The Voïd, groupe pop d’Amiens, sort un excellent album qui doit beaucoup au St Peppers. des Beatles, mais aussi et surtout à lui-même. Un régal.

Les bons groupes, chanteuses et chanteurs sont nombreux en Picardie. Les bons disques sont plus rares. Celui que vient de sortir The Voïd, élégant quintet d’Amiens, en est un. Qui sont-ils ? Arthur Quehen, 20 ans, étudiant en cinéma, claviers ; Arthur Dorémus, 20 ans, étudiant en lettre, basse, piano, chant ; Maxime Dheilly, 22 ans, étudiant en philosophie, guitare et chant ; Emmanuel Domont, 20 ans, étudiant en lettres, guitare, basse, vocaux ; Timothée Mourier, 20 ans, étudiant en communication, batterie. Le groupe existe depuis cinq ans, mais sous sa forme actuelle seulement depuis six mois. À son origine : la rencontre d’Emmanuel, Arthur D. et Maxime. Ils se trouvent pas mal de points communs. Musicaux surtout. Notamment une manière de passion pour les Beatles, époque Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Ces jeunes dandies ont du goût. Et cette, comment dire ? influence, fascination, passion, se ressent, bien sûr, sur leur The Quest of Absolute, leur CD qui, disons-le tout de go, frise le sublime. Car ces petits jeunes gens intelligents, proprets et cultivés y développent un talent étonnant qui, souvent, s’éloigne des Fab Four. Ils reconnaissent l’apport des génies de Liverpool. Mais ils n’ont rien de clones. Leur influence est là, certes, mais elle n’a rien d’étouffante, et les Voïd n’en loupent pas une pour s’échapper vers d’autres sentiers : ceux des divins Kinks, de Jules and The Polar Bears, de Procol Harum et de quelques autres immenses oubliés de l’école de Canterbury (premier Soft, Kevin Ayers).Et surtout, surtout, ils savent être eux, sonner avec sincérité, habiter leurs chansons comme ce grand allumé de Modiano sait habiter sa littérature quand il court après ses fantômes dans un Paris qui n’est plus. The Voïd est The Voïd. Point barre. «On essaie de créer quelque chose. On s’appuie sur le modèle des Beatles mais nous ne sommes pas des copies des Beatles», disent-ils. Les vocaux de ce disque sont magnifiques, précis, envoûtants. Les parties de basse, un vrai régal (Dorémus ou Domont? On ne sait pas trop ; entretenons le mythe comme c’était le cas dans les middle sixties quand il s’agissait de reconnaître les coups de grattes de Keith Richards et de Brian Jones. A ce sujet, Domont est, justement, un peu le Brian Jones des Voïd. Dandy, lunaire, très littéraire, capable de vous parler de Nimier, de Jacques Laurent ou de Stendhal. Ça fait plaisir dans ce monde de brutes. Dans le même esprit, la photo sépia de la pochette est délicieusement sixties, œuvre de Guillaume Eggniton, photographe amiénois qui vit en Chine. Lou Ken, humoriste bosseur et très communicant, qui a pris en main la carrière de The Voïd, annonce qu’après avoir créé son label (Ovid Records) pour le présent disque, espère bien signer d’autres artistes. Sera-t-il leur Brian Epstein ? Why not ?

PHILIPPE LACOCHE

The Voïd, The Quest of Absolute, Ovid Records.
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