Pique-nique en campagne

d’Arrabal

Mise-en-scène de Sotha

Café de la Gare

Pariscope: « En cette période où l’on «célèbre»  la Première Guerre mondiale, rien de tel qu’une bonne  pièce pour nous rappeler combien Prévert avait raison:  «Oh! Barbara, quelle connerie, la guerre!».

Arrabal a une vingtaine d’années lorsqu’il écrit cette pièce, la première d’une longue et belle production. Nous sommes en 1952 et l’auteur s’adresse à « cette frange rieuse et néanmoins atterrée par l’absurdité des conflits armés qui dévastent le monde ». Sotha, cofondatrice du Café de la Gare, la découvre il y à 20 ans. Elle décide de la monter aujourd’hui, tant l’œuvre demeure d’actualité et tant son style reste moderne.

L’association Arrabal-Sotha fonctionne à merveille. Nous sommes quelque part à la campagne . Dans ce «trou de verdure où chante une rivière…», un soldat monte la garde. Surgissent alors deux personnes. Pas d’inquiétude, ce ne sont que papa et maman. Ils rejoignent Zapo, leur fiston, pour un pique-nique bucolique en ce beau dimanche de printemps. Le soleil brille , les oiseaux chantent, et les obus pleuvent un peu plus loin.

Zépo, un autre convive, se joint à eux , invité par le hasard de la prise de guerre. Quelle est la différence entre ces deux soldats? Même jeunesse, même uniforme, même insouciance, même peur au fond des yeux. La situation incongrue de ce casse-croûte familial en plein conflit produit un effet comique redoutable, flirtant avec le surréalisme et l’absurde.

Dans un rythme propre au Café de la Gare, se baladant entre bouffonnerie et poésie, Sotha signe une de ses plus belles mises en scène. Ils sont une douzaine de comédiens, tous issus de la troupe maison, à se partager les rôles. Le jour de notre venue, nous avions Lancelot Chérer en Zapo (une découverte), Pierre-Jean Chérer et Aude Thirion en insouciants parents, Jean-Romain Krynen en Zépo, Odile Huleux et Manon Rony en charmantes infirmières. Ils connaissent leur affaire et mènent avec talent cette farce courte, grinçante, mordante et réjouissante.

Et cela fait du bien. »

Marie-Céline Nivière