Tandis que les arrestations et condamnations se poursuivent en République islamique, à tout juste une semaine du prochain grand rendez-vous de l’opposition, la veillée du Chaharshambeh Souri, où les Iraniens comptent véritablement « jouer avec le feu », le mouvement démocratique « vert » iranien a accueilli dans ses rangs ces derniers jours un soutien de poids, en la personne d’un jeune Ayatollah :

« Certaines personnes refusent de voir la vérité en face, et lorsqu’on leur en parle, elles vous accusent d’avoir enfreint la loi », a-t-il notamment déclaré hier selon la radio d’opposition Zamaneh, avant de condamner ceux qui abusent de la « violence » et qui ne parlent pas de la « merci du système ».

Des affirmations somme toute assez timides dans la bouche d’un opposant au gouvernement, allez-vous me dire. Pas de quoi faire avancer le schmilblick, au moment où la répression fait rage alors que l’opposition paraît se chercher. Attendez deux secondes, celui qui a prononcé de telles paroles, n’est autre que le petit fils du grand fondateur de la République islamique, j’ai nommé l’Imam Khomeyni.

Souvent considéré comme le « plus important » des petits enfants de l’Imam (qui en comptait quinze) et le seul promis à un « brillant avenir politique », l’Ayatollah de 38 ans est devenu la bête noire de la République islamique depuis son rapprochement avec l’opposition iranienne après la réélection ô combien contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence du pays. Ainsi, il n’a pas hésité à exprimer sa frustration quant à « certaines politiques appliquées par un Régime dominé par des fondamentalistes », parmi lesquels Mahmoud Ahmadinejad.

De la parole aux actes, comme un symbole du rejet de son élection, Khomeyni n’a pas souhaité participer en août dernier à la cérémonie d’intronisation du président réélu, à laquelle il était pourtant convié. Cette défaillance avait d’ailleurs beaucoup fait jaser à l’époque dans l’Establishment islamique.

Mais il n’y a pas qu’au sujet de la présidentielle que Khomeyni ose blâmer le gouvernement iranien.

Le mois dernier, le petit-fils a fustigé la télévision nationale d’Etat (Seda-o-Sima) pour avoir diffusé, à l’occasion du 31ème anniversaire de la Révolution islamique, un portrait de son grand-père « déformant ses enseignements ».

Ces prises de position osées avaient provoqué fin février la fureur d’Ali Saidi, le représentant du Guide suprême iranien (l’Ayatollah Khamenei, véritable Chef de l’Etat iranien) auprès des Gardiens de la Révolution, qui avait accusé Hassan Khomeyni de s’être positionné contre le « Système et le Guide », une attaque sans précédent contre un membre de la famille Khomeyni.

A la veille de chaque manifestation d’ampleur, les Iraniens crient depuis leur toit « Allah Akbar », symbole de mécontentement et de contestation du Régime en place. Ce slogan, c’est pourtant l’Ayatollah Khomeyni, qui avait invité le peuple iranien à le scander contre la monarchie du Shah. Aujourd’hui, il se retourne contre les Mollahs. Il semble qu’il en aille de même pour le petit-fils de l’Ayatollah.

5 Commentaires

  1. Pleinement en accord avec les propos d’Apranik. Ce parti est composé de personnes tout autant autoritaires et obscurantistes que l’est l’actuel gouvernement Iranien . Opposition par gout du pouvoir non pour établir une démocratie en Iran .

  2. Entièrement d’accord avec Apranik. Le mouvement vert avec Moussavi en leader n’est que de la poudre aux yeux des occidentaux.
    Ce type a fait tuer plus de 30 000 prisonniers du temps où il était le bras droit de Khomeiny.
    Qu’est ce qu’on ne tente pas de nous vendre comme conneries sur ce mouvement.
    Le retour du Pahlavi est de loin ce qui pourrait arriver de mieux.

  3. Le jeune ayatollah tellement démocratique en appelle au respect ou à un retour à l’enseignement authentique de son père. Je ne suis pas certaine que cela constitue une indication probante.d’un désir de démocratisation.

    Celui que vous appelez le fondateur de la République islamiste devrait plutôt être nommé le fossoyeur de la révolution de 1979. En comparaison, c’est l’ex chah qui devrait être considéré aujourd’hui comme un homme de progrès, d’ouverture.et de paix.

    Aujourd’hui en réalité personne ne souhaite une vraie révolution démocratique en Iran ni une séparation du clergé et de l’état.. Ce qu’il faut c’est un gouvernement islamiste modéré, c’est à dire qui emmerde les Russes et les Chinois et non pas Israel. C’est ce qui était souhaité en 1979 et c’est ce qui aurait pu marcher si la faction de Khomeyni n’avait pas pris les pleins pouvoirs en virant les islamistes proches des USA. L’ abominable stratégie de la ceinture verte de Brejinsky semble toujours à l’oeuvre et la chute du communisme ne l’a même pas rendue obsolète.

