Ágnes Heller était née le 12 mai 1929 à Budapest et s’est occultée  à ses 91 ans le 19 juillet 2019 à Balatonalmádi (Hongrie). En 1944, elle  est chassée du ghetto de Budapest. Son père décédera au camp d’Auschwitz. Elle avait été  professeure de philosophie à l’ Université de la Troube (Melbourne) puis   à la New School for Social Research  (Greenwich Village).  Membre de l’ Académie Hongroise des sciences  (Magyar Tudományos Akadémia). Elle a été mariée successivement aux philosophes  István Hermann (1925-1986) et Ferenc Fehér (1933-1994).

Parmi ses livres: Qui est libre ? : sept essais sur la problématique de la liberté,  Paris/Montréal, L’Harmattan,  La Théorie des besoins chez Marx, traduit par Martine Morales, Paris, UGE, Pour une philosophie radicale, traduit par Suzanne Blanot, Paris, Le Sycomore, coll. « Arguments critiques », Marxisme et Démocratie, traduit par Anna Libera, Paris, F. Maspero, coll. « Petite collection Maspero » ,  Beyond Justice, Oxford, Boston, Basil Blackwell, Can Modernity Survive?, Cambridge, Berkeley, Los Angeles : Polity Press and University of California Press,  An Ethics of Personality, Cambridge : Basil Blackwell,  From Yalta to Glasnost (The Dismantling of Stalin’s Empire) . Oxford, Boston, Immortal Comedy: The Comic Phenomenon in Art, Literature, and Life, Rowman and Littlefield Publishers Inc, A Theory of Modernity, Blackwell Publishers, Cambridge MA,  The Time is Out of Joint: Shakespeare as Philosopher of History, Blackwell Publishers, etc.

Parmi ses prix: Médaille Goethe, Wallenberg Medal, prix Hannah Arendt  etc.

 

Blaise Gauquelin Le Monde du 14 mai 2019 , « Agnes Heller. L’éternelle dissidence » :

…  la philosophe qui a survécu aux idéologies …   à 90 ans, celle qui n’a cessé de combattre les dictatures et les abus de pouvoir dans son pays ne cède en rien sa liberté de dire et de penser… …elle « insulterait la Hongrie ». Agnes Heller obnubile la presse aux ordres du pouvoir, qui la diffame à longueur de colonnes…

…c’est loin d’Europe centrale, d’ailleurs, qu’on trouve quelqu’un qui puisse restituer l’ampleur de son travail – à l’université de Montréal, où Philippe Despoix est professeur associé de littérature comparée. La carrière d’Agnes Heller est « ancrée dans une confrontation avec le quotidien », explique cet universitaire qui lui a consacré sa thèse. Entourée par un cercle d’amis hongrois, elle a « animé une école inédite de la pensée, un foyer interdisciplinaire unique…

… profil d’oiseau et silhouette poids plume, elle est pourtant en pleine forme : elle ne lit pas ce qui s’écrit sur elle. Elle vient tout juste de souffler ses 90 bougies avec son fils, sa fille, ses petits et arrière-petits-enfants, qui sont « tous, sauf une, installés en Hongrie »…

…en voilà une victoire de la conviction sur les régimes qui, les uns après les autres, ont tenté de la faire taire. En Hongrie, ils furent les plus violents que l’Europe ait connus : d’abord celui de l’amiral Horthy [régent du royaume de Hongrie entre 1920 et 1944], puis ceux du nazisme et du stalinisme…

…mais, de retour après des décennies passées aux Etats-Unis, « la Heller » est toujours là. Et sa liberté intellectuelle avec…