.
C’est au nom des ces valeurs que nous exigeons la suppression intégrale de la honteuse loi de 1969, qui fait de la France une honteuse exception en Europe.
Le Conseil Constitutionnel, suivant la recommandation antirépublicaine du gouvernement, a décidé de « légaliser » la discrimination. Je vous le dis : le Conseil Constitutionnel et le gouvernement se sont dévoyés, et nous sommes là pour le leur rappeler.
Désormais, nous nous tournons vers la Cour Européenne de Droits de l’Homme, et vers le Parlement français, car l’année dernière, ici même, le Parti Socialiste avait fait la promesse de supprimer cette loi s’il était majoritaire au Parlement. C’est désormais le cas, et il est temps de tenir cette promesse !
Dans les semaines qui viennent, je vous donne rendez-vous pour mobiliser et réclamer la suppression intégrale de la loi de 1969 en France. Restons vigilants face à tous les actes racistes et antisémites.
Je vous donne rendez-vous dans tous les pays d’Europe pour continuer à porter le combat pour l’Egalité et la Démocratie.
Je suis certain que l’année prochaine, pour la troisième édition de la « Roma Pride », nous serons là, encore plus nombreux et plus forts de nos luttes partagées, et fiers de nos victoires !
Merci !