Il y a un an, Haïti était plongée dans la désolation. Crise alimentaire, pauvreté record, instabilité politique, misère sociale, rythmaient le quotidien des 9 millions d’Haïtiens. Alors que dans le reste du monde, Gordon, Jeanne, Noël, Gustave ou encore Anna n’étaient que des prénoms à la mode, en Haïti, ces catastrophes à répétition avaient déjà entraîné le péril de plus de 5 000 victimes et de plusieurs millions de sinistrés.
Malgré la malédiction qui semblait avoir frappée cette île d’à peine 30 000 kilomètres carrés, l’espoir d’un avenir meilleur subsistait. Le gouvernement s’était engagé dans un plan de développement sans précédent, la MINUSTAH veillait à la sécurité, les ONG avaient initié des projets éducatifs, sanitaires ou encore économiques, visant à stabiliser une société dont l’espérance de vie ne dépassait pas les 53 ans.
Le 11 janvier dernier, personne n’imaginait que le pire restait encore à venir, que ces efforts resteraient vains. Personne n’avait anticipé, personne n’était préparé. Et le lendemain, à 16h53, le couperet est tombé. Un séisme de magnitude 7 a achevé l’Ouest du pays et plus particulièrement sa capitale, où ne résidaient pas moins de 2 millions d’habitants. En quelques heures, des centaines d’avions, des milliers de secouristes, des tonnes de matériel ont été acheminés du monde entier. Nous pourrions légitimement penser que la communauté internationale a rempli son devoir de solidarité. Sauf que l’administration haïtienne, à l’image de son Palais présidentiel entièrement détruit, n’était pas prête à recevoir une aide humanitaire d’une telle ampleur. Résultat, l’aéroport de Port-au-Prince a été immédiatement engorgé et des ONG sont restées bloquées des jours durant sur le tarmac, pendant que les survivants périssaient encore sous les décombres.
A l’heure du bilan, il reste à déterminer s’il était de la responsabilité des Haïtiens d’anticiper une telle catastrophe naturelle. Si la première puissance mondiale n’a pas su faire face à l’ouragan Katrina dans l’urgence, comment l’un des pays les plus pauvres de la planète aurait pu relever le défi ?
C’est à la communauté internationale dans son entier et à l’Organisation des Nations-Unies qui la représente, qu’incombe la mission de garantir le droit au secours à toutes les populations du monde. L’ONU doit assumer sa « responsabilité de protéger », telle qu’elle a été définie dans la résolution 63/308, adoptée le 7 octobre 2009.
Si depuis sa création en 1945, l’ONU a considérablement évoluée, force est de constater que les progrès accomplis n’ont pas suffi en Haïti. A l’origine mandatée par ses 192 États membres pour maintenir la paix dans le cadre de conflits armés, l’ONU a dû s’adapter aux crises humanitaires qui ont marqué l’histoire du XXème siècle. Famine, paludisme, illettrisme et autres déplacements de populations ont ainsi donné naissance à des agences spécialisées dans la conduite d’actions de terrain. Chacun connait l’OMS, l’UNICEF ou encore l’UNESCO. Mais dans sa diversification, les Nations-Unies ont longtemps oublié les catastrophes naturelles, qui causent pourtant la peine de plus de 250 millions de personnes par an.
Il aura fallu attendre un terrible Tsunami au Chili et un violent séisme au Pérou pour que l’ONU se décide, en 1972, à créer un « Bureau de Coordination pour les secours en cas de catastrophe », qui deviendra vingt ans plus tard, le Bureau de Coordination de l’Action humanitaire, plus connu sous le nom d’OCHA. Placée sous l’autorité d’un Secrétaire Général adjoint, l’OCHA s’est considérablement renforcée, allant même jusqu’à mettre en place des équipes de coordination des secours, dénommées UNDAC.
Si je me félicite naturellement que l’ONU ait pris la pleine mesure des conséquences humaines des bouleversements environnementaux, je déplore toutefois que le dispositif ait tant manqué d’efficacité en Haïti. De l’avis général, malgré une mobilisation internationale sans précédent, nous avons assisté à la plus grande désorganisation des secours de ces dernières années !
A la veille du triste anniversaire du tremblement de terre en Haïti, nous devons définitivement anticiper les nombreuses prochaines catastrophes qui menacent notre planète. En plaidant pour la création de Casques, je forme le vœu qu’enfin l’ONU se dote d’une véritable capacité opérationnelle d’intervention pour coordonner l’aide internationale dans les premières heures cruciales d’une crise humanitaire.
Nous avons largement les moyens d’inventer un humanitaire efficace et durable. En mutualisant les ressources humaines et matérielles dont nous disposons, au sein d’un État major renforcé de l’ONU, nous pourrions identifier les besoins, centraliser les données et définir des schémas directeurs pour harmoniser les procédures de déploiement. Appuyé par une force opérationnelle d’appoint, ce « centre de crise planétaire » serait ainsi préparé à organiser et coordonner l’action des équipes gouvernementales et non-gouvernementales, dépêchées des quatre coins du monde pour secourir les victimes.
L’opinion publique est prête à accueillir des frères humanitaires des Casques Bleus. Et elle ne nous pardonnera pas d’attendre un prochain Tsunami pour prendre les décisions qui s’imposent. Le Vatican avait, en son temps, sollicité la « volonté politique des États ». Alors que le débat autour de la gouvernance de la planète finance monopolise tous les grands Sommets internationaux, il est urgent de s’engager sur la voie d’un nouveau mode de gouvernance humanitaire pour la planète dans son entier.
Nicole Guedj est ancien ministre et Président de la Fondation Casques Rouges
Pour des Casques Rouges à l’ONU. Ed. Cherche-midi. Septembre 2009.
Plus d’informations : www.casques-rouges.org
An entity whose income on loan expenses or invest the excess income. On the other hand, a company whose income is less than its expenditures by borrowing or capital to selling shares to increase its spending reductions or revenue increases.
Vous étiez ministre du gouvernement Madame qu’avez-vous fait alors ? Si vous vous souciez autant des autres, commencez donc par combattre la politique de votre parti politique qui affame le peuple français, jette à la rue les plus pauvres, ne soigne plus les défavorisés, favorise les riches avec le bouclier fiscal, défend les cols blancs et punit les petits délits, le chomage, l’impossibilité de se soigner correctement, les loyers trop chers, la mauvaise alimentation des enfants car trop peu de moyens… tout cela est une réalité Madame en France !!!, Mais bien sur c’est tellement plus facile de s’occuper de l’international !
Passons aux actes, il faut absolument que la communauté internationale prenne conscience de la gravité de ces évènements.
Bravo Nicole Guedj pour le combat que vous menez.
C’est vraisemblablement un combat passionnant. Une idée originale et très certainement incontournable!