LE PARISIEN 08 Avril 2011 — Il avait promis à ses amis libyens de revenir dès que la situation le permettrait. Ce sera bientôt chose faite. Selon nos informations, le philosophe Bernard-Henri Lévy s’envole aujourd’hui pour Benghazi, fief de la rébellion, où il s’était déjà rendu début mars. Il sera accueilli par le président du Conseil national libyen Mahmoud Djibril.

Même si la personnalité de BHL agace parfois en France, du côté des insurgés libyens, il est considéré comme un de ceux qui a tiré la sonnette d’alarme en premier. « Nous avions besoin de voix fortes lorsque les chars de Kadhafi fonçaient sur la ville, témoigne Ali Zeidan, un des émissaires de l’opposition. La France a reconnu le Conseil alors que beaucoup d’autres sont restés passifs, cela nous a donné de la légitimité et du poids. C’est grâce à elle que l’intervention militaire internationale a pu être déclenchée. On se souviendra de ceux qui nous ont aidés à ce moment-là. »
BHL, qui a prévenu Nicolas Sarkozy de son voyage, devrait également se rendre à Brega, ville pétrolière où les combats se poursuivent. Hier, un raid de l’Otan a tué par erreur deux rebelles, fait une dizaine de blessés et détruit trois chars dans cette région désertique sans cesse gagnée puis reperdue par les deux camps. Selon des sources hospitalières, des avions de la coalition ont ouvert le feu à plusieurs reprises sur des chars positionnés à l’entrée de la ville.

Les insurgés n’avancent plus

Plus à l’ouest, la situation humanitaire à Misrata, troisième ville du pays (300 000 habitants), bombardée depuis un mois et demi par les kadhafistes devient chaque jour plus préoccupante. « Combien y a-t-il de morts et de blessés? Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur le sujet, confie un diplomate français. Mais il faut une aide médicale d’urgence, de l’eau et de la nourriture. » BHL arrive aujourd’hui dans un pays qui reste coupé en deux malgré l’intervention militaire et les raids aériens. Mal équipés, désorganisés, les insurgés ne progressent plus. Hier, le général Carter Ham, commandant des forces américaines pour l’Afrique, s’est montré pessimiste sur leur capacité à marcher sur Tripoli. Il y a une « faible probabilité » pour que cela se produise, a-t-il reconnu lors d’une audition au Sénat.