Monsieur,

Lecteur du Monde depuis (etc., etc.), je découvre l’article d’Emeline Cazi et Ariane Chemin, en page 13 de votre (de mon) journal, ce mardi 22 mai, à propos de l’audition de DSK par la juge d’instruction de l’affaire du Carlton, le 26 mars dernier.

Affligé d’une saine naïveté (non, je ne feins pas ; ce n’est pas là rhétorique), je croyais que le secret de l’instruction s’appliquait à tous, Media compris, même si je ne suis pas sans savoir qu’une certaine Presse s’affranchit à l’occasion (pur euphémisme) de cette fâcheuse règle de droit, qui nous protège tous.

Je n’imaginais pas qu’il en irait de même du Monde, jusqu’à l’affaire Bettencourt, à l’automne dernier, quand votre (mon) journal reprit sans état d’âme des dialogues entiers entre employés de la dame de Neuilly et juge d’instruction. Il en va de plus belle aujourd’hui, avec cet article sur DSK, qui cite d’abondance le procès-verbal de l’interrogatoire, bien que couvert par le secret de l’instruction.

Je n’aurai pas la prétention de vous apprendre que nul, en dehors de l’enceinte judiciaire à ce stade, n’a à savoir rien de ce qui s’y échange ni, le saurait-il, à le divulguer. Protection élémentaire des personnes. Habeas corpus.

Quelque jugement que l’on porte sur DSK, l’homme et le politique, ce dévoilement concernant sa vie privée, par un journal tel que Le Monde est, dans son principe, révoltant (pur voyeurisme) outre qu’illégal.

Puis-je savoir ce qui justifie que Le Monde viole délibérément la loi ?

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Gilles Hertzog

6 Commentaires

  1. « habeas corpus » dites-vous…
    Ses origines remontent à l’Angleterre du Moyen Âge. Depuis, elle a été renforcée et précisée de façon à apporter des garanties réelles et efficaces contre la détention arbitraire par l’Habeas Corpus Act (« l’Acte d’Habeas Corpus ») de 1679. Devenue un des piliers des libertés publiques anglaises, elle s’applique dans les colonies…
    La France serait-elle devenue une colonie de l’Angleterre?…

  2. « Quelque jugement que l’on porte sur DSK, l’homme et le politique, ce dévoilement concernant sa vie privée, par un journal tel que Le Monde est, dans son principe, révoltant (pur voyeurisme) outre qu’illégal. »
    « ce dévoilement concernant sa vie privée est, dans son principe, révoltant »
    pour M. DUPONT ou DUPOND oui, c’est vrai,
    Mais pour quelqu’un qui prétend représenter les 60 millions de Français dans la scène politique internationale NON!!!!
    Ce n’est pas du « voyeurisme », c’est de l’information!!!
    Et c’est parce qu’il (DSK) s’est mis sur la scène, qu’il faut que nous (les spectateurs) ayons les données pour choisir: applaudir ou huer…

  3. J’abonde dans votre sens. Il y a aussi eu une certaine Mme Bacqué – qu’on dit bonne journaliste, j’ai des doutes… – qui est allée gratter des ragots du côté de Washington… ou les a inventés? C’est injurieux pour M. Strauss-Kahn et son entourage, c’est injurieux pour la profession mais aussi pour les lecteurs, c’est injurieux pour la justice.

  4. N’avez-vous pas encore compris que le journal Le Monde n’est plus ce qu’il était!!

  5. Cher Monsieur,

    Merci infiniment.

    Nous sommes nombreux à penser comme vous, mais nombreux sont ceux qui ont été tellement ridiculisés par le fait de vouloir que la justice s’exerce dans un cadre serein, contradictoire et impartial, qu’ils ne s’expriment plus.

    Dommage car le respect de ces règles fondamentales que sont la présomption d’innocence, le secret de l’instruction, le respect des droits de la défense – comme ceux de l’accusation – le droit à un procès juste et équitable, ce respect n’est plus garanti pour DSK, que ce soit ici ou aux USA et ce depuis le mois de mai 2011.

    Il n’aura jamais droit à un procès équitable que ce soit ici ou à NY.

    Or ce qui est bafoué pour DSK l’est et le sera pour tout autre justiciable.

  6. Entièrement d’accord !!
    De toutes les façons, je refuse de lire le Monde depuis qu’il a été demandé à un écrivain de se mettre dans la peau de Mohammed Merah seulement quelques jours après le drame, une honte.