Il est petit, puissant et s’agite beaucoup. Homme de réseau, il aime s’inviter sur les plateaux télés. Il a des certitudes, beaucoup de certitudes. Ce leader d’opinion, c’est… Edwy Plenel!
Edwy Plenel, ancien militant trotskyste, ancien directeur de la rédaction du Monde est aujourd’hui aux manettes de Mediapart. Plenel est une figure majeure du journalisme politique en France. Victime des écoutes de l’Elysée et de l’affaire Clearstream, le journaliste tient plus que tout à son indépendance et pourfend ceux qui auraient le mauvais goût de la limiter. Justement, aujourd’hui celui qui tracasse Edwy, c’est Sarkozy !
Devant Royal, Aubry ou Villepin, Plenel se révèle être le plus farouche opposant au Président de la République. L’affaire n’est pas nouvelle ; déjà avant les présidentielles, Plenel nous mettait en garde dans une vidéo mise en ligne sur le site antisarko.net, ici relayée par John Paul Lepers contre de potentielles dérives du sarkozysme. Il y soulignait ses craintes envers le « présidentialisme institutionnel qui étouffe à petit feu notre vie démocratique ». Depuis le début de cette nouvelle présidence qui devait symboliser la rupture, Edwy Plenel parait conforté dans son argumentation : l’hyperactivité du Président, son omniprésence dans les médias, son perpétuel tour de France, d’Europe et du Monde, son discours par semaine, tout cela méritait bien la création d’un concept, celui de l’HYPER-PRESIDENT !
L’hyper-président, notion reprise par tous les commentateurs politiques, désigne donc le « style de la présidence Sarkozy ». « Hyper », le préfixe vient du grec, il désigne ce qui est « supérieur à », « au-dessus de ». L’hyper-président veut avoir un œil sur l’ensemble des décisions prises par le gouvernement et tient à être partout. Son désir serait d’accroître les prérogatives présidentielles tout en affaiblissant celles de ses ministres. Le terme hyper-président est bien pratique. Imagé, il cristallise un état, emprisonne les faits, pourrait laisser augurer une prise en charge virile du destin national mais décrit surtout une dérive inquiétante de la pratique institutionnelle.
Très rapidement, Plenel a fait de l’anti-sarkozysme son cheval de bataille et sa principale obsession. Depuis longtemps, le fondateur de Mediapart conçoit le journalisme comme un engagement. Il s’agit là d’une pratique saine en démocratie. De Philippe Val à Eric Zemmour, d’Elisabeth Lévy à Laurent Joffrin, ce sont bien les éditorialistes qui éclairent la vie politique française, mettent à jour ses contradictions et alimentent les débats de société. Seulement Edwy Plenel se trompe. Le tout sauf Sarkozy n’apporte rien au débat politique, il le pourrit. On le voit en dehors de nos frontières, c’est à force d’utiliser de telles méthodes qu’un pays comme l’Italie sombre. L’Italie sombre à force de passer plus de temps à dénoncer le camp berlusconien d’en face plutôt qu’à proposer une alternative constructive. Les faits sont là : aussi virulent soit-il, le mouvement Anti-Berlusconi n’a jamais atteint son objectif. Pire, il finit par faire de l’homme d’affaires italien un martyr. Vous parlez d’une stratégie d’opposition!
Depuis quelques mois, Plenel ressemble à un Don Quichotte absurde tant sa pensée verse dans l’excès. Comme le héros de Cervantès qui s’attaque à d’illusoires moulins à vent, son anti-sarkozysme est aveugle. Sa pensée, elle, reste ultra-manichéenne : le rejet de Sarkozy comme seul programme. Voilà le message hyper récurrent d’Edwy Plenel l’hyper-opposant. C’est d’ailleurs le thème de son dernier livre, « N’oublions pas : Faits et gestes de la présidence Sarkozy » publié aux éditions… Don Quichotte justement!
Soyons francs ! L’inquiétant, ce ne sont pas tant les envolées excessives de Plenel, c’est surtout le fait qu’il entraîne avec lui une bonne partie de la « Gauche Sancho Panza » dans l’erreur, cette gauche naïve et sans idée mais toujours stupidement fidèle à ceux qu’elle a aimés. Oui, Plenel fait de ceux qui l’écoutent des Sancho Panza. Construire son identité sur le rejet, c’est courir à la catastrophe, c’est imiter le camp de l’extrême qui ne réfléchit pas mais hait seulement. La Gauche française n’a plus besoin de Plenel comme elle n’a plus besoin de Frêche et de Melenchon. Chacun dans leur style, ces hommes appartiennent au passé car ils utilisent des systèmes de référence dépassés autant que des méthodes discutables. Tels de véritables boulets attachés aux pieds d’un prisonnier embastillé, ils empêchent la Gauche française de faire son examen moral et de suivre le chemin de la rénovation.
