Mise à l’épreuve dans le Grand Cadavre à la Renverse puis démolie par nombre de chroniqueurs, la Gauche française continue à être la cible récurrente d’un feu nourri de critiques. A Droite, trop content de la débâcle socialiste, on se frottait les mains : « 2012 ne sera plus qu’une formalité ! » se disait-on jusqu’à alors. Seulement, la vie politique connaît ses aléas et voilà maintenant que les camps opposés s’imitent. Rien ne va plus à l’UMP ! Pour toute la famille de Droite, le moment des divisons tombe mal. Un an tout juste avant 2012, l’UMP risque l’implosion ; plus que jamais, le parti des Sarkozy, Copé, Fillon pourrait arriver en ordre dispersé à l’élection présidentielle. D’apparence futile, ces divergences si elles ne sont pas solutionnées pourraient vite devenir insurmontables. Car à Droite, pas de guerre d’egos comme au PS. Il ne s’agit pas de se trouver un chef mais bien de s’accorder sur un projet et des valeurs. Coincée entre Front National et Modem, l’UMP doit savoir où placer le curseur… Cela passe inévitablement par un questionnement en profondeur : doit-on passer son temps à organiser des débats sur l’identité nationale puis la Laïcité ? Travaille-t-on à la rescousse de l’idée de Nation ou bien défend t-on des objectifs d’abord économiques ? Drague-t-on une Extrême Droite en plein boom ou se rapproche t-on d’un Centre en perte de vitesse ? Si les réponses à ces interrogations cruciales dessineront les contours de la vie politique de demain, disons-le tout de suite, il vaudrait mieux que l’UMP retrouve sa tête tant l’éventualité d’une Droite flirtant pour longtemps avec l’extrême serait une catastrophe.

Vu d’Avril 2011, règne donc un sentiment d’inquiétude mêlé de stupéfaction. Qu’il semble loin le temps où Nicolas Sarkozy tenait solidement son UMP, la transformait en instrument à détruire le PS et en impitoyable, irrésistible, machine à gagner. Qu’il est vaste le gouffre entre les décidées résolutions d’un Nicolas Sarkozy candidat et celles beaucoup plus maladroites d’un Chef d’Etat achevant son (premier) mandat.

Quel élément peut donc expliquer ce délabrement rapide de la maison présidentielle ?

Lançons une hypothèse… Et si finalement Nicolas Sarkozy n’était pas le seul fautif dans cette affaire ? Et si il fallait voir dans son entourage et parmi ses conseillers la raison du désamour des français pour leur Président ?

Pour se figurer les difficultés auxquelles fait face Nicolas Sarkozy, rien de mieux que de se glisser dans sa peau l’espace de quelques instants ! De là, que voit-on ? Surtout du décalage ! Le drame sarkozyste consiste en cette volonté de déplacer des montagnes aux conséquences binaires. Non que l’ambition soit coupable – bien au contraire, nous en manquons cruellement en France – mais elle devient difficile à assumer dès lors qu’on compte dans son entourage quelques malhabiles enchaînant les bourdes et autres amateurs peu rompus à l’exercice de gouvernement. Pour le dire plus simplement, un réalisateur aussi bon soit-il ne pourra jamais produire de chef-d’œuvre s’il ne tourne qu’avec des seconds couteaux…

Poursuivons. Si Sarkozy triomphe lorsqu’il fait campagne, c’est sûrement qu’en de telles circonstances, il ne s’envisage que seul, ne travaille que pour son compte. Son énergie, sa volonté de reforme, son partenariat idéologique avec ses speechwriters, tous ces éléments destinés au triomphe final sont indiscutablement ses points forts. A l’inverse, s’il échoue en tant que Président, c’est très probablement car il doit composer avec les maladroits autres. Et déléguer. Voilà pourquoi il délègue si peu ! Car lorsqu’il délègue, c’est à la fois Pinder et Zavatta, une suite de bourdes parfois hallucinante qu’il ne peut que tenter de limiter, a posteriori ! Voyez plutôt : unetelle dévalise avec frénésie les pharmacies pour faire face à la grippe aviaire ; d’autres sont soupçonnés de mouiller dans des scandales politico-financiers, soutiennent des dictateurs ; un autre bouffi de préjugés se rit des origines d’un militant ; l’on se sabote parfois même lorsque les porte-parole s’expriment ! Voilà, avec un brin de mauvaise foi, ce qu’il se passe lorsque les ministres de Sarkozy agissent…

Jouons au petit jeu des pronostics : si la situation se poursuit sans résolution, que la Droite persiste dans ses divisons et le gouvernement, lui, dans ses mêmes approximations, on pourrait très bien voir, en mai 2012, un Parti Socialiste enfin guidé remporter le Prix du Meilleur Scénario au festival de Kahn !

4 Commentaires

  1. En 2012, ce n’est pas le meilleur qui l’emportera, ça sera le moins pire… entre un PS au programme libéral et un UMP lepenisé, quel menu…

    Sur la galerie de médiocres et d’indélicats qui ont peuplé les différents gouvernements Fillon depuis 2007, nul doute que les historiens de 2050 dirons que l’on a eu quelques brochettes de personnages tout à fait affligeants et que la moyenne générale est très en dessous de ce que l’on a eu pendant la cinquième république. Pourquoi ? Non parce que la droite actuelle serait plus bête qu’il y a dix, vingt ou trente ans, mais parce que ce n’est plus un critère…
    Bien sûr, chaque président a eut son lots de bras cassés, d’âmes damnées, de couilles molles et de midinettes…
    Mais je ne me rappelle pas que l’on ai pu réunir à la fois autant d’insignifiants, qui seraient par ailleurs certainement de bons préfets ou chefs de services. Avec le recul, les gouvernements Rafarin apparaissent presque comme titanesques.

    La faute au sélectionneur, évidemment.

  2.  » Car à Droite, pas de guerre d’egos comme au PS »
    LLLLLOOOOOOOLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    T’as pas bu ton café ce matin? t’es encore un peu dans les vap’s?
    Entre Villepîn, Copé, Fillon, Sarko (le nain), Borloo, Morin, Dupont Aignan, c’est la grande camaraderie?
    Bon, si tu le dis…

  3. « Qui décide du soutien à Eric Woerth et à Brice Hortefeux »
    Bien vu!
    n’oublions pas MAM et bientôt LONGUET…

  4. Juste une question: qui a choisis ces « Pinder et Zavatta » comme tu le dit très justement, pour leur confier des responsabilités gouvernementales ? Qui décide du soutien à Eric Woerth et à Brice Hortefeux contre vents et marées ? Le dirigeant qui s’entoure d’incapables est responsable de son échec, que ce soit sur un plateau de tournage, dans une entreprise ou à la tête d’un État.