Dali vs. Picasso

Théâtre National du Luxembourg

de Fernando Arrabal

CREATION MONDIALE

  • Metteur en scène :

    Frank Hoffmann

    Décors :

    Christophe Rasche

    Costumes :

    Katharina Polheim

    Musique :

    René Nuss

    Avec :

    Samuel Finzi, Marie-Lou Sellem, Luc Feit, Jacqueline Macaulay

    Une production :

    Théâtre National du Luxembourg, Ruhrfestspiele Recklinghausen

    Lieu de production :

    Théâtre National du Luxembourg

Au milieu du salon est accroché le tableau de
Dali Composition molle aux haricots bouillis (prémonition de la

Guerre Civile), derrière, tout au fond, on découvre le Guernica  de Picasso . El recibimiento fue espectacular . El público aplaudió continuamente y gritó bravos haciendo salir a los actores a saludar varias veces. La reacción fue clamorosa. Y así me lo confirmó la opinión de los espectadores con los que hablé al final. En cuanto al choque entre el juego del drama en sí y el final extraordinario, es decir se subrayó el patetismo de dos personajes que al final se descubre que son enfermos internados en una institución. El tono voluntariamente  burlesco que  se da entre los dos personajes se rompe al final cuando la inmolación de Dalí (que llevaba los bigotes pintados y se los limpia), marca el paso a la terrible realidad del encierro, acentuada por la voz anónima y fría del altavoz, y se ve a dos pacientes desvalidos y patéticos. Son tragicos  de principio a fin, pero Hoffmann subraya ciertos motivos cómicos, probablemente para acentuar la idea final de que no son dignos de burla sino de lástima. La ha representado de manera grandiosa, potenciando el texto, es decir que los dos enfermos  son un Picasso y un Dalí muy convincentes, pero al mismo tiempo son pacientes. No inventan nada: creen en lo que hacen. El conjunto resulta una mezcla de caricatura y tragicomedia que me la hacía parecer muy arrabalesca . La ambigüedad que creo pretendías está continuamente presente, de modo que el espectador que no haya leído el texto debe de estar preguntándose todo el rato si aquello es falso o real. Es ese el juego que en mi opinión tú querías y queda muy bien. Además, como Hoffmann es hombre creativo, todo me han sorprendido agradablemente. Los intérpretes son muy buenos: los rasgos del que hace de Picasso son muy parecidos a los del pintor, mientras que a Dalí lo interpreta una chica y lo hace muy bien, pues se subraya el androginismo daliniano sin mucho esfuerzo. No hay voces en off, sino que Gala y Dora aparecen en el escenario y contrastan muy bien con los otros dos. Y el Guernica, que ocupa todo el fondo, no es de una pieza, sino de varias en diferentes planos, de manera que en un momento dado Picasso penetra en la obra caminando entre sus diferentes partes. Frank me ha dicho que mañana te llama. Quiere llevarlo a París y  en el festival que dirige en Alemania tras varias representaciones en alemán.  Pollux Hernuñez

“Dali vs Picasso” d’Arrabal

au Théâtre National de Luxembourg (Luxembourg wort)

Jean-Louis Scheffen.-  Dalí et Picasso  ont, chacun, illustré certains de vos livres. Quels ont été vos rapports avec ces deux artistes?

Fernando Arrabal.- Dali était passionné par les sciences. Je le suis aussi. Picasso était « un Xenius ». Comment savoir si la mer revient ou se retire?  J’ai connu Dalí personnellement lorsqu’il m’a proposé de créer avec lui une oeuvre « cybernétique ».  Nous étions d’une certaine manière différents de nos collègues. Je n’aurai pas l’impertinence de croire que nos connaissances nous permettaient de mesurer  les limites de tout.  Les lions démontrent aux brebis que s’ils n’étaient plus lions elles seraient encore plus brebis.  Il ne faut pas oublier que peu avant sa mort Dali a cherché à réunir  (à ses frais) de grands chercheurs   pour débattre sur un sujet: le hasard.  L’ambition la plus décisive du siècle. J’aurais préféré (et je le lui ai dit) que ce cénacle essaie de trouver la rigueur mathématique  de la confusion.

Jean-Louis Scheffen .- Pour votre texte « Dalí vs. Picasso », avez-vous voulu rester près d’une certaine vraisemblance historique ou psychologique?

Fernando Arrabal.-  Gardons en mémoire qu’il s’agit du dialogue de deux « sans-papiers ». Ils jouent le rôle de Dalí et de Picasso. Ce sont  deux émigrants enfermés dans le département psychiatrique d’un centre de rétention.  La Nouvelle Zélande pourrait avoir un  Tour de France… mais avec des kangourous. Cependant, ces limites posées, je me suis inspiré de faits authentiques, notamment des mémoires de jeunesse de Dali et de sa correspondance très chaleureuse avec   Picasso.  Qui était le maître de qui?  Comment savoir si l’hippocampe doit tout à la sirène ou au centaure? J’ai tenu compte de ce que le vrai révolutionnaire à l’époque était le trotskiste Dalí. Et que Picasso ne sera communiste que presque une dizaine d’années plus tard.  Dans les profondeurs le scaphandrier myope est visionnaire.

Jean-Louis Scheffen.- Les rapports entre l’artiste et la société (en temps de guerre plus particulièrement) sont le point de départ de votre texte. Un propos de prime abord très sérieux, d’autant plus que vous avez-vous-même connu les suites de la Guerre civile et du régime de Franco. L’humour qui y est aussi présent que dans beaucoup d’autres de vos œuvres sert-il à démasquer la réalité?

