Mardi 10 janvier, le ministre de l’immigration s’autocongratulait du durcissement de la politique migratoire française durant l’année 2011. Il est vrai que Claude Guéant ne manquait pas d’arguments pour défendre le bilan de son ministère : hausse record des expulsions d’immigrés illégaux, baisses des titres de séjours, des naturalisations et de la reconnaissance du droit d’asile étaient en première ligne de son tableau de chasse. Quant aux cas des étudiants étrangers, monsieur Guéant vantait l’ouverture de la France, indiquant qu’une nouvelle circulaire allait paraître dans les jours prochains.

Une circulaire complémentaire co-signée par Laurent Wauquier, Xavier Bertrand et Claude Guéant a en effet été transmise le 12 janvier 2012 aux préfets. Cette dernière prévoit un assouplissement des mesures pour les diplômés de niveau au moins équivalent au master. Rien de bien révolutionnaire.

Cette nouvelle circulaire, fausse indulgence du gouvernement, est cependant symptomatique de la vision manichéenne offerte par Claude Guéant sur les immigrés en France : si l’on veut bien conserver les « éduqués », les autres restent un danger pour la nation. Durant son discours, le ministre n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier de « progrès » le renforcement des mesures prises envers l’immigration légale et illégale par son ministère en 2011. Selon lui, la « nécessité de réussir l’intégration des étrangers en France » est la condition sine qua non pour que « la France reste fidèle à ses valeurs, à ses grands principes républicains, comme la laïcité ou l’égalité entre les hommes et les femmes ». Oui vous avez bien compris : au lieu de remettre en question sa capacité à rassembler les différentes populations vivant en France, le gouvernement préfère recourir à la tactique du bouc-émissaire pour séduire un électorat d’extrême-droite. Cette stratégie est d’ailleurs confirmée par les récentes déclarations de Claude Guéant. Mardi, lors de son bilan sur la délinquance, ce dernier s’est félicité d’une baisse de 0,34% des crimes et délits en 2011. Le ministre a par ailleurs justifié l’embarrassante augmentation de 16% du nombre de cambriolage par un argument plutôt osé : la hausse serait ainsi due aux « raids menés par des personnes originaires d’Europe centrale et orientale ».

Depuis, plusieurs associations et partis politiques se sont mobilisés pour dénoncer cette déclaration un rien xénophobe et stigmatisante. Marine Le Pen a, quant à elle, saisi cette perche – pas très subtile il est vrai – pour rappeler : « Le lien entre immigration et délinquance ne faisant plus aucun doute, il faut réduire en 5 ans les flux migratoires vers la France de 200 000 à 10 00 par an ».

Avec l’approche des présidentielles, il est fort à parier que le bras de fer entre l’UMP et le FN va s’intensifier. La volonté du gouvernement de séduire l’électorat d’extrême-droite pourrait pourtant se révéler contre-productive. Bien loin d’alimenter un débat sûrement nécessaire, de telles déclarations contribuent à maintenir un flou artistique autour du thème de l’immigration, favorisant la méfiance et la peur à l’égard des « étrangers », et peut-être également l’adhésion aux idées du FN. Pour remporter les élections, le gouvernement en oublierait presque une de ses missions principales : rassembler la population autour de fins ou de valeurs communes et acceptables pour tous.