Voilà des maux que dénonçait Bernard-Henri Lévy plein de justesse dans son « Grand Cadavre à la Renverse », voilà des maux dont le Parti Socialiste n’arrive toujours pas à se défaire. Voilà une tentation qu’il faudra pourtant combattre si l’on veut proposer un vrai programme à Gauche en 2012, loin d’un anti-sarkozysme aussi médiocre que rebattu.
Laurent David SAMAMA,
responsable des pages politiques de Rolling Stone.
http://johnpaullepers.blogs.com/john_paul_lepers_leblog/2007/03/edwy_plenel_ant.html
C’est un très bon article c’est tout à fait ce que je pense. Plenel est un journaliste qui fait son boulot mais c’est un intellectuel qui a pas mal d’arrogance et qui contribue à faire bien plus le jeu de ceux qu’il déteste quitte à les faire gagner. L’Ump peut remercier Plenel. Sarkozy aurait peut-être pu faire moins de 49% en 2012 si Plenel avait été un peu plus discret sur les affaires avec Khadafi. Si Plenel prétend qu’Hollande savait pour Cahuzac, ok mais pour autant il n’est pas juge. Plenel est très arrogant vis-à-vis des confrères. Publicis et Xavier Niel entre autres sont actionnaires de Médiapart. Médiapart n’est que sur internet c’est ça qui diffère.
Celui qui accusait les gens censés de faire de l’anti-communisme primaire en dénonçant les goulags soviétiques fait aujourd’hui de l’anti-Sarkosisme primaire. Décidemment le terme « primaire » lui va bien!
Il me semble que le débat politique devrait être un débat d’idées. Argumentum ad hominem?
Concernant Sarkozy : le personnage incarne le Tout : son comportement, ses idées, ses ministres, ses policiers, ses chers concitoyens, ses chers amis, sa paranoïa, ses psychoses, …, ses médias, ses choses, ses jouets. Avec lui ou contre lui, un binaire. Il faut le dénoncer pour faire entrer une part de doute chez ceux qui l’on crû . Oui il faut faire de l’antisarkozisme primaire, avec violence, avec dérision. Combien de médias sont libres, combien de journalistes le sont? Comme en Italie non? Aux partis politiques de jouer leur rôle de forces de propositions, mais aux journalistes d’éclairer, de dénoncer sur le dernier support de liberté, avant que Loppsi 2 n’inaugure une nouvelle série de bonheurs que n’aurez jamais eu le courage de dénoncer…
« Le texte proposé par le Ministre de l’intérieur est une excellente réponse aux nouvelles formes de délinquance. Je dénonce l’incohérence de ceux qui regrettent l’apparition de nouvelles formes de violences aux personnes et qui dans le même temps s’opposent aux mesures qui ont précisément pour objectif d’y apporter une réponse ferme. » Frédéric Lefebvre
Vive Plenel!
Merci aux commentaires d’Esteve, de Gauchedecombat de Ltrobat ! Ils permettent de rétablir un équilibre salutaire et de récuser la diatribe anti-Plenel d’un individu dont on ne sait d’où il parle: Rolling Stone serait-il la nouvelle revue officielle du sarkozisme décomplexé et triomphant ? Doit-on s’excuser aujourd’hui de penser différemment du pouvoir en place ? Doit-on se cacher et taire son aversion d’un président dangereux pour la concorde de notre société et les libertés publiques de notre pays ? Merci à tous les Edwy Plenel de porter haut la flamme oratoire de notre résistance et longue vie à nos esprits libres !
Il est évident que l’analyse politique de Monsieur Samama (responsable des pages politiques de Rolling Stones – sic) est d’une profondeur époustouflante par rapport à la vacuité d’un petit journaliste comme E. Pleynel.
J’espère que vous serez élu un jour comme président la France un besoin d’une main forte pour changer le régime sarko
La gauche italienne s’est ramassée parce que plus rien, politiquement, ne la différenciant de la droite, les électeurs ont choisi le vendeur qui avait le plus de bagout.
Rappelez-vous de Walter Veltroni affirmant qu’il ne se disait pas de gauche.
