« …une œuvre d’une richesse extraordinaire

…un  Capricho excentrique made in Arrabal

…prodigieux et jouissif ! » :  http://faranzuequearrieta.free.fr

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« La nuit du 29 avril 1937, Salvador Dalí et Pablo Picasso – deux artistes desterrados (expatriés) fuyant le conflit qui oppose les républicains aux nationaux en Espagne -, se rencontrent dans un grand salon parisien délabré dans lequel sont exposés, tout au fond, les célèbres tableaux Construction molle avec haricots bouillis-Prémonition de la guerre civile (1936) et Guernica (1937).
Le bombardement du village basque par l’aviation allemande a eu lieu le 26 avril, mais ce n’est que le 29 avril que le journal communiste L’Humanité révèle le drame.
Le 4 mai 1937, l’Exposition Universelle de Paris est inaugurée par le Président Lebrun ; Picasso présente Guernica dans le Pavillon de la République espagnole.
Le dialogue entre les deux peintres est interrompu à de nombreuses reprises par les interventions loufoques des Voix Off de Gala et Dora Maar – faisant office de chœur antique et de sorcières shakespeariennes arrabalisées -, par les lancers de couteau de la photographe, ainsi que par les mictions inopportunes du bouc Barrabal qui pisse allègrement sur la toile de Picasso ou danse à la façon du Gran Cabrón dans le tableau El aquelarre de Goya, inscrivant sans le moindre doute la conversation des deux génies dans le registre panique.
Dans ce nouveau texte, Fernando Arrabal surprend le lecteur comme à son habitude ; à la lecture du dialogue, on a l’impression que les rôles de ces illustres personnages sont inversés. Marâtre histoire aime bien interpréter le rôle de l’amnésique ; on garde en souvenir, mémoire collective partiale imposée, deux étiquettes bien distinctes qui collent à la peau des peintres : Dalí, l’excentrique avide de dollars – Avida Dollars, anagramme composé par le pape Breton – et Picasso, le communiste baiseur.
Ici, Arrabal tire la carte de la confusion panique ; il nous rappelle qu’en 1937 le peintre catalan est trotskiste tandis que l’andalou ne deviendra communiste que huit ans plus tard, en 1944. Sans cette précision, on aurait volontiers attribué les répliques de Dalí à Picasso et vice-et-versa, – Picasso : Le jour où je me déciderai à réaliser une toile à sujet politique, je peindrai Louise Michel ; Dalí : Il faut vous engager comme moi je le fais. […] Le front antifranquiste, c’est l’espoir ! […] Ma toile est un manifeste en faveur des offensés et des humiliés. –
Picasso a peint son célèbre tableau de trente-deux mètres carrés qu’il a fait à la gloire de la Fée Électricité ; il compte l’exposer dans le Pavillon Électricité de l’imminente Exposition Internationale. Il enrage car Dufy en a peint un plus grand, les électriciens parisiens m’ont fait travailler au plus grand tableau de ma vie pour qu’ensuite je n’aie plus qu’à me le mettre dans le cul.
Gala annonce à Picasso, en pleine dispute avec Dalí, une requête de l’ambassadeur de la République espagnole : le Gouvernement espagnol veut que vous représentiez l’Espagne démocratique, l’Espagne révolutionnaire, l’Espagne en guerre contre le fascisme. Il semble intéressé par la compensation financière, un million de pesetas or, ça fait réfléchir.
C’est encore Gala qui permet de dénouer l’intrigue, ce serait épatant si vous adaptiez à la guerre civile le tableau de la Fée Électricité. En rapportant la nouvelle dévoilée par l’article de L’Humanité – journal qui publie des critiques acerbes, des railleries, des jugements défavorables sur l’œuvre de Picasso -, Dalí, Dora Maar et Gala pressent Picasso d’accepter la proposition de l’Espagne républicaine et de donner à son tableau le nom du village martyr basque, « Guernica » est le titre idéal pour ton ex-déjà « Fée Électricité » ! Ainsi Picasso laisse à Dufy le soin d’exposer le plus grand tableau du monde, par la taille, pour présenter le plus grand tableau du monde, Guernica, d’un point de vue esthétique.
Dans le personnage Dalí on retrouve beaucoup de points qui nous rappellent Fernando Arrabal, ce dernier a d’ailleurs collaboré de nombreuses fois avec le maître catalan, tout comme avec Picasso.
Il y a dans ce texte arrabalien, qui ne se définit pas comme une pièce de théâtre mais comme un « dialogue », une volonté de rassembler le destin de ces illustres desterrados dont l’auteur fait partie, rappeler aussi le respect et l’admiration qu’ils avaient l’un pour l’autre.
Arrabal revient à la genèse de ces figures majeures de l’histoire des Arts en empruntant les chemins de traverses, guidé par le dieu Pan.
Le dialogue parvient à son paroxysme lorsque Dalí demande, – j’exige que sur le champ, avec ce bistouri, vous extirpiez d’un seul coup, mes deux testicules -, à Picasso de lui faire une ablation de ses attributs virils, les mêmes avec lesquels il rendit le sperme de sa conception à son père en lui disant, « Maintenant nous sommes quittes ! »
Dalí, Prémonition de la guerre civile est un exercice de style panique magistralement mené, dont le texte est inspiré par la folie, la confusion, la transgression, l’humour et le grotesque ; c’est un rêve éveillé, une chimère panico-goyesque dont seul Fernando Arrabal en a le secret.  Un délire littéraire qui tient à la fois du surréalisme et du panique, un texte dans le plus pur esprit arrabalien qui manie une multitude de références littéraires, historiques et picturales pour en faire une œuvre d’une richesse extraordinaire. Un  Capricho excentrique made in Arrabal. Prodigieux et jouissif !  … » : Frédéric Aranzueque-Arrieta

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Dalí, Prémonition de la guerre civile de Fernando Arrabal
Dalí vs Picasso…  un dialogue d’Arrabal.

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