Alors que la veille au soir s’achevait le délai de trois jours vainement donné par la Ligue arabe au gouvernement de Bachar al-Assad pour que cessent les massacres contre les opposants, dimanche 20 novembre, à Paris, France Syrie Démocratie (FSD) a recouvert la façade de l’Institut du Monde arabe d’un gigantesque drapeau aux couleurs de la Syrie révolutionnaire. Près de 200 personnes étaient venues en appui de cette spectaculaire action.
Par cette action l’association (qui regroupe des Français et des Franco-Syriens) entendait appeler le monde arabe à accentuer la pression sur le boucher de Damas et à appliquer des sanctions très fermes contre son régime. Il s’agissait également d’adresser un message à la France pour qu’elle fasse tout ce qui est en son pouvoir, avec les autres pays occidentaux, pour que l’ONU prenne les mesures nécessaires à la protection des populations civiles en Syrie.
L’objectif était aussi de relayer la demande formulée par les manifestants syriens de bénéficier d’une intervention internationale susceptible d’arrêter les tueurs du gang Assad. Last but not least, «l’opération drapeau» visait à attirer l’attention sur les militaires déserteurs et leur besoin d’aide concrète pour continuer à défendre l’opposition contre les exactions répétées de l’armée et des milices de voyous, les chabihas.
Très ému par la réussite de la mobilisation et encore tout essoufflé par l’effort physique nécessité pour hisser, avec une petite équipe de jeunes militants de SOS Racisme, l’immense drapeau jusqu’à la terrasse du bâtiment, Ismael Hachem, président de France Syrie Démocratie a lancé aux nombreux journalistes présents : «Ne laissons pas la révolution démocratique syrienne seule face à l’énorme machine répressive d’un pouvoir qui tue systématiquement son peuple depuis 8 mois !»
Cet appel à la solidarité avec les révolutionnaires syriens (dont sept s’étaient encore fait assassiner dimanche par les troupes d’Assad et qu’on comptait déjà trois autres morts lundi matin) prend encore plus de sens alors qu’un haut responsable de l’Otan, James Appathurai, vice-assistant du secrétaire général de l’Otan pour les affaires politiques, a froidement déclaré ce même dimanche : «Il n’y a aucune discussion sur un rôle de l’Otan en Syrie», ajoutant que la «responsabilité de protéger» les populations civiles ne se traduisait pas automatiquement par des opérations militaires de l’Alliance Atlantique. Et pour ceux qui n’auraient pas compris, il a précisé qu’il ne fallait pas avoir «d’attentes irréalistes», mais a au contraire recommandé de se montrer «patient». On imagine l’effet de ce genre de message sur les insurgés syriens… et sur Bachar al-Assad. Pas étonnant que ce dernier poursuive ses rodomontades et se proclame prêt à se battre jusqu’à la mort face à une intervention militaire étrangère. Tant que persiste le blocage russe et chinois en sa faveur à l’ONU, que la Ligue arabe s’en tient à d’énergiques déclarations de mécontentement et que l’OTAN se montre aussi menaçante qu’une manifestation de hippies pacifistes, l’ophtalmologue devenu chef barbare de la mafia syrienne peut espérer se lever chaque matin pour massacrer en paix.
Il n’y a actuellement pour l’inquiéter sérieusement que l’Armée syrienne libre, dont les interventions se multiplient avec une efficacité croissante et qui s’est dotée d’un «Conseil militaire provisoire» dans le but de protéger la population, prévenir l’anarchie et faire tomber le régime. Espérons que le Conseil national syrien (CNS), censé représenter l’opposition, va finir par soutenir ces indispensables combattants au lieu de leur demander de ne pas utiliser leurs armes. Le Conseil mise dorénavant sur le singulier projet, applicable une fois que le régime sera tombé, de «diriger le pays avec l’institution militaire». On ne serait pas surpris que les puissants stratèges du CNS gardent dans un dossier top secret la formule magique grâce à laquelle l’armée va soudainement se retourner en bloc contre son chef suprême…