En 2002, Jospin nous affirmait déjà que son projet n’était pas socialiste (pour les électeurs UDF, cela signifiait: pas de gauche). Les mêmes causes produisent les mêmes effets…
Merci de me simplifier la lecture, de ce texte ça m’évite de le lire en entier. et de me fatiguer pour rien..A priori , et je veux en rester là, je partage les idées de Edwy Plenel. Il est des écrits et colères salutaires pour tous.
Plenel ? Vous avez dit Plenel ?
Oui bien sûr !
Sans lui, la démocratie – pour ce qu’il en reste -, aurait comme un goût de cendres.
Le villepinisme a également fait descendre des millions de personnes dans la rue (CPE)… Or cela semble avoir échappé à M. Plenel.
Tout à fait d’accord avec cet article. Le parallèle avec l’Italie est extrêmement pertinent. A force de proposer pour tout programme l’anti-sarkozysme, d’hystériser le débat politique, de tout surinterpréter en versant dans la caricature (surtout si c’est pour promouvoir parallèlement des hommes de droite exaltés et troubles comme Villepin…), on ne peut qu’envoyer la gauche dans le mur. La gauche, journalistique ou politique, ferait mieux de se demander ce qui a fait que les Français se sont reconnus dans l’offre politique de Nicolas Sarkozy et comment elle peut construire un projet alternatif qui répondra mieux à leurs attentes.
Edwy Plenel nous renvoie à son excellent article sur Georges Frêche.
C’est rigolo, je viens de lire le dernier bloc-notes de Bernard-Henri Lévy sur le « cas Frêche » :
http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/2010-02-04/reponse-a-gerard-depardieu-et-a-quelques-autres-sur-le-cas-freche/989/0/420587
Lisez les deux et comparez : c’est la règle du jeu.
Un même combat ? Parfait !
Merci pour cet article fort distrayant ! Effectivement Edwy Plenel est un imposteur celte, il appartient à une vieille famille de pirates qui détroussait les naufragés sur les plages d’Ouessant. Ne vous laissez pas amadouer par ses tentatives de réconciliation marranesque, il ne mérite que la potence. Son surnom chez les boys-scouts trotskystes : rainbow warrior…
Meilleures salutations bretonnes,
Xavier de Keroual
Les Beatles ont été meilleurs que les Stones. Incontestablement… 🙂
Chers amis de « La Règle du jeu »,
En écho avec les deux messages ci-dessus et pour l’information complète de vos lecteurs, je vous recommande, sur mon blog de Mediapart, un article qui rend quelque peu vaine (et c’est un euphémisme) toute comparaison entre ce que j’écris (car c’est là mon métier et c’est sur cela qu’il faut me juger) et ce que dit ou fait Georges Frêche. Il s’intitule: « Pourquoi la gauche doit rompre avec Georges Frêche ». Et c’est en accès libre à cette adresse:
http://www.mediapart.fr/club/blog/edwy-plenel/020210/pourquoi-la-gauche-doit-rompre-avec-georges-freche
Enfin, s’agissant du raccourci moqueur autour du nom de notre éditeur, vous ne devriez pas oublier que Don Quichotte, sous la plume de Cervantès, homme d’identités multiples puisque très certainement marrane, n’est qu’en apparence l’histoire d’une quête vaine, épuisée à guerroyer contre des moulins à vent, mais, plus essentiellement, une épopée de l’espérance, comme attente messianique et promesse prophétique: s’engager résolument au présent pour ouvrir un passage aux lumières du passé.
Pour le reste, débattons quand et où vous voulez. Lectures et bilans en mains. Cela vaut toujours mieux que les commentaires impressionnistes qui jugent les personnes plutôt que leurs idées ou leurs actes.
Bien cordialement,
Edwy Plenel
Effectivement, je ne vois pas bien l’intérêt de cet article contre PLENEL. Vous avez bien le droit de ne pas aimer ce journaliste, mais il faudrait quelques arguments plus solides pour justifier cette hostilité. Si le rôle d’un journaliste n’est pas d’exercer son esprit critique, de quoi peut-il se charger ? Certainement pas d’écrire le programme du futur candidat de gauche aux élections de 2012 ! C’est pour le coup qu’on pourrait à bon droit le juger partial (homme de parti pris) !