    Quant à l’Europe, elle est ravie de faire des affaires fructueuses avec l’Iran, elle meurt de trouille pour ses approvisionnement en pétrole et pourra toujours fanfaronner sur de soit-disantes positions de politique indépendante des USA pour ne rien faire

    Les soutiens quasi inconditionnels jusqu’à l’obscène au Mouvement vert qui est principalement une carte de rechange dans le jeu de cache cache du régime théocratique de l’Iran avec la diplomatie américaine, petit à petit ne feront plus illusion.

    Certes, on pourrait rétorquer que soutenir ce mouvement est la seule solution dans la situation actuelle de l’Iran. Que la grande insurrection de Juin ait largement démontré que les aspirations des Iraniens allaient bien au-delà du désir d’un changement de mollahs, tout le monde semble l’ignorer, on semble aussi ignorer que les gentils ayatollhas, Moussavi et compagnie ont appelé à la plus grande rigueur dans la répression du mouvement de Juin. Les dernières dernières déclarations de Moussavi sont traduites n’importe comment dans les médias pour les rendre présentables.

    Certes, les informations sont filtrées, la situation est trouble, il y a de quoi avoir quelques vertiges, les Iraniens débordent les Verts, les Verts cherchent à récupérer le mouvement de contestation populaire, le mouvement populaire s’abriterait tactiquement derrière le Mouvement vert…Quoique concernant ce troisième terme, je serais plus circonspecte. Bien des éléments et des indices tendent au contraire à indiquer une forte tendance actuelle de beaucoup d’ Iraniens à s’en tenir à distance à la suite de la répression impitoyable de l’insurrection de Juin et de l’entêtement des occidentaux à dénier aux Iraniens toute autonomie par rapport à cette pseudo direction de leurs luttes courageuses. Des témoignages de Théhéran rapportent que la manifestation du 27 Décembre a été une mise en scène bidonnée par le régime, dans un périmètre délimité..

    Il serait judicieux de garder comme boussole que le Mouvement vert est sur des positions tout autant radicales que le gouvernement actuel.
    notamment en ce qui concerne la revendication du nucléaire, la nature théocratique dictatoriale du régime et même la haine contre Israel.

    Beaucoup souhaitent instrumentaliser le Mouvement vert pour faire pression sur le régime iranien dans un contexte de « sanctions mais pas trop » afin d’obtenir des élections plus ouvertes dans lesquelles les pions de Wahington pourraient revenir. Le régime répond par des menaces d’escalade de production nucléaire en souhaitant diviser les Etats unis et l’Europe et en essayant de faire pression sur les alliés sunnites de l’Amérique.

    Tout cela n’est pas d’un grand secours pour le peuple iranien.

    Il n’est pas certain du tout qu’il faille se réjouir de ce que le Mouvement vert s’apprête à récupérer la fête des feux qui est une expression indépendante des aspirations à la liberté et à la joie de la jeunesse iranienne et qui a parfois donné lieu à de belles bastons avec les Bassidjis,. Mais cette fois le pays va être quadrillé, les milices de la répression sont fin prêtes, les provocations des verts sont fin prêtes, les jeunes Iraniens ne sont pas prêts à renoncer à cette fête ou ce serait une défaite ou un repli très douloureux . A vouloir jouer avec le feu, le régime pourrait y perdre mais il y a de gros risques que cela se termine en bain de sang et évidemment les médias occidentaux feront encore un virement de l’ héroïque résistance des jeunes Iraniens sur le compte du Mouvement vert.

    A la limite, je me demande même si je préfèrerais pas miser sur Reza Pahlavi que sur toutes ces racailles qui ont tant de sang du peuple sur les mains . Il est paradoxal que le fils d’un monarque rejeté par son peuple soit peut-être 30 ans plus tard le moins mauvais atout pour une marche vers la démocratie, la liberté et la dignité de ce même peuple. Il parait que le gars est loin d’être impopulaire en Iran et qu’il se démène pour rassembler autour de lui un maximum d’opposants iraniens de tendances diverses dans une sorte de front constitutionaliste..

  4. Je ne comprends pas ce qui fait que le gouvernement d’Ahmadinejad et de Khamenei soit encore au pouvoir. Si même le petit fils de Khomeyni (pas vraiment un démocrate ni un défenseur des droits de l’homme) fait de telles déclarations c’est que :
    1) Il ne pense pas être en danger physique en ce faisant. L’atmosphère doit donc être massivement anti-establishment…
    2) Khamenei est loin de faire l’autorité et ce même parmi les Ayatolllahs, parmi ceux qui se réclament de l’héritage de la Révolution islamique!
    Je ne pense pas que ce Khomeyni puisse être un progressiste. S’il rejetait vraiment les actes de son grand-père (vraiment pas mieux que Khamenei) il ne serait pas devenu un Ayatollah…