Je suis l’Égypte et le peuple égyptien.

Et je te réponds, Pharaon déchu par nous de ton trône privé de tes baïonnettes.

Tu as fui devant notre colère immense et la puissance de la liberté vers un refuge regorgeant de l’or que tu as dérobé à ton peuple si pauvre. Tu as, en partant, ajouté l’opprobre à la honte. Tu nous a apostrophé, nous que tu avais voulu esclaves et apeurés, par ces mots, ici même publiés : « Peuple ingrat » as-tu dit. Tu cherchais, une dernière fois, à nous accabler.

Peuple, oui, Ô combien, aujourd’hui. Ce peuple que tu n’aimais pas, que tu ne respectais pas, dont la misère t’était indifférente, dont tu bafouais les droits, a repris existence, Ô combien. Peuple qui n’a jamais été tant rassemblé. Qui s’est grandi, en un éclair, au-dessus de lui-même, quand tu t’étais employé, si longtemps, à l’abaisser dans la dépendance et la poussière. Peuple sage, le plus vieux de la Terre.

Et notre espérance, maintenant, est douce, et notre espérance est ardente.

L’ingratitude est la marque des grands peuples, a écrit un philosophe ancien. Et nous sommes un grand peuple. Mais tu n’étais pas Ramsès, tu n’étais pas Mehmet Ali, tu n’étais pas Nasser. Nous ne te devons ni gratitude ni respect en retour. Nous ne te sommes redevables d’aucun legs ni héritage autres que des souffrances sans nombre, bientôt des cicatrices. Tu n’as rien fait pour nous durant ton règne néfaste, ton règne interminable, sinon nous contraindre. Tu as régné pour toi et les tiens. Ta police, tes sbires ont fait le reste.

Mais nous tournons la page. Nous t’effacerons de nos têtes comme un triste passé qui ne reviendra plus. Et, regardant vers les lendemains de l’Égypte, nous voudrons t’oublier. Notre silence sur toi sera la tombe où tu disparaîtras de nos vies.

Nous ne te jugerons pas. L’Histoire s’en chargera. Tu rejoindras la cohorte des tyrans qui firent le malheur de leur temps.

Et nous, l’Égypte, les Égyptiens, qui avons étonné le monde et nous-mêmes de notre tranquille audace, fasse que nous tenions les promesses qui ont fait de la place Tahrir une place de la Bastille pour le vingt et unième siècle et l’épicentre symbolique mais réel de tous les peuples soumis par la force, en folle, en impatiente attente de leur liberté.

Un commentaire

  1. Au suivant !

    Et maintenant… A qui le tour ?
    Bonjour, bonsoir !
    Au suivant… au suivant… au suivant !
    Avec ces révolutions à la chaîne… les internautes veulent en finir avec la gangrène…
    Et pour nos autres démocrates à la traîne, il ne s’agit plus de casser la baraque,
    mais de briser tous les dictats de tous les empires financiers.
    A vos blogs citoyens du monde entier !
    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/02/au-suivant/