Fernando Arrabal.-   L’humour est peut-être celui même de la réalité. Celui de la confusion. Il faut voir comment deux esprits ont  présenté une vision politique, à leurs débuts , « à front renversé ». Quand beaucoup de ruches    deviennent agnostiques les abeilles créent un dieu. J’ai respecté  la vérité  en tous  points.  Dans l’élégante galerie de NY sur le cendrier aux mégots géant de Damien Hirst j’ai vu cet avertissement : « interdit de fumer »

Jean-Louis Scheffen.- Les deux tableaux au centre du dialogue constituent des regards très différents sur la réalité. Qui y arrive mieux ? Vous sentez-vous l’âme d’un arbitre ?

Fernando Arrabal.- Je ne suis  en rien un arbitre.  L’éléphant trop lifté, s’il lève la trompe, sa queue rétrécit. Personnellement  je vois dans le tableau de Dali réellement une prémonition de la guerre civile. Celui de Picasso comporte des éléments  troublants. Le porc-épic snob sur sa gourmette annonce: acupuncteur. La toile de Dali est paradoxalement plus  « claire ».

Jean-Louis Scheffen.- Gala et Dora ne se cantonnent pas à leur rôle de muses mais dérèglent le dialogue des deux artistes de manière souvent surprenante. Leur regard est-il aussi un peu le vôtre?

Fernando Arrabal.-  Je ne peux que répondre par ce qui peut sembler un cliché: je suis tous les personnages. Mes bagages perdus dans mes vols sont pervertis par des étoiles filantes. Je suis , par exemple , Fando et Lis . De même que Flaubert… « Madame Bovary, c’est moi ».

Jean-Louis Scheffen .- Si Picasso, aux yeux de ce qu’on appelle le « grand public », représente aujourd’hui l’art du XXe siècle tout court, Dalí (pour lequel André Breton avait créé l’anagramme  « Avido Dollars ») en illustre aussi le côté mercantile. A vos yeux, une philosophie d’artiste et  un certain esprit commercial sont-ils compatibles?

Fernando Arrabal.- On oublie le passé: combien des urologues atteints de Parkinson deviennent des masturbateurs convulsifs. Au 16e , au 17e siècle , par exemple , les artistes  vivaient grâce aux commandes des mécènes ( le roi , l’Eglise , les grands bourgeois). Vélasquez fut un « assis ». Les peintres religieux lisaient continuellement des textes sacrés: ils préparaient les antisèches de Jugement Dernier… ou du Dernier Goulag. Le romantisme et le 19e siècle , les débuts du 20e , ont imposé la figure de l’artiste « maudit ». Ce n’est pas une fatalité. L’hippopotame qui veut sembler mince choisit des fiancées hippopotames obèses. D’autre part Picasso a été  très soutenu par des partis  totalitaires.  Ne jetons pas trop vite la pierre à Avida  Dollars.

“Dali vs Picasso” d’Arrabal

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“…Dali vs. Picasso est une oeuvre foudroyante, jubilatoire, appelée humblement par son auteur Fernando Arrabal « dialogue », une oeuvre qui sonne comme un cri méchant, mais tendre, provocateur,mais hilarant, querelleur, mais poétique. …neuf mois après le début de la Guerre Civile Espagnole, trois joursaprès le bombardement de Guernica, dans la nuit du jeudi 29 avril
1937 dans un grand salon parisien délabré se retrouvent Salvador
Dali et Pablo Picasso. Au milieu du salon est accroché le tableau de
Dali Composition molle aux haricots bouillis (prémonition de la
Guerre Civile), derrière, tout au fond, on découvre une oeuvre de
Picasso qui deviendra par la suite Guernica. Dali et Picasso s’entretiennent
du rôle des arts et de l’artiste en temps de guerre, leur conversation
à bâtons rompus est constamment interrompue par les
interventions cocasses de leurs deux femmes-complices Gala et
Dora. Régulièrement Dora lance un couteau qui passe devant le nez
de Picasso atterré, alors que Gala a une grande nouvelle à annoncer…

Fernando Arrabal est né au Maroc peu de temps avant la Guerre
Civile Espagnole. La condamnation à mort de son père sous le régime
de Franco, commuée en peine d’emprisonnement à vie, puis sa disparition
après son évasion de prison – ou plutôt d’un asile dans lequel
il s’est fait interner – marquera l’oeuvre du dramaturge : il en fait état
dans plusieurs ouvrages, dont Lettre à Franco, publié du vivant du
Général. En 1967, il est arrêté pour avoir écrit une dédicace « blasphématoire »
envers le régime. Il doit sa libération à une campagne internationale.
Auteur à succès, cinéaste et peintre de talent, les recueils
de poèmes de Fernando Arrabal ont été illustrés par de grands artistes
internationaux, parmi lesquels Dali, Magritte, Picasso, Saura…
Jouée dans le monde entier, son abondante production théâtrale,
mystique et provocatrice, onirique et festive, est un mélange baroque
de cruauté et de tendresse.

Arrabal est peut-être le dernier, en tout cas le plus ensorcelant représentant
de cette génération exceptionnelle qui, entre surréalisme, théâtre
de l’absurde et écriture contemporaine, a révolutionné le monde
des arts et de la littérature de l’Après-Guerre jusqu’à aujourd’hui.
Soutenu par une distribution exceptionnelle, Frank Hoffmann crée
la version originale française de Dali vs. Picasso. Un défi !