«… y pondrán esposas a las flores» d’Arrabal (que ni viaja ni utiliza por ahora teléfono o «facebuk»)

… Iria Lamas Alsina tiene el derecho plenipotenciaria de representar la obra en España, sus provincias, en tierras foráneas o ultramarinas.

«… La pièce commence avant le début de l’action ; avant que le spectateur prenne place.Le hall du théâtre communique avec la «chambre noire» qui est reliée par une porte au théâtre proprement dit où se déroule la pièce.
Les spectateurs passent un par un du hall à la chambre noire.
Il s’agit donc séparer les couples ou les groupes. Le maître de cérémonie (le régisseur) saisit ceux-ci par les poignets et leur dit une phrase à l’oreille. Par exemple:
– Un homme va être assassiné cette nuit
– Tu entres seul au pénitencier
– Glisse-toi dans la nuit de ta naissance
– Tu es poussière et tu retourneras à la poussière
Des acteurs guident les spectateurs jusqu’aux places qu’ils jugent convenable de leur attribuer… Chaque acteur peut conduire son spectateur, soit sur son dos, soit en le poussant d’une main posée sur le derrière et l’autre sur le cou, soit en le tirant par la main… Arrabal refuse aux spectateurs un quelconque confort (intellectuel ou moral), jouant sans cesse la carte de la contradiction. Ses personnages sont imprévisibles dans leurs actes et ses procédés théâtraux se mélangent sans vergogne… Arrabal fait défiler sur scène une foule d’individus illuminés, opprimés, de saints aux allures de bourreaux, etc.
Il présente son théâtre comme une «cérémonie panique» et définit ses objectifs. Il s’agit pour lui de créer un théâtre poussé à ses plus extrêmes conséquences, tout en faisant de celui-ci une fête!
La «cérémonie panique» qu’il préconise englobe donc: La tragédie et le guignol, le happening et la théorie des ensembles, le mauvais goût et le raffinement esthétique,le sacrilège et le sacré,la mise à mort et l’exaltation de la vie…

Amiel: La guerre va cesser, la paix viendra, la liberté,les hommes seront frères et égaux. Et toi et moi nous irons sur la lune dans un voilier avec des roues de bicyclette.»
Lélia: Toi tu n’es pas soldat,reste.»
Amiel: Je ne suis pas soldat mais je dois aller au front.»
Amiel: Dieu n’existe plus;il est parti pout toujours avec cette guerre.»
Lélia: Oh! si Dieu doit exister ; ce n’est pas possible qu’il demeure parmi les jupes noires des corbeaux et les brebis galeuses du troupeau du Christ. Dieu est très tendre : parfois il se glisse dans mon ventre et me chante la comparsita!»
Amiel: Nous n’avons plus besoin de Dieu ; à présent quand je rêve je ne pense qu’à un univers heureux par lequel nous irons toi et moi en nous tenant par la main pendant des années et toi tu joueras pour moi du clavecin parmi le tournoiement des colombes à corsets. Regarde comme je danse pour toi!»
(il danse grotesquement)
Lélia: Donne-moi une mornifle»
Amiel: Une mornifle?»
Lélia: Je ferme les yeux et tu me donnes un coup de poing dans la figure mais sans trop me faire mal!»
(elle ferme les yeux et attend le coup de poing)
Amiel: Je ne te battrai pas. Je monterai en zeppelin et je te lancerai des serpentins avec du lait d’arc-en-ciel.»
Lélia: Pour toi je suis comme un petit chardonneret, prisonnier de ta main, si tu serres tu m’étouffes et si tu me caresses ma poitrine gonfle comme un frêle bateau à voile.»
Lélia: Ne va pas à la guerre!»
Amiel: J’irai comme un cheval fou,mais je penserai à toi nuit et jour…»
(de retour de guerre)
Lélia: Je t’ai attendu,enfermée dans une armoire!»
Amiel: Pauvre chérie»
Lélia: Vois,les araignées ont tissé leurs toiles entre mes jambes, mes aisselles!»
(elle montre ses aisselles)
Lélia: Tout était pour toi»
Amiel: Mais tu savais que je devais revenir»
Lélia: Oui, je le savais ; je savais que dès que l’ère des Poissons serait révolue et que s’ouvrirait l’ère du Verseau tu arriverais, libre, serein.»
(…)
Amiel: J’ai une bulle d’air. C’est Dieu. Je la sens très bien. Quand je suis heureux, elle se fait très légère, et à présent que je te vois si belle, sous mon corps, on croirait qu’elle n’existe pas. La bulle d’air se promène de mon coeur à mon cerveau,et de mon cerveau à mon coeur, et elle vibre dans mon sexe. Remercions Arrabal de son talent, de son jeu théâtral plein de profondeur et de fantaisie! On en redemande…»

«…oui…  il était une fois… la guerre. Sur la terre comme au ciel.  Trente ans plus tard, il était une fois… la lune. Deux hommes ont marché sur la lumière des morts. Et ils passèrent des menottes aux fleurs… est une œuvre atypique, une fresque apocalyptique, composée de rêves et de délires croisés de quatre prisonniers politiques, au moment où l’homme marche sur la Lune… L’enjeu est multiple. Au delà d’un théâtre marqué à l’époque par un contexte politique chargé des révoltes de mai 68, et en écho des combats républicains de 1936, ce texte donne à la troupe l’occasion d’exprimer l’univers qui l’a fondée : univers d’imaginaire où les fantasmes et les fantaisies du quotidien rejoignent les vieux mythes planétaires. Univers de musiques et de masques associés à la danse et au chant, pour permettre le mélange des brutalités et des caresses du langage. Fernando Arrabal donne à dire et à jouer tout cela, du ras des pâquerettes jusqu’au délire carnivore, du souvenir de soi jusqu’au futur des autres. Création collective de huit acteurs migrants, Et ils passèrent des menottes aux fleurs… se veut une  apocalypse de l’ordinaire, à la mémoire de ceux qui rêvent».

«Une énergie décoiffante, canalisée par une grande maitrise des règles de l’art : maitrise des corps et des chorégraphies, de la langue, toujours musicale, des chants; maitrise cumulée qui donne à l’ensemble sa dimension carnavalesque au sens premier.»

«La pièce pose plusieurs questions, celle de l’enfermement, celle du franquisme d’aujourd’hui qui est plus un pouvoir financier que politique. Mais chacun, suivant ce qu’il fait peut la percevoir d’une manière différente…»