Article publié sur Mediapart.

Le poète, romancier, dramaturge, essayiste et cinéaste espagnol Fernando Arrabal a ouvert à Greg Germain, président du festival OFF, les portes de son domicile parisien. Autour d‘un verre de vin, il est revenu sur son enfance douloureuse et sa singulière histoire de famille.

Entretien avec Fernando Arrabal © Julie Wolszynski, François Plet
Celle d’un père, emprisonné et condamné à mort lors de la tentative de coup d’état militaire à l’origine de la guerre civile espagnole. Un père qu’il a longtemps cru mort, avant de découvrir qu’il s’est évadé de prison et a mystérieusement disparu. Et surtout qu’en réalité, c’est sa propre mère, secrètement proche du régime de Franco, qui l’avait alors dénoncé. Un traumatisme d’envergure pour ce petit surdoué qui remporte son premier prix à l’âge de dix ans.

À 82 ans, le lauréat de l’équivalent du Goncourt espagnol, auteur de près d’une centaine d’ouvrages et autant de pièces, traduites dans plusieurs langues, n’a rien perdu de son enthousiasme.

« J’adore le off » n’a t-il  cessé de répéter au cours de la soirée spéciale qui lui était consacrée au titre d’invité d’honneur de cette cinquantième édition du festival. La foule, venue y assister massivement ce soir-là, a pu rire et s’émouvoir lorsqu’il se raconte, avec sincérité et non sans humour.

Et si le public en redemande, qu’il se précipite au théâtre des amants. Le temps du festival, il s’y joue l’une des pièces les plus autobiographique de son répertoire, La guerre d’Espagne n’aura pas lieu.
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La guerre d’Espagne n’a pas eu lieu (****)
Jean-Noël Grando  LA PROVENCE :

« En fond de scène, une toile évoquant « Guernica » de Picasso. Le décor est immédiatement planté. La pièce de Fernando Arrabal nous replonge dans les tourments du franquisme et de la Guerre civile espagnole.
Il s’agit là d’un montage de textes extraits de trois œuvres d’Arrabal. Le récit met en scène une mère et son fils, plusieurs années après la fin de la guerre. Le père a disparu dans le chaos franquiste, et le fils questionne sa mère pour savoir quel rôle elle a vraiment joué dans toute cette sombre histoire. Passant de l’intime à l’universel, la pièce renvoie dos à dos l’Histoire et le quotidien. Le combat pour la liberté et la justice sont les piliers de la pensée d’Arrabal. Il évoque les victimes oubliées, les morts sans sépulture, et tente de tourner la page du franquisme, pour n’y plus jamais retomber.
Trois comédiens servent un beau texte et en profitent pour nous remémorer les exactions de l’Histoire. Les rapports d’amour / haine entre mère et fils sont aussi au cœur de l’action. Et la souffrance transparaît tout au long de la pièce.
De la réalité au fantasme, « La Guerre d’Espagne n’a pas eu lieu » nous entraîne dans un parcours introspectif. Une œuvre poétique pour ne jamais oublier. Un excellent moment de théâtre ».

Article publié sur Mediapart.