On dirait que Nietszche « fut fasciné » par Amédée de Savoie. Ce duc fut roi d’Espagne jusqu’à ce qu’il en eût assez: le caprice ibérique n’avait duré que deux ans, deux mois et neuf jours. Frédéric était charmé par les manières aristocratiques d’Amédée: « rien en lui, comme je l’avais craint, n’est moderne… dans sa résidence la traditionnelle sérénité aristocratique s’est maintenue ». Gary Shapiro écrit dans l’un de ses derniers mail à Elisabeth Caron: « … Nietszche refers to Amadeo a few letters from the autumn of 1888… References can be found in index to N. Sämtliche. Schriften und Briefe ed. G Colli and M Montinari. There is also a recent book by Lesley Chamberlain, N. in Turin which unfortunately lacks an index… ».C’était l’époque de la mort des dieux et de la venue des titans (pauvres de nous!). Le philosophe « perdit la tête à Turin et cessa d’exister » peu avant la mort du monarque. Nietszche affirmait que l’on prenait le meilleur chocolat chaud du monde dans les trattorias de Turin. Et, toujours rigoureux, il ajoutait: »J’ai choisi Turin pour patrie. C’est la grande ville qui me convient. Ville si digne d’intérêt et si sérieuse! ».
L’Etre humain est un bipède (en général) capable de nier, contredire, condamner, admirer et même tout oublier. Lou Andreas-Salomé se demandait si sur les lacs du nord de l’Italie près du Monte Sacro (sic) elle avait embrassé Nietszche.