Quant à cette chanson à la mode (= l’antisarkozysme n’est pas la bonne méthode), elle a surtout pour conséquence de dépeindre ledit SARKOZY comme un nouveau St Sébastien percé des flèches de ses méchants ennemis. Dites-nous quelle est la « bonne méthode » pour défendre les libertés fondamentales qui sont systématiquement bafouées par la politique ultrasécuritaire des gouvernemenst de droite : depuis 2002, nous en sommes à la dix-huitième loi sur la sécurité intérieure ! Je suppose que vous avez lu le dernier projet de loi (LOPPSI 2) déposé par la Commission des Lois et qui sera discuté à partir du 9 février ? Qu’en dites-vous ? Que pourra faire d’autre MEDIAPART que de mettre en garde ses lecteurs contre une dérive qui transfère les pouvoirs des juges aux préfets pour la surveillance de la population, instaure le couvre-feu pour les mineurs, les comparutions de prévenus devant des webcams, accorde la qualité d’adjoint de police judiciaire aux chefs de police municipale, autorise la police et la gendarmerie à croiser les fichiers informatiques auxquels elles ont accès, j’en passe et des meilleurs comme la création d’une « réserve civile » de « collaborateurs occasionnels de la police »…. Je n’invente rien. Allez lire le texte – ce n’est pas du Cervantès, pardonnez-moi – et dites-moi ensuite si je suis atteint du syndrome de Sancho Panza…
cette figure de contre rhétorique qui consiste à faire croire que quand on est contre on fait le jeu de son opposant m’a toujours stupéfait…. Qui peut croire une pareille mauvaise foi ? cela va à l ‘encontre du plus élémentaire bon sens. Plenel est et demeure selon moi un excellent journaliste aux prises de position qui ne vont pas dans le sens du vent, contrairement à celles d’un Joffrin, beaucoup plus lisses et policées. Quant à Zemmour… Réactionnaire à vomir qui ne peut briller que apr l’absence d’idées de l’époque,et surtout de véritables positions fermes et tranchées. il ne doit son succès qu’à son actuelle position médiatique. Un mec comme ça, dans la vraie vie, se fait rapidement botter le cul… Ou mettre un poing dans la gueule. je ne dis aps que je suis pour, mais revenons à la réalité ! ce n’est qu’un coq de basse-cour….. : celle de Sarko.
On est un peu effaré par le simplisme de cet article.
Plenel est-il le journaliste à abattre ?
Mérite-t-il la comparaison ridicule avec … Georges Frêche ?
L’anti-sarkozisme est-il le seul moteur de Médiapart ?
L’anti-plenelisme sommaire va-t-il renforcer Plenel ?
J’étais plutôt pro Rolling Stone, je redeviens pro Beatles !
Je ne sais pas si Laurent David SAMAMA est un grand journaliste mais il a assurément un talent de comique. J’ai bien ri en lisant ce papier.
“La Gauche française n’a plus besoin de Plenel, comme elle n’a plus besoin de Frêche et de Mélenchon!” Effectivement il faut comprendre « Mélenchon = Frêche » et donc depuis le dernier dérapage de Frêche on aura vite fait de faire subliminalement le lien avec Mélenchon sans qu’aucune argumentation rationnelle ne vienne justifier l’équation assimilant Mélenchon à Frêche.
Je rappelle que le sarkozysme a, depuis mai 2007, un coût social que Mediapart a opportunément rappelé dans l’ouvrage cité dans cet article (que j’invite les gens de gauche à acheter et à lire) et qui a, en 2009, fait descendre des millions de salariés dans la rue. Il est vrai que de la rédaction de Rolling Stone (haut lieu de la subversion BCBG), on a du mal à percevoir les réalités de cet ordre.
Je pense que la Gauche française a plus que jamais besoin de Plenel et de Mélenchon. En revanche elle se passerait bien de Laurent David SAMANA et de Bernard-Henri LEVY…
En effet, nullissime !
L’anti-hitlerisme renforce Hitler,
L’anti-berlusconisme renforce Berlusconi,
L’anti-sarkozisme renforce Sarkozy,
L’anti-samamisme, souhaitons-le, ne renforcera pas Samama !
Article que je considère comme nul.
Il se résume à :
Plenel ne fait que de l’Antisarkozisme! … mais vous, vous ne faites presque que de l’anti Plenel !
Ensuite, péremptoire, sans aucune démostration, vous assénez : « La Gauche française n’a plus besoin de Plenel, comme elle n’a plus besoin de Frêche et de Mélenchon! ». Amalgame farfelu et insensé! . Pas de démonstration, ni d’argumentation! NULLISSIME !