Mot de Frédéric Begbeider sur Bernard-Henri Lévy dans le dernier numéro de Transfuge : « je serais bien incapable de déclencher une guerre comme lui ; là il m’a épaté ; je crois que c’est la première fois qu’un écrivain déclenche une guerre pour écrire un livre ; même Malraux et Hemingway n’ont pas réussi à faire cela! ».
L’interviewer signale que Beigbeder, à cet instant de l’entretien, « rit ».
Tant mieux.
Car pour tous ceux et celles qui ont suivi à la trace cet engagement de Bernard-Henri Lévy en Libye, ce mot laisse rêveur. Il est drôle, certes. Mais il fait l’impasse sur le sérieux, la gravité, de cet engagement ainsi que sur les risques – physiques, mais aussi intellectuels – pris par un écrivain qui ne s’est pas contenté de « déclencher » cette guerre mais qui l’a vraiment accompagnée sur toute sa longueur.
Que cette guerre de BHL reste, à bien des égards énigmatique, qu’on ne sache pas grand-chose sur les ressorts qui l’ont animé pendant cette période, apparemment très intense, de sa vie, c’est certain. Et on en saura d’ailleurs plus, beaucoup plus, avec la parution de son Journal de cette période, intitulé La Guerre sans l’aimer et que Grasset annonce pour le 9 novembre. Mais, pour le moment, évitons les interprétations à l’emporte-pièce. Attendons.
Si on veut, oui…
La défense des Droits de l’Homme dans tout les pays du monde c’est plus qu’une question de convictions, c’est une question de business…
Eh bien, sur ce coup, je donne raison à Beigbeder, dont d’ailleurs l’inventaire avant liquidation est excellent. On oublierait presque ses 99 francs…
Je m’en remets au monde, lequel s’il est à lire n’est pas toujours lisible.
«BHL» avouait il y a quelques années, tout en réfléchissant sur la guerre, le mal et la fin de l’Histoire sur un canapé rouge, un mois jour pour jour après le commencement de la guerre du siècle, en soulignant l’aspect terrible, ne se pencher que sur les événements dont il savait pouvoir tirer un livre. Begbeider a sans doute cherché à faire un mot d’esprit, mais tombant en panne sèche, il n’aura pas trouvé d’autre issue à l’angoisse d’être vu que de voler à Lévy l’un des siens.
Un écrivain sait un jour qu’il est venu sur terre pour écrire davantage que pour vivre. Il n’incline qu’à certaines pages de ce monde qui se livre à qui il veut tout comme un prêtre ne va pas gaspiller sa vie au pavillon du coin où elle n’apporte rien s’il la pressent opérante derrière une porte verrouillée au premier étage du pavillon mitoyen. Et puis, un livre. L’homme qui fait cela, je ne parle pas de celui qui se le fait, a-t-il vraiment effectué un acte dont il pourra tirer un parti égoïste? Allen vs Wilde argue que la vie n’imite pas l’art, mais la mauvaise télévision. Une déclaration de guerre à la vie, mais peut-être bien un cri d’exaspération, quoi? une provocation cynique poussant à la prise de conscience d’une vie qu’il force à se visualiser au sortir du tamis artistique alors qu’elle vient à l’instant même d’échapper à la vie brute, à la vie vache, à la vie qui vous lâche dès la première seconde où elle vous met au monde. Faire un livre de guerre, c’est tenter de faire passer la guerre par le prisme de la sublimation, s’employer à extraire un diamant d’humanité qui a coulé dans un bourbier d’atrocité. Fait-on cela pour soi seul? Peut-on seulement le faire ainsi? Qui laisserait faire cela?
Le feu des lettres se fraye un chemin vers les inflammables. Je dis que la chose littéraire continuera d’électriser les corps ayant reçu cette mystérieuse onction longtemps après que le livre de Gutenberg se sera vu supplanter par le livre de Jobs. Je dis que le livre interfacial ne me fera pas regretter le jour où affleurant le pare-brise d’un libraire qui me fonçait dessus, j’évitai de justesse la collision avec un présentoir, juste le temps d’apercevoir qu’à l’intention de satisfaire le caprice d’un congénère télégénique, on avait tué un arbre.
Pour clore, se pencher sur les damnés de la Terre ne les fait pas basculer en enfer. En l’occurrence, la B(ombe)-H. de Big Bed Fred n’a pas pu déclencher une guerre pour en faire un livre du fait qu’elle n’a jamais déclenché cette guerre. C’est Kadhafi qui l’avait déclenchée. Lévy, lui, a pris quelques initiatives dans l’espoir qu’elle soit jugulée.
BHL ou terroriste ou est la difference ?
cest qd meme grave et d’un ton schizophrenique ce que vs dites..vs vs rendez compte vs faite lapologie dun « djihadiste » aux mains rempli de sang et vs en parler comme si quil avait battu « le monstre de la fin » sur un jeux PES …quelle honte en tt cas je comprend mieux la rage de certains…
oui bravo Liliane pour cette vigilance…
bravo chère Liliane pour cette vigilance de tous les instants. Attendons, certes mais gardez l’oeil ouvert … et méfions nous des faux amis.